L’arrivée des premières précipitations est souvent vécue par les populations habitant les zones inondables de la banlieue dakaroise au niveau des Niayes avec beaucoup d’angoisse et d’inquiétude.
La pluie perçue souvent comme source d’espoir et de bienfaits surtout pour les populations rurales est devenue un cauchemar pour une bonne partie de la population urbaine et plus précisément pour les habitants de la commune d’arrondissement de Médina Gounass qui ont été durement éprouvées par les inondations d’Août 2005. Ces dernières au delà de leur caractère naturel sont amplifiées par la prolifération des habitations spontanées dans la dépression des Niayes pendant les années de sécheresse. Cette situation s’est avérée désastreuse avec le retour à une bonne pluviométrie causant ainsi des inondations qui engendrent des conséquences considérables semant la désolation au sein des populations souvent très pauvres. Les dégâts matériels occasionnés, les risques d’épidémies, les traumatismes psychologiques, les déséquilibres socioculturels importants, la perturbation de l’écosystème sont autant de conséquences qu’il faut mettre au compte de ce phénomène.
CADRE CONCEPTUEL
Les travaux empiriques dans l’analyse des inondations
La littérature théorique a identifié un nombre assez important de bénéfices provenant de la gestion des inondations, mais la littérature empirique a été incapable d’établir un impact significatif des inondations sur l’activité économique. L’une des difficultés réside dans l’impossibilité à évaluer le total des pertes subies après affectation des inondations. Les études empiriques de l’analyse des effets des inondations sur les populations s’inscrivent dans le cadre des modèles d’inondabilité (élaborés par le Centre d’Etude du Machinisme Agricole, du Génie Rural, des Eaux et Forets (CEMAGREF) de Lyon, voir Gilard et Gendreau, 1998), de la cartographie des dangers liés aux crues (OFEG, voir Loat et Petrascheck, 1997). Ces méthodes supposent que les connaissances développées dans ces études dont la plupart ont été tenues dans les pays développés puissent être transférées, au moins partiellement, dans les pays en développement souvent incapables de résoudre un tel problème par faute de multiples raisons dont la négligence en est un exemple.
Les résultats des études empiriques ne sont pas toujours unanimes. Ceci est en partie dû à des problèmes d’ordre méthodologique tels que : la différence des notions de base privilégiées (le risque, la vulnérabilité, l’aléa ou le progrès technique par exemple), la nature du milieu choisi (la zone d’étude est souvent restreinte), la différence des variables explicatives d’un lieu à un autre. Il semble pourtant possible de déterminer certaines conditions dans lesquelles les méthodes employées dans la gestion des inondations peuvent être bénéfiques à tous les pays essuyés par les inondations et qui aménagent des efforts pour son éradication. Une bonne gestion des inondations ainsi que son atténuation peut avoir un impact positif sur le tissu économique des populations. Elle peut s’agir de l’identification des facteurs explicatifs, de la cartographie des zones à risque, de l’étude de la nature des sols, de leur capacité de rétention, du changement climatique, d’une dotation d’un bon plan d’urbanisation, etc. Toutefois avant d’aborder le vif du sujet, il est important de comprendre l’importance de la gestion des risques et plus particulièrement des inondations. Pour cela, il semble nécessaire de faire ressortir les types d’inondation et leurs ampleurs existants. Ainsi, beaucoup de travaux ont montré qu’une gestion efficace des inondations contribue non seulement à réduire le nombre de pauvres, mais aussi à développer l’activité du pays par le fonctionnement continu des secteurs d’activité.
Une inondation peut-être définie comme une “ irruption d’eau sur un terrain normalement sec” (Graz, 1999). Selon l’OMM (1992), elle peut être conçue comme une “ submersion par l’eau débordant du lit normal d’un cours d’eau”, ou, comme une “ accumulation d’eau provenant de drainages sur des zones qui ne sont pas normalement submergées”. Ces définitions ne stipulent pas qu’une inondation provoque systématiquement des dommages. Il s’agit plutôt d’une situation temporaire qui, par ailleurs, peut être bénéfique lorsqu’elle contribue à l’apport fertilisant du sol par exemple. Les processus des inondations sont multiples et peuvent être classifiées d’une manière générale. Les inondations peuvent subvenir de multiples façons. Leurs manifestations se diversifient selon le contexte d’un pays. Une classification au niveau mondial peut monter les différents types d’inondations et les causes de ces inondations dans les sociétés. Ainsi, nous distinguons : Les inondations fluviales qui sont les plus dommageables. Elles surviennent suite à de longues périodes de pluies ou de la combinaison des pluies avec la fonte des neiges et glaces.
Les crues brutales qui surviennent à la suite de violentes précipitations sur un périmètre limité. Elles sont soudaines, de courte durée et ont un débit de pointe relativement élevé. Elles peuvent être extrêmement dévastatrices. Les remontées de nappes qui surviennent suite à la saturation du sol en eau et, par conséquent, lorsqu’il n’est plus en mesure d’absorber de nouvelles quantités d’eau, soit par un apport direct (pluies), soit par un apport indirect (écoulement souterrain, ruissellement à partir des versants). Les lacs, qui lorsque leur exutoire a une capacité d’évacuation limitée et, l’augmentation du niveau d’eau peut provoquer une inondation. Les inondations hivernales, causées par des dépressions d’Ouest associées à un front chaud, qui apportent des précipitations pouvant être longues, continues et intenses. Le sol se sature et de grands volumes d’eau ruissellent (Penning- Rowsell et Peerbolte, 1994).
CADRE METHODOLOGIQUE
La recherche documentaire
La recherche documentaire a été transversale et nous a conduit à fréquenter certains centre de documentation comme la Bibliothèque Universitaire (BU), Institut des Sciences de l’Environnement (ISE), Institut des Sciences de la Terre (IST), Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN), Direction de la Prévision et de la Statistique (DPS), Centre de Suivi Ecologique (CSE), UNESCO et l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD). Nous avons aussi recueilli une bibliographie au prés de la mairie d’arrondissement de Médina Gounass, de la préfecture de Guédiawaye, aux Ministères de l’urbanisme et de l’environnement. L’Internet nous aussi a beaucoup aidé dans nos investigations. Nous avons aussi consulté les coupures de journaux de quotidien de la place comme Walfadjiri, Le Soleil, Quotidien Cette documentation nous a permis d’avoir des informations capitales sur notre zone d’étude et de mieux ficeler notre méthodologie. Ce qui nous a permis aussi de faire une revue critique de la bibliographie sur les inondations de Dakar Déjà en 1994, le Gouvernement Sénégalais en collaboration avec l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (JICA) a fait réaliser une étude sur l’assainissement de Dakar et ses environs. Le rapport de soutien qui en a découlé traite des problèmes de l’assainissement des eaux usées mais également de l’assainissement des eaux pluviales. A ce propos, le rapport insiste particulièrement sur les conditions d’inondation lors de la plus importante inondation enregistrée en Août 1989 avec 113.7 mm de précipitation. La force de la tempête était telle qu’il n’en survient que tous les 10 ans.
L’étude a identifié trois (3) zones d’inondation dans la zone de Pikine en plus des 45 zones d’inondation décelées par le Plan de stratégie (JICA, 1994). Un plan directeur de drainage urbain a été émis et des ouvrages ont été proposés. L ’ an 2010 a été choisi comme année objectif de ce plan d’amélioration. Ce document d’une grande importance constitue un des rares ouvrages où on traite des inondations. Cependant, l’influence de la géologie et particulièrement de la nature des sols dans les inondations n’a pas été évaluée. Il en est de même de l’état des canalisations. DIOP.A (2001) a réalisé une étude sur l’influence de la géologie et de l’aménagement urbain au niveau des inondations de Dakar. Le volet géologie a été bien développé. Il met l’accent sur la topographie de Dakar d’une manière générale mais aussi sur la nature des roches volcaniques présentes au niveau de la Presqu ’ île dakaroise. L’étude de l’évolution de ces dernières leur a permis de déterminer l’influence des sols dans le phénomène des inondations notamment dans la zone de la Médina et ses environs. Cette étude bien qu ’ ayant apporté d ’ importantsrésultats comporte des insuffisances en ce que la zone d ’ étude est restreinte à l ’ axe Mamelles-Cap Manuel. Un des premiers constats à faire est que les études en matière d’inondation au niveau de Dakar sont encore faibles mais ceci peut être imputable au fait que la problématique des inondations à Dakar semble être en phénomène nouveau. Certes des travaux comme celui de A .DIOP (2002)ont traité des aspects géologiques et d’aménagement liés aux inondations à Dakar ,A.SANE (2003) de la problématique de l’environnement urbain dans les quartiers d’occupation spontanée en prenant le cas du quartier de Yeumbeul Nord, de même A.DIOP (2006) a fait analyse de l’occupation des sols au niveau des niayes ainsi ses conséquences sur cette écosystème, mais ils n’ont pas beaucoup insisté sur les aspects sociaux des inondations. C’est ainsi que nous nous sommes proposé de partir de leurs études pour analyser les aspects sociaux des inondations.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL ET METHODOLOGIQUE
Chapitre II : Cadre méthodologique
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION DE LA COMMUNE D’ARRONDISSEMENT DE MEDINA GOUNASS
Chapitre I : Cadre physique et humain
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DE LA VULNERABILITE AUX INONDATIONS
Chapitre IV : Causes des inondations
Chapitre V : Dommages liés aux inondations
Chapitre VI : Actions et politiques mises en œuvre pour lutter contre les inondations
Chapitre VIII : Des limites des politiques de l’Etat pour combattre les inondations
Chapitre IX- propositions
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE