Etude des caractéristiques et de l’évolution d’une institution éducative de type non formel

L’Islam a été révélé à la Mecque en l’an 610 (après J C). Cette religion a été introduite dans le Nord et l’Ouest du continent africain à travers l’Égypte. Les arabo-berbères (Maures) venus d’Afrique du Nord, en passant par le Sahara occidental par les routes de commerce, en direction de l’Afrique noire, ont introduit l’Islam au Sénégal vers 1030. L’enseignement arabo-islamique a été très tôt introduit au Sénégal par les Maures. De petites écoles coraniques étaient créées. De grands foyers d’enseignement religieux étaient fondés par la suite : Tivaouane, Touba, Diamal, Saint-Louis, Kaolack entre autres. L’autorité coloniale, dès son installation, a considéré la pratique de cet enseignement comme l’une de ses préoccupations majeures. Les écoles musulmanes constituaient aux yeux de l’administration coloniale un vrai obstacle empêchant de propager la langue française. Par conséquent, ces établissements islamiques étaient considérés comme un véritable ennemi. Selon Vincent Monteil (1980 p 416), on peut dire que, dans l’ensemble, les jugements officiels de la période coloniale peuvent se résumer dans cette phrase : « l’Islam, voilà l’ennemi ». Pour sa part, le lieutenant Abdon-Eugène Mage conclut son voyage, dans le Soudan Occidental en 1872, en affirmant (p230) que « la plupart des maux de l’Afrique viennent de l’Islamisme. Ni dans nos colonies actuelles, ni dans celles qu’on fondera plus tard, même quand il se présente sous les dehors les plus séduisants, comme cela arrive parfois au Sénégal, jamais, dans aucune circonstance, on ne doit l’encourager. Le combattre ouvertement serait peut-être un mal, l’encourager en est un beaucoup plus grand. A mes yeux c’est un crime par complicité » (Monteil 1980 p 417).

Robert Arnaud, chef de la section des affaires musulmanes au gouvernement général de l’AOF cité par Monteil (1980 p 417) soutenait en 1912, dans son étude sur l’Islam et la politique musulmane française que : « Hébété de bonne heure par l’obligation d’apprendre le Coran, mot pour mot, déprimé par une exégèse complètement privée de critique, le jeune musulman est incapable de vivre normale dans la société moderne. L’Islam n’est plus qu’un cimetière d’âmes ».

En 1923, le gouverneur J, Brevié publie son livre « Islamisme contre Naturisme au Soudan français ». Dans la préface, Maurice Delafosse, cité par Monteil (1980 p 18) estime que « La civilisation musulmane ne répond ni aux aspirations ni aux besoins des sociétés noires. En luttant victorieusement contre l’emprise musulmane, les sociétés soudanaises ne font qu’obéir à l’instinct de conservation. L’islamisation, chez les hommes africains, est synonyme de désagrégation sociale. Islamiser un noir, c’est le jeter dans une impasse morale où il devient incapable d’évoluer ».

La pénétration de l’Islam en Afrique en général

Révélé en 610 après J-C, en Arabie, plus précisément à la Mecque, l’Islam attendra quelques années pour pénétrer l’Afrique. En 615 (apr. J.-C.), la première vague d’émigrants musulmans se réfugia en Abyssinie, et c’était la première fois qu’un musulman foule la terre d’Afrique. L’Éthiopie constitue donc la terre estampillée par le monde islamique comme le sanctuaire des premiers disciples arabes du Prophète Mouhamed (PSL), qui avaient fui la persécution qui sévissait sur leur propre sol. La mosquée d’Al-Nadiachî, située à Wukru, dans le nord du pays, fut la première d’Afrique. Elle est aujourd’hui un symbole du séjour mohammadien, de la tolérance et de la coexistence religieuse en Éthiopie. Cette mosquée porte le nom du roi éthiopien, Négus Armah, qui accueillit les réfugiés musulmans, dont l’épouse du prophète Mouhamed Oumou Salama, fuyant la tribu Coraïch, alors au pouvoir à la Mecque, laquelle avait envoyé des émissaires pour les ramener en Arabie ; mais le roi Négus les protégea (Al-Amrî 1991 p 170).

Le Gouverneur Amr Ben As fait son entrée en Égypte en 639 (apr. J.-C.). La ville d’Alexandrie tomba le vendredi 22 décembre 640. C’est ainsi qu’après deux ans de lutte, l’Égypte fut soumise à l’Islam « la troisième grande religion universelle révélée en milieu sémitique » (Monteil, 1971 p 116). La pénétration de l’Islam et de ses enseignements dans le Nord et l’Ouest du continent africain s’est effectuée à travers le Sinaï, par l’Égypte, l’armée musulmane s’y étant déjà établie sous la conduite d’Amr Ben As en l’an 60 de l’Hégire, ou 640 de l’ère chrétienne (Ka, 1978 p 7).

De là, s’organise une campagne militaire vers la Cyrénaïque ou Barqa, dans l’actuelle Libye et au-delà, vers l’ouest et l’extrême ouest : Tunisie, Algérie, Maroc. Et c’est Uqba Ben Nafic un neveu du célèbre gouverneur d’Égypte, qui « entreprit une campagne contre les États de Nubie en 642, et aurait lancé des attaques sur le Fezzan et le Kawar en 643 et fit la conquête de la Tunisie en 669-70 où il fonda Qayrawan, la première ville musulmane en Afrique, vers 681-82, il alla jusqu’au Maroc avant d’être victime d’une embuscade dans l’est algérien » (Robinson D 1988 p 85). Uqba a conduit l’armée musulmane en Ifriqiya, cette partie de l’Afrique du nord. Sous sa conduite, les Arabes entreprirent de soumettre les Berbères en entreprenant la conquête du Maghreb. C’est ainsi qu’ils implantent l’Islam pour la première fois chez les Berbères vers 670 (Samb 1972 p. 18). Ils édifiérent la première ville musulmane en Afrique : Kaïroan. Ils y établirent un camp militaire avant qu’Uqba ne fût tué aux confins du Sahara en 683 après J-C.

Qyarawan (Kaïroan) devient très rapidement un centre important où se développèrent l’enseignement de l’arabe et la civilisation musulmane. Ce centre est connu sous le nom de l’université de Kairouan, qui était un relais important pour la pénétration de la langue arabe en Afrique occidentale. Le gouverneur Musa Ibn Nusayrî poursuivit l’œuvre d’Uqba, en imposant l’Islam à toutes les tribus berbères habitant le sud marocain jusqu’à l’Atlantique. Et cette campagne fut suivie par celle de Tariq Ben Ziyad vers le Maroc en 711 après J-C où l’université musulmane de Qarawiyine joue aussi un rôle important dans la diffusion de la langue arabe dans le monde musulman.

Tariq Ben Ziyad poursuivit la campagne d’islamisation vers l’Europe, « la conquête du Maroc se poursuivit sans désemparer sous la conduite de Youssouf Ibn Tâchifîn, fondateur de la dynastie almoravide du Nord » (Deschamps 1970 p 189). Yûsuf Ibn Tâchifîn, successeur de Yahya Ibn Ibrahim, fonda Marrakech en 1069, prit Fez puis, appelé en Espagne, mit en déroute Alphonse, roi de Léon et de Castille, avant de s’arrêter aux Pyrénées après avoir pris Séville en 1087.

La pénétration de l’Islam en Afrique au sud du Sahara

Selon David Robinson (1988 p 9), on fait généralement commencer l’histoire de l’islamisation de l’Afrique, au sud du Sahara, vers l’an 800 avec les caravanes transsahariennes qui reliaient la savane au Maghreb et au Proche-Orient. Cette islamisation parcourt ensuite les États médiévaux du Ghana, du Mali, du Gao, du Songhay, du pays haoussa et du Kanem-Bornu pour culminer avec le jihad ou guerre sainte des 18ème et 19ème siècles, et les États qui en résultèrent. Le thème de l’islamisation complète le panorama ; aux enclaves musulmanes, succèdent des cours musulmanes qui, par le jihad, ouvrent la voie à des sociétés musulmanes. Dès lors, et pour la première fois, la foi islamique est observée par la majorité de la population. L’Islam aurait fait son entrée officielle dans le Soudan Occidental en 1077. C’est ainsi que les Almoravides convertirent les Sarakholés, les Toucouleurs, les Songhaïs et implantèrent l’Islam, par leurs disciples maures, en pays noir. Les principaux États où l’Islam a joué un rôle sont les suivants : les trois empires soudanais de Ghana, du Mali, de Gao, l’empire du Bornou, les États Peul et Toucouleur ; les royaumes Wolof. La dernière tentative enfin fut celle de Samory (Monteil 1971 p 81). Vers 1578, André Alvares d’Almada signalait la présence en Gambie de monastères musulmans « comme des couvents chez nous où résident ces religieux et ceux qui étudient dans ce but ; ils écrivent dans des livres reliés faits par eux » (Ndiaye, 1982 p 16). Alors que le Père Jean-Baptiste Labat décrit, vers 1728, l’introduction de l’enseignement religieux par les Maures au sein des peuples noirs voisins. Il avance que les populations « se donnent des peines infinies pour faire des prosélytes ; (ils) n’ont pas mal réussi puisqu’ils ont infesté de leur rêveries, la plupart des Nègres de leur voisinage, de ceux qui commercent avec eux, quoique ceux-ci n’entendent point la langue arabe ; ils croient les avoir suffisamment instruits en avoir fait de bons musulmans » (Ndiaye, 1982 p 23).

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Table des matières

Introduction
Premier Chapitre : Problématique
Deuxième Chapitre : Cadre conceptuel et revue critique de la littérature
Troisième Chapitre : Cadre méthodologique, aperçu historique et présentation de l’actuel village de Coki
Quatrième Chapitre : Fondateur et fondation de l’école
Cinquième Chapitre : évolution de l’école et son organisation administrative
Sixième Chapitre : Rôle de l’école et son influence dans l’enseignement arabo-islamique au Sénégal
Conclusion
Bibliographie
Annexes

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