L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’à l’échelle mondiale, 155 millions d’enfants âgés de moins de cinq ans avaient un retard de croissance en 2016 et que 52 millions avaient un faible poids par rapport à leur taille. Il est admis que cette situation est essentiellement liée aux mauvaises pratiques de l’alimentation de l’enfant. Le nombre annuel des décès d’enfants imputables à la sous-nutrition est estimé à 2,7 millions, soit 45 % de tous les décès d’enfants [1]. Une mauvaise alimentation durant les premières années de vie d’un enfant peut avoir des conséquences irréversibles sur sa santé. Plus de 820.000 vies d’enfants de moins de 5 ans pourraient être sauvées chaque année si tous les enfants de 0- 23 mois étaient nourris au sein de manière optimale [1]. Ainsi, l’OMS recommande le commencement de l’allaitement dès la première heure qui suit la naissance et le maintien de l’allaitement maternel exclusif (AME) pendant les six premiers mois de la vie [1]. L’AME désigne « le fait de donner au nourrisson uniquement du lait maternel à l’exception de tout autre liquide, solide ou même de l’eau. La prise de médicaments, de vitamines et d’oligo-éléments ne remet pas en question le statut d’exclusivité de l’allaitement » [8]. En dépit du fait que l’AME jusqu’à six mois est reconnu comme un soin essentiel aux nourrissons, il n’en demeure pas moins qu’il est insuffisamment pratiqué ; comme l’ont démontré des études précédemment menées à Yaoundé [6], à Abidjan [57] et à Alger [20]. Les séries d’enquêtes démographiques et de santé (EDS) réalisées au Sénégal montrent que l’évolution du taux national de l’AME n’est pas linéaire. Ce taux est passé de 39 % en 2010-2011 à 32 % en 2014, puis à 46% en 2018 [7]. Cependant, ces EDS n’explorent pas les facteurs qui influencent la pratique de l’AME. Or, le taux d’AME de la population générale pourrait masquer les disparités. Par conséquent, ce contexte de rareté des données sur l’AME à l’échelle locale soulève la nécessité de conduire une étude pour répondre aux insuffisances des EDS. La commune de Thiès est choisie pour abriter cette étude. Ce choix s’explique par le fait qu’en 2018, la durée médiane de l’AME n’était pas optimale dans les régions de la zone ouest à laquelle appartient la région de Thiès. Cette durée se situait à 3,4 mois .
Généralités
Définitions des concepts
L’allaitement est défini comme l’action d’allaiter son nourrisson. Selon le Larousse médical, le lait maternel est le « Liquide biologique sécrété par les glandes mammaires de la mère, dont la production débute environ 3 jours après l’accouchement ». L’allaitement maternel est l’allaitement par le lait maternel. Selon l’UNICEF et l’OMS, l’allaitement maternel exclusif est le fait de donner au nourrisson uniquement du lait maternel à l’exception de tout autre liquide, solide ou même de l’eau. La prise de médicaments, de vitamines et d’oligo-éléments ne remet pas en question le statut d’exclusivité de l’allaitement [8]. L’allaitement maternel prédominant est défini par l’UNICEF et l’OMS comme le fait que le nourrisson reçoit du lait maternel plus de l’eau (eau fraîche, thé ou autres infusions, jus de fruits) [8]. Selon l’UNICEF et l’OMS, l’allaitement maternel partiel et/ou mixte suppose que l’allaitement maternel est associé à une alimentation artificielle (substituts de lait maternel), des céréales ou à une autre nourriture ou de l’eau [8]. L’alimentation artificielle est, selon l’OMS (1981), tout aliment commercialisé ou présenté de toute autre manière comme produit de remplacement partiel ou total du lait maternel, qu’il convienne ou non à cet usage [9]. Le colostrum est défini par l’OMS comme une sécrétion lactée jaunâtre et épaisse produite à la fin de la grossesse et sécrété dans les 48-72 premières heures [10]. La mise au sein précoce est le fait de mettre le nouveau-né au sein dès la première heure de vie [11].
Anatomie du sein
Les seins sont placés sur la paroi antérieure du thorax entre le sternum et la limite antérieure de l’aisselle. Ils sont à peu près hémisphériques. Leurs formes et leurs dimensions sont très variables et sont fonction du tissu adipeux.
L’aréole (ou auréole) constitue la surface pigmentée du sein. Elle a la peau fine, élastique, peu kératinisée. Elle a un diamètre de 2 à 6 cm. Elle prend une couleur brune durant la grossesse. La surface de l’aréole peut être rendue inégale par des glandes sébacées appelées tubercules de Montgomery ou de Margani. Le mamelon est situé sur la partie centrale et mesure 1cm de hauteur. Sa surface est arrondie et parcourue de petits pertuis qui sont les orifices galactophores au nombre de 10 à 20. Le mamelon est dit « ombiliqué » s’il est centré. L’ensemble aréole-mamelon est très composite et constitue un signal pour l’enfant par [35]:
– Sa couleur (pigmentation)
– Sa chaleur (vascularisation)
– Son odeur (glandes sébacées de Montgomery)
Il a un caractère érectile grâce aux muscles aréolaires formés de fibres circulaires et de fibres longitudinales qui permettent un étirement jusqu’à 200%. Les récepteurs à l’étirement donnent le signal à la libération des hormones, les récepteurs à la douleur donnent le signal d’une mauvaise position ou mauvaise succion et le sébum des glandes sébacées sert de lubrifiant. Le sein contient aussi :
– Un tissu conjonctif qui le soutient
– Un tissu glandulaire qui produit et excrète le lait
– Un tissu adipeux qui forme le volume du sein et protège la glande
– Des nerfs, des vaisseaux lymphatiques et des vaisseaux sanguins.
La glande mammaire repose en arrière sur le muscle pectoral et en avant et latéralement sur le muscle grand dentelé. Elle est divisée en 10 à 20 lobes indépendants et présente un aspect en grappe avec des substitutions dites lobules, la petite étant l’alvéole ou acinus. Chaque lobe possède un canal lactifère ou galactophore dans lequel se jettent les canaux venant des lobules. Les canaux galactophores sont en nombre égal aux lobes. A leur extrémité, ils s’évasent en ampoule, les sinus ou ampoules galactophores (mais notion remise en cause). Ces canaux débouchent sur des pores galactophores. L’acinus entouré par des cellules myoépithéliales est la structure élémentaire et responsable de la production de lait. Elle est constituée de cellules sécrétrices et de lactocytes. La membrane cellulaire est extrêmement fine et possède de nombreux récepteurs hormonaux. La vascularisation du sein est assurée par :
– Artères : Par l’artère mammaire interne et par l’artère axillaire
– Veines : Réseau veineux dit « de Haller », la veine mammaire interne et la veine axillaire.
– Réseau lymphatique .
Les nutriments sont apportés par ses vaisseaux très denses qui forment une véritable éponge en postpartum immédiat.
Physiologie de la lactation
Cycles de la lactation
Pendant la grossesse
La première phase de la lactogenèse débute vers le milieu de la grossesse et se termine 2 ou 3 jours après la naissance au moment de la montée laiteuse. Pendant ce stade, la glande mammaire commence à synthétiser et à secréter les composants caractéristiques du lait. La sécrétion du lait est freinée par la progestérone surtout et l’œstrogène secondairement.
Pendant l’accouchement
La seconde phase de la lactogenèse ou phase de l’induction est provoquée par la chute de la progestérone. Elle est caractérisée par la montée laiteuse ou plénitude mammaire (±4j), une transformation du colostrum en lait avec une augmentation importante du lactose et une diminution du sodium. La production de lait va augmenter pour s’adapter au besoin de l’enfant :
– 30 à 50 ml à J2
– 100 à 150ml à J3
– 600 ml vers 2 semaines.
Phase d’entretien de la lactation
C’est la phase avec une production mature. Elle dure tant que le lait est extrait. Ainsi, le contrôle de la sécrétion et de l’éjection du lait est assuré par différents hormones :
● Hormones stéroïdes : liposolubles, la progestérone et l’œstrogène entre autres,
● Hormones hypothalamiques : ocytocine, PIF (Prolactin Inhibiting Factor ),
● Hormones hypophysaires : Prolactine, ACTH, TSH, FSH, LH,
● Hormones thyroïdiennes (T3 et T4): jouent un rôle dans la fonction mammaire et participent à la régulation des taux de prolactine et d’ocytocine.
Sevrage
C’est l’arrêt de la production de lait par vidange des seins. Il peut être brutal ou provoqué par l’enfant en cas de refus d’allaitement. Le lait devient plus salé.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE
I. Généralités
1. Définitions des concepts
2. Anatomie du sein
3. Physiologie de la lactation
3-1. Cycles de la lactation
3-2. Régulation de la production de lait
4. Composition du lait maternel
5. Pratiques de l’allaitement maternel
5.1 Positions de la mère
5.2 Prise de sein
6. Avantages de l’allaitement maternel exclusif
6.1 Pour l’enfant
6.2 Pour la mère
6.3 Avantages pour la société
7. Difficultés de l’allaitement
8. Contre-indications de l’allaitement
8.1 Côté mère
8.2 Côté Enfant
II. Epidémiologie de l’allaitement
III. Stratégies de promotion de l’allaitement maternel exclusif
DEUXIEME PARTIE
I. But
II. Objectifs
1. Objectif général
2. Objectifs spécifiques
III. Cadre d’étude
IV. Méthodologie
1. Type et période d’étude
2. Population d’étude
3. Échantillonnage
3-1. Taille de l’échantillon
4. Procédures d’échantillonnage
5 Collecte des données
5-1. Outil de collecte
5-2. Méthode de collecte
5-3. Variables collectées (Voire questionnaire en annexe I)
V. Analyses statistiques
1. Partie descriptive
2. Partie analytique
VI. Considérations éthiques
VII. Résultats
A. Partie descriptive
B. Partie Analytique
VIII. Discussion
VIII.1. Prévalence de l’AME
VIII.2. Facteurs associés à l’AME
CONCLUSION RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES