Étude de l’état de santé bucco-dentaire d’une série archéologique du 18e siècle à Nancy

Présentation du site et du contexte historique

Le site

Le site archéologique, le cimetière des Trois-Maisons, se trouve sur la commune de Nancy ; préfecture du département de Meurthe-et-Moselle ; située en Lorraine, en région GrandEst.

Le cimetière des Trois-Maisons a été créé ex nihilo en 1732 sur demande des habitants de la Vieille-Ville de Nancy, entre la rue des Glacis et l’ancien bastion, par François Le Duc de Lorraine après cession d’un terrain sur les anciens fossés. Il sera en fonctionnement pendant plus d’un siècle, jusqu’en 1842, date de la fermeture définitive des cimetières intra muros. Une partie des défunts est alors déplacée jusqu’au nouveau cimetière de Préville et le terrain reste quasiment à l’abandon jusqu’en 1871 ; date à laquelle l’imprimerie Berger-Levrault y installe ses bureaux et son usine.

Le contexte historique général et particulier de la zone géographique

A la fin du XVIIIème siècle, la France est le théâtre de la Révolution Française qui sonne le glas de l’Ancien Régime en instaurant une monarchie constitutionnelle. En 1792, une assemblée, la Convention nationale, est élue au suffrage universel pour les personnes de sexe masculin uniquement. Elle abolit la royauté : la République est proclamée ; les décrets de la Convention sont dès lors datés de l’an I de la République. La Convention voit s’opposer les Girondins et les Montagnards ; deux factions politiques divergentes. Le procès puis l’exécution du Roi Louis XVI ont lieu en 1793 et provoquent la guerre entre la France et les monarchies européennes, sur fond d’un contexte déjà difficile. Au-delà des frontières, la France est ainsi menacée par les puissances européennes qui lui deviennent hostiles et les coalitions qui en résultent. La Convention décide ainsi de lever 300 000 hommes pour les envoyer aux frontières. L’époque est celle de la levée en masse de l’armée républicaine : «soldats de l’an II » originaires des différents départements français et de campagnes dans le Nord-Est (Lorraine, Flandres, Rhénanie). En deçà des frontières, les révoltes des royalistes se multiplient et menacent le pays de l’intérieur. Face à ces dangers, le gouvernement révolutionnaire met en place La Terreur : les libertés sont supprimées et les opposants exécutés.

Au cours de ces années pointées, en la ville de Nancy, en marge des terrains d’affrontement, est décrit un hospice militaire sédentaire et plusieurs hôpitaux ambulants. La mortalité recensée y est en très nette augmentation à cette période parmi les soldats stationnés ; d’autant plus que les conditions sanitaires sont propices à la propagation de diverses maladies. Par ailleurs, il est à noter que ces années s’inscrivent dans une période au cours de laquelle le cimetière Saint-Jean, dévolu à l’inhumation des militaires décédés depuis 1763, se révèle fermé.

Opération de fouilles

En 2010, sous la direction de Myriam Dohr, une fouille préventive est entreprise sur une partie du cimetière des Trois Maisons. Des sépultures multiples ont alors été mises à jour. Partiellement hors de la fouille, elles sont constituées d’un nombre variable d’individus groupés dans différentes fosses. Cet ensemble forme en plan une tranchée de plus de 45 m de long et de 2 m de large, bien alignée sur la clôture occidentale du cimetière, dans son état de 1779. Il ne recoupait aucune sépulture mais était en revanche surmonté par des inhumations individuelles postérieures.

De fait, non prise en compte par la prescription archéologique initiale, cette découverte a motivé, dans la continuité de l’opération préventive, l’intervention plus ponctuelle d’une équipe d’archéo-anthropologues de l’UMR 6578 (actuelle UMR 7268) sous la direction de Michel Signoli. Compte tenu des conditions de découverte et d’intervention, seule une partie de cet ensemble contenant potentiellement plusieurs centaines d’individus a pu être intégralement fouillée. En effet, il s’agissait d’une opération de sauvetage contrainte en délai ; le terrain ayant été restitué à son aménageur.

NOTE SUR LES SOINS DENTAIRES AU XVIIIème SIECLE

Au printemps 1699, un édit royal créa les « experts pour les dents ». Dès lors, cette profession, jusque-là considérée comme secondaire, s’inscrivit en parallèle des médecins et chirurgiens. Les ouvrages de dentisterie de praticiens célèbres comme Pierre Fauchard (« Le Chirurgien-dentiste ou Traité des dents », 1728) permirent le regroupement et la diffusion d’idées et savoirs : la pratique de l’art dentaire s’organisa et se fit écho d’une volonté de reconnaissance. En effet, de nombreux charlatans opéraient sans qualification dans les foires ou les villages et délivraient des remèdes au grand nombre. Le geste opératoire demeurait alors douloureux et les « remèdes » très employés. Concernant les soins, Bunon écrivait : « La cure de la carie dentaire est plus ou moins difficile selon la localisation du mal. » Ainsi, Fauchard préconisait l’application d’huile essentielle de girofle ou de cannelle sur les caries. Des outils tels que la lime droite ou les excavateurs étaient employés. La cavité était ensuite comblée avec du plomb, de l’étain ou de la feuille d’or. Quand la douleur s’étendait à la mâchoire, qu’il y avait de la fièvre, que les joues étaient gonflées, des cataplasmes de mie de pain imprégnée de lait ou de jaune d’œuf étaient utilisés.

Des soins prothétiques fixes ou amovibles ayant pour but de remplacer les dents absentes ou abimées étaient déjà prodigués : Mouton mit au point la couronne dentaire et Fauchard perfectionna les appareils amovibles partiels et complets (1) Le maintien d’une hygiène bucco-dentaire, et la compréhension de son intérêt, n’était semble-t-il alors pas largement acquise mais les experts des dents avaient l’habitude d’enlever le tuf, le tartre, en le grattant. L’orthodontie se développa quant à elle au XVIIIème siècle et consistait à redresser les dents mal positionnées à l’aide de ligatures et de limes placées dans les espaces interdentaires afin de ménager de la place.

L’ALIMENTATION DES SOLDATS AU COURS DE LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE 

L’ordinaire est le terme militaire qui désignait la nourriture servie aux soldats. Composée de différentes denrées qui se voulaient rassasiantes et consistantes : légumes secs, riz, pain, viande de bœuf ou à défaut mouton ou porc ; elle ne présentait pas d’équilibre alimentaire : les légumes et les fruits étaient absents et les aliments non variés. S’agissant du financement des denrées, certains aliments faisaient l’objet d’une retenue sur salaire comme le pain tandis que d’autres restaient à la charge de l’Etat : riz, légumes secs, biscuits, sel et liquides (eau-de-vie, vinaigre et vin) mais étaient quant à eux considérés comme gratification de campagne. Les lois sur le financement de la nourriture et sa distribution aux soldats avec différents grades vont, cependant, plusieurs fois changer : par exemple, la loi du 2 Thermidor An II, supprime les masses qui seront rétablies à la veille de la prise de pouvoir par Bonaparte estimant que ce système, mis en place sous l’Ancien Régime, demeure plus pratique et efficace.

L’ordinaire faisait preuve de manques bien plus que de profusion ; les besoins n’étaient pas assurés et la faim prépondérante au sein des troupes. Les généraux y remédiaient par des réquisitions et les soldats par la maraude : pillage des fermes ou des champs. Ainsi, le Général Dumouriez écrivit dans ses Mémoires : « Les soldats allaient par bandes piller les villages. Les paysans se vengeaient en massacrant ceux qu’ils trouvaient écartés ». En outre, se firent la désorganisation des troupes, la négligence des autorités et la malhonnêteté des responsables qui provoquèrent des inégalités d’approvisionnement tant géographiques que temporels ou encore liés aux grades. Au sein de l’armée des Alpes créée en 1792, le Général Kelermann déclara ainsi : « Je perds la tête je n’entends plus crier que du pain ! Du pain ! Du pain ! Il y a des hommes qui n’ont rien mangé depuis vingt-quatre heures ».

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Table des matières

1/ INTRODUCTION
1.1 Présentation du site et du contexte historique
1.1.1 Le site
1.1.2. Le contexte historique général et particulier de la zone géographique
1.2 Opération de fouilles
1.3 Objectif de l’étude
2/ NOTE SUR LES SOINS DENTAIRES AU XVIIIème SIECLE
3/ L’ALIMENTATION DES SOLDATS AU COURS DE LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE
4/ MATERIEL ET METHODE
4-1 Matériel ostéologique : la série archéologique
4-2 Matériels d’observation et de mesure
4-3 Méthode : critères et variables étudiés
4-3-1 Caractéristiques générales
4-3-2 Les pertes dentaires
4-3-3 Les caries
4-3-3-1 La carie coronaire
4-3-3-2 La carie radiculaire
4-3-4 L’usure
4-3-5 Le tartre
4-3-6 L’alvéolyse
4-3-7 Les atteintes de furcation
4-3-8 Les lésions apicales et fistules
4-3-9 Les anomalies dentaires
4-3-9-1 Les anomalies de structure
4-3-9-1-1 Les hypoplasies
4-3-9-1-2 Les dysplasies dentaires en lien probable avec la syphilis
4-3-9-2 Les anomalies d’éruption
4-3-9-3 Les anomalies morphologiques
4-3-9-3-1 Les perles d’émail
4-3-9-4 Les anomalies de nombre
4-3-9-5 Les anomalies de taille
4-3-10 Les fractures
5/ RESULTATS
5.1 Les pertes ante-mortem
5.1.1 Les pertes ante-mortem avec remaniement complet
5.1.2 Les pertes ante-mortem avec remaniement incomplet
5.2 Les pertes post-mortem
5.3 Les non observables
5.4 Les dents incluses
5.5 Les caries
5.6 L’usure
5.7 Le tartre
5.8 Les mylolyses
5.9 L’hypoplasie
5.10 L’alvéolyse
5.11 Les atteintes de furcation
5.12 Les lésions apicales et les fistules
5.13 Les dysplasies en lien avec la syphilis
5.14 Les autres anomalies dentaires
5.15 Les tumeurs et pathologies osseuses
5.16 Les fractures dentaires
5.17 Relation pertes ante-mortem et alvéolyse
5.18 Relation caries et pertes ante-mortem
5.19 Relation carie et tartre
5.20 Relation caries de stade 3 et lésion apicale
5.21 Relation atteinte de furcation et niveau d’alvéolyse
6/ DISCUSSION
6-1 Données paléodémographiques
6-2 Discussion à propos de la méthode
6-3 Discussion à propos des résultats
6-3-1 Les pertes ante mortem et post mortem
6-3-2 Les caries
6-3-3 Les dents incluses
6-3-4 L’usure
6-3-5 Le tartre
6-3-6 Les mylolyses
6-3-7 L’hypoplasie
6-3-8 L’alvéolyse
6-3-9 Les atteintes de furcation
6-3-10 Les lésions apicales et fistules
6-3-11 Les anomalies dentaires
7/ COMPARAISON AVEC LES DONNEES ACTUELLES
8/ CONCLUSION

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