Depuis que l’Afrique est peuplée, les feuilles, les fleurs, les écorces, les racines… tirées de toutes les strates de la végétation variée du continent, ont sauvés bien des vies humaines. Et l’on est saisi d’admiration pour la faculté de ces peuples d’observer, de comparer, d’expérimenter et, finalement, de sélectionner et de transmettre autant de remèdes contre autant de maladies. Selon l’organisation mondiale de la santé (O. M. S) ; la médecine traditionnelle se définit comme l’ensemble de toutes les connaissances pratiques explicables ou non pour diagnostiquer ou éliminer un déséquilibre physique, mental en s’appuyant exclusivement sur l’expérience vécue et l’observation, transmises de génération en génération (oralement ou par écrit) (Adjanohoun et coll, 2001). Sachant qu’une plante peut contenir plusieurs milliers de substances différentes, on peut se rendre compte de la richesse naturelle du règne végétal. L’isolement et la caractérisation de ces composés connus généralement sous l’appellation de « composés bioactifs » constituent un sujet de recherche très actuel. De nombreuses études explorent aujourd’hui la possibilité de leur transformation en ingrédients incorporables dans différents produits alimentaires, cosmétiques ou pharmaceutiques. Cet intérêt particulier est dû au fait qu’au cours des dernières années, les hommes ont commencé à se réorienter vers l’utilisation de produits naturels au détriment de ceux issus de la synthèse chimique. De plus, les résultats des études épidémiologiques mettent en évidence la capacité de ces composés bioactifs à participer au bon déroulement des fonctions vitales de l’organisme humain. Les multiples effets bénéfiques de ces composés issus de sources naturelles sont attribués à leurs diverses activités biologiques (antioxydante, antimicrobienne, antivirale, anti inflammatoire etc.). Parmi ces nouveaux composés potentiellement intéressants, les antioxydants. De nombreuses plantes, alimentaires ou médicinales, renferment des constituants antioxydants. L’apport régulier en phytonutriments possédant des capacités antioxydantes significatives est associé à une faible prévalence de maladies liées au stress oxydatif (cancers, maladies cardiovasculaires et athérosclérose) (Bravo, 1998) et à un faible taux de mortalité (Anderson et al, 2001). C’est pourquoi nous nous sommes intéressés à l’étude phytochimique de la plante Solanum melongena L, et à évaluer l’activité antioxydante de ses extraits. L’espèce Solanum melongena L., famille des Solanacées est surtout connue grâce à son fruit (l’aubergine) mais son intérêt thérapeutique n’est nullement négligeable avec ses propriétés cholérétique, diurétique, émolliente, hypocholestérolémiante, laxative…
ETUDE DE SOLANUM MELONGENA ET GENERALITES SUR LES ANTIOXYDANTS
PLACE DES SOLANUM DANS LE REGNE VEGETAL
✔ Règne : Plantae
✔ Sous – règne : Tracheobionta
✔ Division : Magnoliophyta
✔ Classe : Magnoliopsida
✔ Sous-classe : Asteridae
✔ Ordre : Solanales
✔ Famille : Solanaceae
✔ Genre : Solanum .
Plante originaire d’Afrique et de l’Inde, Les Solanaceae sont une famille de plantes dicotylédones (Magnoliopsida) appartenant à l’ordre des solanales. Ce sont des plantes herbacées, des arbustes, des arbres ou des lianes avec des feuilles alternes, simples et sans stipules. La famille comprend prés de 98 genres et 2700 espèces et occupe une grande diversité d’habitats, de morphologie et d’écologie. Cette famille cosmopolite est présente partout dans le monde à l’exception de l’antarctique. La majeure diversité d’espèces se rencontre en Amérique du sud et en Amérique centrale. Cette famille comprend des espèces alimentaires d’une grande importance économique telles que la pomme de terre (Solanum tuberosum), la tomate (Solanum lycopersicum), l’aubergine (Solanum melongena L.), et les piments (Capsicum). De nombreuses plantes ornementales très populaires appartiennent aux solanacées : Petunia, Schizanthus, Salpiglossis et Datura. Certaines espèces, riches en alcaloïdes, sont mondialement connues pour leurs usages médicaux, leurs effets psychotropes ou pour leur toxicité : Belladone morelle, Brugmansia, Datura, Mandragore, Tabac. (BEDARD, 2006) .
ETUDE SPECIALE DE SOLANUM MELONGENA, L. VAR ESCULENTUS
Noms vernaculaires
Français : aubergine
Wolof : batagnecé :
Peulh : Kobo-kobo
Sérère : batangnecé
Socé : Batancéé
Etude botanique
Appareil végétatif
L’appareil végétatif est l’ensemble des organes d’une plante (racine, tige, feuille ; qui assurent sa croissance.
la tige
L’aubergine est une plante herbacée vivace de 70cm de haut qui possède une tige robuste et pubescente, qui se ramifie et donne à la plante un port étalé (Esprit santé).
les feuilles
Les feuilles alternes gris-verdâtre sont entières, leur surface est recouverte d’un dense duvet, un peu rugueux au touché.
L’appareil reproducteur
l’inflorescence
L’inflorescence est une cyme.
les fleurs
Les fleurs solitaires, tournées vers le bas sont portées à l’aisselle des feuilles par un long pédoncule. Leur calice est de couleur blanche ou violette et les étamines sont jaunes. Elle comporte un Pédoncule de 1,5-3cm de long, relativement gros, tube de calice 5mm de long ; lobes 1-1,5cm de long, oblongues-lancéolées, s’effilant en acumens 3-5 mm de long, avec un peu d’épines molles. Les filaments mesurent 3-4 mm de long avec des anthrènes de 5-7 mm de long, de forme oblongue, l’ovaire est pubescent au sommet avec des poils étoilés et un style de 1-1,5 cm de long (Esprit santé).
le fruit
Le fruit de Solanum melongena porte le nom de la plante (aubergine). Les aubergines sont de grands fruits pendants violets ou blancs. Le fruit cru a la texture d’une éponge et un goût assez désagréable. La variété qui ressemble de prés à l’œuf d’une poule aussi bien en forme qu’en dimension est appelée de nos jours aubergine indienne. La variété cultivée en Occident et au Sénégal a une forme similaire mais beaucoup plus grande et sombre. La chinoise a la forme d’un concombre. Aussi bien la chinoise que l’indienne ont des couleurs qui varient du blanc à la tige jusqu’au pourpre brillant au pourpre profond, mais il existe des variétés albinos.
Répartition et Habitat
Bien que l’aubergine ait été domestiquée en inde où l’on pense qu’elle est consommée depuis 2500 ans à 4000 ans, il se peut que son ancêtre sauvage vienne d’Afrique, où il existe de multitudes d’espèces de Solanum aux caractéristiques très proches de celles de l’aubergine cultivée. Depuis l’inde, elle s’est diffusée en chine où l’on a produit des variétés à petits fruits de couleur verte, blanche, rouge et lavande. C’est d’ailleurs dans un traité chinois datant de 500 ans avant notre ère qu’elle est mentionnée pour la première fois. Elle sera introduite dans le monde Arabe dès le IXe siècle, migrant jusqu’en Egypte à l’ouest, et en Turquie au nord. Elle fera son apparition en Espagne entre le VIIIe et le XIe siècle. Dans ce pays, on apprendra vite à l’apprécier, mais ailleurs en Europe, on s’en méfiera longtemps, probablement à cause de sa ressemblance avec les plantes toxiques (Bedard, 2006).
Les Espagnols l’introduiront en Amérique latine au XVIe siècle, mais elle n’apparaîtra en Amérique que 150 ans plus tard. Aujourd’hui, on la cultive dans toutes les régions chaudes et tempérées de la planète (Esprit santé). En Europe, l’Italie et l’Espagne assurent les trois quarts de la production qui est de 28.993.563 tonnes (Faostat, 2004). La culture de l’aubergine nécessite de la chaleur (la croissance s’arrête en dessous de 12◦C) et de l’eau. La plantation se fait par repiquage de jeunes plantes de 6 à 7 semaines. De nos jours, la culture se fait souvent hors sol sous abri. La récolte intervient environ 5 mois après le semis.
Composition chimique
L’aubergine renferme 92 % d’eau, 1,3g de protides, 0,2g de lipides mais aussi 5,5g de glucides pour 100g. Elle renferme également des minéraux (en mg pour 100g) : phosphore 15, magnésium 12, calcium 10, potassium 220, soufre 15-16, sodium 5, chlore 50, fer 0,5, manganèse 0,20, zinc 0,28, cuivre 0,10, iode environ 0,002. L’aubergine contient également des vitamines (en mg pour 100g) : provitamine A 0,04, B1 0,04, B2 0,05, vitamine C, pp 0,6 (VALNET ,1982). Nous notons également la présence d’acide chlorogénique ; d’anthocyanines ; et d’acides phénoliques (Esprit santé).
D’après les travaux de Dastmalchi K et al (2011) l’aubergine a des teneurs élevées de conjugués d’acide cafeoyl-quinine. Les isomères de l’acide cafeolylquinine possèdent une activité de piégeage des radicaux libres d’environ 4 fois plus faible que celle de la quercetine. En revanche l’activité de chélation du fer est d’environ 3 à 6 fois supérieure à celle du dihydrate de quercetine. La présence d’acide cafeoyl-quinine dans le Solanum melongena est également évoquée dans les travaux de Wu et al (2012.) Das .S et al (2011) soutient que l’aubergine contient des polyphénols dont la nasunine, il évoque également la présence de vitamine A, de vitamine C et des β-caroténoïdes qui font de l’aubergine un puissant antioxydant. Les études de Mishra et al (2012) confirment la richesse en acide phénolique du Solanum melongena. L’aubergine est la plante comestible qui contient le plus fort taux de nicotine (Jardin des plantes 2006).
Propriétés pharmacologiques
Saba et Oridepa (2012) soutiennent que l’extrait éthanolique des feuilles de Solanum melongena L. a produit une contraction dose-dépendante du muscle lisse de l’ilion de porc de guinée. Ils affirment également une stimulation des récepteurs muscariniques et histaminergiques par cet extrait. DAS.S et al (2011) ont examiné le rôle des aubergines crues et grillées sur la cardioprotection en utilisant un modèle de cœur de perfusion isolée. La fonction ventriculaire gauche a été contrôlée, et la taille de l’infarctus du myocarde et l’apoptose des cardiomyocytes ont été évalués. Les résultats de cette étude ont démontré que l’aubergine renferme des composés ayant de puissantes propriétés cardioprotecteurs à en juger par leur capacité à augmenter la fonction ventriculaire gauche, et de réduire la taille de l’infarctus du myocarde et l’apoptose des cardiomyocytes. D’après les études de LUI X et al (2011) sur l’extrait éthanolique des racines de Solanum melongena L. (Solanacées). Cette étude est la première des activités inhibitrices alpha-glucosidase des racines de S. melongena L., et cette observation préliminaire suggère l’usage médicinal potentiel de cette plante.
Les flavonoïdes extraits des fruits de Solanum melongena L. administrés par voie orale à une dose de 1 mg/100 g de poids corporel / jour ont montré une action hypolipémiante significative chez les rats nourris normalement. Cette activité peut donc être utile pour les traitements prophylactique et thérapeutique des affections associées à l’hyperlipidémie comme l’athérosclérose (Pakistan Journal of Nutrition, 2004). D’après Lo Scalzo et al, (2010), des dilutions d’extraits successifs du fruit de Solanum melongena L. ont montré une activité significative jusqu’à 1,25 µg / ml après la cuisson, tandis que les fruits crus ont donné lieu à une activité jusqu’à 10,00 µg/ ml. Ces résultats ont montré que le traitement thermique couramment utilisée avant consommation peut influer sur l’activité antioxydante de l’aubergine.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : BIBLIOGRAPHIE
CHAPITRE I : ETUDE DE SOLANUM MELONGENA ET GENERALITE SUR LES ANTIOXYDANTS
I. PLACE DES SOLANUM DANS LE REGNE VEGETAL
II. ETUDE SPECIALE DE SOLANUM MELONGENA, L. VAR ESCULENTUS
II. 1. Noms vernaculaires
II.2. Etude botanique
II.2.1. Appareil végétatif
II.2.1.1. La tige
II. 2.1. 2. Les feuilles
II. 2.2. L’appareil reproducteur
II. 2.2. 1. L’inflorescence
II. 2.2. 2. Les fleurs
II. 2.2. 3. Le fruit
II. 3. Répartition et Habitat
II. 4. Travaux sur la chimie
II. 5. Etude sur la pharmacologie
II. 6. Propriétés Thérapeutiques Attribuées
II. 7. Indications
CHAPITRE II : LES ANTIOXYDANTS
I. GENERALITES SUR LES ANTIOXYDANTS
II. LES PRINCIPALES SOURCES D’ANTIOXYDANTS
II .1. Les médicaments
II .2. Source alimentaire
II .3. Les végétaux sources d’antioxydants Naturels
II .4. Les différentes méthodes d’étude de l’activité antioxydants
II .4.1.Test de réduction du radical 1,1-di-phényl-picryl-hydrazine (DPPH)
II. 4.2.Test mesurant l’activité antioxydante au moyen de caroténoïdes
II. 4.3.Test mesurant l’activité antioxydante contre le lysosyme
II. 4.4. Activité antioxydante par la méthode ABTS
II. 4.5. Activité antioxydante par la méthode PRAP
DEUXIEME PARTIE: ETUDES EXPERIMENTALES
CHAPITRE I : MATERIELS ET METHODES
I. MATERIELS ET REACTIFS
I.1. Matériel végétal
I.2.Matériel de laboratoire
I.3. Réactifs
II. METHODES D’ETUDES
II.1. Obtention de l’extrait éthanolique des différentes plantes
II.2. Screening Phytochimique
II.2.1. Détermination de la Teneur en Eau
II.2.2. Recherche des hétérosides flavonoïdes
II.2.2.1. Solution extractive
II.2.2.2. Réaction générale de caractérisation des flavonoïdes
II.2.2.2.1. Coloration en milieu alcalin
II.2.2.2.2. Coloration par le perchlorure de fer
II.2.2.2.3. Réaction de shibata
II. 2.2.3. Séparation et identification des alcaloïdes par Chromatographie sur Couche Mince (CCM)
II. 2.2.3.1. Préparation des extraits
II.2.2.3.2. Matériel et réactifs
II. 2.2.3.3. Technique
II.2.3. Recherche des tanins
II.2.3.1. Extraction
II.2.3.2. Réaction de caractérisation
II.2.3.2.1. Caractérisation par le perchlorure de fer
II.2.3.2.2. Caractérisation par l’acide phosphotungstique
II.2.3.3. Différenciation des tanins
II.2.3.3.1. Précipitation par le réactif de Stiasny
II.2.3.3.2. Oxydation des tanins condensés
II.2.3.4. Chromatographie sur couche mince des tanins
II.2.3.4.1. Préparation des extraits
II.2.3.4.2. Matériel et réactifs
II.2.3.4.3. Technique
II.2.4.Recherche des Hétérosides Anthracéniques
II.2.5. Recherche des Saponosides
II. 2.6. Recherche des Hétérosides Cardiotoniques
II. 2.7. Recherche des Alcaloïdes
II.2.7.1. Caractérisation des alcaloïdes
II.2.7.1.1.Caractérisation générale
II.3. Recherche de l’Activité Antioxydante
II.3.1. Test de piégeage du radical libre DPPH
II.3.2. Test de la réduction du fer FRAP
CHAPITRE II : RESULTATS ET DISCUSSION
I. RESULTATS DU SCREENING CHIMIQUE
I.1. Essai de mise en évidence des tanins
I.2. Essai de mise en évidence des Hétérosides Flavoniques
I.3. Essai de mise en évidence des hétérosides cardiotoniques
I.4.Essai de mise en évidence des hétérosides anthracéniques
I .5. Essai de mise en évidence des alcaloïdes
I. 6. Essai de mise en évidence des saponosides
II. RESULTATS DE LA RECHERCHE DE L’ACTIVITE ANTIOXYDANTE
II.1.Test de la réduction du fer FRAP
II.1.1. Pouvoir réducteur du solanum melongena
II. 1.2. Pouvoir réducteur de la vitamine C
II. 1. 3. Comparaison de l’activité antioxydante de la vitamine C et des feuilles dus Solanum melongena
II. 2.Test au DDPH
II. 2.1. Test de piégeage des radicaux libres avec le Solanum melongena
II. 2.2. Test de piégeage des radicaux libres avec l’acide ascorbique
III. DISCUSSION
CONCLUSION