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Thérapie ciblée anti-HER2
En 1985, King et collègues montrèrent que le gène récepteur Her2 était amplifié dans une lignée cellulaire de cancer du sein (King et al, 1985). Deux ans plus tard, son importance dans la progression tumorale mammaire fut démontrée (Slamon et al, 1987). Depuis, les mécanismes de ce contrôle ont été en grande partie élucidés : la signalisation HER2 promeut la prolifération cellulaire via la voie RAS-MAPK et inhibe la mort cellulaire via la voie phosphatidylinositol 3′-kinase–AKT–mTOR (Gutierrez and Schiff, 2011). Ces découvertes ont permis l’émergence d’une nouvelle thérapie ciblée sous la forme d’un anticorps monoclonal dirigé contre la partie externe du récepteur Her2 (Trastuzumab). L’efficacité de ce traitement combiné aux chimiothérapies classiques pour les patientes présentant une surexpression HER2 a été démontrée par plusieurs essais cliniques avec une nette amélioration de la survie sans récidive, de la survie globale et une réduction du risque de rechute (Smith et al., 2007 ; Romond et al.,2005 ; Figure 3).
Ainsi, le Trastuzumab fut la première thérapie ciblée autorisée en France en 2000 et est aujourd’hui utilisée en routine pour traiter les patientes présentant une surexpression HER2. Le pronostic de ces patientes a été nettement amélioré par l’utilisation de cette nouvelle thérapie ciblée.
Son mode d’action n’est pas entièrement connu. Il semblerait que la liaison de l’anticorps au récepteur induise son internalisation aboutissant à une inhibition des voies en aval de Her2 ce qui provoquerait un arrêt du cycle cellulaire et l’entrée en apoptose. Des données d’expériences in vivo suggèrent également que l’efficacité du Trastuzumab serait en partie liée à une induction de réponses immunitaires.
Il est à noter que des résistances à cette thérapie sont relativement fréquentes tout particulièrement chez les patientes présentant un cancer du sein métastatique. La compréhension de ces phénomènes de résistances est un des enjeux majeurs de la recherche contre le cancer du sein (Nahta et al., 2006).
Hormonothérapies
L’hormonothérapie est bien antérieure à la thérapie ciblée anti-HER2 puisque l’on peut considérer que, fin XIXe, le chirurgien écossais Thomas Beatson la pratiquait déjà en retirant chirurgicalement les ovaires de patientes atteintes de cancer du sein, ayant constaté que cette opération aboutissait à une régression de la tumeur. L’identification du récepteur à l’œstrogène a permis de mieux comprendre les mécanismes à l’origine de cette observation et de développer des thérapies permettant d’éviter l’ovariectomie (Jensen et al.,1973, Heldring et al., 2007).
Il existe deux récepteurs à l’œstrogène, RE-et RE-, exprimés dans de nombreux tissus (glande mammaire, utérus, os, système cardio-vasculaire, cerveau). Le mode d’action classiquement décrit est le suivant: après liaison de l’œstrogène, les RE sont transloqués dans le compartiment nucléaire et sont capables de se lier à l’ADN influençant ainsi l’expression de certains gènes, différents pour chacun des deux récepteurs. Le RE est essentiel au développement de la glande mammaire et est celui surexprimé dans les cancers du sein. Les effets positifs des estrogènes sur la prolifération tumorale lui ont été attribués.
En hormonothérapie, deux stratégies sont principalement utilisées pour bloquer la signalisation ostrogénique : l’utilisation d’un antagoniste du récepteur aux œstrogènes (comme le Tamoxifène) ou une inhibition de la synthèse des œstrogènes par l’utilisation d’inhibiteurs d’aromatase. L’efficacité de ces thérapies a été démontrée puisqu’elles prolongent la survie sans récidive et réduisent la mortalité (Heldring et al, 2007).
Les hormonothérapies et la thérapie ciblée anti-HER2 ont révolutionné la prise en charge thérapeutique des cancers du sein et ont contribué à en diminuer la mortalité. Un sous-type de cancer, le cancer du sein triple-négatif (CSTN), n’a pas pu bénéficier de ces avancées thérapeutiques étant donné que ses cellules tumorales n’expriment par définition pas les récepteurs hormonaux ou le HER2.
Les différents modes de migration
La migration amiboïde
Les cellules adoptant une migration amiboïde sont caractérisées par une forme arrondie, une grande capacité de déformation liée à une forte contractilité cellulaire et à une faible adhérence au substrat. Elles se déplacent rapidement (15µm/min) en alternant des phases d’expansion/contraction et il a été montré qu’elles ne reposent pas sur l’activité de protéases permettant de dégrader la matrice extracellulaire (Wolf et al., 2003). En effet, leur grande contractilité leur permet de pousser les fibres de la matrice et de se faufiler dans les espaces libres (Wyckoff et al., 2006). Cette contractilité est permise par un épais réseau d’acto-myosine corticale qui a été observé in vitro et in vivo. Les modèles in vitro ont permis de montrer que la contraction de ce réseau d’acto-myosine est permise par les kinases de Rho, ROCK1 et ROCK2 dont les activités sont nécessaires à la phosphorylation de la myosine qui est incorporée dans les filaments d’actine pour induire la contraction (Pinner et Sahai, 2008). La contraction provoquée par ROCK induit la formation de protrusions de type « bleb ». La migration amiboïde ne peut avoir lieu au sein de matrices extracellulaires trop rigides, les cellules ne pouvant alors générer suffisamment de force pour déplacer les fibres de matrice, la dégradation de celle-ci par des protéases est alors nécessaire à leur invasion.
Concernant l’adhérence au substrat, il a été montré in vitro et in vivo que la migration amiboïde des lymphocytes et des neutrophiles était en partie ou complètement indépendante des adhérences médiées par les intégrines (Friedl et al., 2003).
La migration amiboïde a été principalement observée sur des leucocytes (neutrophiles, lymphocytes et cellules dendritiques) dans des conditions physiologiques, et des cellules tumorales de leucémies, de lymphomes et de carcinomes pulmonaires à petites cellules (Friedl et al., 2003; Friedl et al., 2011; Pinner and Sahai ,2008). Dans le cancer du sein, une migration de type amiboïde a été observée sur des cellules de carcinomes mammaires de rat, in vitro lors de l’invasion tridimensionnelle de matrice extracellulaire ou in vivo, après injection dans les coussinets adipeux mammaires de souris. Ils montrent bien que cette migration est dépendante de ROCK mais non des protéases de dégradation de la matrice, les MMPs (Wyckoff et al., 2006).
La migration mésenchymateuse.
Les cellules adoptant une migration mésenchymateuse sont caractérisées par une morphologie allongée en fuseau, de type mésenchymateuse qui dépend de la dynamique d’adhérences des intégrines à la matrice extracellulaire et d’importantes forces de traction. L’activation des protéases est nécessaire au maintien du phénotype migratoire mésenchymateux (Friedl et al., 2011).
La transition épithélio-mésenchymateuse.
Ce mode de migration est principalement observé sur des cellules tumorales issues de cellules du stroma (fibrosarcomes et gliomes) ou de cancers épithéliaux après un programme de dédifférenciation: la transition épithélio-mésenchymateuse (TEM). Durant la TEM, la signalisation de facteurs de croissance du stroma tumoral tels que le TGF, le FGF ou l’EGF aboutit à l’activation de facteurs de transcription, notamment ZEB1, Twist et Snail 1/ 2 qui inhibent directement ou indirectement la transcription du gène de la E-Cadhérine, une protéine des jonctions cellule/cellule, précisément des jonctions adhérentes. Ainsi, les cellules perdent ou affaiblissent leurs jonctions cellules/cellules. Ceci résulte en une perturbation de la polarité apico-basale (Friedl et al., 2011). En parallèle, de cette perte des caractéristiques épithéliales, une augmentation des marqueurs mésenchymateux est observée, telle que la N-Cadherine, la fibronectine et la vimentine ainsi qu’une augmentation des capacités migratoires et invasives des cellules tumorales (Bill et al., 2015). In vitro, la TEM peut facilement être induite sur des cellules de cancer du sein en culture via le TGF ou la surexpression de Twist. Sur des tumeurs de patients, la détection par analyse histo-pathologique de cellules tumorales ayant subi une TEM et migrant individuellement est compliquée de par la difficulté qu’il y a à les distinguer des fibroblastes du stroma (Bill et al., 2015). Cependant, des cellules tumorales circulantes de patientes de cancer du sein exprimant des marqueurs de TEM (Twist et vimentine) ont été identifiées (Kallergi et al., 2011). L’utilisation de modèles de cancers du sein de souris transgéniques a permis de montrer que la TEM existe in vivo. Ainsi, Trimboli et al., en marquant génétiquement des cellules tumorales mammaires et analysant ces cellules par immunofluorescence, ont identifiés des cellules tumorales présentant une perte de la E-Cadherine et un gain d’expression de la fibronectine (Trimboli et al., 2008).
Le modèle cyclique de la migration mésenchymateuse
La migration mésenchymateuse est un processus cyclique comprenant 5 étapes (Friedl et al., 2003 ; Friedl et al ., 2011 ; Figure 9).
1. La première étape consiste en une polarisation du cytosquelette par la polymérisation de l’actine qui en poussant sur la membrane plasmique va permettre la formation d’une protrusion au front de migration. Cette protrusion est dirigée vers des zones plus concentrées en chimioattractants, facteurs de croissance ou autre ligands extracellulaires. La formation de cette protrusion implique la formation de phosphoinositides au front de migration permettant la liaison de facteurs contrôlant la polymérisation de l’actine, tels que les GEF régulant les Rho GTPases, Arp2/3 et WASP (voir la sous partie sur les protrusions pour plus de détails).
2. À la deuxième étape, cette protrusion va s’accrocher à la matrice extracellulaire, en particulier via les intégrines, des récepteurs de surface qui se lient à la matrice et forment des clusters à la membrane. S’en suit le recrutement de protéines adaptatrices aux domaines intracellulaires des intégrines telles que la kinase des adhérences focales (FAK) ou la taline. Ces protéines peuvent elles-mêmes se lier à des protéines liant l’actine comme la vinculine et la paxilline et des protéines de signalisation régulatrices comme les Rho GTPases ou Src. Ces interactions permettent ainsi la liaison des complexes d’intégrines au cytosquelette d’actine et la génération de forces ainsi que l’activation de voies de signalisation qui auront pour conséquence, entre autre, le renforcement de la protrusion et des complexes d’adhérences.
3. Durant la troisième étape, quelques micromètres derrière le front de migration, des protéases de surface se concentrent près des sites d’adhérence au substrat. Ces protéases clivent à proximité de la surface cellulaire des composants de la matrice extracellulaire tels que le collagène, la fibronectine et la laminine, mais également les pro-MMPs les rendant ainsi solubles.
4. Durant la quatrième étape, la myosine II active se lie au filament d’actine et permet la contraction du réseau d’acto-myosine. L’activation de la myosine est permise par la petite Rho-GTPase Rho.
5. Suite à la contraction de la cellule, le détachement de l’arrière du corps de la cellule via le désassemblage des adhérences matrice/cellule constitue la cinquième étape (Friedl et al., 2003 ; Friedl et al ., 2011).
Le flux multicellulaire.
Le flux multicellulaire est un mode de migration intermédiaire, entre la migration individuelle et collective (Friedl et al., 2011). Il est caractérisé par des cellules migrant individuellement, les unes derrière les autres, en file indienne. Elles seraient guidées par le même gradient chimiotactique ou par les mêmes structures tissulaires, telles que les fibres de la matrice. Le cytosquelette de chacune des cellules agit indépendamment pour générer les forces de traction nécessaires à la progression mais les cellules peuvent tout de même maintenir des jonctions entre-elles, bien que faibles et transitoires (Friedl et al., 2012). Elles adoptent des phénotypes de migration amiboïde ou mésenchymateuse (Pandya et al., 2016). Physiologiquement, ce mode de migration est utilisé par les cellules de la crête neurale et les myoblastes (Friedl et al., 2003). Ce mode de migration a aussi été observé sur des modèles orthotopiques de cancers du sein et du mélanome. C’est un mode de migration particulièrement rapide avec une vitesse de migration de 1µm/min (Friedl et al., 2012).
La formation de protrusions
Les lamellipodes
Les lamellipodes décrits pour la première fois sur des lignées de fibroblastes en migration (Abercombie et al., 1970 ) sont des protrusions larges et relativement plates (0.1–0.2 μm ; Figure 10). Ils ont été observés dans de nombreux types cellulaires in vitro, dont les cellules tumorales mammaires, mais également in vivo, sur des cellules migrant individuellement comme les cellules dendritiques migrant sur la paroi des vaisseaux lymphatiques ou collectivement, dans la migration des cellules de bordures chez la Drosophile (Ridley, 2015).
Leur présence est principalement détectée sur des cellules migrant en 2D mais une étude récente suggère que des fibroblastes en culture migrant dans des environnements 3D de matrice reconstituée forment des lamellipodes (Petrie et al., 2012). Cependant, les connaissances que nous avons sur leur structure et leur régulation sont principalement basées sur les résultats d’études de migration de cellules en culture en 2D.
Ainsi, ce sont des structures transitoires suivant des cycles de protrusions et de rétraction. La polymérisation de l’actine fournit la force nécessaire à la projection de la membrane plasmique requise pour la formation du lamellipode. Cette polymérisation est permise par des protéines permettant la nucléation et l’élongation de l’actine. La nucléation est la base et l’étape limitante de la formation de nouveaux filaments d’actine: elle consiste en l’association de trois monomères d’actine globulaires qui forment alors un noyau d’actine filamenteuse dont les extrémités peuvent subir une élongation par ajout de monomères d’actine. La protéine nucléatrice principalement impliquée dans la formation des lamellipodes est le complexe nucléateur Arp2/3 (actin related protein 2/3) qui génère de nouveaux filaments d’actine par branchement sur des filaments d’actine existants. Les protéines permettant l’élongation des filaments d’actine au niveau des lamellipodes sont principalement les formines et les protéines de la famille ENA/VASP (Enabled/vasodilator-stimulated phospho-protein) (Ridley et al., 2011 ; Krause et al., 2014).
Le modèle traditionnellement admis concernant la formation du lamellipode est que celle-ci est contrôlée par la petite RhoGTPase Rac qui est capable d’interagir avec le complexe WAVE et ainsi de réguler la nucléation contrôlée par Arp2/3 (Miki et al., 1998 ). De même, Rac est capable d’interagir avec plusieurs protéines de la famille des formines mais le lien entre ces interactions et la formation du lamellipode n’est pas établi (Ridley et al., 2015). Cependant, l’utilisation de sondes FRET Rho-GTPases (Fluorescence Resonnance Energy Transfer) fournissant une indication spatio-temporelle de leurs activités a permis de montrer que Rac n’était pas la seule Rho GTPase activée au front de migration du lamellipode. Ainsi, plusieurs études ont montré que Rac mais également RhoA et Cdc42 sont fortement activées au sein des lamellipodes dans des fibroblastes (Machacek et al., 2009 ; Itoh et al., 2002). La colocalisation de RhoA avec la formine mDia1 suggérerait que RhoA pourrait également induire la polymérisation de l’actine dans le lamellipode (Kurokawa et al., 2005 ; Fritz et al., 2016 ; Parsons et al., 2010). De même, Zaoui et al., ont montré que RhoA était impliqué dans la formation de lamellipodes dans des lignées de carcinomes mammaires (SKBR3 et T47D) (Zaoui et al., 2008,).
Dynamique des adhérences de cellules en migration.
L’adhérence de cellules en migration a été étudiée principalement sur des cellules en culture migrant individuellement sur une matrice-extracellulaire en 2D. Bien que ces adhérences aient été principalement étudiées en 2D, elles ont également été observées en 3D (Harunaga et al., 2011 ; Kubow et al., 2011). Cependant, la plupart des connaissances dont nous disposons quant à leur assemblage/désassemblage, ou les voies de signalisation émanant de ces complexes sont issues d’études de cellules en culture, statiques ou migrantes, en 2D.
Aussi, il a été constaté qu’une cellule en migration présente différents types d’adhérences régulés dans le temps et l’espace (Figure 14).
Les adhérences naissantes.
Sur une cellule en migration en 2D, les adhérences au substrat se forment initialement au sein du lamellipode au front de migration. Ce sont les adhérences naissantes. Ces premières interactions avec la matrice forment des complexes en forme de points de petites tailles (<0.25µm2 selon Thievessen et al., 2013), très dynamiques, de durée de vie relativement courte (Vicente-Manzanares et al., 2011). Les mécanismes à la base de leur formation sont mal compris et ceux-ci dépendent fortement du type cellulaire.
Deux modèles ont été proposés. Le premier postule que la nucléation des adhérences naissantes est initiée par la liaison des intégrines aux protéines de la MEC, provoquant leur clustering et l’assemblage de complexes d’adhérences au niveau de leurs domaines cytoplasmiques. Il a été proposé que des petits complexes naissants peuvent ensuite fusionner en de plus gros complexes. Selon le deuxième modèle, l’assemblage des adhérences naissantes serait permis par la polymérisation de l’actine autour de laquelle s’initierait la formation des complexes protéiques des adhérences avant que les intégrines ne lient la MEC (Parsons et al., 2010). Les deux modèles ne sont probablement pas exclusifs. L’ordre dans lequel les constituants de ces adhérences sont recrutés n’est pas clair. Il est supposé que FAK ou la Taline seraient les premières recrutées mais cet ordre de recrutement pourrait dépendre du type cellulaire et des sous-unités d’intégrines composant l’adhérence (Lawson and Schlaepfer, 2012). Leur formation est dépendante de la polymérisation de l’actine et indépendante de l’activité de la myosine II (Choi et al., 2008). Les mécanismes liant la polymérisation de l’actine et la formation des adhérences naissantes sont mal connus (Parsons et al., 2010).
Les adhérences naissantes contiennent des protéines classiquement retrouvées aux adhérences telles que la taline, la vinculine, FAK, Src et la paxilline et présentent un fort niveau de phosphorylations sur tyrosine, sérines et thréonines, notamment de FAK, Src et de la paxilline. Ces phosphorylations peuvent constituer des sites de liaison pour d’autres protéines et permettre le recrutement de protéines signalisantes (GEF et GAP des RhoGTPases par exemple) (Vicente-Manzanares et al., 2011).
Au fur et à mesure que la cellule en migration progresse, les adhérences naissantes initialement localisées au front de migration se retrouvent à l’arrière du lamellipode. Il est supposé que l’actine organisée en réseau branché dans le lamellipode constitue un support aux adhérences naissantes. Ainsi, lorsqu’elles se retrouvent à l’arrière du lamellipode, dans une zone de dépolymérisation de l’actine qui les en découple, la majorité des adhérences naissantes se désassemble. Ce désassemblage serait également médié par des signaux biochimiques médiés par des kinases, des phosphatases ou des protéases qui agiraient sur les protéines du complexe d’adhérence. Une proportion d’entre elles peut aussi s’élargir et s’allonger pour former des complexes focaux, suivant un phénomène de maturation. La maturation coïncide avec decourts arrêts dans la progression du front de migration qui dépendent de la contractilité permise par la myosine II (Parsons et al., 2010).
Les complexes focaux.
Les complexes focaux diffèrent des adhérences naissantes de par leur localisation (entre le lamellipode et le lamellum juste à l’arrière) et leur taille. Leur formation peut être induite par une Rac constitutivement active (Nobes et al., 1995) et leur présence dépend de la myosine II (Choi et al. 2008). Cependant, leur composition moléculaire est similaire à celle des adhérences naissantes. Les complexes focaux sont des structures transitoires: ils se transforment rapidement en adhérences focales (Vicente-Manzanares et al., 2011).
Les adhérences focales.
Les adhérences focales sont définies par leur taille (2µm de largeur, 3-10µm de longueur) et leur localisation à l’extrémité de larges faisceaux d’actine ou d’actomyosine. Ces adhérences présentent un niveau moindre de phosphorylation de FAK, Src et paxilline (Vicente-Manzanares et al., 2011). À mesure que les forces de tractions permettent à la cellule d’avancer, les adhérences focales se désassemblent. Tout comme le désassemblage des adhérences naissantes, celui des adhérences focales ne dépendrait pas uniquement des forces contractiles mais aussi et de façon complémentaire, de signaux biochimiques régulés par des protéases, des kinases et des phosphatases (Webb et al., 2004).
Bien que des différences soient observées entre ces trois types d’adhérences, notamment concernant les niveaux de phosphorylations des protéines du complexe, il existe entre elles un certain continuum. De plus, leur formation dépendrait du type cellulaire. Ainsi, des cellules migrant rapidement telles que des macrophages ou des neutrophiles présentent de petites adhérences très dynamiques (de type adhérences naissantes) alors que des cellules plus contractiles, telles que les fibroblastes présentent des adhérences plus stables (adhérences focales et complexes focaux ; Parsons et al., 2010). De plus, les types d’adhérences peuvent être influencés par la rigidité de la matrice. Ainsi, des fibroblastes ou des cellules épithéliales migrant sur une matrice peu rigide présentent des adhérences petites et dynamiques. A l’inverse, une matrice plus rigide est associée à la formation d’adhérences plus larges et plus stables (Vicente-Manzanares et al., 2011).
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Table des matières
Chapitre I : Le cancer du sein
1 1 La glande mammaire, généralités
1 2 L’oncogenèse mammaire
1 1 1 Schéma général
1 1 2 Altérations génétiques et épigénétiques
1 1 3 Évolution spatio-temporelle des altérations génétiques et épigénétiques
1 3 Classifications des cancers du sein
1 3 1 Classifications sur critères anatomo-pathologiques
1 3 2 Classifications sur critères moléculaires
1 4 Thérapies des cancers du sein
1 4 1 Thérapie ciblée anti-HER2
1 4 2 Hormonothérapies
1 5 Les cancers du sein triple-négatifs
1 5 1 Définition
1 5 2 Caractéristiques
1 5 2 Options thérapeutiques
1 6 Conclusions du chapitre I
Chapitre II : L’invasion
2 1 Généralités
2 2 Les différents modes de migration
2 2 1 La migration amiboïde
2 2 2 La migration mésenchymateuse
2 2 2 1 La transition épithélio-mésenchymateuse
2 2 2 2 Le modèle cyclique de la migration mésenchymateuse
2 2 3 La migration collective
2 2 4 Le flux multicellulaire
2 3 La formation de protrusions
2 3 1 Les lamellipodes
2 3 2 Les filopodes
2 3 3 Les invadopodes
2 3 4 Les Rho-GTPases
2 4 Les adhérences à la matrice extracellulaire
2 4 1 La matrice extracellulaire
2 4 2 Les intégrines
2 4 3 Les complexes d’adhérences
2 4 4 Dynamique des adhérences de cellules en migration
2 4 4 1 Les adhérences naissantes
2 4 4 2 Les complexes focaux
2 4 4 3 Les adhérences naissantes
2 5 Conclusions du chapitre II
Chapitre III : La kinase des adhérences focales (FAK)
3 1 Généralités
3 2 Structure et régulations de FAK
3 2 1 Structure
3 2 1 1 Le domaine FERM
3 2 1 2 Le domaine kinase
3 2 1 3 Le domaine FAT
3 2 2 Modifications post-traductionnelles
3 2 2 1 Phosphorylations sur tyrosines
3 2 2 2 Phosphorylations sur sérines et thréonines
3 2 2 3 Sumoylation
3 2 3 Activation de FAK
3 2 3 1 Levée de l’auto-inhibition
3 2 3 2 Signaux induisant l’ouverture de FAK
3 2 3 3 Dimérisation de FAK
2 2 4 Le flux multicellulaire
3 3 Fonctions de FAK
3 3 1 Implication de FAK dans le développement
3 3 2 FAK et cancers : données cliniques
3 3 2 1 Surexpression
3 3 2 2 Influence sur les pronostics
3 3 3 Rôles de FAK dans l’oncogenèse
3 3 3 1 Implication de FAK dans la survie cellulaire
3 3 3 2 Implication de FAK dans la prolifération cellulaire
3 3 3 3 Implication de FAK dans la migration cellulaire
3 4 FAK en thérapie
3 5 Conclusions du chapitre III
Chapitre IV : La Protéine Kinase C thêta (PKC)
4 1 La famille des PKCs
4 1 1 Structures
4 1 2 Activation
4 1 3 Fonctions
4 2 La PKC: structure et régulations
4 2 1 Structure
4 2 2 Activation
4 2 3 Phosphorylations
4 3 Fonctions de PKC
4 3 1 Implication de PKC dans le système immunitaire
4 3 1 1 PKC et la synapse immunologique
4 3 1 2 Rôles de PKCdans l’activation des Lymphocytes T
4 3 1 2 Rôles de PKCdans la différenciation des Lymphocytes T
4 3 2 PKC dans les muscles squelettiques
4 3 3 PKC et cancer
4 3 3 1 Tumeurs stromales digestives
4 3 3 2 Cancers du sein
Chapitre V : Étude de l’implication de FAK dans le contrôle de l’invasion par PKC
5 1 Contexte de l’étude et principaux résultats
5 2 Article
Chapitre VI : Étude du contrôle de PKCpar CDCP1 dans les cancers du sein triplenégatifs
6 1 Introduction
6 2 Résultats
6 2 1 CDCP1 est essentiel aux effets de PKC sur l’invasion
6 2 2 CDCP1 contrôle positivement l’activité de PKC sur FAK
4 2 3 CDCP1 interagit avec PKCet est localisé au front de cellules en migration
6 3 Conclusion et perspectives
MATERIEL ET METHODES
DISCUSSION
Chapitre VII : Comment PKC contrôle-t-elle l’invasion des lignées CSTN in vitro ?
7 1 PKC n’influence pas la transition épithélio-mésenchymateuse
7 2 Implication des protéases dans les effets de PKC
7 3 Le contrôle de l’invasion par PKC dépend de FAK
7 3 1 Phosphorylation directe de FAK par PKC sur les sérines 892-893
7 3 2 Comment expliquer le contrôle de l’invasion par PKC non attribuable aux phosphorylations S892-893 de FAK ?
7 3 2 1 Phosphorylation directe de FAK sur la thréonine 656 ?
4 3 2 2 Implication de Fra1
4 3 2 3 PKC induit l’ouverture de FAK
7 3 2 PKCinduit la signalisation de FAK
Chapitre VIII : Comment PKC affecte-t-elle la dynamique des adhérences?
8 1 Réflexions sur l’outil PKC activable par la rapamycine
8 1 1 Interaction et phosphorylations
8 1 2 Effets de la rapamycine
8 1 3 Apports de l’outil
8 2 Comment les phosphorylations S892-893 impactent la dynamique des adhérences ?
8 2 1 Les phosphorylations 892-893 affectent la localisation intracellulaire de FAK
8 2 2 Les phosphorylations 892-893 affectent l’interaction de FAK avec la paxilline
Chapitre IX : Comment PKC affecte-t-elle la dynamique des protrusions ?
9 1 Implication des phosphorylations S892-893 et de RhoA
9 2 Liens entre les effets de PKC sur les adhérences et ceux sur les protrusions ?
Chapitre X : Comment PKC est-elle régulée dans les CSTN ?
10 1 Régulation des fonctions de PKC
10 2 Régulation de l’expression de PKC
Chapitre XI : Comment PKC contrôle-t-elle la formation de métastases?
11 1 PKCet les étapes du processus métastatique
11 2 Implication des phosphorylations 892-893
11 3 Implication de PKC dans les cancers du sein de patientes
Chapitre XII : PKC en tant que cible thérapeutique des CSTN ?
12 1 Faible toxicité
11 2 Inhibiteurs pharmacologiques
11 3 Cibler la voie PKC/FAK ?
11 4 Risques de résistances
CONCLUSION GENERALE
ABBREVIATIONS
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