Etude de l’activite anticonvulsivante de l’extrait HRI chez la souris

La convulsion est un trouble neurologique qui apparait sous forme d’épilepsie chez les adultes et adolescents et les enfants âgés de 6 mois à 6 ans, et sous forme de convulsions fébriles chez les nourrissons (DUBE C. M. et coll., 2009 ; KAPUTU KALALA MALU C. et coll., 2013). L’épilepsie atteint environ 50 millions de personnes, ce qui représente environ 0,5 à 0,8 % de la population mondiale, et 80 % de ces personnes vivent dans les pays en voie de développement (TCHALEU NGUENKAM B.C. et RAHARIVELO A., 2011). A Madagascar, la convulsion fébrile atteint 2 à 5 % des nourrissons (KANG J. et coll., 2006; KAPUTU KALALA MALU C. et coll., 2013); 23,5 ‰ de la population d’Antananarivo et sa périphérie sont épileptiques (ANDRIANTSEHENO M. L. et RALAIZANDRINY D., 2004).

La convulsion est une contraction brusque et involontaire des muscles striés suite à une hypersensibilité nerveuse (MURUGAN R., 2012). Elle est liée à l’excitation d’un groupe de neurones plus ou moins important avec une tendance à la diffusion à l’ensemble des neurones du cerveau, due à l’hyperexcitabilité et à l’hypersynchronisation de ce groupe de neurones (VAUGHAN C.J. et DELANTY N., 2002). Elle peut avoir une origine métabolique transitoire, une intoxication ou une forte fièvre (VAUGHAN C.J. et DELANTY N., 2002). Elle peut également être due à un dysfonctionnement d’origine génétique (KANG J. et coll., 2006), une lésion cérébrale (SAHOO P.K. et coll., 2007 ; MBONDA E. et coll., 2011), une agression cérébrale ou systémique aigue (BERNARD C. et coll., 2003).

La stimulation et l’inhibition des neurones du cerveau sont assurées par des neuromédiateurs : le glutamate et le GABA. Le glutamate est un des principaux neuromédiateurs du système nerveux qui stimulent les neurones (EUSEBIO A. et MICALLEF-ROLL J., 2010). Il est synthétisé à partir de la transamination de l’α cétoglutarate ou de la désamination oxydative de la glutamine (MEISTER A., 1979). Lorsqu’il est libéré dans la fente synaptique, il se fixe sur les récepteurs NMDA et provoque la dépolarisation de cette fibre par un flux entrant d’ions Na+ et Ca2+ (SUNDARAM R.S. et coll., 2012). Dans la fente synaptique, il n’est pas dégradé mais recapté par les cellules gliales et la fibre pré-synaptique (VAUGHAN C.J. et DELANTY N., 2002).

PHYTOCHIMIE

Préparation de l’extrait

Les tiges feuillées de la plante codée HRI ont été récoltées dans la Commune d’Ambohidrapeto au mois de décembre 2015. Elles ont été séchées à l’ombre dans une salle aérée, à la température ambiante pendant 3 mois. Deux cent cinquante grammes du matériel ainsi séché ont ensuite été broyés à l’aide d’un broyeur à marteau électrique au LPGPC à la Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo. La poudre obtenue a été macérée dans un mélange éthanol-eau (60 : 40) à la température ambiante pendant 72 h. Le macérât a été ensuite filtré sur un coton hydrophile, puis l’éthanol contenu dans le filtrat a été évaporé à l’aide d’un distillateur. La phase aqueuse a été ensuite évaporée à sec à l’aide d’un bain marie.

Criblage phytochimique

Les familles chimiques présentes dans l’extrait ont été détectées en utilisant des réactifs spécifiques pour chaque famille. Le réactif et la famille correspondante réagissent, ils forment un complexe insoluble (précipité) ou coloré (FONG H.H.S. et coll., 1977) .

Afin de quantifier la proportion relative des différentes familles chimiques présentes dans l’extrait, les signes suivants ont été utilisés :

– : Absence de la famille chimique recherchée
+ : Présence en faible teneur
++ : Présence en teneur moyenne
+++ : Présence en forte teneur .

PARTIE PHARMACOLOGIQUE

L’activité anti convulsivant de l’extrait HRI a été étudiée in vivo chez la souris sur la convulsion provoquée par la picrotoxine (AKULA K. K. et coll., 2007) et le seuil de convulsion provoquée par un stimulus électrique en présence de l’extrait (CASTELBRANCO M. M. et coll., 2009).

Animaux d’expérimentation

Des souris de race Swiss mâles âgées de 6 à 8 semaines, pesant entre 20 et 25 g ont été utilisées. Elles ont été élevées à l’animalerie du laboratoire de Pharmacologie Générale, de Pharmacocinétique et de Cosmétologie, avec une alternance de lumière et d’obscurité 12 h/12 h et à la température de 20 °C environ. Ces souris ont été nourries avec la provende LFL n°14/20 et ont eu accès à de l’eau à volonté. Ces animaux ont été mis à jeun 12 h avant les manipulations.

Etude de l’effet de HRI sur le seuil de convulsion

Les oreilles des souris ont été épilées avec une pince à épiler, puis elles ont été réparties en 4 lots : 1 lot témoin a reçu de l’eau distillée, et 3 lots ont été traités avec l’extrait HRI aux doses respectives de 200 mg/kg, 400 mg/kg et 800 mg/kg. L’eau et l’extrait ont été administrés par voie orale dans un volume de 10 ml/kg (NGO BUM E. et coll., 2004). Une heure après l’administration de ces produits, les oreilles des souris ainsi que les électrodes stimulatrices ont été recouvertes de gel conducteur (PolyGel) pour faciliter la conduction du courant électrique. Les électrodes ont ensuite été fixées sur les oreilles des animaux, puis un stimulus électrique sous forme de choc unique délivré par un neuroexcitateur GL260T (Racia) a été appliqué à chaque souris. Le stimulus a été un courant électrique carré de 50 mA, de 20 ms de largeur avec une fréquence de 60 coups/seconde. Pour déterminer le seuil de convulsion en présence et en absence de l’extrait, le voltage du stimulus électrique appliqué par l’intermédiaire des électrodes a été augmenté jusqu’à ce que la souris sursaute ce qui a représenté le seuil de convulsion  (CASTEL-BRANCO M. M. et coll., 2009).

Etude de l’effet de HRI sur la convulsion provoquée par la picrotoxine

L’activité anti convulsivante de HRI a été étudiée sur son effet sur la convulsion généralisée de type tonico-clonique provoquée par la picrotoxine (AKULA K. K. et coll., 2007). Les souris mises à jeun depuis 12 h ont été réparties en 4 lots : lot 1, témoin et les lots 2, 3 et 4 traités avec l’extrait à différentes doses. Les animaux du lot témoin ont reçu de l’eau distillée, et les lots 2, 3 et 4 ont reçu respectivement l’extrait HRI à 200, 400 et 800 mg/kg par voie orale à raison de 10 ml/kg (NGO BUM E. et coll., 2004). Une heure après l’administration de l’extrait et de l’eau distillée, la picrotoxine a été administrée par voie intra péritonéale à la dose de 4 mg/kg chez chaque souris . Tout de suite après l’injection de la picrotoxine, chaque souris a été placée dans une cage individuelle pour observation pendant 30 min. Le temps de latence entre l’administration de la picrotoxine et l’apparition des signes de convulsion ainsi que la durée de chaque type de convulsion, tonique ou clonique a été noté (AKULA K. K. et coll., 2007).

EXPRESSION ET ANALYSES DES RESULTATS

Les résultats ont été exprimés en moyenne avec des écarts types réduits (m±e.s.m). Les moyennes des lots traités ont été comparées avec celle du lot témoin en utilisant le test-t de Student avec un degré de signification p<0,05.

L’objectif de ce travail a été d’étudier l’activité anti-convulsivante de l’extrait HRI chez la souris. Les résultats montrent que l’extrait augmente le seuil de convulsion, le temps de latence de l’apparition des signes de convulsion et diminue la durée des convulsions clonique et tonique provoquées par la picrotoxine. Ces effets pourraient s’expliquer par l’inhibition des canaux sodium ou du glutamate, ou par le renforcement de l’action GABA. En effet, le Na+ et le glutamate sont des excitateurs au niveau du cerveau, tandis que le GABA est un modérateur (EUSEBIO A. et MICALLEF-ROLL J., 2010; BEN-ARI Y., 2007). L’application de stimulus électrique au niveau des oreilles de la souris stimule son cerveau. Or l’extrait augmente le seuil de convulsion ce qui permet de dire que l’extrait a augmenté le seuil d’excitation du cerveau. Cela veut dire que l’extrait stabiliserait la membrane neuronale en inhibant le flux de l’ion sodium à l’intérieur du neurone au niveau du cerveau. Il agirait en inhibant la genèse du potentiel d’action et sa propagation dans le cerveau. Ce qui expliquerait l’augmentation du seuil de convulsion, l’augmentation du temps de latence à l’apparition de signes de convulsion (MISHRA A. et coll., 2015). D’autre part l’extrait pourrait inhiber la sérotonine, et déprimerait le système nerveux central en bloquant les récepteurs 5 HT pré-synaptique et la transmission sérotoninergique, qui réduit la libération de glutamate (CIRANNA L., 2006). Les alcaloïdes contenus dans l’extrait HRI pourraient être responsables de cette activité, comme dans le cas de Rauvolfia lugustrina qui est utilisée contre la convulsion en inhibant la transmission sérotoninergique (QUINTANSJUNIOR L.J. et coll., 2007).

La picrotoxine provoque une convulsion en bloquant les canaux chlorures du récepteur GABA-A (DE DEYN P.P. et coll., 1992). La diminution de la durée des convulsions clonique et tonique ainsi que l’augmentation du temps de latence à l’apparition de signes de convulsion suggère que l’extrait HRI agirait sur ce canal chlorure au niveau du récepteur GABA-A. Il activerait ce récepteur et permet ainsi l’influx de l’ion chlorure, et rétablirait l’inhibition exercée par le système GABA (HANRAHAN J.R. et coll., 2011). Des études effectuées sur Hyoscymus niger ont également donné les mêmes résultats qui seraient dus aux flavonoïdes contenus dans l’extrait qui renforce le système GABAergique. Cette action s’expliquerait par l’action de l’extrait au niveau du récepteur benzodiazépine GABAergique (REZA H.M. et coll., 2009). La présence de cette famille chimique dans l’extrait nous permet aussi d’avancer l’hypothèse que les flavonoïdes contenus dans l’extrait HRI pourraient diminuer la convulsion provoquée par la picrotoxine chez les animaux traités avec l’extrait.

Comme l’extrait contient ces familles chimiques, il se peut qu’elles agissent ensemble. Les flavonoïdes agiraient au niveau du système GABAergique et les alcaloïdes bloqueraient la libération de glutamate et les canaux Na+. Nous pouvons avancer une hypothèse qu’en bloquant les canaux sodiques, l’extrait stabiliserait la membrane neuronale et musculaire et limiterait la propagation de l’influx au niveau neuronale et musculaire. Cela expliquerait l’augmentation du seuil de convulsion, l’augmentation du temps de latence à l’apparition de signes de convulsion et la diminution de la durée des convulsions clonique et tonique.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

I.INTRODUCTION
II.MATERIELS ET METHODES
A.PHYTOCHIMIE
1.Préparation de l’extrait
2.Criblage phytochimique
B.PARTIE PHARMACOLOGIQUE
1.Animaux d’expérimentation
2.Etude de l’effet de HRI sur le seuil de convulsion
3.Etude de l’effet de HRI sur la convulsion provoquée par la picrotoxine
C.EXPRESSION ET ANALYSES DES RESULTATS
III.RESULTATS
A.PHYTOCHIMIE
1.Rendement de l’extraction
2.Résultats du criblage phytochimique
B.RESULTATS DES TESTS PHARMACOLOGIQUES
1.Effet de l’extrait HRI sur le seuil de convulsion
2.Effet de l’extrait HRI sur le temps de latence entre l’administration de la picrotoxine et l’apparition des signes de convulsion
3. Effet de l’extrait HRI sur la convulsion clonique provoquée par la picrotoxine
4. Effet de l’extrait HRI sur la convulsion tonique provoquée par la picrotoxine
IV. DISCUSSION
V.CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *