Etude de l’effet de « RTF » sur la diurèse et le pH urinaire
Pour les habituer aux conditions expérimentales, les animaux ont été placés dans une cage à métabolisme pendant 24 h. Après cette période d’adaptation, ils ont été mis à jeun pendant 18 h avec un accès libre à l’eau (LIPCHITZ W. L. et coll., 1943). Les animaux ont ensuite été répartis en 4 lots : 1 lot témoin et 3 lots traités avec l’extrait « RTF » dissout dans de l’eau distillée. L’activité de l’extrait « RTF » sur la diurèse a été étudiée en comparant le volume de l’urine émise en 24 h par les animaux traités avec l’extrait par rapport à celui des animaux du lot témoin. Au temps t0, 50 ml/kg ont été administrés par voie orale chez tous les animaux (SANOGO R. et coll., 2005). Vingt minutes après, les animaux du lot témoin ont reçu de l’eau distillée et les animaux des 3 autres lots ont reçu l’extrait « RTF » aux doses respectives de 150, 300 et 600 mg/kg. L’eau et l’extrait ont été administrés par voie orale dans un volume de 10 ml/kg (SHAMKUWAR P. B. et PAWAR D. P., 2013). Ensuite, les animaux ont été placés individuellement dans des cages à métabolisme pendant 24 h, et l’urine émise pendant ce temps a été récoltée. La cage a été fabriquée avec une grille métallique de 30 cm de diamètre, située à 67 cm du sol (Figure 1). Le volume ainsi que le pH de cette urine ont été mesurés.
DISCUSSION
Les résultats de nos études sur l’activité de l’extrait « RTF » sur la diurèse chez les cochons d’inde, montrent que « RTF » augmente le volume de l’urine émise en 24h. Il augmente aussi la natriurie, la kaliurie et le pH urinaire. L’augmentation de la diurèse est due à la diminution de la réabsorption d’eau, par différents mécanismes : soit l’extrait augmente le débit de filtration glomérulaire, soit il inhibe la réabsorption de l’eau ou du sodium. Dans le premier cas, il agit comme un diurétique extra rénal, il pourrait augmenter le débit de filtration glomérulaire en augmentant le débit cardiaque. Cette activité pourrait être attribuée aux alcaloïdes qu’il contient en grande quantité. En effet, les alcaloïdes comme la caféine possèdent une activité cardiotonique et augmenteraient le débit de filtration glomérulaire (TOUTAIN M. L., 2007, CHABAUD M., 2010). Par ailleurs, MARTIN D. H. et ses collaborateurs (2008) ont aussi montré que l’effet diurétique de Withania aristata est dû aux alcaloïdes qu’elle contient, en augmentant l’excrétion de l’eau et du sodium et comme l’extrait « RTF » contient une forte teneur en alcaloïdes, nous supposons que ces molécules participeraient dans l’activité diurétique de cette plante. D’autre part, l’augmentation de la diurèse peut être due à l’inhibition de la réabsorption de l’eau dans la lumière tubulaire par des molécules osmotiquement actives. Lors du criblage phytochimique, nous avons trouvé que l’extrait « RTF » contient des polysaccharides et des sucres réducteurs en grande quantité. Nous émettons une hypothèse que ces molécules seraient responsables de cette activité diurétique suite à l’augmentation de la pression osmotique dans la lumière tubulaire. L’augmentation de la diurèse entraîne l’augmentation de la natriurie, car l’eau retient le sodium avec elle. Ensuite, lorsque la quantité de sodium arrivant au niveau du tube contourné distal augmente, la quantité de potassium sécrétée en contrepartie de la réabsorption de sodium augmente également (ALLAIN P., 2008). Ce mécanisme expliquerait l’augmentation de la diurèse avec une augmentation de la natriurie et de la kaliurie observée dans ce travail. Comme c’est le cas de la barbe de Zea mays qui possède une propriété diurétique osmotique (TAHRI N. et coll., 2012). L’augmentation de la diurèse peut aussi être due à l’inhibition de la réabsorption de l’ion sodium. Lorsque l’ion sodium n’est pas réabsorbé, il retient l’eau avec lui dans la lumière tubulaire, ce qui explique l’augmentation du volume urinaire et la natriurie. Cette inhibition pourrait avoir lieu au niveau du tube contourné proximal ou au niveau de la branche ascendante de l’anse de Henlé. Sa réabsorption au niveau du niveau du tube contourné proximal, se fait contre la sécrétion de l’ion H+. En absence de ce dernier, Na+ n’est pas réabsorbé et retient l’eau dans le tubule du néphron et augmente ainsi la diurèse (MAZUR J.et coll., 1999 ; ROSSELT J. et BAROUSSE N., 2000). On peut avancer une hypothèse que l’absence de H+ serait due à l’inhibition de l’enzyme anhydrase carbonique (CHIEBL I. M. et coll 2013). Comme c’est le cas de l’infusion de Lavandula officinalis, qui agirait au niveau du tube proximal en inhibant l’anhydrase carbonique et diminue la réabsorption du sodium (SEELY J. F. et DIRKS J. H., 1977 ; ELHAJILI M. et coll., 2002) dont les flavonoïdes contenus dans cette plante seraient responsables de cette activité. D’autant plus qu’au niveau du tube contourné distal, l’ion Na+ est réabsorbé contre K+ ou H+ . Or dans notre cas, c’est l’ion K + qui a été excrété, ce qui renforcerait l’hypothèse que l’extrait inhiberait l’enzyme anhydrase carbonique. Par ailleurs l’augmentation du pH confirme la diminution de H+ dans l’urine. La présence de flavonoïdes dans l’extrait « RTF » pourrait être responsable de l’augmentation de la natriurie et de la kaliurie. Comme c’est le cas rapporté sur les flavonoïdes contenus dans les feuilles d’Hibiscus sabdariffa linn et Nigella sativa (ZAOUI A. et coll., 2000, JAVIER A. A., 2012). L’augmentation de la diurèse ainsi que l’excrétion des électrolytes provoquées par l’extrait « RTF » indiquent qu’il pourrait être utilisé en cas de rétention hydrique, d’œdème suite à une insuffisance cardiaque, d’hypertension artérielle, et en cas d’hyperkaliémie mais l’extrait « RTF » devrait être utilisé avec précaution par sa propriété hypokalémiante.
CONCLUSION
Nos résultats montrent que l’extrait « RTF » possède une activité diurétique. Il augmente la diurèse, la natriurie ainsi que la kaliurie et diminue l’acidité de l’urine. Les alcaloïdes ou les flavonoïdes ou les polysaccharides ou encore les sucres réducteurs présents dans l’extrait seraient à l’origine de son activité diurétique. Et pour déterminer le mécanisme d’action de cet extrait et les composants chimiques responsables de l’activité, des études approfondies seraient nécessaires.
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. MATÉRIELS ET MÉTHODES
A. PARTIE PHYTOCHIMIQUE
1. Extraction
2. Criblage phytochimique
B. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1. Animaux d’expérience
2. Etude de l’effet de l’extrait « RTF » sur la diurèse et le pH urinaire
3. Etude de l’effet de l’extrait « RTF » sur la natriurie et la kaliurie
C. EXPRESSION ET ANALYSE DES RÉSULTATS
III. RÉSULTATS
A. PARTIE PHYTOCHIMIQUE
1. Rendement de l’extraction
2. Résultats du criblage phytochimique
B. PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1. Effet de l’extrait « RTF » sur la diurèse
2. Effet de l’extrait « RTF » sur la natriurie
3. Effet de l’extrait « RTF » sur la kaliurie
4. Effet de l’extrait « RTF » sur le pH urinaire
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
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