La peau est une enveloppe protectrice de l’organisme contre les agressions extérieures (ECKERT, 1989). La plaie est une perte de continuité de cet organe, altérant sa fonction et favorise la contamination et la pénétration des agents pathogènes dans l’organisme. En France, les plaies représentent 13% des admissions aux services des urgences (SFMU, 2005). Selon l’état et la profondeur de la plaie, on distingue 3 types de plaies : les plaies du premier, deuxième et troisième degré. Les plaies du premier degré ne touchent que l’épiderme, tandis que celles du second degré touchent l’épiderme, la membrane basale et une partie du derme. Ce genre de plaie détruit les corpuscules basaux, les vaisseaux et les terminaisons nerveuses. Enfin, dans les plaies du troisième degré, de nombreuses structures sont touchées et bien souvent détruites (FOIT, 2013). Et selon l’évolution des plaies dans le temps, elles sont classées en plaies aigues ou plaies chroniques. Les plaies aiguës sont liées à un traumatisme, elles évoluent dans une période de courte durée, par contre, pour les plaies chroniques, le délai de cicatrisation est allongé à cause d’une défaillance d’un des mécanismes de cicatrisation (BELFADEL, 2009).
En cas de blessure, le corps déclenche spontanément la réparation de la lésion tissulaire. C’est un processus multifactoriel et dynamique visant à rétablir l’intégrité et la fonctionnalité des tissus lésés (MARTIN, 1997 ; SINGER et CLARK, 1999), caractérisé par 4 phases distinctes mais qui se succèdent: l’hémostase, l’inflammation, la prolifération et le remodelage (DIEGELMANN et EVANS, 2004).
L’hémostase constitue la première étape de la cicatrisation. Elle se déroule dans les minutes suivant la lésion. L’endothélium mis à nu lors de la lésion vasculaire active les plaquettes, qui une fois activées, libèrent de la sérotonine et de la thromboxane. Ces deux médiateurs provoquent une vasoconstriction locale, afin de réduire la perte de sang et de favoriser l’accolement des plaquettes à la surface endothéliale pour former le clou plaquettaire qui initie la coagulation. Les cellules endommagées libèrent de la thromboplastine qui déclenche une cascade de réaction conduisant à la transformation du fibrinogène en fibrine pour former le caillot sanguin. Celui-ci permet de boucher le vaisseau et de servir de matrice pour la migration des cellules inflammatoires vers le foyer lésé (MARTIN, 1997 ; WITTE et BARBUL, 1997 ; MARGETIC, 2012). Par ailleurs, les plaquettes libèrent des médiateurs inflammatoires et de croissance (PIERCE et al., 1989 ; FOWLER, 1993). En même temps, les mastocytes au niveau du site lésé libèrent de l’histamine et des prostaglandines, deux médiateurs vasodilatateurs. La vasodilatation qui en résulte augmente la perméabilité vasculaire, à l’origine de l’exsudation plasmatique et des cellules leucocytaires (DELVERDIER et al., 1993). La vasodilatation et l’exsudation plasmatique provoque une rougeur et une tuméfaction des lèvres de la plaie, ainsi qu’une exsudation de plasma au niveau de sa surface.
Les leucocytes sont les premières cellules circulantes qui migrent par diapédèse vers la zone lésée en utilisant la trame formée par le caillot comme échafaudage. En outre, ils libèrent des cytokines, tels que TNF-α et des interleukines (IL-1, IL-6), pour attirer plus de cellules inflammatoires dans le but de nettoyer la plaie en phagocytant les bactéries, les débris cellulaires et les matières étrangères (FISHEL et al., 1987 ; SCHAFFER et BARBUL, 1998). Ensuite, les monocytes quittent les capillaires et migrent vers le tissu lésé, par chimiotactisme, en passant dans la matrice extracellulaire formée par le caillot et se transforment en macrophages. En même temps, ces macrophages constituent une source primaire de cytokines et de facteurs de croissance (PDGF, VEGF, TGF-ß, EGF, FGF, IGF-1, TNF-α, IL-1, IL-6) qui stimulent la prolifération des fibroblastes et la production de collagène. Toutefois, cette prolifération n’a lieu que lorsque la plaie est propre (WAHL et al., 1987 ; WERNER et GROSE, 2003).
PARTIE CHIMIQUE
Extraction
Cette étude a été réalisée en utilisant des feuilles d’une plante appartenant à la famille des CONVOLVULACEAE, récoltées à Mahajanga dans la région de Boeny au mois de septembre 2017. Les feuilles ont été séchées à l’ombre dans un endroit aéré, à la température ambiante pendant 15 jours. Ensuite, elles ont été broyées à l’aide d’un broyeur à marteau (BROOK CROMPTON, séries 2000). Deux cent grammes de cette poudre ont été macérés dans 1,5L de mélange d’éthanol-eau (60 :40), à la température ambiante, pendant 3 jours. Ce mélange a été agité pendant 10 minutes, une fois par jour. Le macérât obtenu a été filtré sur du coton hydrophile, et le filtrat a été évaporé à sec à l’aide d’un distillateur à la température de 80°C, puis dans un bain marie à la température de 100°C .
Criblage phytochimique
Pour déterminer les différentes familles chimiques présentes dans l’extrait BT60, un criblage phytochimique a été effectué. Ce test est basé sur l’utilisation des réactifs spécifiques ; chaque réactif réagit avec une famille chimique bien déterminée. L’apparition d’un précipité ou d’un changement de coloration indique la présence de la famille chimique correspondante (FONG et al., 1977) .
Les signes suivants ont été utilisés pour déterminer la teneur de la famille chimique présente dans l’extrait BT60 :
• +++ : Présence de la famille chimique en forte teneur dans l’extrait.
• ++ : Présence de la famille chimique en moyenne teneur dans l’extrait.
• + : présence de la famille chimique en teneur faible dans l’extrait.
• ± : présence de la famille chimique en très faible teneur dans l’extrait.
• – : absence de la famille chimique dans l’extrait.
PARTIE PHARMACOLOGIQUE
Préparation de la crème de base
La crème de base utilisée pour appliquer BT60 est une crème « eau dans l’huile ». La phase aqueuse a été composée d’eau distillée et de bicarbonate, tandis que la phase grasse a été composée d’huile de tournesol et de cire d’abeille (Tableau II) (DALLY et al., 2007).
La crème de base a été préparée avec de la cire d’abeille blanchie. Quinze grammes de cire d’abeille brute ont été râpées puis fondues à la température de 80°C. Ensuite, elle a été lavée 4 fois avec 0,5 L d’eau de javel, puis la cire ainsi blanchie a été séchée au soleil. Ensuite, elle a été fondue dans un récipient placé dans un bain marie à la température de 80°C. Lorsque la cire a été fondue, 150 ml d’huile ont été versées dans le récipient maintenu à la température de 80°C pour former la phase grasse.
Dans un autre récipient, la phase aqueuse a été préparée en dissolvant 25 g de bicarbonate de sodium dans 75 ml d’eau distillée. Ce mélange a ensuite été placé dans un bain marie à la température de 80°C. Lorsque la température de ces deux phases est égale à 80°C, la phase aqueuse a été versée petit à petit dans la phase grasse, toujours maintenue à la température de 80°C. Ce mélange a été fouetté sans arrêt à l’aide d’une batteuse manuelle jusqu’à l’obtention d’une crème homogène. Cette crème a ensuite été placée dans un bocal bien fermé, puis laissée refroidir à la température ambiante (DALLY et al., 2007).
Préparation de la crème avec 10% de l’extrait BT60
Pour obtenir la crème contenant 10% de l’extrait BT60, 10 g d’extrait BT60 ont été mélangés avec 90 g de crème de base.
Animaux d’expérimentation
Cette étude a été réalisée en utilisant des rats de souche WISTAR, de sexe mâle, âgés de 3 mois, et pesant entre 180 et200 grammes. Ces animaux ont été élevés à l’animalerie du Laboratoire de Pharmacologie Générale, de Pharmacocinétique et de Cosmétologie (LPGPC) de la Faculté des Sciences de L’université d’Antananarivo, avec un cycle de 12 heures de lumière et de 12 heures d’obscurité, à la température ambiante. Ces animaux ont été nourris avec de la provende CPO LFL© 1420 et ont eu un accès libre à de l’eau. Ils ont ensuite été répartis en 2 lots de 2 rats : 1 lot d’animaux témoins traités avec la crème de base et 1 lot d’animaux traités avec la crème contenant 10% de l’extrait BT60.
Création des plaies
Les poils au niveau de la zone scapulaire des animaux ont été tondus à l’aide d’une tondeuse électrique (NOVA, NS-216). Puis la peau rasée a été nettoyée avec de l’eau savonneuse. Vingt quatre heures après, les animaux ont été anesthésiés par inhalation d’éther diéthylique (BHASKAR et al., 2012). Ensuite, 2 plaies de 10 mm de diamètre et de 1 mm de diamètre ont été créées au niveau de la zone rasée, de part et d’autre de la colonne vertébrale. Un dispositif comportant une lame tranchante circulaire de 10 mm de diamètre a été utilisée pour créer les plaies (MANJUNATHA et al., 2005).
Étude de l’effet de l’extrait BT60 sur la cicatrisation.
L’effet de l’extrait BT60 a été étudié sur les différentes phases de la cicatrisation en observant l’évolution de l’état des plaies jusqu’à leur fermeture. Tous les matins à la même heure, un coton imbibé d’eau a été placé sur la plaie pour ramollir la croûte, puis celle-ci a été enlevée et la plaie a été séchée à l’aide d’un papier buvard. Ensuite, les berges des plaies, ainsi que leur surface ont été observées, tous changements ont été notés. La surface des plaies a été mesurée par planimétrie directe. Les plaies ont été photographiées tous les jours. Après toutes ces opérations, 10 mg de crème ont été appliqués quotidiennement sur chaque plaie par un léger massage circulaire jusqu’à la guérison complète, en laissant la plaie ouverte.
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. MATERIÉLS ET MÉTHODES
A. PARTIE CHIMIQUE
1. Extraction
2. Criblage Phytochimique
B. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1. Préparation de la crème de base
2. Préparation de la crème avec 10% de l’extrait BT60
3. Animaux d’expériences
4. Création des plaies
5. Étude de l’effet de l’extrait BT60 sur la cicatrisation
a. Étude de l’effet de l’extrait BT60 sur l’hémostase
b. Étude de l’effet de l’extrait BT60 sur l’inflammation
c. Étude de l’effet de l’extrait BT60 sur le bourgeonnement
d. Étude de l’effet de l’extrait BT60 sur l’épithélialisation
e. Étude de l’effet de l’extrait BT60 sur la fermeture des plaies
C. EXPRESSION ET ANALYSES DES RÉSULTATS
III. RÉSULTATS
A. PARTIE CHIMIQUE
1. Rendement de l’extrait
2. Résultat du criblage phytochimique
B. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1. Effet de l’extrait BT60 sur l’hémostase
2. Effet de l’extrait BT60 sur l’inflammation
3. Effet de l’extrait BT60 sur le bourgeonnement
4. Effet de l’extrait BT60 sur l’épithélialisation
5. Effet de l’extrait BT60 sur la fermeture des plaies
IV. DISCUSSION
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE