Les troubles anxieux constituent le problème de santé mentale le plus fréquent dans le monde. Chaque année environ 8 à 15 % de la population adulte est atteinte de ce problème, et une personne sur quatre présente un trouble anxieux au cours de sa vie. Le trouble anxieux affecte le plus souvent les femmes âgées de 20 à 30 ans. Au cours de l’année 2011, près de 45 millions de boîtes de médicaments anxiolytiques ont été prescrites dans le monde (American Psychiatric Association, 2011).
L’anxiété est une réaction physiologique de l’organisme à chaque fois qu’on traverse une situation inhabituelle ou lorsqu’on ne se sent pas en sécurité (HODGE et coll., 2002). C’est un sentiment d’inquiétude, d’insécurité, de trouble physique ou psychique, d’attente d’un danger indéterminé qui se traduit par des troubles du corps et de la conscience avec une sensation de malaise intérieure, l’impression de perdre la raison ou de mourir. L’anxiété peut aussi provoquer des problèmes cardiovasculaires (palpitations), respiratoires (dyspnée), digestifs (spasmes gastriques ou intestinale) et génito-urinaires (douleur pelvienne, inhibition sexuelle). Des signes neurologiques apparaissent également, comme des vertiges, maux de tête, troubles du sommeil, difficultés de concentration, problèmes de mémoire, une dépersonnalisation, sensation d’irréalité… (BESANÇON G., 1993).
L’anxiété passagère justifiée par des causes réelles est considérée comme normale et sans conséquence, mais sa fréquence ou sa persistance pathologique entraine une trouble anxieuse. La cause de cette trouble n’est autre qu’un déséquilibre au niveau du système GABA, un système inhibiteur et le système noradrénergique, le système sérotoninergique qui sont des excitateurs cérébraux (GOLAPA et coll., 2006). Il existe deux types de neurotransmetteurs : les neurotransmetteurs excitateurs et les neurotransmetteurs inhibiteurs. La sérotonine, la noradrénaline, la dopamine sont des neurotransmetteurs excitateurs qui accélèrent la propagation de l’influx nerveux, elles se trouvent en quantité élevé lors d’une trouble anxieuse. Tandis que le GABA qui est en déficit fonctionnel, fait partie des neurotransmetteurs inhibiteurs, il ralentit la transmission du message nerveux et évite une hyperactivité neuronale. Le GABA provoque l’ouverture du canal chlorure, ce qui entraîne une hyperpolarisation de la membrane d’ où l’inhibition de l’activité cellulaire.
Lors d’un stress ou face à une situation anxiogène, l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien est activé chez tous les animaux. Il en résulte une libération accrue de CRF hypothalamique suivie par celle d’ACTH hypophysaire et de corticostérone à partir des glandes surrénales. La corticostérone exerce un rétrocontrôle négatif sur l’hippocampe, l’hypothalamus et l’hypophyse. D’autres systèmes neuronaux sont perturbés, la fixation des GABA avec ses récepteurs diminue, les neurones sérotoninergiques libèrent de la sérotonine dans la zone synaptique, de la noradrénaline stockée dans les granules de stockage est libéré par les neurones adrénergiques post-ganglionnaires, ce qui explique l’origine de l’anxiété. Cette trouble se traduit par la peur, l’évitement, l’enfouissement des objets considérés comme dangereux…
Les anxiolytiques sont utilisés pour réduire ou supprimer l’anxiété, ils appartiennent à la famille des tranquillisants mineurs ou sédatifs, c’est-à-dire des calmants. Un produit anxiolytique agit soit en favorisant l’effet du GABA sur ses récepteurs (WHITE S. et NEUMAN R., 1980), ou soit encore en inhibant le recaptage de la noradrénaline et surtout les sérotonines par les terminaisons neuronales pour qu’il y a moins de neurone stimulé (HOYER et coll., 2002).
Les principaux groupes d’anxiolytiques utilisés pour traiter les troubles anxieux sont les Benzodiazépines, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (ISRS) tel que la Fluoxétine (Prozac®), la Paroxétine (Déroxat ®), la Buspirone (Buspar ®) et les inhibiteurs de la recaptage de la noradrénaline (ISRN) comme la Venlafaxine (Effexor®) (BOURIN M. et BAKER G. B., 1996). Par contre, les Benzodiazépines, comme Alprazolam (Xanax®), Bromazépam (Lexomil®), Clorazépate (Tranxène®), Diazépam (Valium®)…agissent en potentialisant l’activité du GABA en ouvrant le canal chlorure. (LANGEN B. et coll., 2005).
Selon l’OMS en 2007, 70% de la population mondiale ont recours à la médecine traditionnelle pour résoudre leurs problèmes de santé. D’après les enquêtes et les données de la littérature, nombreuses sont les plantes utilisées dans le monde pour traiter les troubles anxieux: la passiflore ou Passiflora incarnata L. (PASSIFLORACEAE) qui est traditionnellement utilisée dans le traitement des états anxieux ; dans les troubles émotifs et les troubles du comportement chez l’enfant , la racine de jatamansi ou Nardostachys jatamansi , les rhizomes du kawa ou Piper methysticum Forst (PIPERACEAE) , les organes souterrains de la valériane ou Valeriana Officinialis (VALERIANACEAE) , les parties aériennes du coquelicot ou Papaver rhoes L.(PAPAVERACEAE) , les fleurs et feuilles des orangers ou Citrus aurantium var. amara Risso (RUTACEAE)…(BEZANGER et coll., 1980).
À Madagascar, de nombreuses plantes sont conseillées par les tradipraticiens dans le cas de troubles comportementaux, d’une peur persistante, ou lors d’un trouble psychique chez les enfants ou « zaza taitaitra ». Comme la décoction des feuilles et des tiges de cactus ou Cactus Opuntia (CACTEAE) ; de « ramitampina, ramatsatso » ou Phothos scandens L. (ARACEES);la décoction des feuilles de « Voakanga » ou Voacanga thouarsii (APOCYNACEAE) ; le tamarinier « madilo » ou Tamarindus indica L. (CESALPINIACEES)… (RABESA A. et coll., 1986).
D’après les enquêtes ethnobotaniques que nous avons effectuées dans la région d’Andasibe lors de nos voyages d’études, la tige de la plante codée 004H est indiquée pour traiter une peur indéterminé chez l’enfant ou « zaza taitaitra ». Cette maladie se manifeste par des agitations diurnes ou nocturnes, suivies d’une fièvre et d’une fatigue chez l’enfant. Cette indication signifie qu’elle agirait sur l’état mental de l’enfant. En comparant les signes des troubles anxieux avec les manifestations de cette maladie appelée « zaza taitaitra », il est probable qu’il s’agit d’une anxiété, ce qui nous a incités à étudier les effets anxiolytiques de cette plante.
TESTS BIOLOGIQUES
Le but de ce travail est d’étudier l’effet de l’extrait 004H chez la souris. Trois tests ont été utilisés: le test dans le labyrinthe en croix surélevé pour étudier l’effet de l’extrait 004H sur la peur du vide de l’animal représenté par les bras ouverts du labyrinthe (HANDLEY S. et MITHANI S., 1984); puis le test dans l’espace ouvert pour étudier son effet sur l’ évitement de la zone centrale claire (HALL C. S. , 1930) et enfin le test d’enfouissement pour étudier l’effet de l’extrait sur le comportement enfouisseur des souris (PINEL J. et TREIT D., 1978).
1° Préparation des animaux
Des souris Swiss mâles âgés de 7 à 9 semaines, élevées dans l’animalerie du Laboratoire de Pharmacologie Générale et de Pharmacocinétique de la Faculté de Sciences, pesant entre 18 à 27g ont été utilisées. Elles ont été mis à jeun 12 heures avant l’expérience, mais ont eu un accès libre à l’eau (HELLION-IBARROLA M. et coll., 2006). Elles ont été réparties en quatre lots composé de trois souris par lot : un lot témoin, un lot de référence et deux lots traités avec l’extrait à dose différente. Le lot témoin a reçu de l’eau distillée, le lot de référence du Diazépam® à la dose de 2mg/kg, et les 2 lots restants ont reçu respectivement l’extrait 004H à la dose de 150 et 300 mg/kg. L’extrait 004H et le produit de référence ont été dissouts dans l’eau distillée et ont été administrés par voie orale, dans un volume de 10 ml/kg (KIRBY L.G. et LUCKI I., 1997). Trente minute après l’administration de ces produits, les souris ont été placées une à une dans le dispositif expérimental et leurs comportements ont été observés pendant 5 minutes.
2° Tests pharmacologiques
Étude de l’effet de l’extrait 004H chez la souris face à la peur du vide
Le labyrinthe en croix surélevé a été choisi pour mesurer l’anxiété chez les rongeurs (LISTER, 1987). Il est fabriqué en bois, constitué de quatres bras dont deux bras fermés (35×5×15cm) croisé à deux bras ouverts (35×5cm) qui se situe à 40 cm de haut au-dessus du sol (HATA T. et coll., 2001 ; TAMBOUR S. et coll., 2005) (figure 1). Les deux bras ouverts du labyrinthe représentent le vide ainsi que la hauteur du dispositif sont des facteurs anxiogènes pour les souris, alors que les bras fermés leur représentent la sécurité (CRUZ. et coll., 1994). Une souris anxieuse passera moins de temps dans les bras ouverts (LISTER, 1987).
Trente minutes après l’administration des différents produits, la durée de passage des animaux dans les bras ouverts du labyrinthe ont étés enregistrés pendant 5minutes. L’animal a été considéré comme ayant effectué une entrée dans un bras lorsque ses quatre pattes ont pénétrées dans cette partie (DURAISAMI R. et coll., 2008).
Étude de l’effet de l’extrait 004H sur l’évitement de la zone centrale claire des souris placées dans un espace ouvert
L’espace ouvert et claire est anxiogène pour la souris (HALL C.S., 1930).Ce test crée un conflit entre l’envie naturelle d’explorer des souris et ses évitements des espaces ouverts en plus il s’agit d’une zone claire (PELLOW et coll. 1985). Le dispositif expérimental est une enceinte transparente de (30x30cmx30cm), avec une zone centrale claire et une zone périphérique sombre qui représente une zone de refuge pour les animaux (figure 2). Une souris anxieuse évite le centre du dispositif, et reste près des murs (FLORIO C.et coll., 1998). Le temps de passage dans la zone centrale permet de mesurer le niveau de l’anxiété de l’animal (BOURIN M. et HASCOET M., 2003). Trente minutes après l’administration des différents produits, la souris a été laissée au centre du dispositif pendant 5 minutes. La souris a été considérée faire une exploration lorsqu’elle passe dans la zone centrale. La durée de son passage dans cette zone centrale a été enregistrée.
Étude de l’effet de l’extrait 004H sur le comportement enfouisseur des souris
Le test d’enfouissement consiste à compter le nombre de billes que chaque souris enfuie sous la litière pour pouvoir étudier son comportement, car l’enfouissement est un indice d’anxiété. (SHIMAZAKI T., IIJIMA M., CHAKI S. ,2004).Dans ce test, vingt billes ont été placées sur la litière dans une boite fabriquée avec du plexiglas de (30x30x30cm), le fond de la boite a été recouvert d’une épaisse couche de litière de 5cm de hauteur (figure 3). La souris perçoit ces billes comme des dangers, c’est pour cette raison qu’elle les enfuie sous la litière (PINEL J.P. et TREIT D., 1978). Le comportement des souris vis-à-vis de ces billes a été observé pendant 5 minutes, et le nombre de billes enfouie par la souris a été compté (GYERTYAN I., 1995). Une souris est considérée comme anxieuse quand elle enfouit beaucoup plus de billes (NJUNG’E K., HANDLEY S.L., 1991) .
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. MATERIELS ET METHODES
A) ETUDE PHYTOCHIMIQUE
1° Préparation de l’extrait
2° Criblage phytochimique
B) TESTS BIOLOGIQUES
1° Préparation des animaux
2° Tests pharmacologiques
a) Étude de l’effet de l’extrait 004H chez la souris face à la peur du vide
b) Étude de l’effet de l’extrait 004H sur l’évitement de la zone centrale claire des souris placées dans un espace ouvert
c) Étude de l’effet de l’extrait 004H sur le comportement enfouisseur des souris
III. RESULTATS
A) PARTIE CHIMIQUE
1. Rendement de l’extraction
2. Résultats du criblage phytochimique
B) PARTIE BIOLOGIQUE
1° Effet de l’extrait 004H sur la peur du vide des souris
2° Effet de l’extrait 004H sur l’évitement de la zone central claire de l’espace ouvert
3° Effet de l’extrait 004H sur le comportement enfouisseur des souris
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES