Au Sénégal les cultures maraîchères ont toujours été reléguées au troisième rang derrière les cultures industrielles et vivrières ; elles occupent cependant une place importante dans le monde rural et urbain par leur apport économique et nutritionnel dans le vécu quotidien des populations. Localisées essentiellement dans la zone des Niayes au départ (Bourdouxhe 1983), elles sont maintenant pratiquées autour des grandes villes et dans la plupart des zones rurales, comme activité génératrice de revenus par des groupements de femmes et de jeunes qui travaillent dans des petits périmètres alimentés en eau à partir de puits parfois équipés de motopompes.
Le secteur horticole national a connu une croissance rapide ces dernières années ; la production des principales spéculations a doublé en dix ans passant de 150 000 tonnes en 1992 à 300 000 tonnes en 2004 (Anon. 2004 ; Coly & al., 2005). Les principales cultures sont attaquées par de nombreux insectes ravageurs, mais aussi des champignons et acariens (Gutierrez & Etienne, 1981a ; 1981b ; Collingwood & al.,1981 ; Collingwood & Bourdouxhe 1982 ; Bourdouxhe 1983). Les acariens des cultures horticoles les plus connus au Sénégal sont Tetranychus spp. (Tetranychidae) plus connu sous le nom d’araignée rouge, Aculops lycopersici, (Eriophyidae) et Polyphagotarsonemus latus (Tarsonemidae). Parmi les espèces du genre Tetranychus, Guttierrez & Etienne, (1981b) en ont répertorié trois, au Sénégal : Tetranychus neocaledonicus, T. tchadi, et T. urticae ; c’est cette dernière espèce qui sévissait principalement dans les périmètres maraîchers.
Dans la Région de Fatick, en particulier à Sokone et ses environs, on a enregistré en 2004- 2005, une forte diminution de la production maraîchère et constaté les dégâts très importants dûs à la prolifération des Tetranychidae en particulier sur jaxatu, aubergine et tomate, (Solanacées), malgré les traitements chimiques éffectués (Duverney & al.2005) ; les plus grands ravages causés par les Tetranychidae surviennent durant la période chaude et sèche, de Mars à Juin (période pré-hivernale). Les traitements chimiques effectués pour lutter contre ces attaques se sont révélés inéfficaces. Cette méthode de lutte contre les acariens phytophages semble aujourd’hui atteindre ses limites dans ce contexte ; elle est confrontée à des problèmes de qualité, disponibilité et mauvaise application des produits phytosanitaires par des utilisateurs généralement analphabètes, ainsi qu’à la résistance probablement développée par les ravageurs. D’où la nécessité de trouver des méthodes alternatives plus appropriées pour la maîtrise des populations de Tetranychidae ravageurs des Solanacées sur les périmètres maraîchers à petite échelle, comme c’est le cas dans la présente étude.
LE MARAICHERE AU SENEGAL
Historique
Le maraîchage est une activité économique et nutritionnelle au Sénégal dans le sens où il procure des sources alimentaires continues grâce à l’irrigation et qu’il diversifie enfin les vitamines et nutriments d’une alimentation composée jusqu’ici exclusivement de riz ou de mil. En effet depuis leur apparition en 1925 dans la région du Cap-Vert (Bourdouxhe 1983), les cultures maraîchères n’ont pas cessé de s’étendre en suivant l’expansion de la région de Dakar ; elles ne sont pas limitées à cette zone, puisque les jardins s’égrènent le long du cordon littoral jusqu’à Saint Louis et un peu partout dans les zones rurale de l’intérieurs comme activité génératrice de revenus pour les groupement de femmes et de jeunes Les Niayes du Sénégal ont toujours été la principale zone de prédilection des cultures maraîchères mais aussi elles sont pratiquées à l’intérieur du pays sur les bas fonds et autour des puits. Le maraîchage traditionnel représente la quasi-totalité de la production .
Micro Jardinage
Le maraîchage fait l’objet depuis quelques années de nombreux microprojets, le plus souvent lancés par des ONG. Ainsi Dakar est désormais bien alimenté en produits de maraîchage. Il en est de même pour de plus en plus pour de nombreux villages. Les micro-jardins, ou la culture hors-sol pour les femmes. C’est une ONG anglo saxonne, Oxfam, qui aide des groupes de femmes à développer des cultures vivrières hors-sol. Des familles qui ne disposant pas de terres peuvent ainsi produire leurs propres légumes à un coût raisonnable. Les supports de culture sont disposés sur des tables, avec un substrat composé de produits facilement disponibles sur place : coques d’arachides, coquillages et paille de riz. Deux centimètres de substrat arrosés deux fois par jour (les écoulements d’excédents sont récupérés), permettent de produire des légumes en toute saison dans une maison. Une autre méthode permet une culture hydroponique, sans substrat. Seul l’engrais doit être acheté de 250 à 450 CFA (0,38 à 0,61 euro) le litre, dilué à 2 %. Cette méthode participative et gratuite permettra aux pratiquantes actuelles de former d’autres femmes dans quelques temps.
Les contraintes
Les enquêtes et les prospections menées dans les périmètres maraîchers à Sokone et environ (Keur Babou Diouf, Batamar, Diaglé et Mboul-Diame) (Duverney & al 2005) et dans les Niayes au niveau de la Pate d’oie révèlent une situation phytosanitaire désastreuse des cultures maraîchères. Les problèmes phytosanitaires constituent souvent des soucis majeurs pour les agriculteurs encore aggravés par l’introduction de variétés importées sélectionnées, généralement plus productive, mais souvent moins résistantes aux divers ravageurs que les variétés locales. Les insectes sont largement répertoriés et étudiés par Collingwood et al 1981. Au Sénégal la littérature au sujet des acariens ravageurs de cultures maraîchères est très limitée Bourdouxhe & Collingwood ,1982 ont étudies l’efficacité de trois pyréthrinoides sur Aculops lycopersici Masse, un Eriophyidae, mais ne donne aucune information sur les tétranychideae, Fain & Guèye-Ndiaye (1987) se sont intéressés aux acariens des denrées alimentaires mais non aux ravageurs des cultures. Gutièrrez & Etienne (1988 a, 1988b) fournissent des informations intéressantes sur les tétranychideae attaquant les plantes cultivées au Sénégal mais aucun échantillonnage n’a été effectué sur les cultures maraîchères du sine Saloum. Mais ressemant M Diouf (1994) dans son « Etude des mécanismes de résistance aux acariens du Jaxatu (Solanum aethiopicum L.) et d’autres espèces du genres Solanum non-tubérifères » étudie des Tetranychidae et des Tarsonemidae pour essayer d’expliquer les modes de résistances de différentes variétés de jaxatu (feuilles poilues et feuilles glabres) par des études au champ, sous serre et au laboratoire.
Les acariens responsables sont surtout des Tetranychidae et des Tarsonemidae (Diouf. 1995). Ils sont plus connus sous le nom d’araignées rouge du Jaxatu Solanum aethiopicum.L et sont actuellement les principaux ravageurs de cette espèce au Sénégal. A cause des Tétranyques la variété Soxna de cette espèce qui est la plus sensible (Diouf., 1994) devient de plus en plus rare chez les agriculteurs. La principale cause reste l’utilisation généralisée des produits agrochimiques (insecticides et acaricides) qui a profondément modifié la composition de l’entomofaune et de l’acarofaune des plantes cultivées Kreiter 2003, éliminant notamment les auxiliaires. On a alors observé de fréquente pullulation d’acariens phytophages.
Rappels sur les arthropodes
Généralités
Les arthropodes, embranchement d’invertébrés possédant un squelette externe et des appendices articulés, comprenant les crustacés, les insectes, les mille-pattes (myriapodes) et les araignées. Il occupe dans le règne animal une place considérable puisque sur environ 1.200 000 espèces décrites à ce jour, plus de 1000000 sont des arthropodes. Ce sont des métazoaires á symétrie bilatérale, á corps métamérisé, á segmentation hétéronome. L’épiderme secrète une cuticule tégumentaire chitineuse. Les segments sont reliés les uns aux autres par des membranes articulaires et chacun d’eux porte fondamentalement une paire d’appendices articulés. Le développement est entrecoupé de mues et comporte des larves.
Les chélicérates : sont des arthropodes primitifs qui n’ont pas d’antennes mais possèdent une paire d’appendices préhensiles en avant de la bouche, les chélicères, et une paire d’appendices tactiles, les pédipalpes. Il n’y a pas de région céphalique individualisée pas, pas d’appendices masticateurs. Les yeux latéraux, n’ont pas de cônes cristallins. Le corps des chélicérates actuels peut généralement être divisée en trois régions : le céphalothorax, le pré abdomen et le post-abdomen, ces deux dernières parties étant souvent soudées pour constituer l’abdomen ou opisthosome.
Les arachnides constituent l’essentiel des arthropodes chélicérates leur corps est divisée en deux régions. La parties antérieure porte six paires d’appendices, une pré orale, les chélicères et cinq post-orales : les pédipalpes et quatre paires de pattes locomotrices.
La classe des Arachnides comprend de nombreuses sous classes
• Scorpions
• Pseudo scorpions
• Solifuges
• Uropyges
• Amblypiges
• Aranéides
• Opilions
• Ricinuléides
• Acariens.
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Table des matières
Introduction Générale
Chapitre I : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I. Le maraîchage au Sénégal
I – 1 Historique
I – 2 Micro Jardinage
I – 3 Les contraintes
II. Rappel sur les arthropodes
II – 1 Généralités
II – 2 Présentation des acariens
II – 2 – 1 Mode de vie
II – 2– 2 Classification
II – 3 Les acariens Phytophages Tetranychidae
II – 3 – 1. Description
II – 3 – 2. Position Systématique la Famille
II – 3 – 3 Morphologie
II – 4 Les principaux acariens des cultures maraîchères au Sénégal
II – 4 – 1 Les Tetranychidae
II – 4 – 1 – 1 Tetranychus urticae Koch
II – 4 – 1 – 2 Tetranychus evansi Baker & Pritchard
II – 4 – 2 Les Tarsonèmes
II – 4 – 3 Les Eriophyidae
II – 5 Méthodes de luttes préconisées contre acariens des cultures
II – 5 – 1 La lutte chimique
II – 5 – 2 La lutte Biologique
II – 5 – 3 La lutte Biologique avec extraits de plante
II – 5 – 4 Les Prédateurs : acariens Phytoseiidae
II – 5 – 5 La lutte génétique
II – 5 – 6 La lutte agronomique
Chapitre II : MATERIEL ET METHODES
I – Présentation zones d’études
I – 1. Sokone : Zone d’étude Préliminaire
I – 2. Malika : Zone d’expérimentation
II – Récoltes et Préparation des acariens
II– 1 Enquêtes et prospections préliminaires
II – 2 Récolte des acariens
II – 3 Préparation des acariens au laboratoire
II – 3 –-1 Les montages temporaires
II – 3 –-2 Les montages permanents
III Etude expérimentale au champ
III – 1 Le choix des cultures
III– 1 – 1 Le Jaxatu : Solanum aethiopicum L
III – 1 – 2 L’Aubergine : Solanum melongena L
III – 2 – 3 La Tomate : Lycopersicum esculentum L
III– 2 Les techniques culturales
III – 2 – 1 Nature et préparation du sol
III – 2 – 2 Les pépinières
III – 2 – 3 La plantation ou repiquage
III – 3 Le Dispositif au Champ
III – 4 Traitements et produits de traitement contre les acariens
III – 5 Analyse statistique avec le logiciel Genstat
Chapitre III: RESULTATS ET DISCUSSIONS
I – Résultats des récoltes et préparation des acariens
I – 1 Détermination des Tetranychidae
I – 2 Détermination des phytoseiidae
II Résultats de l’ étude expérimentale
II – 1 Analyse de la variance des Tetranychidae sur Jaxatu et Aubergine
II – 1 – 1 Effet entre Produits en fonction du temps
II – 1 – 2 Effet entre Temps – Espèce
II – 1 – 3 Effet entre Produit – Espèce
II – 1 – 4 Effet entre Temps – Bloc
II – 1 – 5 Effet entre Produit – Bloc
II – 1 – 6 Effet entre espèce – Bloc
II – 2 Analyse de la variance des populations de Tetranychidae sur Tomate
II – 3 Analyse de la variance des populations Phytoseiidae
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Annexes