Étude de l’effet des engins de pêche sur la conservation des ressources halieutiques

Avec un littoral de 718 km de côtes, l’écosystème marin du Sénégal est l’un des plus riches (productifs), en termes de produits halieutiques en Afrique de l’Ouest (Cury et Roy, 1991, Bakun, 1996). L’activité de pêche est l’un des secteurs jouant un rôle capital dans la vie socio-économique du Sénégal. D’ailleurs, il était jusqu’en 2010 le premier poste en termes de rentrées de devises avec 116 milliards de FCFA (SES, 2010). De plus, cette activité génère plus de 600 000 emplois, et participe à environ 5% du PIB. Elle joue également un rôle déterminant dans l’alimentation des populations avec une contribution moyenne de près de 70% aux apports nutritionnels en protéines d’origine animale (FAO , 2007).

Cependant, ce secteur traverse aujourd’hui une crise sans précédente, principalement due à une surexploitation de la plupart des espèces exploitées suivie d’une dégradation élevée des biotopes (zones de frai, nurseries, habitats), exacerbées par les changements climatiques et la pollution. En effet, le secteur de la pêche artisanale a connu un développement spectaculaire au Sénégal, consécutif à la sécheresse des années 1970. Le parc piroguier est passé de 4968 pirogues en 1982 à environ 20000 en 2013 (FAO , 2008 ; Belhabib et al., 2014). En outre, les techniques de pêche et les équipements de la pêche artisanale ont été améliorés entraînant une augmentation des captures par unité d’effort de pêche. Plus de 70% des pirogues artisanales sont propulsées par des moteurs hors-bords de 15 à 40 CV. La longueur et la capacité des pirogues et des engins de pêche ont été également améliorées, ce qui a occasionné une surpêche de plusieurs espèces.

Conscient de ce danger, l’état du Sénégal à travers ses services compétents a pris un certain nombre de mesures pour remédier à ce problème. Ainsi, des périodes de repos biologique ont été établies ainsi que l’interdiction de capturer les juvéniles. A cela s’ajoute la mise en place d’aires marines protégées (AMP). Les 5 premières AMP ont été créées par décret n°2004 – 1408 du 04 novembre 2004 en vue de respecter les engagements pris par l’Etat du Sénégal en matière de conservation de la biodiversité. En effet, les AMP sont actuellement considérées comme un instrument privilégié pour la gestion durable des écosystèmes côtiers et de leurs usages. Parmi ces AMP, on peut citer celle de Cayar qui a la particularité d’être ouverte à la pêche plus ou moins réglementée. Cayar est l’une des zones les plus poissonneuses en raison de la présence d’une fosse (canyon) de plus 3000 m (Barry, 2009).Ce canyon constitue un obstacle à la migration de plusieurs espèces et est à l’origine d’une activité de pêche permanente dans cette zone.

Cependant, ces ressources sont de plus en plus exposées à la surexploitation qui engendre la diminution des produits marins et la raréfaction de certaines espèces de poissons. Selon Camara (2006), les prélèvements sur la ressource ont dépassé les capacités de renouvellement des stocks, ce qui est synonyme de surexploitation. A Cayar, on note une augmentation annuelle considérable du parc piroguier qui passe de 2138 unités en 2015 à 2489 en 2016 (SDPST , 2016). L’épuisement de ces ressources a des incidences négatives sur la sécurité alimentaire et le développement économique et compromet le bien-être social dans les pays du monde, en particulier ceux pour lesquels le poisson constitue la principale source de protéines animales et de revenus (FAO ,2012).

Caractéristiques physiques et hydroclimatiques de la zone d’étude 

Le complexe géomorphologique (plage et dunes de sables) et hydrologique (système de lacs et de marigots) de la grande côte forme un continuum avec le relief sous-marin marqué au niveau de Cayar par une profonde entaille atteignant pratiquement la côte : c’est la fosse de Cayar. Cette fosse sous-marine atteint plus d 3000 mètres par endroit (Dietz et al., 1968). Elle joue un rôle écologique très important (Champagnat et Domain, 1978).La bathymétrie dans la zone d’emprise de l’AMP est très particulière. Les profondeurs dans le canyon atteignent 400 m, alors que dans les autres zones la profondeur maximale n’excède pas 120 m (figure 3). Pour ce qui est de la nature des habitats, plusieurs types de fonds ont été identifiés dans l’AMP de Cayar. Il s’agit des fonds vaseux, sablo-vaseux, sablonneux et rocheux (Domain, 2000).

La zone de Cayar est également caractérisée par une pluviométrie et des variations interannuelles de la température faibles (Barry et al., 1990). Sa situation géographique lui confère un climat sahélien-maritime appelé aussi capverdien. Les facteurs climatiques continentaux se traduisent dans le domaine maritime par l’alternance de deux grandes saisons hydrologiques, la saison froide et la saison chaude (Rossignol, 1973 ; Domain, 1980 ; Rébert, 1983). Le passage d’une saison à l’autre est facilité par une période de transition. En saison froide, on note la présence d’upwelling permettant d’enrichir en sels minéraux les couches supérieures de la colonne d’eau favorisant le développement du phytoplancton qui assure la quasi totalité de la production primaire et le fonctionnement du réseau trophique (Camara, 2008). Ainsi, cet upwelling couplé à l’existence d’une fosse permet le développement d’une activité de pêche florissante à Cayar durant presque toute l’année avec une plus grande effervescence pendant les huit mois des saisons froides (novembre à juin) (Dramé, 2011).

Présentation des engins de pêche 

Ici on fait le bilan des connaissances sur les caractéristiques intrinsèques des trois types engins de pêche (senne tournante, ligne simple et palangre) sur lesquels porte cette étude. On en distingue deux grandes familles : les engins passifs et les engins actifs. Les engins actifs sont déplacés sur le fond ou en pleine eau pour capturer les animaux recherchés ; à la manière d’une chasse aux papillons. Les engins passifs sont fixes, ce qui leur vaut le nom d’engin « dormant ». C’est le mouvement des poissons qui les conduit à se faire prendre ; à la manière d’un piège.

La senne tournante coulissante

La senne tournante coulissante, de la famille des engins actifs, est un filet rectangulaire utilisé pour capturer des bancs de poissons (FAO , 1980). Elle peut dépasser une longueur d’un demi-kilomètre pour une chute de 40 mètres. Des flotteurs sont fixés sur la partie supérieure tandis que la partie inférieure est lestée. Une coulisse permet le boursage de la partie inférieure du filet. Cet engin cible principalement espèces pélagiques (sardinelles, ceintures, anchois, chinchards (Camara 2008). Elle permet d’encercler et retenir un banc de poissons à l’aide d’un filet (Sacchi, 2004). Elle est destinée à la capture des espèces pélagiques.

L’opération de pêche consiste à :
– Larguer une bouée amarrée au filet ;
– Encercler le banc en décrivant une manœuvre tournante pour aller reprendre la bouée ;
– Fermer le fond du filet en virant au plus vite la ralingue basse de la senne ;
– Réduire le filet en l’embarquant par la ralingue haute et la nappe ;
– Former une « poche » et embarquer les captures.

Son introduction est surtout favorisée par la forte demande des usines. Elle a été introduite en 1972 par la FAO. Elle est révélatrice de la capacité d’évolution de la pêche artisanale et de ses rapports ambigus avec l’industrie, la pénétration de patrons non pêcheurs (mareyeurs, fonctionnaires…) et à l’utilisation d’une main d’œuvre salariée extérieure (Chauveau et samba, 1990). Au début de leur diffusion, les sennes tournantes étaient essentiellement basées à Mbour et Joal, centres traditionnels de débarquement. Actuellement, les sennes tournantes assurent la moitié du total des captures de la pêche artisanale. Les performances du nouvel engin entraînaient rapidement des difficultés d’absorption d’une production sans cesse (Fréon et Weber, 1981).

A Cayar, pendant la saison active de pêche appelée « campagne de pêche », le nombre de sennes tournantes est estimé à 92 unités et durant la période morte ce nombre avoisine 50 unités.

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Table des matières

I. INTRODUCTION GENERALE
II. METHODOLOGIE
1. Présentation de l’AMP
2. Caractéristiques physiques et hydroclimatiques de la zone d’étude
3. Présentation des engins de pêche
4. Les mesures réglementaires communautaires spécifiques sur les engins de pêche
5. Situation des débarquements de produits halieutiques à Cayar
6. Collecte des données
III. RESULTATS
1. Comparaison par engin de même type
2. Comparaison par type d’engin de pêche
3. Diversité spécifique
4. Structure de tailles des espèces capturées par les engins de pêche
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION ET RECOMMADATIONS
REFERENCES
ANNEXES

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