L’asthme est l’une des maladies les plus fréquentes dans le monde. Les auteurs estiment que cette affection touche 5% des habitants de la planète, soit environ 300 millions de malades (MASOLI et coll., 2004). En effet, c’est une maladie inflammatoire chronique associée à une morbidité et à une mortalité significatives (LALLOO U.G. et coll., 1997).
L’asthme est un trouble inflammatoire des voies respiratoires, caractérisé par une inflammation des bronches avec augmentation de la production de mucus et hypersensibilité des voies respiratoires. La crise d’asthme est un événement brutal qui associe un bronchospasme d’apparition rapide avec une congestion de la muqueuse bronchique et hypersécrétion bronchique. L’air passe avec difficulté, le malade s’étouffe, la respiration est sifflante, difficile (JEAN-MICHEL HURTEL, 2007). En effet, l’Histamine, une amine biogène synthétisée dans les mastocytes et les basophiles, est un médiateur essentiel de multiples pathologies allergiques telle que l’asthme (WINDAUS A. et coll., 1907). Elle est libérée par dégranulation mastocytaire dans certains organes tels que les bronches suite à l’activation des mastocytes par la présence d’un complexe antigène-immunoglobuline. Cette amine contribue largement dans l’obstruction des bronches par stimulation directe des récepteurs histaminiques H1 au niveau des muscles lisses bronchiques (WHITE M.V. et coll., 1996).
Il existe plusieurs médicaments pour bien contrôler les symptômes d’asthme. On considère en général deux grands types de médicaments antiasthmatiques selon leur mode d’action, soit les bronchodilatateurs tels que les agonistes des récepteurs bêta2 adrénergiques qui agissent surtout en dilatant les bronches soit les anti-inflammatoires bronchiques comme les corticostéroïdes (cortisone en inhalation) ou parfois certaines pilules que l’on appelle antileucotriènes (PIERRICK HORDE, 2009) .
Les agonistes des récepteurs bêta2 adrénergiques ou les nouveaux anti-leucotriènes, rapides et efficaces, n’ont pas d’équivalents en phytothérapie. Par contre, les plantes médicinales sont d’une grande utilité pour contrôler l’évolution de la maladie (JEAN-MICHEL HURTEL, 2007).
Ainsi, nombreuses sont les plantes médicinales connues depuis longtemps ayant des propriétés antiasthmatiques. Et récemment, d’autres plantes ayant la même vertu ont aussi été découvertes. Parmi ces plantes, on peut citer : Hypericum japonicum (Anangoaika) utilisée à Madagascar pour traiter l’asthme (HECKEL, 1910), Phymatodes scolopendria (Tsiampangampanga) pour ses activités antispasmodiques (RAMANITRAHASIMBOLA et coll., 2005), Euphorbia stenoclada (Samanta) utilisée en médecine traditionnelle pour traiter l’asthme et les bronchites aiguës (CHAADI M.et coll., 2007) et Combretum molle (Velvet bushwillow), plante ivoirienne ayant des activités antitussive, expectorante et antiasthmatique (YEO D. et coll., 2008).
Extraction et séparation
Extraction
Huit cents gramme de rhizomes ont été râpés. Quatre cents millilitre de jus ont été ainsi obtenus après pressage de ces rhizomes râpés. Ce jus constitue l’extrait brut de RV08.
Fractionnement de l’extrait brut
Afin de déterminer la fraction active de l’extrait brut, il a été soumis à un partage liquide-liquide avec des solvants de polarité croissante : acétate d’éthyle et butanol. Quatre cents millilitre de jus a été mélangé avec 200ml d’acétate d’éthyle. Le mélange a été agité manuellement pendant 2 minutes. Après décantation, la phase acétate d’éthyle, la phase aqueuse et le culot ont été séparés. La phase aqueuse a été reprise avec 200ml de butanol et les mêmes opérations que précédemment ont été effectués. Dans le but d’avoir un rendement élevé, chaque étape de séparation a été répétée deux fois.
La phase acétate d’éthyle et la phase butanolique ont été concentrées par évaporation à sec sous vide à la température de 40°C. Les extraits ainsi obtenus ont été dénommés respectivement RV08-AE et RV08-B. La phase aqueuse restante a été aussi concentrée à son tour par évaporation à sec sous vide. L’extrait obtenu est dénommé RV08-A.
Criblage phytochimique
Le criblage phytochimique a pour objectif de déterminer qualitativement les différentes familles chimiques présentes dans un extrait (FONG et coll, 1977). Les tests sont basés sur l’utilisation de réactifs spécifiques et la présence de chaque famille est caractérisée par l’apparition de complexes insolubles se présentant sous forme de précipité et /ou d’un changement de coloration.
ETUDE PHARMACOLOGIQUE
Animaux d’expérience
Dans toutes les expériences, des cobayes adultes âgés de 5 à 6 mois, mâles ou femelles, de race albinos et tricolore, de poids moyen de 400 g ont été utilisés.
Protocoles expérimentaux
Pour mettre en évidence l’activité antiasthmatique de RV08-A, des tests in vivo utilisant des cobayes anesthésiés et des tests in vitro sur des trachées et iléons isolés de cobaye ont été réalisés.
Test in vivo
A – Préparation de l’extrait à tester
RV08-A a fait l’objet d’un test in vivo. Pour l’administrer, il a été dissout dans un mélange sérum physiologique – éthanol absolu (95 : 5).
B – Administration de l’extrait
RV08-A a été administré par voie intraveineuse au niveau de la veine jugulaire à raison de 0,125ml par 100g du poids corporel de l’animal.
C – Préparation du cobaye pour l’étude in vivo
Le cobaye a été anesthésié avec de la Kétamine, à la concentration de 50mg/ml, dissoute dans du sérum physiologique NaCl 9‰ à raison de 0,14 ml par 100g du poids corporel par voie intrapéritonéale.
Le cobaye a été ensuite placé en décubitus dorsal sur une planche à contention chauffante pour maintenir sa température à 37°C. Une canule trachéale a été mise en place et reliée à une pompe ventilatoire (pompe de STARLING) de façon à assurer la respiration artificielle sous fréquence et débit constants. De cette canule trachéale part une dérivation servant à recueillir l’air envoyé par la pompe. Cette dérivation a été reliée à un transducteur de bronchospasme (APELEX) qui est en relation avec un appareil enregistreur (GEMINI 7070). La veine jugulaire a été canulée pour l’injection des produits par voie intraveineuse. Du Pancuronium®, un curarisant, à la concentration de 2mg/ml a été injecté au niveau de la veine jugulaire à raison de 0,005ml par 100g du poids corporel (BRUGUEROLLE et coll., 1977) pour stabiliser la respiration du cobaye. Le Pancuronium a été également dilué dans du sérum physiologique. L’injection par voie intraveineuse d’un agent spasmogène provoque une bronchoconstriction, de sorte qu’une quantité d’air envoyé par la pompe excède les besoins respiratoires normaux de l’animal, et le chemin de retour étant bloqué ; cet excès d’air prend le chemin de la dérivation et est enregistrée sous la forme d’un allongement de l’inscription graphique. Quand le cobaye expire, le chemin de retour est à nouveau libre, l’air est expulsé et le cycle recommence (PERRY et BOYD, 1941 ; LABARRE et PLISNIER, 1959)
D – Bronchospasme provoqué par l’Histamine
L’Histamine est un médiateur intervenant dans des manifestations allergiques tel que l’asthme (NOLEN TM., 1997). En effet, ce test a pour but de mettre en évidence l’activité de RV08-A sur le bronchospasme induit par l’Histamine exogène (PERRY et BOYD, 1941 ; LA BARRE et PLISNIER, 1959). Le protocole expérimental a été le suivant : après 10 minutes d’adaptation du cobaye dans les conditions expérimentales, 10µg/kg d’Histamine a été injectée par voie intraveineuse à raison de 0,125ml par 100g du poids corporel. Deux injections successives espacées de 15 minutes ont été effectuées de manière à obtenir un bronchospasme graphiquement reproductible. 15 minutes après la deuxième injection d’Histamine, RV08-A aux doses respectives de 2,5mg/kg, 5mg/kg, 7,5mg/kg et 10mg/kg ont été injectées par voie intraveineuse. Une demi-heure plus tard, après l’injection de RV08-A, une réinjection d’Histamine à 10µg/kg a été effectuée.
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Table des matières
INTRODUCTION
MATERIELS ET METHODES
I. ETUDE CHIMIQUE
I.1 Matériel végétal
I.2 Extraction et séparation
I.2.1 Extraction
I.2.2 Fractionnement de l’extrait brut
I.3 Criblage phytochimique
II. ETUDE PHARMACOLOGIQUE
II.1 Animaux d’expérience
II.2 Protocoles expérimentaux
II.2.1 Test in vivo
A- Préparation de l’extrait à tester
B- Administration de l’extrait
C- Préparation du cobaye pour l’étude in vivo
D- Bronchospasme provoqué par l’Histamine
II.2.2 Tests in vitro
A- Tests in vitro sur la trachée isolée de cobaye
a. Prélèvement, préparation et montage de l’organe
b. Effet de RV08-A sur la trachée précontractée par l’Histamine
c. Effet de RV08-A vis-à-vis de l’activité contractile de l’Histamine
d. Effet de RV08-A vis-à-vis de l’activité contractile du KCl
e. Effet de RV08-A vis-à-vis de l’activité contractile du CaCl2
B- Test in vitro sur l’iléon isolé de cobaye
a. Prélèvement, préparation et montage de l’organe
b. Effet de RV08-A vis-à-vis de l’activité contractile de l’Histamine
II.3 Expression des résultats
II.4 Substances utilisées pour les tests
III. TEST DE TOXICITE AIGUË
RESULTATS
I. ETUDE CHIMIQUE
I.1 Rendements des différentes extractions
I.2 Composition chimique de RV08-A
II. ETUDE PHARMACOLOGIQUE
II.1 Activité de RV08-A sur le bronchospasme provoqué par l’Histamine
II.2 Effet relaxant de RV08-A sur la trachée isolée de cobaye précontractée par l’Histamine
II.3 Effet inhibiteur de RV08-A sur la réponse contractile à l’Histamine de la trachée isolée de cobaye
II.4 Effet inhibiteur de RV08-A sur la réponse contractile au KCl de la trachée isolée de cobaye
II.5 Effet inhibiteur de RV08-A sur la réponse contractile au CaCl2 de la trachée isolée de cobaye
II.6 Effet inhibiteur de RV08-A sur la réponse contractile à l’Histamine de l’iléon isolé de cobaye
III. TEST DE TOXICITE AIGUË
DISCUSSION
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
RESUME