Etude des comportements et Ecologie de Falco concolor (Temminck, 1825) (Aves, Falconidae)

La migration est une étape cruciale du cycle biologique des oiseaux (López-López et al., 2009). Elle représente l’ensemble des trajets réguliers d’aller et de retour entre deux régions ou deux pays séparés qui sont la zone de reproduction et le site d’hivernage (Whitworth et al., 2007 ; Newton, 2011). Parmi les 282 espèces d’oiseaux de Madagascar (Raherilalao & Goodman, 2011) ; plusieurs d’entre elles se déplacent plus ou moins régulièrement chaque année soit pour se reproduire sur la Grande île, soit pour passer l’hiver. Mais, le nombre d’espèces d’oiseaux qui se reproduisent ailleurs et qui passent la saison internuptiale à Madagascar est étonnamment faible (Goodman & Hawkins, 2008). A part les espèces marines et aquatiques, certaines qui sont forestières pratiquent aussi cette mode de vie, parmi lesquels figurent les oiseaux de proies.

Les rapaces tels que les Accipitridae (Milans, Aigles), les Falconidae (Faucons), les Pandionidae (Balbuzards) et les Strigidae (Hiboux) sont parmi les familles d’oiseaux les plus répandus dans le monde (Fowler et al., 2009). Ils comptent actuellement 280 espèces diurnes et 130 nocturnes dans le monde (Venable, 1996). Pour Madagascar, 23 espèces d’oiseaux de proies sont connues jusqu’à ce jour (René de Roland, 2010) dont 12 sont endémiques (Rasmussen et al., 2000). Sur les cinq faucons observés à Madagascar, deux, Falco eleonorae et F. concolor, sont des migrateurs paléarctiques qui hivernent presque exclusivement dans la grande Ile (Langrand, 1995 ; Thorstrom et al., 2003 ; René de Roland et al., 2005). Ces derniers sont connus par leur capacité très performante en terme de vol, de chasse aérienne et de migration de longue distance (Hedenström et al., 1999). Falco concolor se reproduit sur le Péninsule d’Arabie, incluant United Arab Emirates (UAE) (Aspinall, 2010) de mai à septembre Javed et al., 2011) et hiverne à Madagascar de novembre à avril (McGrady et al., 2007).

C’est tout récemment que les êtres humains ont pris consciences de la valeur des rapaces, non seulement comme symbole à cause de leur beauté mais surtout en tant qu’espèce clé de communauté naturelle (The Idaho Birding Trail, 1987). En effet, ils jouent des rôles importants dans le fonctionnement de l’écosystème (Cullington et al., 2013), entre autre le maintien de la taille des populations de proies en équilibre (Venable, 1996) Ces faits ont alors incité les scientifiques à collecter des informations sur leur histoire naturelle pour et les conversationnistes à développer des techniques de protection de ces oiseaux dont l’élaboration des plans d’actions pour leur conservation, tels sont le cas pour les espèces d’oiseaux sédentaires et migrateurs, en particulier Falco eleonorae et F. concolor (The Peregrine Fund, 2012) .

GENERALITES

Les rapaces sont des oiseaux carnivores qui capturent d’autres animaux vivants, tels que les petits vertébrés comme les micromammifères, d’autres oiseaux de petites tailles, les poissons et les insectes (Langrand, 1995 ; Safford & Hawkins, 2013). Plusieurs institutions et auteurs ont consacré une attention particulière sur ce groupe qui est à la fois fascinant et difficile à étudier. Dans le cas de Madagascar, les activités de The Peregrine Fund sont axées principalement sur les rapaces, en particulier la recherche sur ce groupe et sa conservation. Langrand et Meyburg (1984) ont fait une évaluation de la distribution, du statut et de la conservation des oiseaux de proies et des hiboux, en particulier les rapaces endémiques qui sont Falco zoniventris, Aviceda madagascariensis, Eutriorchis astur, Buteo brachypterus, Accipiter madagascariensis, A. henstii, Polyboroides radiatus et Haliaeetus vociferoides. Cette dernière espèce a été considérée comme parmi les plus rares avec seulement un effectif de 50 paires d’individus dans la partie Ouest de la Grande Ile (Langrand, 1987), et il n’y a que 287 individus restants dans tout Madagascar (Razafimanjato et al., 2013). Elle occupe strictement trois types de biotopes : les rochers marins et les mangroves ainsi que les lacs et les rivières. En outre, la chasse, la collecte des jeunes et des œufs et la destruction de l’habitat naturel sont les principales menaces qui pourraient conduire à son extinction (Langrand & Meyburg, 1989).

Pour la priorisation de la conservation des animaux sauvages ou la révision de leur statut de conservation suivant l’IUCN, plusieurs études ont été menées sur les espèces rares et menacées, alors que celles qui ne sont pas menacées en font défaut. Les multitudes d’ouvrages concernant le Pygargue de Madagascar prouvent bien cette tendance. En effet, Watson et al. (1993) ont initié une étude pour sa conservation, alors que les spécialistes en oiseaux de proies ont décortiqué son cycle de vie. Berkelman en 1995 a montré par exemple que ce rapace semble choisir les extrémités de grands arbres aux abords de lacs pendant la construction des nids. Ce choix fait partie des stratégies pour que l’accessibilité, la défense de ce territoire ainsi que la vigilance envers les proies soient maximales. Puis, Watson et ses collaborateurs (1996), lors du suivi de 65 couples de Haliaeetus vociferoides depuis 1991 jusqu’en 1994 ont observé un comportement de caïnisme chez les poussins de cette espèce, une agressivité qui conduit généralement à la mort du plus jeune, pour assurer sa survie. Ce phénomène a été observé aussi chez cette espèce par Meyburg en 1986 et chez le busard de Madagascar Circus macrosceles (René de Roland, comm. pers.). Pour Falco concolor, aucune information sur ce sujet ne serait encore disponible. Après l’observation des pressions anthropiques effectuées par la population locale du Complexe Tsimembo-Manambolomaty sur l’Aigle pêcheur. Des propositions de conservation ont été élaborées par The Peregrine Fund (Watson et al., 2007). Ce plan de conservation consiste à gérer d’une manière durable les ressources naturelles que cet aigle et la population locale partagent ensemble.

L’écologie des rapaces malgaches inclut entre autre la détermination de leur régime alimentaire ainsi que celle de leur habitat. L’alimentation de chaque espèce est connue grâce à l’identification des proies vues ou apportées par des individus, ou encore par les restes de nourritures récoltées dans les nids ou dans les dortoirs mais aussi à partir des pelotes de régurgitations. Plusieurs auteurs ont mené des recherches dans ce domaine, en particulier sur le régime alimentaire. L’alimentation diffère probablement d’une espèce à l’autre, surtout du point de vue qualitative mais pour les rapaces, elle est composée en grande partie d’une grande variété d’insectes et de petits vertébrés comme les oiseaux, les serpents, les lézards et les chauves-souris (Langrand, 1995 ; Ramamonjisoa, 2007 ; Razakaratrimo, 2013 ; Safford & Hawkins, 2013). Falco concolor se nourrit principalement des insectes et des oiseaux (Safford & Hawkins, 2013). L’étude des régimes alimentaires de ce groupe constitue un avantage dans la compréhension des relations entre les membres de ce groupe avec leur environnement. Etant des prédateurs donc un des maillons clés de la chaîne alimentaire, ils jouent un rôle crucial dans le fonctionnement écologique du milieu où ils vivent. A partir de l’analyse des pelotes de régurgitation pour déterminer le régime alimentaire des rapaces nocturnes comme Tyto alba et Asio madagascariensis dans la région des Sept lacs, dans le Sud de Madagascar, Rahantavololona (2005) a relevé que les proies de ces espèces sont principalement constituées par des rongeurs introduits, tels que Rattus rattus et Mus musculus. Ces restes de proies dans ces pelotes peuvent également témoigner la présence de certaines espèces dans un milieu qui ne sont pas souvent observées lors des inventaires rapides.

Récemment, la majorité des recherches concernant les rapaces à Madagascar se penchent sur l’écologie, la biologie et les comportements des espèces endémiques et celles qui sont nicheuses. Tels sont le cas de celles de René de Roland et al. (2005) sur Falco zoniventris une espèce forestière de la péninsule de Masoala, au Nord-est de l’île et de celle de Razafimanjato (2001) sur F. peregrinus où il a pu démontrer que cette espèce serait une généraliste, capable de s’adapter dans des conditions écologiques variées car les variables bioécologiques observées dans les sites fréquentés par l’espèce varient d’un endroit à l’autre. Pourtant, les oiseaux de proies erratiques et migratrices sont encore être mal connus. Pour les oiseaux migrateurs, comme F. eleonorae et F. concolor ; leur passage dans la Grande Ile a lieu en dehors de la période de reproduction, c’est-à-dire pendant la saison hivernale (Langrand, 1995 ; Thorstrom et al., 2003 ; René de Roland et al., 2005). Les informations leur concernant proviennent ainsi en grande partie de recherches effectuées dans leurs zones de nidification qui se trouvent principalement dans les régions méditerranéennes pour F. concolor, notamment les déserts du Nord-est de l’Afrique et du Moyen Orient (McGrady et al., 2007), le désert de Lybie (Booth, 1961) et en Israel (Frumkin & Pinshow, 1983). A Bahreïn, dans le Golfe Persique par exemple, Kavanagh et King (2008) ont fait des suivis de la population reproductive de 1998 à 2006 au cours desquelles ils ont trouvé un déclin qui peut être due à la baisse de la productivité des couples car aucune destruction ou modification de la zone de nidification n’a été observée. Gaucher et al. (1995) ont estimé à 260 à 381couples de Falco concolor en Arabie Saoudite. Pourtant, Jennings et Sadler (2006) ont trouvé jusqu’à 500 pairs lors des recensements de petits oiseaux de proies de ce milieu. Aux Emirats Arabes Unis, les recherches sur cette espèce sont plus approfondies, car après les observations de ce faucon durant la reproduction faites par Aspinall en 1994, Shah et al. (2008) ont également constaté une diminution de la taille de la population reproductive due à la restriction de la zone de nidification de 1000 km² en 1994 à 200 km² en 2007. Plus tard, Javed et al. (2011) ont suivi la route d’une femelle adulte depuis Emirats Arabes Unis jusqu’à Madagascar. Ainsi, ils ont avancé que les activités de repos et d’alimentation de F. concolor durant sa migration dépendent des conditions climatiques des chemins migratoires. A Oman, à partir du suivi fait par Walter (1979) et McGrady et al. (2007) sont identifié 94 territoires de F. concolor, des endroits inaccessibles qui permettent aux couples et à leurs progénitures de vivre paisiblement. Ce travail mené à long terme, de 2007 à 2014 avec l’adoption de la méthode « capture-marquage-recapture » a permis de connaître la fidélité de cette espèce à son territoire (McGrady et al. 2016).

Aéroport d’Ivato

Le Haut Plateau central, incluant le site d’étude présente un relief très varié composé par des hautes plaines d’alluvions, collines monotones empâtées de latérites, massifs compacts, grands dômes isolés, crêtes aigues et dentelés, reliefs en pain de sucre ou en cornes, buttes aux sommets tabulaires (Robequain, 1958). Ce relief est cloisonné en multiples dépressions allongées et cuvettes séparées par des chainons granitiques. Le centre de Madagascar est composé principalement par des roches métamorphiques (Du Puy & Moat, 1996). Les sols hydromorphes comme les « tany mainty » ou sols colluviaux occupent des surfaces importantes dans certaines dépressions tectoniques des hauts plateaux, (Chaperon et al., 1993) .

Le Haut Plateau central a une transition climatique entre l’Est et l’Ouest de Madagascar. Il jouit d’un climat tropical d’altitude (Donque, 1975). Les données climatiques récoltées auprès de la Direction du Service Météorologique d’Ampandrianomby depuis 2009 jusqu’en 2013 montrent la présence d’une saison sèche qui dure cinq mois, de mai à septembre et une pluviométrie moyenne mensuelle de 97,74 mm. Cette valeur atteint un maximum de 279,24 mm au mois de février et un minimum de 0,9 mm en août et septembre .

La saison chaude est de longue durée (octobre- mai) avec une température moyenne de 21,51° C. La température maximale arrive jusqu’à 28° C aux mois de novembre et décembre, et la température minimale descend jusqu’à 10° C au mois de Juillet.

La région d’Analamanga était couverte de foret jadis, mais après l’urbanisation accélérée, des vastes zones sont transformées en champs de culture. Ainsi, il ne reste plus de témoin d’une couverture végétale originelle mais elle est remplacée généralement par des plantations d’espèces introduites comme Jacaranda sp., Eucalyptus sp. et Pinus sp. . La composition floristique est ainsi dominée par des espèces d’herbes et d’arbres non- natifs. La formation végétale typique du Haut Plateau telles que la prairie et la savane sont réservées à l’élevage et sont fréquemment brulées afin d’obtenir des jeunes pousses vertes pour l’alimentation du bétail (Chaperon et al., 1993).

Allée des baobabs 

La région d’étude se trouve dans le bassin de Morondava, plus précisément dans la partie au sud de Tsiribihina. Ce bassin est formé d’un plateau très plat à substratum grésocalcaire auquel succède un plateau calcaire bombé. Ensuite, le plateau gréseux du Crétacé de Tsiandava, également dans la partie sud de la Tsiribihina, est essentiellement constitué de grès grossiers mal consolidés, à stratification entrecroisée, très perméables et comportant des bancs de grès très ferrugineux indurés et de rares niveaux argileux. Toute cette région est fracturée et très fissurée, surtout dans sa moitié orientale. Le sol est constitué par des formations sédimentaires où les sols ferrugineux sont plus dominants (Besairie, 1972).

Le climat est du type climat tropical sec avec deux saisons bien tranchées, une saison chaude et pluvieuse de 3 à 5 mois (de novembre à mars ou avril) et une saison sèche de 7 à 9 mois. Les températures restent élevées même en hiver (Donque, 1975). D’après les données météorologiques de 1971 à 2000 de Morondava, obtenues auprès DGM/SIBD, le mois de janvier est le plus arrosé. Ainsi, en moyenne la précipitation annuelle enregistrée dans la station Allée des baobabs est de 63,84 mm. La température moyenne atteint le maximal au mois d’octobre jusqu’en février.

La couverture forestière de Menabe central est définie comme étant du type forêt sèche de l’Ouest selon Moat & Smith (2007) ou du type forêt sèche caducifoliée d’après la classification phytogéographique d’Humbert (1955). La majorité des plantes sont à feuilles caduques, à l’exception de celles qui se trouvent le long de la rivière, comme Tamarindus indica et de Ficus sp. Parmi les huit espèces de baobabs existantes dans le monde, six sont endémiques de Madagascar dont 98 % de la population se trouvent dans cette partie occidentale. Trois espèces existent dans la région. Il s’agit de Adansonia grandidieri, A. rubrostipa et A. za . La région autour de l’Allée des baobabs est majoritairement transformée en champ de culture et de zone de riziculture. Les baobabs dans cette région sont le reste d’une ancienne couverture forestière qui y existait jadis.

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Table des matières

INTRODUCTION
GENERALITES
I. METHODOLOGIE
I.1. Sites d’étude
I.2. Choix des sites
I.2.1. Site 1 : Aéroport d’Ivato
I.2.2. Site 2 : Allée des baobabs
I.3. Matériel biologique
I.3.1. Position Systématique
I.3.2. Morphologie
I.3.3. Habitat
I.3.4. Régime alimentaire
I.3.5. Distribution
I.3.6. Statut de conservation
I.4. Collecte des données
I.4.1. Méthode de comptage du nombre d’individus
I.4.2. Préférence en terme de support
I.4.3. Etude du comportement
I.4.4. Détermination des menaces qui pèsent sur l’espèce durant sa présence à Madagascar
I.5. Traitements et analyses statistiques de données
II. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
II.1. Les effectifs dans les deux sites
II.2. Préférence en support dans chaque site
II.2.1. Préférence pour le perchoir lors du repos
II.2.2. Préférence pour la taille de support utilisé
II.3. Comportements
II.3.1. Rythmes d’activité journalière
II.3.2. Temps dépensés pour chaque activité
II.4. Mode d’alimentation
II.5. Pressions anthropiques et facteur naturel influençant la taille de la population
II.5.1. Pressions anthropiques pesant sur l’espèce
II.5.2. Facteur naturel
III. DISCUSSIONS
III.1. Taille de la population
III.2. Préférence en support dans chaque site
III.3. Analyse des comportements
III.3.1. Rythmes d’activité et temps dépensés pour les différentes activités
III.3.2. Comportement alimentaire de l’espèce
III.4. Menaces qui pèsent sur l’espèce durant son passage à Madagascar
CONCLUSION

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