Ce stage s’inscrit dans la maquette pédagogique de 4ème année de l’école d’ingénieurs Polytech Tours, département aménagement et environnement. Il a été réalisé au sein de l’Agence d’urbanisme et de développement durable AGAPE, au Nord de la Lorraine, et porté sur les thématiques environnement et géomatique. L’AGAPE intervient sur un territoire au fort enjeu de développement, qui était dans les années 1970 l’un des plus grands bassins industriels de France. Aujourd’hui, la fermeture des activités sidérurgiques et minières et le développement massif du travail transfrontalier ont complètement transformé le visage et les problématiques liés à l’aménagement de ce territoire.
La mission de stage porte sur l’étude de l’évolution des continuités écologiques depuis les années 1960, à partir de traitement d’images aériennes. Dans un second temps, elle a été l’occasion de participer à l’élaboration d’une publication sur les haies et leurs rôle écologiques sur le territoire. L’orientation géomatique de ce stage a été une des principales raisons du choix du stage. Je souhaitais en effet affirmer et compléter mes compétences quant à son usage dans l’aménagement du territoire, et en particulier autour des thématiques liées à l’environnement. La géomatique s’impose en effet depuis une dizaine d’année comme un outil incontournable des sciences de l’espace, et est devenue de plus en plus pertinente dans le domaine de l’environnement, notamment pour la gestion des risques, les études d’impacts ou encore dans la compréhension de l’organisation et des dynamiques du vivant (Vanara, 2014).
Structure d’accueil
L’AGAPE, agence d’urbanisme
L’AGAPE est une des 49 agences d’urbanisme de la Fédération Nationale des Agences d’Urbanisme (FNAU) existantes en France (Figure 1). C’est un organisme de statut associatif qui propose études et conseils aux collectivités locales du Nord Lorrain dans les domaines de l’urbanisme et de l’environnement.
Les agences d’urbanisme apparaissent avec la loi d’orientation foncière (LOF) de 1967 (Agence d’urbanisme de Rouen et des Boucles de Seine et Eure, 2017). Ce sont des outils mutualisés d’ingénierie territoriale et urbaine qui peuvent être créés par les communes, intercommunalités, ou autres collectivités territoriales en partenariat avec l’Etat (FNAU, 2012). Elles ont vocation à être des organismes permanents d’un territoire. Le rôle premier des agences est l’observation territoriale, la prospective et l’aide à la maîtrise d’ouvrage. Elles participent également à la définition des politiques d’aménagement, à l’élaboration des documents d’urbanisme, notamment les Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT) et Plans Locaux d’Urbanisme éventuellement intercommunaux (PLU(i)) (FNAU, 2012). Elles sont donc le lieu de développement d’études urbaines, et apportent une aide à la décision aux autorités compétentes en matière d’urbanisme. Les agences représentent un espace tiers de discussion entre les différents acteurs membres : Etat, Région, intercommunalités ou encore communes. Les problématiques et questions partenariales, qui nécessitent la mise en place d’une concertation, sont leur spécialité (Bendjador, 2007).
Les agences d’urbanisme orientent et accompagnent donc les élus dans la mise en place de stratégies territoriales à une échelle plus ou moins large (locale, régionale). Cet accompagnement passe par la proposition d’outils d’observation et d’aide à la décision permettant de mettre en place des logiques opérationnelles. Si l’AGAPE a été labellisée en 2000 comme agence d’urbanisme, ses activités d’observation territoriale remontent aux années 1990. En 1993, sous l’impulsion du député maire de Longwy Jean Paul Durieux, est créé l’observatoire de l’Urbanisme, de l’Habitat et du Logement. Cet observatoire vise à répondre au manque de données et d’observations disponibles sur le territoire pour mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes, notamment concernant la rénovation des cités ouvrières de l’agglomération de Longwy. Les premières missions de l’observatoire seront donc centrées sur l’instruction des Programmes d’Aménagement Concertés du Territoire (PACT) qui visent la requalification urbaine des cités ouvrières construites dans les années 1930. Durant la même période, L’AGAPE accompagne également le projet transfrontalier Pôle Européen de Développement (PED) souhaitant convertir les anciens sites sidérurgiques frontaliers de Belgique, du Luxembourg et de la France pour l’accueil d’activités tertiaires (AGAPE, 2018). En effet, la crise de l’industrie sidérurgique conduit les trois pays à encourager de nouvelles activités tertiaires, en particulier dans les domaines de la finance, notamment au Luxembourg, et des services aux entreprises. Différentes études transfrontalières sont réalisées par l’Agence pour proposer des premières esquisses de transformation de la zone. A la même période, le travail transfrontalier est également en plein essor. Le Luxembourg, dont ’économie ne possède pas assez de main d’œuvre et propose des salaires plus avantageux qu’en France, voit son nombre de frontaliers exploser, passant de 12 000 en 1980 à 80 000 en 2000 (Pereira Carneiro Filho, 2012). L’émergence du fait frontalier n’est pas sans conséquences sur les territoires : augmentation des mobilités et saturation des voies de communication, évasion résidentielle des ménages luxembourgeois en France ou en Belgique où les loyers sont moins chers et donc augmentation des prix des loyers… Le transfrontalier, par son influence majeure sur la dynamique du territoire devient alors un sujet d’étude récurrent pour l’Agence.
Rattachée au départ uniquement aux communes du Bassin de Longwy, l’Agence connaît ensuite plusieurs adhésions qui agrandissent son territoire d’étude et lui confèrent une légitimité comme outil d’ingénierie territoriale en Lorraine du Nord.
Territoire d’ancrage
Aujourd’hui, L’AGAPE compte 51 membres de typologie diverse : 6 intercommunalités, 24 communes, l’Etat, la Région Grand Est, le Département 54, le SCoT Nord 54, l’Etablissement Public Foncier de Grand Est (EPFGE), le Pôle Métropolitain Européen du Sillon Lorrain, l’Etablissement Public d’Aménagement (EPA) Alzette-Belval, ainsi que le Syndicat Mixte des Transport de l’Agglomération de Longwy (AGAPE,2020a) (Figure 2). La communauté de communes Bouzonvillois Trois Frontières (CCP3F), les communes de Landres et Boulange, ainsi que le Pôle Métropolitain Frontalier (PMF), sont les derniers membres à avoir rejoint l’agence, et ce en juin 2021. Le territoire d’intervention de l’Agence évolue donc avec les adhésions successives de nouveaux membres. On parlera du « territoire d’ancrage » (Figure 2) pour mentionner les territoires membres de l’Agence, qui sont le périmètre d’étude d’une grande partie des missions de l’Agence.
L’AGAPE intervient principalement au Nord du département de la Meurthe-et-Moselle, ainsi qu’au Nord de la Moselle avec l’adhésion récente du PMF et de la CCB3F. C’est un territoire fortement marqué par son passé industriel, dont les activités sidérurgiques et minières ont cessé dans les années 1980. Contrairement à d’autres agences d’urbanisme, l’AGAPE ne s’organise pas autour d’une métropole européenne, nationale ou régionale, ni même d’une ville phare. Le territoire d’étude englobe espaces ruraux, largement agricoles, mais également de nombreux espaces urbains, notamment autour de l’agglomération Grand Longwy et la vallée de l’Orne. Il est fortement sous l’influence de ses voisins les plus directs : le Luxembourg, la métropole messine et dans une moindre mesure la Belgique et l’Allemagne, notamment pour l’emploi. La proximité avec la frontière luxembourgeoise a en effet entraîné un rebond de la croissance démographique du territoire, après des décennies de baisse de la population suite à la fermeture des activités minières et sidérurgiques. Entre 2006 et 2016, le Nord Lorrain a ainsi contribué à 30% de l’accroissement total de la population de la région Grand Est (SCoTNord54, 2015). Le fait transfrontalier est une caractéristique majeure du territoire d’étude, influant sur le marché de l’habitat, les mobilités et plus largement la vie sur le territoire. L’Agence centre ainsi une grande part de ses études sur cette caractéristique, élément incontournable pour comprendre le fonctionnement de ces territoires nord lorrains.
Fonctionnement & Missions
L’Agence est dirigée par une Assemblée Générale composée des représentants de tous les membres de l’association, soit 85 représentants, et un Conseil d’Administration chargé des décisions et du contrôle interne, composé également de membres de l’Agence (AGAPE, 2020c). Pour ses missions d’étude et de conseil, elle s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire de 17 personnes, dirigée par Julien Schmitz. Chaque projet est piloté par un responsable qui peut mobiliser d’autres chargés d’études si nécessaire (AGAPE, 2020b). L’Agence intervient dans différents domaines que sont l’habitat, la mobilité, l’environnement, le foncier, et la planification. L’Agence travaille à partir d’un programme partenarial d’activités (PPA) pluriannuel d’une durée d’un an. Les missions sont négociées tous les ans avec les membres de l’Agence, et peuvent concerner l’ensemble ou une partie des membres. Ainsi, 80% des activités de l’Agence sont directement liées aux besoins issus des collectivités membres, et concernent donc le territoire d’ancrage de l’Agence. L’AGAPE intervient également à l’échelle régionale et nationale, à travers plusieurs réseaux comme le réseau 7EST regroupant les sept agences d’urbanisme de la région Grand Est, ou le réseau FNAU. 10% des activités sont également réalisées à une échelle transfrontalière, avec différents partenaires européens, comme le projet MMUST présenté dans la suite de ce rapport.
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Table des matières
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
1/ CONTEXTUALISATION DE LA MISSION DE STAGE
1.1/ Structure d’accueil
1.1.1/ L’AGAPE, agence d’urbanisme
1.1.2/ Territoire d’ancrage
1.1.3/ Fonctionnement & Missions
1.2/ Présentation de la mission de stage
1.2.1/ Une mission de sensibilisation
1.2.2/ Etat de l’art
2.2.3/ Territoire d’étude
2/ CREATION & TRAITEMENT DE LA DONNEE
2.1/ Choix méthodologiques & numérisation
2.1.1/ Données à disposition
2.1.2/ Identification par photo-interprétation
2.1.3/ Méthode de numérisation
2.2/ Traitement de la donnée
2.1.1/ Traitement par requêtes SQL
2.2.2/ Harmonisation des données de 1960 et 2012
2.2.3/ Mise en place d’indicateurs
3/ VALORISATION DE LA DONNEE
3.1/ Principaux résultats & analyse
3.1.1/ Etat des lieux du réseau de haies
3.1.2/ Une progression du linéaire en trompe-l’œil
3.1.3/ Limites de l’étude
3.2/ Vulgarisation et élaboration de la publication
3.2.1/Introduire le sujet : de la nécessité d’une sensibilisation
3.2.2/Vulgariser et illustrer le contenu
3.3/ Valoriser les données produites
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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