L’étude de l’impact économique et social de la migraine présente une importance particulière quand le taux de prévalence de cette pathologie est supérieur à deux chiffres parmi les personnes actives. Dans les pays occidentaux, le nombre de personnes migraineux est bien connu, mais on ne peut pas dire autant de la répercussion économique. En matière de coût direct, la migraine est responsable des dépenses très importantes en médicaments dans la mesure où une surconsommation de médicaments non spécifiques est signalée par les observateurs de la santé. Dans le cadre de l’activité économique, la migraine est responsable des arrêts de travail et des baisses de productivité de la part des agents économiques victimes de cette maladie. La difficulté dans l’étude de l’impact économique de la migraine vient de sa qualification par la société. En effet, cette pathologie est considérée comme bénigne au point de lui contester le statut même de maladie, pourtant le retentissement fonctionnel de la migraine est lourd, avec, pour celui qui en souffre, une altération de la qualité de vie tant pendant et entre les crises. Pour mieux situer notre étude, voyons d’abord quelques définitions scientifiques de la migraine :
La migraine est une manifestation de douleur qui occupe la moitié ou une moindre partie de la tête, particulièrement la région des tempes et des orbites, qui revient par accès, et qui se complique souvent par de troubles des fonctions gastriques, mais qui n’est accompagnée d’aucun danger » . Les adultes qui souffrent de migraine décrivent des crises épisodiques assorties des certaines manifestations, les plus caractéristiques étant les nausées. Les crises sont espacées d’une semaine à une année (le plus souvent d’un mois). Chez les enfants, les crises sont généralement plus brèves et les symptômes abdominaux sont fréquents. Selon la terminologie de l’ANAES (Agence Nationale d’Accréditation et d’Évaluation en Santé) « c’est une maladie bénigne mais handicapante qui peut altérer la qualité de vie des patients, perturber les relations affectives et retentir sur les activités professionnelles » . Les symptômes de la migraine sont des maux de têtes, des nausées et des vomissements et / ou photophobie et de phono phobie.
On distingue deux types de traitements soit le traitement médicamenteux, soit le traitement non médicamenteux.
Traitements médicamenteux : On distingue les traitements spécifiques et les traitements non spécifiques.
– Les traitements spécifiques utilisent les molécules de la famille des triptans, et les dérivés ergotés.
– Les traitements non spécifiques utilisent les molécules classés dans la famille d’Antiinflammatoire non Stéroïdiens (AINS) et des antalgiques.
Les traitements non médicamenteux :
– La relaxation (la relaxation musculaire progressive de Jacobson), une méthode active de relaxation qui s’appuie sur l’existence d’un lien étroit entre la tension musculaire et l’état de tension psychologique.
– Le rétrocontrôle, ou biofeedback qui est une méthode d’autorégulation de soi-même, qui se fait dans une première phase à l’aide d’un appareil physiologique de mesure.
– L’acupuncture : une branche de la médecine traditionnelle chinoise qui consiste à.
– Homéopathie : elle vise à soigner l’être humain en lui administrant des doses infinitésimales de remèdes entièrement naturelles.
– Les thérapies cognitives et comportementales : Elles mettent en œuvre différentes méthodes en vue d’adapter les patients aux situations particulières. Elles se caractérisent par la modification observable de la façon de penser, d’attitudes émotionnelles et de modes d’actions par rapport au problème.
– La Stimulation Electrique Transcutanée (SET) : Elle consiste à appliquer des impulsions électriques par l’intermédiaire des électrodes posées sur la peau.
Dans l’étude de la prévalence de la migraine, on peut se référer aux études européennes « Costs of disorders of the brain in Europe ( Andlin- Sobocki, 2005 )», la migraine arrive en deuxième position juste après l’anxiété, il existe une forte prévalence de la maladie chez les 20- 50 ans, quel que soit le sexe, et il existe aussi une prédominance chez les femmes. Pour Madagascar, le résultat de l’étude réalisée sur Antananarivo en 2005 par l’équipe du professeur ANDRIANTSEHENO Marcelin : donne un taux de prévalence brut de « 19%, en effet parmi les 496 personnes interviewés, 96 souffrent de migraine. D’autre part, le résultat affiché dans cette étude affirme que « parmi les personnes souffrantes, seulement 35% (34/96) déclarés ont consulté un médecin » . La problématique de recherche est la suivante : Evaluer l’impact financier de la migraine sur l’économie des patients et sur la société en fonction du choix thérapeutique adopté par le patient.
La théorie du capital humain
Historique
Depuis Adam Smith ( 1723-1790),philosophe écossais à travers l’enquête sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), la plupart des économistes reconnaissent l’importance du travail, de la compétence des mains d’œuvre d’un pays dans la production de la richesse nationale. Mais il faut attendre Théodore W. Schuitz (1902-1998) pour que le concept de capital humain émerge. Il a écrit un article majeur qui influence toutes les recherches qui suivent : « Investment in man: an Economist’s view ».
Plus tard, en 1961, dans l’ouvrage « Investment in Human Capital », qui marque la continuité à son premier article, il s’efforce d’affirmer la mesure du capital humain en se concentrant sur la dimension qualitative des facteur du travail, à savoir l’habilité, le savoir et toute la capacité permettant d’améliorer la productivité du travail humain. Les facteurs de production du capital humain sont selon Théodore Schuitz liés à cinq sources de production et d’amélioration du capital humain :
• Les infrastructures et services de santé qui affectent l’espérance de vie et la vitalité des individus ;
• La formation professionnelle (incluant l’apprentissage) organisée par les entreprises ;
• Le système éducatif de l’école élémentaire au supérieur ;
• Les programmes d’études et de formation pour adulte non organisés par des entreprises
• La migration des individus et des familles pour saisir des opportunités d’emploi.
Développement de la théorie capitale humaine
Gary Stanley Becker (Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel en 1992) a été l’un des premiers économistes à élargir le champ de l’analyse économique (et surtout microéconomique) à des comportements sociaux. Dans son ouvrage « Human Capital », l’économiste américain Gary Becker, définit le capital humain comme « l’ensemble des capacités productives qu’un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-faire. Chaque travailleur a un capital propre, qui lui vient de ses dons personnels, innés, et de sa formation. Son stock de capital immatériel peut s’accumuler ou s’user. Il augmente quand il est investi, ce qui détermine les différences de productivité, et, par hypothèse, de revenu.
Comme tout investissement, celui en capital humain peut faire l’objet d’un calcul d’un taux de rendement marginal, associé à une dépense ou à une année d’étude supplémentaire. Ce rendement peut, dans le cas présent, s’évaluer comme le rapport entre, d’un côté, le surcroît des revenus du travail que cet investissement permettra d’obtenir sur le restant de la vie active et, de l’autre côté, l’ensemble des coûts occasionnés par cet investissement. Ces coûts résultent des dépenses d’éducation, des frais de scolarité, matériel, etc. Mais aussi des revenus que la personne ne touchera pas pendant le temps consacré aux études : on parle pour ces derniers coûts de «coûts d’opportunités». L’individu fait donc un arbitrage entre travailler et suivre une formation qui lui permettra de percevoir des revenus futurs plus élevés qu’aujourd’hui.
Le maintien en état de son capital physique (santé, nourriture, etc.) est également pris en compte. L’individu optimise ses capacités en évitant qu’elles ne se déprécient trop du fait de la dévalorisation de ses connaissances générales et spécifiques ou de la dégradation de sa santé physique et morale. Il investit de façon à augmenter sa productivité future et ses revenus. C’est dans cette logique que G.Becker développe la théorie du capital humain qui fait de la connaissance accumulée et de la santé des investissements comme les autres.
L’apport des théories de la croissance endogène
On peut considérer les dépenses d’éducation, de santé et de formation comme des facteurs de croissance en ce qu’elles accélèrent l’accumulation du capital humain. Les théories de la croissance endogène mettent ainsi en exergue le rôle économique de l’Etat. Celui-ci est en effet l’agent le plus habilité pour réaliser ce type de dépenses qui jouent un rôle important dans le processus de croissance endogène.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: REVUE DE LA LITTERATURE ET METHODOLOGIE D’OBSERVATION
Chapitre 1 : FONDEMENT THEORIQUE ET ANALYSE DU CONTEXTE
I. La théorie du capital humain
II. L’évaluation économique par analyse coût-efficacité
III. Outils d’évaluation de la qualité de vie
IV. Politique nationale de santé
V. Mise en œuvre de l’ETP à l’hôpital
Chapitre 2 : LE POIDS ECONOMIQUES et SOCIALES DE LA MIGRAINE
I. Contexte général
II. Coût social de la migraine
III. Coûts médicaux directs
IV. Évaluation des coûts indirects
V. Prévalence de la migraine
Chapitre 3 : LOCALISATON DE L’ETUDE ET METHODOLOGIE D’OBSERVTION
II. Choix du lieu de l’étude
III. Méthodologie de recherche
IV. Evaluation des coûts
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DE LA SITUATION ET EVALUATION ECONOMIQUE
Chapitre 4 : RESULTAT DE L’ENQUETTE SUR LA MIGRAINE
I. L’enquête au niveau du service neurologie CHU Befelatanana
III. Catégories socioprofessionnelles des patients migraineux
IV. Les moyens de communication
V. La migraine et le patient
VI. Impact de la migraine sur l’activé des patients
VII. Avis des patients sur l’ETP
Chapitre 5 : EVALUATION ECONOMIQUE DES OPTIONS THERAPEUTIQUES
I. Les coûts médicaux directs
II. Les coûts de transfert
III. Les coûts indirects
IV. Récapitulation des coûts supportés par le patient et famille pour les deux options
V. Analyse économique des deux options suivant la méthode ACE
Chapitre 6 : DISCUSSION ET ANALYSE DE L’IMPACT DE LA MIGRAINE SUR L’ACTIVITE PROFESSIONNELLE
I. Impact de la migraine sur l’activité professionnelle
II. Habitudes médicamenteuses des patients
III. Niveau de connaissance des patients sur les facteurs déclenchant de la migraine
IV. Analyse de la situation socio-économique des enquêtées
V. Analyse des moyens d’information à la disposition des patients
VI. Analyse de l’impact de l’Education thérapeutique
VII. Limites de notre analyse
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE