Un cicatrisant est une substance qui accélère la réparation des plaies superficielles de la peau quand il existe une perte de substance (MARIEB E.N., 2000 et TIMMON J., 2006). Une plaie est une rupture de la structure anatomique de lapeau. Normalement, une plaie se referme en trois semaines si elle ne présente pas de complication. Cette fermeture est suivie d’une période deremodelage qui dure un à deux ans. Mais quand il existe une perte de substance ou lorsque les bords de la plaie sont écartés, ou cas d’infection, la cicatrisation doit être améliorée par un produit qui favorise l’épidérmisation, en accélérant l’apparition d’une couche de cellules de l’épiderme qui constitue un bourgeonnement ou granulation, accélérant le processus de cicatrisation (TIMMON J., 2006).
Le processus cicatriciel est un phénomène extrêmement complexe faisant intervenir de multiples acteurs.Il doit permettre au tissu de retrouver ses propriétés fonctionnelles initiales, en particulier les propriétés mécaniques pour la peau(SMITH K L.et coll. 1998; LI W. et coll. 2005). Il comprend 3 phases qui se suivent mais qui se chevauchent dans le temps : laphase initiale vasculaire et inflammatoire, la phase de prolifération et la phase de remodelage. La phase d’hémostase constitue la première phase de cicatrisation. Elle débute immédiatement après une blessure, vient ensuite la phase inflammatoire vasculodétersive. Lorsque des vaisseaux sanguins sont endommagés, les plaquettes entrent en contact avec le collagène subendothélial et libèrent des médiateurs qui provoquent une vasoconstriction afin de réduire la perte sanguine, et en même temps déclenchent la cascade de coagulation qui va arrêter l’hémorragie.Le caillot de fibrine formé permet la fermeture de la plaie et sert de matrice provisoire (WITTE M. B. et Coll.,1997).Ensuite des cytokines et des facteurs de croissance sont libérées en cascade, et les plaquettes libèrent également leur contenu et attirent des neutrophiles qui vont migrer vers la plaie pour éliminer les bactéries (MARTIN P., 1997).Après la phase inflammatoire, la phase proliférativeou de granulation débute à peu près quatre jours après la blessure. Elle est au début dermique, avec la formation de nouveaux vaisseaux sous forme de bourgeons (angiogenèse)d’où le nom de tissu de granulation(KARABINTA K.D.A., 2010).En pratique clinique on la distingue par un tissu rouge et rugueux dans le lit de la plaie. Cette phase permet à l’acquisition de spécificités morphologiques et biochimiques de cellules musculaires lisses par les fibroblastes, appelés myofibroblastes. Ces derniers ont la capacité de se contracter comme les cellules des muscles lisses ; et en se contractant ces myofibroblastes font rapprocher les berges de la plaie(KARABINTA K.D.A., 2010).
Après le début dermique, cette phase est ensuite épidermique avec la réépidermisation et le rétablissement de la fonction barrière de la peau. Après la phase de vasoconstriction rapide, indispensable à l’hémostase immédiate, vient ensuite une vasodilatation qui permet aux cellules circulantes d’affluer sur le site de la plaie. Grâce aux médiateurs proinflammatoires comme les cytokines, les sélectines et les molécules d’adhésion sont exprimées à la surface des cellules endothéliales pour ralentir et capter les neutrophiles. Ainsi les neutrophiles et les monocytes sont attirés dans la plaie, non seulement par les facteurs libérés par les plaquettes, mais également par les peptides bactériens, les facteurs du complément et les produits de dégradation de la fibrine. Les neutrophiles sont les premiers leucocytes présents dans la plaie. Ils assurent la détersion des lésions et une action anti-infectieuse locale, avant d’être phagocytés par les macrophages présents dans la plaie. Une fois dans le milieu tissulaire, ils se différencient en macrophages et adhèrent aux protéines de la matrice extracellulaire, par les intégrines. Tandis que les monocytes se fixent sur les cellules endothéliales et migrent dans la plaie d’une façon similaire à celle des neutrophiles. Ils jouent également un rôle anti-infectieux et de détersion locale grâce à leur capacité de phagocytose ; ils participent aussi au remodelage matriciel. Comme les plaquettes, ils constituent aussi une source essentielle de cytokines dont l’insulin growth factor 1 (IGF1), le TGFbêta, le tumornecrosis factor alpha (TNFalpha) et le PDGF. Ces substances amplifient la réponse inflammatoire et stimulent la prolifération des fibroblastes, la production de collagène et plus généralement la formation du tissu de granulation (ROUPÉ K.M. et coll., 2010).
La complication immédiate de la cicatrisation est avant tout l’infection qui empêche l’amorce du processus de cicatrisation de se mettre en place. Pour prévenir ce genre de complications, il est parfois nécessaire de mettre en place un système de compression (comme des vêtements compressifs entre autres) qui permet de réduire au maximum l’expansion de la plaie qui a tendance à se faire de façon excessive.Aussi une désinfection de la plaie est nécessaire ainsi qu’un nettoyage qui consiste à éliminer les débris et les excès de sécrétion soit par geste chirurgical soit par médicaments protéolytiques, dont le but est de détruire les lambeaux de peau morte qui viennent polluer la plaie. Il peut être nécessaire, quand la cicatrisation ne se fait toujours pas, de favoriser le bourgeonnement et la granulation (prolifération de tissu neuf) et enfin l’épidémisation, c’est-à-dire la constitution d’une couche de cellules telles que celles de l’épiderme qui protège le tissu nouvellement constitué. Ainsi un cicatrisant accélère la cicatrisation soit en accélérant l’apparition du bourgeonnement, soit en accélérant la phase d’épithélialisation (LECHAUX D., 2010).
ETUDE PHYTOCHIMIQUE
Préparation de l’extrait
Les feuilles de la plante codée FMBsont utilisées par la population dans les zones ruralesd’Antananarivo de Madagascar ainsi qu’aux Comores en cas de blessure lors des travaux dans les champs. Les feuilles utilisées dans ce travail ont a été récoltées au mois de décembre 2014 à Antananarivo Madagascar. Elles ont été étalées et séchées à l’ombre dans un endroit aéré pendant 15 jours.Ensuite, elles ont été broyées à l’aide d’un broyeur à marteau (BROOK CROMPTON, Série 2000). Puis 500 g de la poudre ont été macérés à la température ambiante dans un mélange éthanol-eau (60 :40) pendant 72Hen agitant trois fois par jour. Le macérât ainsi obtenu a été filtré avec un papier filtre Wattman, et le filtrat a ensuite été évaporé sous vide à l’aide d’un rotavapor (EVAPOTECTM Rotary) (figure1) à la température de 80°C jusqu’à l’épuisement total du solvant afin d’obtenir l’extraitFMB.
Criblage phytochimique
Cettemanipulation a eu pour objectif de déterminer les différentes familles chimiques contenues dans l’extrait et d’estimer leur abondance relative en utilisant des réactifs spécifiques qui réagissent avec les familles chimiquescorrespondantesen formant un complexe soluble coloré ou un complexe non soluble ou précipité (tableau I) (IGAN C., 1982; FONG H.H.S et coll., 1997). L’abondance relative des familles chimiques présentes dans l’extrait a été représentée par les signes suivants:
(+) : Présence de la famille chimique recherchée à faible quantité
(++) : Présence de la famille chimique recherchée à moyenne concentration
(+++) : Présence de la famille chimique recherchée à forte concentration
Animaux d’expériences
Des rats de souche Wistar élevés à l’IMVAVET ont été utilisés. Cesrats ont été acclimatés aux conditions de l’animalerie du Laboratoire de Pharmacologie Générale, de Pharmacocinétique et de Cosmétologie pendant 1 semaine avant la manipulation. Ils ont été nourris avec de la provende de porc LFL® 1420, et ont eu un accès libre à l’eau. Ils ont été exposés à un cycle de lumière et d’obscurité de 12/12h à la température de 20°C environ. Ils ont ensuite étérépartis en 2 lots de 3 rats : un lot témoin traité avec la crème de base et un lot traité avec la crème contenant l’extrait FMB. Pour provoquer la plaie, les animaux ont été anesthésiés avec du éther diéthylique, ensuite la partie dorsolombaire de l’animal a été rasée et nettoyée. Sur cette surface rasée, deux plaies circulaires de 10mm de diamètre ont été provoqués de part et d’autre de la colonne vertébrale (figure3) à l’aide d’un dispositif à base ronde fabriquée avec une lame de rasoir sertie sur une tige ronde de 10mm de diamètre (MANJUNATHA B.K. et coll., 2005). Tout de suite après la provocation de plaie, et avant l’application quotidienne de la crème, la surface de la plaie a été mesurée par planimétrie directe à l’aide d’un papier millimétré transparent placé sur la plaie.La surface a été déterminée en traçant le contour de la plaie à l’aide d’un crayon à pointe fine sur le papier (KARABINTAK.D.A., 2010). Les rats ont été placé individuellement dans une cage jusqu’à la fin de l’expérience. Tous les matins à une heure fixe, la plaie a été nettoyée avant demesurer la surface et d’appliquer la crème. Un coton imbibé d’eau a été placé sur la plaie pour ramollir la croûte, puis cette dernière a été détachée doucement afin d’augmenter la surface de la plaie. La crème de base a ensuite été appliquée sur la plaie des animaux témoins et la crème contenant l’extraitFMBa été appliquéesur la plaie des animaux du 2ème lot par un léger massage circulaire.
PARTIE BIOLOGIQUE
Effet de l’extrait FMB surlaVitesse de cicatrisation
La vitessede cicatrisation a été calculée en mesurant la surface de la plaie tous les trois jours et rapportant cette surface en fonction du temps. La vitesse de cicatrisation des plaies traitées avec la crème contenant l’extrait FMB est supérieur à celle des plaies témoins, et au 14ème jour les plaies traitées avec l’extrait sont fermées tandis que celles du lot témoin ferment au 18ème jour.
Au jour J0 (juste après l’excision), la surface des plaies est égale à 85,93mm2 ± 0,66mm2 . La vitesse de rétrécissement de la surface des plaies traitées avec l’extrait est supérieure à celle des animaux du lot témoin dans les six premiers jours, avec une vitesse de rétrécissement de 10,04 ± 1,71 mm2 /jour des plaies traitées avec l’extrait FMB, contre 5, 45 ± 1,14mm2 /jour chez les témoins (p< 0,05). Au 9ème jour la vitesse de rétrécissement des plaies commence à diminuer et devient 8,35 ± 0,42mm²/jour chez les animaux traités avec l’extrait contre 4,72 ± 0,58mm²/jour chez les animaux du lot témoin. Les plaies rétrécissent de 62,38% chez le lot traité avec l’extrait et 28,69% chez le lot traité avec la crème de base (p<0,05) (figure4).
Effet de l’extrait FMB sur la phase de l’hémostase
Vingt quatre heures après l’application de la crème, les plaies évoluent différemment chez le lot témoinet le lot traité avec l’extrait. Sur les plaies traitées avec la crème contenant de FMB, la croûte apparait au 2ème jour contrairement aux plaies traité avec la crème de base (témoins) qui sont encore humide .
Effet de l’extrait FMB sur la phase inflammatoire
La durée de la phase inflammatoire a été déterminée en observant la rougeur et l’œdème au niveau de la berge des plaieset de la présence de l’exsudat au niveau de la surface des plaies. D’après les observations effectuées sur les plaies, l’application de l’extrait FMB réduit la durée de la phase inflammatoire. La rougeur et œdème des plaies traitées avec l’extrait FMB disparaissent au 5ème jour du traitement, tandis que les plaies traitées avec la crème de base (lot témoin) présentent encore uneinflammation jusqu’au 7eme jour.
Dans le jour qui suit la première application de l’extrait, lesplaies traitées avec l’extrait FMB sont recouvertes par des croûtes épaisses contrairement aux plaies du lot témoin. Cette apparition très vite de la croûte sur les plaies traitées serait un facteur qui accélère la fermeture de la plaie car le caillot de fibrine formé sert de matrice provisoire et permet la fermeture de la plaie (MARTIN P.,1997). Ce qui serait à l’origine de l’apparition des granulations plus tôt au niveau de la surface des plaies traitées par rapport aux plaies témoins.Cette apparition rapide du tissu de granulation pourrait s’expliquer par l’amplification de la réponse inflammatoire et de la stimulation de la prolifération des fibroblastes, la production de collagène (ROUPÉ K.M. et coll., 2010).Et cette prolifération des fibroblastes expliquerait à son tour la rapidité de la fermeture des plaies traitées avec l’extrait car la contraction de la plaie est due aux myofibroblastes du tissu de granulation qui peuvent se contracter comme les muscles lisses(REINKE J.M. et SORG H., 2012).
Pendant la phase de bourgeonnement, une angiogenèse prend également place. Cette néovascularisation améliore l’apport en éléments essentiels à la restructuration de la peau comme l’oxygène et les éléments nutritifs (REINKE J.M. et Coll., 2012). Ce raccourcissement de la phase inflammatoire pourrait être dû aux polysaccarides présents dans l’extrait. D’après les résultats obtenus par NERGÅRD C. S.(2005), TOGOLA A.etses collaborateurs (2007) les polysaccharides activent le système immunitaire notamment le complément, les macrophages, les lymphocytes B et T à l’origine de l’amplification de la phase inflammatoire. DIALLO D. (2000) qui a travaillé sur l’extrait polysaccharidique de EntadaafricanaetKARABINTA K.D.A. (2010) qui a travaillé sur les polysaccharides d’Opiliacetidifolia ont montré également que cette famille chimique empêche l’infection des plaies, ce qui accélère la cicatrisation.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
A. ETUDE PHYTOCHIMIQUE
1. Préparation de l’extrait
2. Criblage phytochimique
B. TESTS PHARMACOLOGIQUES
1. Préparation de la crème
2. Animaux d’expériences
3. Étude de l’effet de l’extrait FMB sur la cicatrisation
C. EXPRESSION ET ANALYSES DES RESULTATS
RESULTATS
A. PARTIE CHIMIQUE
B. PARTIE BIOLOGIQUE
1. Effet de l’extrait FMB sur la Vitesse de cicatrisation
2. Effet de l’extrait FMB sur la phase de l’hémostase
3. Effet de l’extrait FMB sur la phase inflammatoire
4. Effet de l’extrait FMB sur la phase de granulation
5. Phase d’épithélialisation
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIES