Animaux et substances utilisés
Des souris de race SWISS mâles et femelles, âgées de 6 à 8 semaines pesant entre 20 et 30 grammes ont été utilisées. Elles ont été élevées à l’animalerie du laboratoire LPGPC, et ont eu libre accès à l’eau et nourries avec de la provende LFL 1420. Elles ont été mises à jeun 18h avant les expérimentations, puis reparties en 5 lots de 5 souris. Du diazépam a été utilisé comme référence pour l’étude de l’activité anxiolytique de l’extrait et de la fluoxetine (Dawnex®) pour l’activité antidépressive. Tous les produits ont été dissous dans de l’eau distillée et administrés par voie orale dans 10 ml/kg (SANOGO R. et coll., 2006).
Etude de l’effet de MN1chez les souris placées sur un labyrinthe en croix surélevé
Compte tenu de l’aversion des souris pour les espaces vides en hauteur, les bras ouverts d’un labyrinthe en croix surélevé leur font peur. Pour étudier l’effet anxiolytique de l’extrait MN1, un labyrinthe en croix a été utilisé (figure 3), il est constitué d’une plateforme centrale et de quatre bras de même dimension (35 x 5 cm) en bois, placé à 40 cm du sol et coloré en noir. Deux de ces quatre bras sont ouverts avec seulement des bords de 1cm de hauteur pour éviter la chute de l’animal, opposés à deux bras fermés comportant des murs noirs de 15 cm de hauteur sur leur pourtour (BRAIDA D. et coll., 2009). Des souris mâles et femelles de race Swiss de 20 à 30 g réparties en 5 lots de 5 souris ont été utilisées. Un lot témoin a reçu de l’eau distillée. Un lot de référence a reçu du diazépam (5 g/kg) et les animaux des trois lots restant ont reçu respectivement MN1 aux doses de 100, 200 et 400 mg/kg. Une heure après l’administration de ces produits, les souris ont été posées une à une sur la plate-forme centrale face à un bras ouvert. Elles ont été laissées libres d’explorer les quatre bras pendant 5 minutes. Le plancher du labyrinthe a été nettoyé avec de l’éthanol (10%) entre chaque test afin d’éliminer toute odeur pouvant modifier le comportement de l’animal suivant (EL HAGE C., 2012). Le nombre d’entrées et le temps passé dans les bras ouverts et fermés ont été notés. Une entrée a été comptabilisée lorsque les quatre pattes de l’animal ont franchi le seuil du bras (OLLIVIER M., 2003). Le nombre d’entrée et le temps passés par l’animal sur le Bras Ouvert ont été calculés selon les formules suivantes. Les valeurs ainsi obtenues donnent l’indice d’anxiété de la souris (KOENIG J., 2007).
• Nombre d’entrée dans les bras ouvert :
% entrées = Eo × 100 / (Eo + Ef)
• Temps passé dans les branches ouvertes :
% temps = To × 100 / (To + Tf)
avec : Eo= Nombre d’entrés dans le bras ouvert.
Ef= Nombre d’entrés dans le bras fermé.
To= Temps passé dans les bras ouverts.
Tf= Temps passé dans les bras fermés.
L’augmentation du nombre d’entrées et la durée de passage dans les bras ouverts, ainsi que la diminution du nombre d’entrées et du temps passé sur la plate-forme centrale chez les animaux traités avec l’extrait indiquent son activité anxiolytique
Etude de l’effet antidépressif de l’extrait MN1
Pour évaluer l’effet antidépresseur de l’extrait MN1, le test de Porsolt a été utilisé. Il consiste à une nage forcée des animaux placés dans un bocal rempli d’eau chauffée à 25°C (figure 5). Une souris placée dans une situation où elle devrait lutter pour survivre, sans possibilité de s’en sortir est forcée de se débattre mais à la fin, elle abandonne et s’immobilise. Cette immobilité reflète l’état de résignation qui correspond à l’état dépressif (KOUTSEFF A., 2011). Le test a duré 6 minutes et les deux premières minutes ont été considérées comme une phase d’activité vigoureuse, et le temps d’immobilité a été observé pendant les 4 dernières minutes. Une position de flottement horizontale sans aucun mouvement, à l’exception des mouvements de pattes postérieurs nécessaires au maintien de la tête hors de l’eau a été considérée comme une immobilité (GOELDNER C., 2008). Des souris de race Swiss mâles âgées entre 6 et 8 semaines, pesant entre 20 et 30 g ont été réparties en 5 lots de 5 souris. Les produits à tester, ont été dissout dans de l’eau et ont été administrés per os à raison de 10 ml/kg (SANOGO R. et coll., 2006). Le lot témoin a reçu de l’eau distillée, le lot de référence du fluoxetine (Dawnex®) à raison de 20mg/kg et les trois lots traités, de l’extrait MN1 aux doses 200mg/kg, 400mg/kg et 800mg/kg. Une heure après l’administration des produits, les souris ont été placées une à une dans un bocal de 10 cm de diamètre et de 30 cm de profondeur rempli d’eau maintenue à la température de 25°C pendant 6 minutes, le temps d’immobilisation pendant les 4 dernières minutes a été chronométré (GARDIER A. M. et coll., 2001).
Effet de MN1 sur le comportement des souris sur la planche à trou
L’effet anxiolytique de l’extrait MN1 a été évalué avec le comportement des souris placées dans un endroit ouvert en utilisant la planche à trou. Les souris ayant reçu de l’extrait MN1 par voie orale, explore moins de trous et ont moins peur de l’espace ouvert par rapport aux animaux du lot témoin. Le nombre de trous visités par les souris traitées avec l’extrait diminue suivant la dose administrée par rapport à celui des souris du lot témoin (Figure 6). Les souris du lot témoin visitent en moyenne : 13,5±0,58 trous, tandis que le nombre de trous explorés par les souris ayant reçu le produit MN1 aux doses 100, 200, 400 mg/kg diminuent respectivement à : 11,75±0,5 ; 5,25±0,95 et 3,75±0,5 (p<0,05). Les souris sous l’effet du diazépam pris comme référence à la dose de 5mg/kg, ont visité 4,5±0,58 trous (p<0,05). Cette diminution du nombre de visite de trou montre que le produit MN1 diminue l’état anxieux des souris.
Effet antidépressif de l’extrait MN1
L’activité antidépressive de l’extrait MN1 a été évaluée par le comportement des souris soumises à une nage forcée. L’état dépressif de la souris se traduit par son immobilité après avoir nagé pendant un certain temps, or les résultats obtenus montrent la diminution de la durée de cette immobilité (Figure10). La durée de cette immobilité diminue chez les souris traitées avec l’extrait MN1. Les souris du lot témoin sont restées immobiles pendant : 144,33±4,72 secondes, tandis que celles ayant reçu le produit MN1 aux doses 200, 400, 800 mg/kg sont restées immobiles durant : 124,67±2,52 ; 88,33±3,21 et 77,33±3,51 secondes (p<0,05). Et les souris ayant reçu du fluoxetine (Dawnex®) à la dose de 20mg/kg sont restées immobiles pendant 58,33±3,05 secondes (p<0,05).
DISCUSSION
Les résultats des tests effectués chez la souris montrent que l’extrait MN1 possède une activité anxiolytique et anti dépressive. Chez la souris l’anxiété est caractérisée par sa peur face à un environnement ouvert, au vide et à la lumière. Normalement, les souris évitent les espaces ouverts et cherchent un refuge, ce sont des réactions d’alerte qui s’estompent quand elle est moins anxieuse (HEINZ L. et coll., 1998). Cette réaction a été mise en évidence en utilisant la planche à trou. Sur la planche à trou, l’animal est confronté entre le désire d’explorer l’environnement et le désire de se réfugier dans les trous, et l’effet anxiolytique de l’extrait est marqué par la diminution de l’exploration des trous (KANYONGA P. M. et coll., 2009). L’administration de l’extrait MN1diminue le nombre de trous explorés par les souris par rapport aux souris du lot témoin. Par ailleurs, des études faites avec la même méthode sur la plante Aloysia polystachya M.de la famille des VERBENACEAE ont permis de conclure que cette plante a une activité anxiolytique (HELLION-IBARROLA M. et coll., 2006). Selon nos résultats, cette méthode est assez sensible pour évaluer l’activité d’une drogue ou d’un extrait comme étant un anxiolytique chez la souris. Sur le labyrinthe en croix surélevé, l’anxiété de la souris est liée à la peur de la hauteur et du vide. Une souris anxieuse reste la plupart de son temps dans un endroit sombre et fermé et fuit la partie ouverte. L’effet anxiolytique d’un produit est marqué par l’augmentation du nombre d’entrée des souris dans les bras ouverts (DAVID D. et coll., 2009). Or le nombre de passage ainsi que la durée de passage dans les bras ouverts sont plus élevés chez les souris traités avec MN1 que chez les souris du lot témoin. D’après ces résultats, on peut dire que MN1 diminue la peur du vide des souris. En utilisant cette méthode, RIEDEL W. et ses collaborateurs en 1998 ont démontré l’activité anxiolytique de Valeriana officinalis (VALERIANACEAE). Elle permet d’évaluer l’activité d’une substance douée de propriétés anxiolytiques. Dans la boîte Claire/Obscure, la partie éclairée est anxiogène pour les souris alors que le milieu sombre leur offre la sécurité. L’anxiété est mesurée par le degré d’évitement de l’espace éclairé. L’effet anxiolytique d’un produit est caractérisé par une augmentation de la durée de passage des souris dans le compartiment éclairé (BALANDRAS F., 2008).Chez les souris ayant reçu MN1, la durée du temps passé dans la zone éclairée augmente par rapport à celle des souris du lot témoin. Ce changement de comportement montre que l’extrait codé MN1 a un effet anxiolytique comme la plante Morus alba L. de la famille des MORACEAE (YADAV A.V., et coll., 2008). En utilisant la méthode de la boite Claire/Obscure, leurs résultats ont également montré une augmentation du temps passé par les souris dans le compartiment éclairé et ils ont conclu que cette plante est anxiolytique. Les résultats obtenus avec ces trois manipulations montrent que l’extrait MN1 possède une activité anxiolytique. Cette activité anxiolytique pourrait être due à l’activation des récepteurs GABAergiques. En effet, lorsque le récepteur GABA est activé, les canaux chlorures s’ouvrent et les ions Clpénètrent dans les neurones, ce qui provoque une hyperpolarisation membranaire, responsable de la diminution de l’excitabilité du neurone et du ralentissement de la conduction de l’influx nerveux. D’où la diminution la propagation de l’influx nerveux au niveau des autres neurones du cerveau, et qui entraîne la tranquillité des souris, et la baisse de leur peur, ce qui explique l’activité d’un anxiolytique. Car l’inhibition de l’entrée des ions chlorures entraine l’anxiété (LÜLLMANN H. et coll., 1998). L’extrait MN1 pourrait agir, soit directement sur ce récepteur GABAérgique comme le Diazépam, soit renforcer l’action de GABA. L’activité antidépressive de l’extrait MN1 a été mise en évidence par la baisse de la durée d’immobilité des souris soumises à la nage forcée. Selon EL HAGE C., en 2012, les antidépressifs enlèvent cette résignation en diminuant la durée d’immobilité de la souris dans l’eau. La dépression est due au manque de Sérotonine, neuromédiateur responsable du bienêtre (PALADINI A et coll., 1999 ; RIEDEL W. et coll., 1998). Un médicament antidépressif inhibe la Recapture de la Sérotonine par le neurone présynaptique. Il se pourrait que l’extrait diminue l’état de stress des souris en diminuant la recapture de la sérotonine comme la Fluoxétine, ou en augmentant sa libération au niveau de la synapse ou encore sa synthèse, ce qui expliquerait son activité antidépressive lors du test à la nage forcée. L’extrait codé MN1 contient des alcaloïdes en faible quantité et des flavonoïdes, il se pourrait que les résultats obtenus soient dus à la présence de l’un ou de ces deux composés dans l’extrait. Des études réalisées sur Passiflora incarnata de la famille des PASSIFLORACEAE ont montré que cette plante possède une activité anxiolytique. Ses effets sont dus à la présence des alcaloïdes dans la plante (SANTOS K.C., et coll., 2006), qui stimulent la production de Sérotonine. D’autres composés comme les flavonoïdes possèdent aussi des propriétés anxiolytiques comme Zizuphus lotus de la famille des RHAMNACEAE (DJEMAI Z., 2009). Les flavonoïdes se fixent aux récepteurs GABAA. Au vue de ces quelques exemples, on peut émettre l’hypothèse que l’activité anxyolitique de notre extrait n’est pas l’apanage d’une seule famille chimique.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
I- Etude phytochimique
I.1. Matériel végétal et extraction
I.2. Criblage phytochimique
II- Etude biologique
II.1. Animaux et substances utilisées
II.2. Etude de l’effet anxiolytique de MN1
II.2.a Etude de l’effet de MN1chez les souris placées sur une planche à trou
II.2.b Etude de l’effet de MN1chez les souris placées sur un labyrinthe en croix surélevé
II.2.c. Etude de l’effet de MN1chez les souris placées dans une boîte claire/obscure
II.3. Etude de l’effet antidépressif de MN1
II.4. Expression et analyse des résultats
RESULTATS
A- ETUDE CHIMIQUE
B- ETUDE BIOLOGIQUE
1- Effet de MN1 sur le comportement des souris sur la planche à trou
2- Effet de MN1 sur le comportement des souris sur le labyrinthe en croix surélevé
2- a- Temps de passage dans les bras ouverts
2- b- Nombre de passage dans les bras ouverts
3- Effet du MN1 sur le comportement des souris face à un espace éclairé
4- Effet antidépressif de l’extrait MN1
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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