Soutenance mémoire
Aujourd’hui on ne peut parler de la santé en Afrique sans traiter des plantes médicinales. La phytothérapie occupe, en effet, une place très importante dans les soins de santé, particulièrement en milieux ruraux. Chaque communauté possède, plus ou moins, sa propre pharmacopée et dispose de ses propres guérisseurs. Dans certains pays d’Asie et d’Afrique, 80% de la population dépend de la médecine traditionnelle pour les soins de santé primaires (Encyclopédie médicale de l’Afrique, 1986). L’intérêt porté aux antioxydants naturels, en relation avec leurs propriétés thérapeutiques, a augmenté considérablement. En effet, beaucoup de plantes ont montré des effets notables sur le stress oxydant produit par les radicaux libres.
Les radicaux libres sont des molécules instables et incomplètes qui peuvent se retrouver dans l’organisme et qui tentent de s’accoupler à des éléments de nos propres cellules afin de se compléter. Dans l’opération, ils détruisent alors des cellules saines. Les radicaux libres entrainent des dommages à notre organisme un peu comme la rouille sur le métal d’une automobile. La première source de radicaux libres est tout à fait normale et naturelle. Elle est produite par l’activité même de nos cellules, soit la respiration tissulaire. En effet, chaque fois que l’on respire, l’utilisation de l’oxygène par l’organisme entraine la formation de radicaux libres. Si les radicaux libres sont indispensables au bon fonctionnement de notre corps, ils peuvent également être nuisibles s’ils sont fabriqués en trop grande quantité. Ils provoquent alors une détérioration des cellules : ils abiment les lipides et les membranes des cellules, et altèrent la communication intercellulaire. Cela peut aussi créer des lésions au niveau de l’ADN des cellules et donc de leur patrimoine génétique. Lorsque la production de radicaux libres devient trop grande, nos réserves d’antioxydants peuvent devenir insuffisantes pour neutraliser l’effet néfaste de l’oxydation des radicaux libres sur nos tissus et cellules. D’après les recherches scientifiques, les radicaux libres seraient impliqués dans l’apparition de nombreuses maladies telles que: l’arthrite, les tâches sur la peau, l’asthme, le cancer, les maladies cardiaques, la cataracte, les troubles articulaires, les maladies dégénératives comme la sclérose en plaques, la maladie d’Alzheimer et l’athérosclérose. De plus, en entraînant une détérioration graduelle des cellules, les radicaux libres seraient les premiers responsables du vieillissement prématuré.
Les antioxydants sont des composés qui protègent les cellules du corps contre les dommages causés par les radicaux libres. En effet, un lien évident entre une plus grande consommation d’antioxydants et une plus faible incidence des maladies citées précédemment a été établi. La consommation d’antioxydants naturels notamment ceux issus des plantes pourrait diminuer ces dégâts. Notre étude va essentiellement porter sur la recherche quantitative de l’activité antioxydante de quatre Euphorbiacées de la flore sénégalaise qui constituent une famille tropicale et subtropicale, représentée au Sénégal par plus de 25 genres dont une quinzaine d’Euphorbia et une dizaine de Phyllanthus. Nous nous intéresserons particulièrement à Euphorbia balsamifera (écorces de la tige), à Euphorbia hirta (parties aériennes), à Phyllanthus acidus (feuilles) et à Phyllanthus amarus (parties aériennes).
Euphorbia balsamifera Linn (Euphorbiaceae)
Nomenclature
➤ Synonyme : Euphorbia rogeri N.E.Br Ic.
➤ Noms vernaculaires :
− Mandingue : salan
− Peul : batukary, badékarey
− Sérère : ndamol, ndamul
− Wolof : salane
− Français : Euphorbe du Cayor, Euphorbe Porte Baume.
Description botanique
►Le Port: Euphorbia balsamifera illustré par la figure 1, est un arbuste à latex blanc, pouvant atteindre 2 mètres de hauteur. De nombreux rameaux gris argenté, donnant un aspect évasé, partent de la base. L’écorce est mince et lisse. Les rameaux, épais et charnus, laissent couler un latex blanc abondant quand on les coupe.
►Les Feuilles: elles sont dépourvues de pétioles, apparaissent pendant 2 à 4 mois en hivernage. Elles sont en rosettes terminales, alternes, sensibles, allongées et spatulées. Plusieurs petits limbes vert glauque, linéaires, se groupent à l’extrémité des rameaux.
►La Fleur: elle est vert-jaunâtre, se tenant à l’extrémité des rameaux après la chute des feuilles ou en saison sèche. Le bouton floral orné de quelques glandes est entouré de 6 bractées formant comme une corolle.
►Le Fruit: c’est une capsule globuleuse finement poilue, divisée en 3 lobes, verdâtre, sphérique, de 7 à 10 mm de diamètre (Encyclopédie médicale de l’Afrique, 1986).
Répartition géographique
Cet arbuste serait originaire des Iles Canaries, mais on le trouve au Mali, en Mauritanie, au Sénégal, au Niger, au Nigéria, en Guinée, au Gabon, au Tchad et au Congo. Il est fréquemment rencontré comme haie vive délimitant les champs et parfois en individu isolé dans les terres sablonneuses. Au Sénégal, nous le retrouvons dans les dunes sablonneuses du littoral atlantique entre Dakar et Saint Louis, le long de la ligne du chemin de fer. Il sert à stabiliser le sol (Kerharo, 1973).
Etudes sur la chimie
Le latex est un mélange de deux phases liquides nuisibles :
● Une phase dispersante: l’eau qui contient des substances dissoutes comme les sels minéraux, les alcaloïdes.
● Une phase dispersée contenant:
➤ Une émulsion des lipides (cérides et stérides) et des gouttelettes de caoutchouc (polyisoprénes).
➤ En suspension des grains d’amidon. On cueille le latex par saignée.
Le latex contient : 83,6% de résine ; 11,8% de substance caoutchouteuse et 4,5% de substances hydrosolubles. Trois alcools triterpéniques de même formule globale C29H46CH3OH ont été extraits de la résine de latex : le germanicol ou isolupéol, le lanostérol (ou lanostadiénol, cryptostérine, isocholestine) et le cycloarténol (ou artosténol, handianol). Par saponification du latex a été obtenue une résine qui laisse cristalliser un produit de formule brute C36 H56 O2, H20, lequel à son tour fournit par saponification le germanicol et un acide (Kerharo, 1973). D’après des études réalisées par Gueye (2010), les écorces de tige de Euphorbia balsamifera contiennent des flavonoïdes, des tanins, des alcaloïdes et des hétérosides cardiotoniques.
Etude sur la pharmacologie
La toxicité du latex est controversée mais sans aucune base scientifique. Au point de vue thérapeutique, son emploi comme antiseptique et cicatrisant parait justifié, car il est connu que les résines végétales naturelles à triterpénoïdes sont dotées d’excellentes propriétés cicatrisantes. Quoique le germanicol soit le triterpénoïde dominant de la résine, signalons que le lanostérol possède une certaine action anti-cholestérolémique (Kerharo, 1973). Rau et al. (2006) ont montré une possible utilisation de Euphorbia balsamifera comme antidiabétique. Une étude réalisée par Yam et al. (1997) a montré que Euphorbia balsamifera peut être utilisé comme antalgique dans le traitement de la pulpite aiguë dentaire.
Emplois
E. balsamifera est très employé dans toute la zone sahélienne du Sénégal, en Médecine Populaire comme antiseptique et cicatrisant externe, et aussi comme drogue agissant sur l’intestin et les organes du bassin. Les Peuls et Toucouleurs l’emploient comme purgatif drastique (macéré aqueux de préparation extemporanée d’écorces et de racines pilées, en boisson le matin à jeun). Ils le prescrivent aussi comme antivenimeux en usage externe. En pays wolof et sérère, il est surtout considéré comme purgatif de dérivation, d’où la présence fréquente des racines dans les préparations antilépreuses, antisyphilitiques et même antigonococciques. Pour la syphilis, le traitement interne est complété par un traitement externe consistant en des bains et des lavages avec un décocté à base de tiges de Euphorbia balsamifera et de parties aériennes de Momordica charantia. Le décocté de racine est prescrit seul comme parasiticide intestinal et la poudre de feuilles et de racines, associée généralement à des organes d’autres espèces actives, telles que Tinospora bakis, Trichilia roka constitue un contre poisson. Sur les marchés de Dakar, les rameaux sont vendus comme vermifuge et la racine comme anti blennorragique (Kerharo,1973). En usage alimentaire, les rameaux jeunes et les jeunes feuilles sont consommés bouillis pour les enfants en période de famine. Le latex est toxique et dangereux pour les yeux. Il est utilisé à des fins criminelles et aussi comme poison de pêche et de chasse. Il est aussi employé comme piège à oiseaux, à criquets ou papier tue-mouches. Le latex est galactogène et sert également à faire tomber les dents malades (Arbonnier, 2000). La poudre d’écorce de tige malaxée avec le beurre de karité, est appliquée en pommade sur le corps en cas de fièvre (Adjanohoun et al., 1986).
La décoction des rameaux que l’on laisse tiédir entre dans la préparation d’un bain destiné à faciliter le flux menstruel et à réduire les pertes blanches (Encyclopédie médicale de l’Afrique ,1986).
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: ETUDE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I: PRESENTATION DES EUPHORBIACEAE
I.1. EUPHORBIA BALSAMIFERA
I.1.1.Nomenclature
I.1.2. Description botanique
I.1.3.Répartition géographique
I.1.4. Etudes réalisées sur la chimie
I.1.5. Etudes réalisées sur la pharmacologie
I.1. 6. Emplois
I.1.7. Etudes sur la toxicité
I.2. EUPHORBIA HIRTTA
I.2.1.Nomenclature
I.2.2. Description botanique
I.2.3.Répartition géographique
I.2.4. Etudes réalisées sur la chimie
I.2.5. Etudes réalisées sur la pharmacologie
I.2. 6. Emplois
I.2.7. Etudes sur la toxicité
I.3.PHYLLANTHUS ACIDUS
I.3.1.Nomenclature
I.3.2. Description botanique
I.3.3.Répartition géographique
I.3.4. Etudes réalisées sur la chimie
I.3.5. Etudes réalisées sur la pharmacologie
I.3. 6. Emplois
I.3.7. Etudes sur la toxicité
I.4.PHYLLANTHUS AMARUS
I.4.1.Nomenclature
I.4.2. Description botanique
I.4.3.Répartition géographique
I.4.4. Etudes réalisées sur la chimie
I.4.5. Etudes réalisées sur la pharmacologie
I.4. 6. Emplois
I.4.7. Etudes sur la toxicité
CHAPITRE II : RAPPELS SUR LES RADICAUX LIBRES (RL)
II.1.TOXICITE DES RADICAUX LIBRES
II.1.2. Action sur les acides nucléiques
II.1.3. Action sur les lipides
II.2. CONSEQUENCES DU STRESS OXYDANT SUR L’ORGANISME
II.3. SYSTEME DE PROTECTION CONTRE LES RADICAUX LIBRES
II.3.1. Les moyens de défense endogènes
II.3.1.1.Les systèmes enzymatiques
II.3.1.2. Les systèmes non enzymatiques
II.3.2. Les moyens de défense exogènes
CHAPITRE III : LES DIFFERENTES METHODES D’ETUDE DE L’ACTIVITE ANTI-OXYDANTE
III.1. LE TEST ABTS (2,2’ azinobis-acide 3-ethylbenzothiazoline 6- sulfonique)
III.2. LE TEST DPPH (1, 1 diphényl-2-picryl-hydrazyl)
III.3. LE TEST ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity)
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1. MATERIEL ET REACTIFS
I.1.1. Matériel végétal
I.1.2. Matériels de laboratoire
I-1-3. Réactifs
I.2. METHODES D’ETUDES
I.2.1.Obtention de l’extrait éthanolique des différentes plantes
I.2.2. Activité antioxydante
I.2.2.1. Protocole opératoire de la méthode au DPPH
I.2.2.2.Expressions des résultats et analyses statistiques
CHAPITRE II : RESULTATS ET DISCUSSION
II.1. RESULTATS
II.1.1.Extraction
II.1.2.Activité antioxydante
II.1.2.1. Activité antioxydante de Euphorbia balsamifera
II.1.2.2. Activité antioxydante de Euphorbia hirta
II.1.2.3. Activité antioxydante de Phyllanthus acidus
II.1.2.4. Activité antioxydante de Phyllanthus amarus
II.1.2.5. Activité antioxydante de l’acide ascorbique
II.2.DISCUSSION
II.2.1.Extraction
II.2.2 Activité antioxydante
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
