Le taux de mortalité maternelle reste très élevé dans les pays en voie de développement et particulièrement en Afrique sub-saharienne où le niveau du recours aux soins obstétricaux est, en général, faible [1]. Au Sénégal, le ratio de mortalité maternelle est de 361 pour 100000 naissances vivantes en 2010 [2]. L’accouchement à domicile constitue une cause majeure de mortalité maternelle. Des complications obstétricales dont les plus fréquentes sont l’hémorragie et les infections peuvent survenir lors de l’accouchement, d’où l’importance de l’accouchement médicalement assisté.
Face au taux de mortalité maternelle élevé observé dans les pays en voie de développement, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a posé comme objectif 4 du millénaire pour le développement (OMD) de réduire la mortalité de ¾ la mortalité maternelle d’ici 2015 [3]. A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a souscrit à l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), en adoptant en 2005 une politique visant à augmenter l’accessibilité des services aux populations démunies, à travers la mise en place d’une politique de subvention des accouchements et des césariennes.
En plus du ratio de mortalité maternelle, l’indicateur principal de suivi de l’OMD 5 est la proportion de femmes accouchant avec une assistance qualifiée (médecin, sage-femme ou infirmière) lors de leur accouchement [4]. Cependant, 27% des femmes accouchent à domicile au Sénégal malgré la politique de gratuité des soins obstétricaux.
Les facteurs avancées par différentes études pour expliquer le taux élevé d’accouchements à domicile en Afrique subsaharienne sont notamment l’attitude négative du personnel dans les structures de santé, l’inaccessibilité géographique des centres de santé, l’insuffisance des agents de santé et des structures sanitaires, ainsi que la peur des interventions chirurgicales [5].La connaissance des déterminants de l’accouchement à domicile permettra de comprendre les raisons de l’accouchement à domicile mais aussi de pouvoir œuvrer sur ces facteurs pour réduire l’accouchement à domicile dans le but de réduire la mortalité maternelle.
REVUE DE LA LITTERATURE
L’accouchement à domicile
L’accouchement à domicile désigne un accouchement qui survient en dehors d’une structure sanitaire, le plus souvent à la maison en l’absence de personnel de la profession médicale tels que sage-femme, gynécologue, obstétricien. La plupart des naissances dans les pays en développement (environ 60 %) se déroulent en dehors d’un centre médical. L’accouchement à domicile continue encore d’être pratiqué dans beaucoup de communautés africaines, révèle une étude effectuée sur une période de quatre mois, dans quatre pays africains: Angola, Ethiopie, Nigeria et Sénégal. Le facteur culturel où la naissance d’un bébé doit avoir lieu parmi les siens et non dans une quelconque structure sanitaire, reste très ancré dans les communautés africaines et pose un véritable problème [6]. Au Sénégal, 27% des femmes accouchent à domicile. Ce phénomène est plus marqué dans les zones rurales avec une proportion de 53,4% d’accouchements à domicile. Il a été aussi également montré que les accouchements à domicile sont plus fréquents dans les régions de Kédougou (68%), Kolda (57%), Tambacounda (53%), Sédhiou (52%) représentant les régions les plus pauvres du Sénégal [2].
Différentes études ont avancé certains facteurs pour expliquer le taux élevé d’accouchements à domicile en Afrique subsaharienne. Ces facteurs sont notamment la qualité des soins dans les structures de santé, l’inaccessibilité financière, l’inaccessibilité géographique des centres de santé, l’insuffisance des agents de santé et des structures sanitaires, ainsi que la peur des interventions chirurgicales, etc.
Les déterminants de l’accouchement à domicile
Les caractéristiques personnelles
Les facteurs socioculturels influent sur la prise de décision sur le lieu d’accouchement de la femme. La famille de la parturiente, usant des coutumes peut jouer sur la motivation de la femme à accoucher dans une structure sanitaire. Ces facteurs socioculturels regroupent l’âge de la mère, le statut matrimonial, le niveau d’instruction des parents ainsi que les aspects culturels.
L’âge de la mère
L’âge est souvent présenté comme une résultante de l’expérience accumulée, y compris dans l’utilisation des services de santé [7]. Les femmes âgées sont plus confiantes car elles sont généralement multipares. L’habitude et l’expérience acquises lors des accouchements antérieurs font qu’elles se passent des structures sanitaires. Elles participent plus dans les décisions du ménage que les femmes plus jeunes et les adolescentes en particulier [8]. En outre, les femmes âgées peuvent être informées par les travailleurs de la santé pour accoucher dans un centre puisque l’âge avancé est un facteur de risque biologique [9]. D’autre part, les femmes plus âgées peuvent être plus traditionnalistes et sont donc moins susceptibles d’utiliser les structures sanitaires que les jeunes femmes [10].Certaines études montrent que l’âge de la mère est associé au statut matrimonial, à la désirabilité de la grossesse mais également au statut socio-économique et le pouvoir de prise de décision [11].
Le statut matrimonial
Le statut matrimonial peut influer sur le choix du lieu d’accouchement. Les femmes célibataires ou divorcées sont plus autonomes du fait de leur pouvoir de décision et sont donc plus susceptibles d’accoucher dans les structures sanitaires que les femmes mariées. Cependant, si elles sont dans une situation de pauvreté, elles préfèrent accoucher le plus souvent à domicile par crainte de ne pas pouvoir honorer les frais médicaux mais aussi d’une stigmatisation sur leur statut de mère célibataire [12].
Les croyances ethniques et traditionnelles
L’ethnicité et la religion ont un part important dans les communautés africaines et ont une influence sur le statut de la femme ainsi que sur les valeurs par rapport à l’accouchement. En outre, certains groupes ethniques ou religieux peuvent être victimes de discrimination par le personnel, ce qui les rend moins susceptibles d’utiliser des services [9].Plus précisément, les femmes dans certaines cultures peuvent éviter l’accouchement dans une structure sanitaire en raison des exigences culturelles de réclusion dans la maison pendant cette période de délivrance [6]. Dans certains groupes culturels en Afrique, la croyance d’une obstruction du travail est due à l’infidélité, ce qui empêche le recours aux soins [13]. Des croyances stipulent aussi que la naissance est une épreuve d’endurance, et que donc la recherche de soins estun signe de faiblesse, ce qui peut favoriser l’accouchement à domicile [14]. Il a été montré que dans de nombreuses sociétés, l’ethnicité et la religion sont étroitement liées à la situation socioéconomique et le lieu de résidence; les groupes ethniques ou religieux minoritaires peuvent vivre dans des zones reculées donc moins dotées infrastructures de santé et en moyens de transport [15].
La composition familiale
Les femmes avec de jeunes enfants peuvent avoir des difficultés à trouver des personnes qui peuvent s’occuper de leurs enfants pendant qu’elles accouchent dans une structure sanitaire. En particulier si elles vivent dans une famille peu nombreuse. Les femmes accouchant dans un établissement de santé, sont souvent accompagnées par des membres de la famille au cours de leur séjour à l’hôpital, de sorte que même ceux-ci ne peuvent pas prendre soin des autres enfants pendant ce temps [12]. Ce facteur peut donc favoriser l’accouchement à domicile.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. REVUE DE LA LITTERATURE
II.JUSTIFICATION DE L’ÉTUDE
III.CADRE CONCEPTUEL
3.1 Schéma
conceptuel
théorique
IV.QUESTIONS DE RECHERCHE
V. OBJECTIFS DE L’ÉTUDE
5.2. Objectif général
5.3. Objectifs spécifiques
VI.CADRE DE L’ETUDE
6.1. Situation géographique
6.2. Situation économique
6.3 Situation sanitaire
VII. METHODE
7.1. Type d’étude
7.2. Population de l’étude
7.3 Procédure de sondage
7.4 Taille de l’échantillon
7.5 Collecte de données
7.6 Saisie des données
7.7. Analyse des données
VIII. RÉSULTATS
8.1 Analyse descriptive des caractéristiques personnelles
8.2 Analyse descriptive des ressources
8.3 Analyse des services liés aux structures sanitaires
8.4 Analyse descriptive de l’accouchement à domicile
8.5 Analyse bivariée
8.6 Analyse multivariée
IX. DISCUSSION
X. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES