Près de 2.4 milliards de la population mondiale, dont 1.3 milliard située dans des zones rurales moins développées, utilisent des produits forestiers . Le bois contribue jusqu’à 6% comme source d’énergie au niveau mondial et il occupe une place prépondérante dans les Pays En voie de Développement (PED). De plus, la forêt contribue à la santé et à la sécurité alimentaire. En 2010, près de 10.9kg (moyenne/habitant) des produits non ligneux ont permis de satisfaire les besoins en nourriture de la population .
Face à cette situation, les ressources forestières subissent une pression anthropique, conduisant à une dégradation alarmante de l’environnement, avec la demande de la population qui ne cesse d’augmenter. Pourtant, la forêt est l’habitat naturel de plusieurs espèces terrestres et contribue également à la lutte contre le changement climatique du fait des services de régulation qu’elle offre (MERAL & PESCHE, 2016). Sur le plan international, une attention particulière a été accordée à la forêt, et ceci depuis la Conférence de Rio en 1992. Le concept de développement durable devient le mot d’ordre dans la politique environnementale de plusieurs nations.
La gestion de l’AP Maromizaha
La gestion de la forêt de Maromizaha a été confiée au GERP depuis 2008. Le 28 avril 2015, Maromizaha a acquis son statut d’AP par le décret n°197/2008 MEF et le gestionnaire, le GERP s’est engagé à :
✘ Impliquer la population dans le processus de la gestion ;
✘ Conserver la biodiversité ;
✘ Maintenir les Services Ecosystémiques.
Pour pouvoir accomplir ces engagements, le gestionnaire a choisi le type de gouvernance partagée ou cogestion, car l’AP a été classée par l’UICN en Catégorie VI (SURRANS, 2015). Cette catégorie se distingue des autres par la considération de l’utilisation durable des ressources comme un moyen de conserver la nature, en synergie avec d’autres actions plus communes.
Concernant l’implication de la population dans le processus de gestion, elle a été renforcée par la signature de contrat de gestion entre le GERP et les VOI le 19 septembre 2017 pour la gestion des zones d’usages traditionnels (ZUT).
L’AP est partagée en deux grandes zones, le noyau dur et la zone tampon, lesquelles sont ensuite subdivisées selon leur vocation. D’abord le noyau dur ou zone sanctuaire est constitué par la zone de conservation stricte (ZCS) qui s’étend sur 577ha et la zone de recherche (ZRe) qui s’étale sur 387 ha. L’accès est strictement réglementé dans ces zones. La zone tampon se divise en cinq sous-zones : la zone écotouristique (ZE=264 ha), la zone de restauration (ZRa=160 ha), la zone d’occupation contrôlée (ZOC), la zone de développement durable (ZDD=119ha) et la zone d’utilisation traditionnelle (ZUT). En ce qui concerne la ZUT, elle est destinée aux usages traditionnels, dont le prélèvement de ressources pour satisfaire les besoins domestiques, vitaux ou coutumiers de la population locale résidente. Il s’agit de l’approvisionnement en bois de chauffe, de construction et les plantes médicinales. C’est cette zone qui encadre notre étude.
L’inventaire forestier
Notion sur l’inventaire forestier
L’inventaire forestier, en se référant à la définition du dictionnaire Larousse et à celle donnée dans le projet Khénifra (PICARD, 2006), est un procédé de description, d’estimation d’un ou de plusieurs paramètres de la forêt, qui vise à connaître la ressource en bois encore disponible dans une surface donnée. L’inventaire forestier repose sur un échantillonnage (PICARD, 2006) et comporte principalement les étapes suivantes :
▪ La détermination des objectifs ;
▪ Le cadrage et la définition minutieuse de la zone d’étude et la mise en place des méthodes appropriées, avec documentation sur le milieu en question (Préparation de la descente sur terrain) ;
▪ La descente sur place et la réalisation de l’inventaire ;
▪ La compilation des résultats (il s’agit de traiter les données recueillies sur le terrain).
a) La détermination des objectifs
Cette première étape est l’amont de toute investigation en inventaire forestier. C’est l’objectif (ou les objectifs), exigé(s), qui détermine(nt) les procédés ultérieurs à entreprendre . Prenons deux objectifs différents : le premier vise à estimer des essences ayant un diamètre supérieur à 10cm dans une formation donnée, tandis que le deuxième consiste déterminer la richesse floristique d’une formation.
Pour ce dernier, l’utilisation d’une technique d’échantillonnage qui utilise la méthode de carroyage (voir plus bas), suivie de l’établissement des « aires minimales », sera obligatoirement entreprise. En ce qui concerne le premier objectif, il faudrait tout de suite penser aux techniques de sondage adéquates, au cadrage de la formation en question, aux équipements nécessaires pour l’exécution de l’inventaire.
b) Préparation de l’inventaire
• Le cadrage et la définition de la zone d’étude :
Le but principal du cadrage et de la définition de la zone d’étude est de délimiter la formation, en l’insérant minutieusement dans l’espace (avec usage de coordonnées géographiques), tout en essayant d’avoir le plus d’informations à propos de cette zone. Ainsi la connaissance du type de végétation qui y règne, les substrats géologiques, le climat, la pédologie locale seront donc très utiles pour connaitre l’insertion régionale de la zone d’étude.
• La mise en place des méthodes appropriées :
Après le cadrage et la définition de la zone d’étude à l’aide des cartes et autres représentations spatiales, on doit procéder à un « carroyage », c’est-à-dire au quadrillage de la zone sur un support (carte, photo aérienne et/ ou satellite).
Le carroyage consiste (PICARD, 2006) à :
– créer des lignes, appelées « lignes de carroyage », possédant une valeur linéaire angulaire propre, qui sont parallèles aux latitudes et aux longitudes, et qui donnent des coordonnées géographiques ;
– donner des points d’intersections en utilisant les lignes précédemment créées, ayant ainsi une latitude et une longitude propres ;
– multiplier les lignes de carroyage de façon à avoir le plus de points d’intersection possible.
Les buts principaux de ce carroyage sont :
➢ La mise en place des points d’intersection géoréférencés qui sont impartialement établis pour l’exécution d’un échantillonnage (sondage) objectif ;
➢ l’obtention de surfaces géoréférencées.
Une fois que le carroyage de la zone d’étude soit bien exécuté, le plan d’échantillonnage peut être aisément mis en place : les points d’intersection, impartialement prédéfinis, forment des places de choix et objectives pour un échantillon. On peut se référer aux points choisis pour un échantillonnage.
Après avoir établi le plan d’échantillonnage, il faut définir les techniques appropriées à la finalité des objectifs : par exemple, usage de l’aire minimale pour un inventaire floristique, usage d’un « transect » pour analyser la physiologie selon les facteurs édaphiques d’une formation, ou encore l’utilisation d’une petite aire de références pour l’établissement d’une estimation simple de biomasse par hectare etc. En ce qui nous concerne, nous allons combiner ces techniques, car dans l’étude il faudrait estimer à la fois le stock sur pied des arbres, et également sa richesse.
• Préparation de la descente sur terrains
IL s’agit de réunir tous les matériels et outils nécessaires à la descente, comme le global positioning system (GPS), les cartes préétablies, les flags et également une fiche d’inventaire qui doit contenir les informations suivantes :
– localisation du site, et Nom du site (ou de la zone d’étude) ;
– les facteurs édaphiques : géologie et pédologie ;
– le climat de la région et le type de végétation ;
– la description du paysage vue sur place ;
– le niveau d’anthropisation ;
-et un tableau de l’inventaire en question.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : CADRE DE L’ETUDE, METHODOLOGIE, DESCRIPTION DU MILIEU
1. CADRE DE L’ETUDE
1.1. Cadre politique
1.2. Cadre juridique
1.3. Contexte géographique
1.4. La gestion de l’AP Maromizaha
2. METHODOLOGIE
2.1. Approche
2.2. Démarche
2.2.1 Définition du sujet d’étude
2.2.2 Etude bibliographique
2.2.3 Délimitation du site d’étude
2.2.4 Récolte des données sur terrain
2.3. Méthodes et outils
2.3.1 Travaux bibliographiques
2.3.2 Méthode de délimitation de la zone d’étude
2.3.3 Réalisation de l’enquête
2.3.3.1 Construction et méthode d’échantillonnage
2.3.3.2 Contrainte et limite de l’enquête
2.3.4 L’inventaire forestier
2.3.4.1 Notion sur l’inventaire forestier
2.3.4.2 La réalisation de l’inventaire forestier
2.3.4.3 Traitement, indicateurs
2.3.4.4 Contraintes et limites de l’inventaire forestier
2.3.5 Analyse des données et informations
3. DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE
3.1. Composante physique
3.1.1 Le climat
3.1.2 L’hydrographie
3.1.3 La topographie, la géologie et pédologie
3.2. Composante biologique
3.2.1 La végétation
3.2.2 La flore
3.2.3 La faune
3.3. Composante humaine
3.3.1 La démographie
3.3.2 L’organisation sociale
3.3.3 L’économie
3.3.4 Infrastructures
PARTIE II : ANALYSE DE L’ENQUETE MENAGE ET DE L’INVENTAIRE
4. BESOINS EN BOIS
4.1. Besoin en bois énergie
4.1.1 Source d’énergie
4.1.2 Fréquence de prélèvement
4.1.3 Estimation du besoin en bois énergie
4.2. Besoin en bois de construction
5. STOCK DE BOIS DISPONIBLE
5.1. La densité
5.1.1 Densité globale
5.1.2 Densité relative
5.2. Volume total
5.3. La régénération naturelle
6. ÉQUILIBRE ENTRE BESOIN ET STOCK DISPONIBLE
6.1. Elément de l’économie des ressources naturelles (ROTILLON, 2005)
6.2. Construction de modèle
6.2.1 Situation
6.2.2 Choix des variables et paramètres
6.2.3 Hypothèses
6.2.4 Modèle
6.3. Détermination de l’équilibre
PARTIE III : IMPLICATION DE L’ETUDE DANS LA GESTION DE LA FORET GEREE PAR LE VOI MAROMIZAHA
7. LES PRATIQUES ACTUELLES
7.1. Transfert de gestion au VOI
7.1.1 Attribution des entités concernées par le transfert
7.1.2 Régularisation d’accès à la forêt
7.1.3 Les sanctions
7.2. Appui du gestionnaire au développement local de la population
7.2.1 Sur le plan économique
7.2.2 Sur le plan social
7.2.3 Sur le plan écologique
8. ANALYSE DES FORCES ET FAIBLESSES DE LA GESTION ACTUELLE
9. SUGGESTIONS D’AMELIORATION DE GESTION
9.1. Intégration de l’évolution de la dynamique des ressources dans la gestion
9.2. Diversification de source d’énergie pour les ménages
9.2.1 Production de charbon de bois
9.2.2 Transformation de la biomasse forestière
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE