ETUDE DE LA VEGETATION LIGNEUSE

Végétation

La végétation regroupe l’ensemble des plantes qui poussent dans un lieu donné, soit à la surface du sol soit dans le milieu aquatique (Aubreville, 1947). Elle est répartie en végétation naturelle composée de plantes sauvages dites spontanées et en végétation cultivée. L’arbre améliore sur le plan édaphique la fertilité du sol (Guissé, 1989), tout au moins dans les horizons de surface (Bernhard-Reversat, 1982; Abdallah etal., 2008). En milieu sahélien, l’arbre favorise les conditions édaphoclimatiques de développement de la strate herbacée (Ndiaye et al., 2014), et améliore le statut organique des sols et les facteurs de production végétale (Belsky et al.,1993; Diallo et al., 2008). Cette amélioration du statut organique est liée en grande partie aux retombées de litière qui sont variables en quantité et en qualité selon les espèces ligneuses (Guissé, 1989; Soumaré, 1996; Diallo et al., 2008). De nombreuses études ont mentionné l’influence positive des arbres sur la fertilité des sols (Guissé, 1989; KessIer, 1992; Belsky et al.,1989; Campbell et al.,1994; Charreau et Vidal, 1966; Joffre etal., 1987; Weltzin et Coughenour, 1990).

Etat des connaissances sur les relations climat-sol-végétation

La biodiversité ou diversité biologique reste au centre de l’intérêt des scientifiques depuis une vingtaine d’années (Wilson, 1988; Lubchenco etal., 1991; Johansson etal., 2004; Gosling etal., 2006) et de la communauté internationale. Cette biodiversité est devenue une préoccupation commune à l’humanité et sa conservation, un enjeu planétaire (Gosling etal., 2006; Noumi, 2010).
C’est lors du sommet de la terre à Rio de Janeiro en 1992, que la prise de conscience de la fragilité de l’écosystème de la planète terre s’est particulièrement renforcée avec l’accentuation des effets des changements climatiques, observables surtout dès la moitié des années 1990 (FAO, 2005). C’est lors de cette conférence qu’a été dressé le premier constat concernant l’érosion de la biodiversité et ses conséquences potentielles sur la planète (FAO, 2005).
La biodiversité a une importance capitale dans les écosystèmes, en particulier dans ceux du Sahel où 79% des 111 espèces ligneuses répertoriées ont subi des changements par rapport au passé(Thierno, 2013). Ces espèces ont diminué ou disparu. Elle permet aussi d’avoir accès aux ressources naturelles surtout ligneuses (bois de chauffage et divers produits dérivés des plantes) et demaintenirl’équilibre et la durabilité des écosystèmes (Thierno, 2013). Cette fragilité des écosystèmes de laplanète terre est beaucoup plus marquée dans le Sahara.

Le Sahara

Situé dans la partie Nord du continent africain, le Sahara est le plus grand désert du monde, avec une superficie de 9 065 000 km 2(GMV, 2012). Il s’étend de l’Océan Atlantique à l’Ouest à la Mer Rouge à l’Est, sur une longueur de 4 830 Km pour 1 930 Km de largeur et entre la vallée du fleuve Niger et le Soudan au Sud et les montagnes de l’Atlas et la Mer méditerranéenne au Nord. Lesahara couvre plusieurs pays : la presque totalité de la Mauritanie, de l’Algérie, du Niger, de la Libye et de l’Egypte, le Sud du Maroc et de la Tunisie, le Nord du Mali, du Sénégal, du Tchad et du Soudan.
Le Sahara est caractérisé par des conditions climatiques sévères avec 100 à 200 mm de pluiviosité (GMV, 2012), une humidité relative très faible atteignant rarement 30%, des températures élevées peuvent dépasser 50°C avec des vents forts, chauds et secs. Il divise le continent en deux zones (Nord et Sud du Sahara), qui sont distinctes du point de vue agro-climatique. Sa frontière Sud-Est est séparée par une bande de savanes semi-aride appelée Sahel.
Le Sahel qui signifie rivage ou bordure, est la zone à cheval entre la partie aride et semi- aride du Sahara au Nord et les régions tropicales plus humides au Sud (Le Houerou, 1989). Il forme une ceinture, s’étendant de l’Océan Atlantique à l’Ouest à la mer Rouge à l’Est sur une longueur del’ordre de 5 000 km appelé sahélo-saharienne. Cette zone est caractérisée par la prédominance desols sableux sur lesquels se développe une steppe arbustive plus ou moins lâche (Le Houerou, 1989).
Le Sahel à fait l’objet de nombreuses études parmi lesquelles l’inventaire sur la flore, la caractérisation des sols et de la végétation, etc. (Poupon, 1976, 1980; Barry et al., 1983; Picon, 1983; Hammda, 2007; Diallo et al., 2011; Ngaryo, 2012; Diallo et al.,2013; Minda et al.,2013; Ndiaye et al., 2014), etc.
Dans cette zone, les écosystèmes constituent un patrimoine exceptionnel, non seulement par leur richesse, mais aussi par leur importance fondamentale dans les activités humaines les plus essentielles, dont l’alimentation, la santé et l’économie.
Depuis quelques années, le sahel est confronté à un déficit pluviométrique persistant (Toupet, 1989; Miehe, 2007; Gonzales et al., 2012), combiné à des actions anthropiques (Grouzis et Albergel, 1991; Lykke et al., 2004) telles que la déforestation, le surpâturage qui réduit le couvert végétal (Matson etal., 1997), ce qui n’est pas trop grave tant que les espèces restent denses (Noumi, 2010) et conservent un bon potentiel de régénération. A cela s’ajoute la survenue de catastrophes naturelles, notamment les sécheresses, les inondations et les glissements de terrain (Floret et Pontanier, 1991, 2000, 2001; Maass, 1995; MEPN, 1996; Cramer etal., 2007) affectant les grandes stabilités écologiques.
L’évolution récente des connaissances scientifiques montre qu’en afrique les différents types de végétation n’ont pas été stables dans le passé. Leur distribution, leur étendue et leur composition se sont souvent modifiées avec les cycles climatiques (Noumi, 2010).
L’aridification du climat a favorisé l’avancée du désert et la dégradation des terres.
En général, la dégradation de sols débute par une altération de la végétation, suivie d’une modification de la composition floristique qui conduisent à la raréfaction, voire la disparition des espèces les plus utilisées ou les plus appétées (Eyog et al., 2001). Parallèlement à ce processus, le couvert s’éclaircit, la production de biomasse diminue et les capacités de reproduction et de régénération de la végétation se réduisent de plus en plus (Le Houérou, 1968; Abiven, 2004 ).Cette dégradation touche à la fois les pays développés où l’agriculture est mécanisée, mais aussi des pays sous développés et ceux en voie de développement où l’agriculture constitue l’activité principale de la majorité de la population (FAO, 2000) (figure 1).

La Grande Muraille Verte

La Grande Muraille Verte est une ceinture de végétation constituée de plusieurs espèces, reliant Dakar-Djibouti sur une longueur d’environ 7 000 km et large de 15 km (Thierno, 2013). Cette ceinture traverse les bassins versants des fleuves Sénégal, Niger, Volta, Logone, Chari et le Nil, entre les parallèles 15° et 10° Nord. Elle se situe à peu près à mi-distance entre l’équateur et le tropique du Cancer et s’étend sur des versants arides ou semi-arides du Sahel (GMV, 2012). Les paramètres écologiques déterminants dans la zone du tracé restent la pluviométrie et la variabilité climatique. La zone de transition entre les formations steppiques et les zones de savanes soudanosahéliennes a été retenue (Dia, 2012). La prise en compte de la limite minimale de pluviométrie de 100 mm est fondamentale dans la délimitation du tracé. Cette bande comprise entre les isohyètes 200 et 400 mm de précipitations moyennes, retenue pour le tracé de la Grande Muraille Verte, correspond à un espace fortement dominé par les activités pastorales, transhumantes et d’agriculturepluviale. Le Tracé global de la Grande Muraille Verte passe par la zone de transition entre les formations steppiques et les zones de savanes soudano-sahéliennes (figure 2).

Contexte et mise en place de la Grande Muraille Verte

Suite à la réflexion engagée sur l’importante dégradation et le risque de la désertification dans ces milieux arides et semi arides, le besoin de leur restauration réapparaît comme une préoccupation mondiale (Young, 1989).
En effet, avec la croissance démographique du début des années 1990, les besoins alimentaires ont augmenté en Afrique sahélienne, alors que les longues périodes de jachère qui régénèrent la fertilité des sols ont diminué (Floret et Pontanier, 1993). Malheureusement, ces changements se sont déroulés au prix d’une dégradation des conditions environnementales (Thierno, 2013). Les sols sont majoritairement pauvres et peu structurés. Cette dégradation des sols constitue la plus grande menace à long terme pour la survie des hommes et demeure l’un des plus grands défis pour la population croissante de cette zone.
Dans certains pays membres de la Grande Muraille Verte comme l’Erythrée, on constate un accroissement des problèmes d’érosion, malgré une forte politique de conservation des sols (Nyssen et al., 2000; Nyssen et al., 2004). Le même constat a été observé au Niger (photos 1 et 2) et en Ethiopie (photos 3 et 4) où la dégradation des sols par érosion hydrique était la plus accentuée (Albergel et Valentin, 1988). Cette dégradation des terres accentue l’effet de la sécheresse et de la faible fertilité des sols sur la production agricole (Ker, 1995). Elle favorise l’insécurité alimentaire et accroît la vulnérabilité des populations et des ressources de base (Kidane etal., 2006; Lahmar et al., 2011; Dia, 2012). Une perte annuelle de 1,8 million d’hectares de couvert végétal et de superficies de terres arables a été notée (FAO, 2009). La dégradation des sols et du couvert végétal a accéléré les processus de lessivage et altéré la structure des caractéristiques physico-chimiques et biologiques des sols. Cette situation à laquelle sont confrontées les zones arides a provoqué l’insécurité alimentaire et a occasionné la destruction du tissu social et économique dans la plupart des terroirs du Sahel. Plus de 60% des foyers de pauvreté exposés à l’insécurité alimentaire, sont situés dans les zones rurales des pays subsahariens (GMV, 2012). Dans la majorité des sols deszones arides et semi-arides, la fertilité dépend de la teneur en matière organique du sol (Diallo etal.,2008).

Choix et caractéristiques des sites d’étude

Un site d’étude correspond au secteur écologique dont les variables sont les unités ou groupements végétaux, les types de sol, la géomorphologie, la topographie et le climat.
Les sites d’études sont choisis sur le tracé de la grande muraille verte, il s’agit du Lac, du Kanem et du Bahr El ghazal sur une longueur de 455 km et une largeur de 15 km (≈ 7000 km 2 ). Les sites écologiques ont été choisis de manière à assurer une étude approfondie de différents types de sols et de végétations (figures 6 et 7). Leur choix est motivé par les différentes unités pédologiques qui y sont rencontrées. En effet, le Lac, situé à l’Ouest de la zone d’étude, est caractérisé par des sols sableux et par Acacia raddiana etBalanites aegyptiaca (Pias, 1970)comme espèces dominantes. Le Kanem, situé au centre, est marqué par des sols argileux, à concrétion calcaire et par l’abondance de
Acacia raddianaet de Hyphaene thebaica (Minda et al., 2012). Enfin, le Bahr El Ghazal, situé à l’est de la zone d’étude, est marqué par des sols argilo-sableux (SNPA/GMV, 2012) et par la présence de Balanites aegyptiacacomme espèce dominante.
Le site peut contenir plusieurs placettes pour l’exécution des profils pédologiques et de relèves de végétation.

Conductivité éclectique (CE)

La détermination de la conductivité éclectique exprimée en micro siemens par cm (μS/cm) donne une appréciation de la salinité d’un sol (Sow, 1999).
Elle est obtenue par mesure de la quantité de sels solubles existant dans une suspension avec ratio sol/eau bien défini. Dans le cas des sols étudiés, le ratio est 1/5 (20 grammes de terres dans 100 millilitres d’eau distillée). Après agitation pendant 1 heure, la valeur de la conductivité électrique s’obtient par lecture directe au niveau du conductimètre (Tableau V).

Le rapport carbone organique sur azote total (C/N)

C et N, carbone organique C (%) et azote total N (%) présents dans le sol jouent un rôle agronomique important, car ils constituent des éléments essentiels pour la nutrition des plantes.
Leur détermination sert à caractériser les taux de matières organiques et la fertilité chimique des sols en calculant le rapport C/N. Ce rapport renseigne sur la vitesse et l’importance de la minéralisation d’un sol, et donc sur la richesse en azote d’un humus (Duchaufour, 1984).

Phosphore assimilable (P)

Le phosphore assimilable (P) c’est la quantité de phosphore directement utilisable par les plantes (Ndiaye, 2013). Ce phosphore assimilable a été dosé par la méthode de Murphey et Riley (1962) (développement d’un complexe jaune de phosphomolybdate réduit ensuite par l’acide ascorbique). Le principe général de la méthode est basé sur une extraction par une solution composée de fluorure d’ammonium 1 N et d’acide chlorhydrique 0.5 N. En présence d’acide ascorbique et du réactif sulfomolybdique, la solution est dosée au spectrocolorimètre.

Traitement des données

Les données obtenues, ont été traitées avec le logiciel XL STAT 2014 (Version 16.2). Une Analyse en Composantes Principales (ACP) de la matrice des dix profils pédologiques décrits, et des dix paramètres physico-chimiques analysés a été réalisée afin de mettre en évidence les ressemblances entre les sols des différents profils décrits (Dervin, 1990; Cibois, 2006).
Pour l’ACP, le nom de chaque profil et celui des paramètres physico-chimiques ont été codé.
Les informations données correspondant à des groupes des profils sont généralement désignées par le nom d’un paramètre physico-chimique distinct. L’analyse nous a permis de trouver un rapport entre les groupes des profils accordés.

Résultats

Typologie des profils pédologiques

Les profils de sol présentent des caractéristiques différentes d’un site à l’autre.

Profils du Lac

La figure 10 représente les profils réalisés dans le Lac.
Le profil A a pour coordonnées géographiques 14°41’647’’ Nord et 3°47’034’’ Est. Ce profil a été réalisé sur une dune de sable relativement plate, nous avons noté la présence des espèces comme Acacia raddianaet Balanites aegyptiaca, ce profil comprend un seul horizon (H1). Il est caractérisé par des sols sableux à structure particulaire. Ce profil est caractérisé par la présence permanente de radicelles.
Le 2 e profil (B) a pour coordonnées géographiques 14°16’351’’ Nord et 13°58’184¨ Est. Ce profil a été réalisé dans une dépression où la végétation est à dominante Acacia raddiana, il a 6 horizons. Les horizons 3, 5 et 6 (H3, H5 et H6) ont une texture sableuse, l’horizon superficiel (H1) et l’horizon 4 (H4) présentent une texture sablo-argileuse. Dans ce profil, 3 types de structures sont rencontrés: la structure fragmentaire au niveau des horizons 1 et 2 (H1et H2), massive dans les horizons 3, 5 et 6 (H3, H5 et H6) et la structure massive àfragmentaire au niveau de l’horizon 4 (H4). Ce profil a été décrit à l’état sec.

Profils du Kanem

Les profils présentés par la figure 11 ont été réalisés dans le Kanem.
Le profil A a été décritt sur un plateau, il a pour coordonnées géographiques 14°20’944’’ Nord et 14°17’229’’ Est. L’environnement de ce profil est caractérisé par une forte densité de Capparis decidua etAcacia raddiana.Ce profil compte 2 horizons de texture sableuse et de structure particulaire. La présence de radicelles a été notée uniquement dans la partie superficielle (H1) du profil.
Le 2 e profil (B) a été décrit dans une dépression où nous avons la présence de Leptadenia pyrotechnica et deFaidherbia albida, il a pour coordonnées géographiques 14°22’474’’ Nord et 15°34’200’’ Est. Ce profil a 4 horizons, les horizons 2 et 3 (H2 et H3) sont de texture argileuse, l’horizon humifère (H1) et l’horizon 4 (H4) sont de texture sablo argileuse. Par ailleurs, deux types de structures sont rencontrés: la structure massive à fragmentaire dans les horizons 1 et 4 (H1 et H4) et la structure fragmentaire débité en blocs au niveau des horizons 2 et 3 (H2 et H3), on observe la présence de radicelles au niveau de l’horizon humifère (H1).
Ce profil a été rencontré à l’état sec dans les deux premiers horizons et humide dans les deux derniers horizons.

Capacité d’échange cationique (CEC)

La figure 15 montre la variation de la capacité d’échange cationique des sols des trois sites de la zone d’étude.
Cette capacité d‘échange cationique est basse au Kanem où elle varie entre 1,05 à 13,50 meq/100 et au Lac où elle varie entre 0,58 à 19,51 meq/100. Elle est moyenne au Bahr El Ghazal où elle varie entre 6,99 à 21,39 meq/100.
Le rapport potassium/magnésium (K/Mg) montre qu’il y a un excès de magnésium au Kanem, comparé au Bahr El Ghazal où un excès de potassium a été noté. Au Lac, il y a un équilibre entrele potassium et le magnésium des sols.

Discussion

Les sols que nous avons étudiés comme ceux cartographiés par Pias et Barbery (1964) et Pias (1970), sont marqués par la dominance de la fraction sableuse.
Les résultats montrent deux classes de sols dans la zone d’étude, il s’agit des sols sableux à structure particulaire autour du Lac et au Kanem caractéristiques des sols hydromorphes sur alluvions récentes salés à alcalis et des sols argilo-sableux à structure prismatique dans le Bahr El Ghazal. Ces sols argilo-sableux correspondraient aux vertisols localisés dans les dépressions et bordures de dépressions décrites par Audry et Poisot (1969) au Nord de N’djamena.
La structure particulaire de ces sols témoigne de leur forte perméabilité (Duchaufour, 1984).
Les taux importants en sables seraient liés aux processus d’alluvionnement de ces sites (Duchaufour, 1997).
La sévéreté des conditions climatiques dans la zone serait à l’origine de la forte érosion éolienne responsable de la mise en place d’une texture sableuse dans ce milieu désertique.
C’est ce qui explique la présence d’horizons superficielle sableux à structure particulaire.
En ce qui concerne le pH, de manière générale, le caractère physico-chimique du milieu est marqué par une forte alcalinité des sols dans les trois sites. Les sols sont saturés en bases échangeables notamment en Ca 2+ . Des résultats similaires ont été trouvés par Boyer (1976) et Ndiaye (2013) dans la zone sahélienne. Ce phénomène est plus perceptible dans les dépressions. Cette alcalinité du sol est une contrainte majeure pour la croissance et le développement des plantes (Feller, 1995).
Concernant la salinité, les sols autour du Lac et surtout dans le Kanem sont extrêmement salés à très salés comme le montrent les valeurs de la conductivité électrique. Cependant, cette salinité requiert un choix minutieux des espèces végétales adaptées pour la revégétalisation de la zone. Dans le site du Bahr El Ghazal, les sols présentent une conductivité électrique très faible. Ces faibles valeurs de conductivité électrique seraient liées à une dilution de la solution du sol dans ce milieu argileux où l’eau séjourne assez longtemps.
Les sols ont des teneurs moyennes en azote. La minéralisation de la matière organique y est assez lente comme en témoignent les rapports C/N indicateurs de l’intensité de l’activité biologique dans le sol (Duchaufour, 1977; Pieri, 1989 et Ndiaye, 2013).
Nos résultats montrent que les teneurs des sols en matière organique autour du Lac sont relativement importantes dans les dépressions. Cela pourrait s’expliquer par le caractère asphyxiant dans ce milieu, d’où la faible minéralisation de la matière organique et l’accumulation relative de cette dernière.
Quant au site du Kanem, la minéralisation rapide de la matière organique expliquerait les teneurs importantes en azote des sols dans les dépressions (Heller etal.,1998), les sols étant sableux et le milieu relativement bien aéré.
Enfin au Bahr El Ghazal, la pauvreté des sols en azote au niveau des dépressions serait non seulement liée à la minéralisation trop lente de la matière organique dans ce milieu argileux, mais aussi au faible taux de cette dernière dans le site (Soltner, 1999). Cet état de pauvreté du sol en matière organique pourrait s’expliquer par la disparition progressive de la végétation (Thiaw, 2009).
Les valeurs relativement élevées du taux de matière organique dans les horizons de surface du sol se justifient naturellement par le fait que c’est à ce niveau que se trouve concentrée la biomasse racinaire des plantes (Fruit etal., 1999).
En ce qui concerne le potassium assimilable, dans le Bahr El Ghazal, la richesse des sols en potassium pourrait être remise en cause par un excès relatif de magnésium observé par endroit. En effet, le rapport Potassium sur Magnésium par endroit dépasse la norme de Boyer (1976). En plus de l’alcalinité des sols, la contrainte majeure au Bahr El Ghazal pour la production végétale est la saturation en bases du complexe adsorbant notamment en Ca 2+.
Contrairement aux résultats obtenus par Pias et Barbery (1964), des teneurs élevées en phosphore assimilable ont été notées sur les sols du Lac dans les dépressions. Par contre sur les dunes, la teneur en phosphore assimilable est faible. Au Bahr El Ghazal, les teneurs élevées en phosphore assimilable des sols en profondeur s’expliqueraient par un lessivage vertical important de ces sols par les eaux d’infiltration, ce qui entraîne le déplacement d’élément phosphorique le long du profil pédologique.
La capacité d’échange cationique est faible dans les sols du Lac et du Kanem. Cela serait dû à leur texture sableuse qui ne permet pas un stockage de la matière organique (Pieri, 1989). En d’autres termes, la pauvreté des sols en colloïdes minéraux (argiles) ne favorise pas la mise en place d’un complexe argilo-humique très actif (Niang, 2012). Au Kanem, la faible capacité d’échange cationique des sols s’expliquerait aussi par une pauvreté en colloïdes minéraux (Mareaux, 2010). Au Bahr El Ghazal, la capacité d’échange cationique moyenne des sols, s’expliquerait par le taux important en argiles.
De manière générale, la capacité d’échange cationique est contrôlée surtout par la nature et les taux d’argile (Baize et Jabiol, 1995). Dans les sols des trois sites, les capacités d’échange cationique les plus élevées sont associées aux horizons les plus riches en matière organique et en argiles. La matière organique et l’argile constituent la fraction la plus active du complexe adsorbant du sol. Cette fraction confère au sol une forte capacité de fixation des cations (Ndiaye, 2013).
En ce qui concerne le rapport K/Ca, Mg/Ca et K/Mg, dans les sols du Kanem, ces rapports sont bien équilibrés. Ce qui laisse présager une bonne nutrition minérale des plantes en ces éléments nutritifs habituellement antagonistes quant à leur absorption par les plantes (Diallo et al.,2008). En effet, l’excès d’un de ces éléments dans le sol peut inhiber l’absorption desautres par les plantes.
L’Analyse en Composantes Principales a permis de différencier trois groupes (G1, G2 et G3) de sols dans la zone d’étude en fonction de leurs caractéristiques physico-chimiques.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Problématique et justification 
Objectifs et hypothèses 
CHAPITRE 1 : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
1. 1. Définition et Généralités
1.1.1. Climat
1.1.2. Sol
1.1.3. Végétation
1.1.4. Etat des connaissances sur les relations climat-sol-végétation
1.1.4.1. Le Sahara
1.1.4.2. Quelques études réalisées dans la zone sahélienne
1.1.5. La Grande Muraille Verte
1.1.5.1. Contexte et mise en place de la Grande Muraille Verte
1.1.5.2. Taux de régression des forêts des pays traversés par le tracé de la Grande Muraille Verte et liste indicative des espèces végétales adaptées aux zones écologiques arides
1.2. Situation géographique et administrative du Tchad
1.2.1. Climat et Sols
1.2.2. Hydrologie
1.2.2.1. Les eaux de surface
1.2.2.2. Les eaux souterraines
1.2.3. Végétation et la faune
1.2.4. Activité socio-économique
1.2.4.1. L’agriculture
1.2.4.2. L’élevage
1.2.4.3. La pêche
1.3. Présentation de la zone d’étude
1.3.1. Choix et caractéristiques des sites d’étude
1.3.2. Caractéristiques climatiques
1.3.3. Caractéristiques géologiques, morpho-pédologiques et hydrologique
1.3.4. Végétation
1.3.5. Caractéristiques socio-économiques
CHAPITRE 2 : ETUDE DES SOLS 
2.1. Résumé
2.2. Introduction
2.3. Matériel et méthodes
2.3.1. Collecte de données
2.3.1.1. Réalisation des profils pédologiques
2.3.1.2. Appréciation des paramètres physiques du sol
2.3.2. Analyses au laboratoire
2.3.2.1. Granulométrie
2.3.2.2. Mesure du pH dans les sols
2.3.2.3. Conductivité éclectique (CE)
2.3.2.4. Capacité d’échange cationique (CEC)
2.3.2.5. Carbone organique (C) et la matière organique
2.3.2.6. Azote total (N) et rapport C/N
2.3.2.7. Phosphore assimilable (P)
2.3.3. Traitement des données
2.4. Résultats
2.4.1. Typologie des profils pédologiques
2.4.1.1. Profils du Lac
2.4.1.2. Profils du Kanem
2.4.1.3. Profils du Bahr El Ghazal
2.4.2. Caractéristiques physico-chimiques des sols
2.4.2.1. Granulométrie
2.4.2.2. Potentiel Hydrogène (pH)
2.4.2.3. Conductivité éclectique (CE 25°C)
2.4.2.4. Capacité d’échange cationique (CEC)
2.4.2.5. Carbone organique (C) et matière organique (MO)
2.4.2.6. Azote total (N) et rapport C/N
2.4.2.7. Phosphore assimilable (P)
2.4.2.8. Variabilité spatiale des sols de la zone d’étude
2.5. Discussion
2.6. Conclusion partielle
CHAPITRE 3 : ETUDE DE LA VEGETATION LIGNEUSE
3.1. Résumé
3.2. Introduction
3.3. Matériel et méthodes
3.3.1. Relevé de la végétation
3.3.2. Traitement de données
3.3.2.1. Composition et diversité floristique
3.3.2.2. Structure de la végétation ligneuse
3.3.2.2.1. La densité
3.3.2.2.2. La surface terrière
3.3.2.2.3. Le recouvrement
3.3.2.2.4. La distribution selon la hauteur et la grosseur
3.3.2.2.5. La régénération naturelle du peuplement ligneux
3.3.2.2.6. Anthropisation du peuplement ligneux
3.3.2.3. Variation spatiale du peuplement ligneux
3.4. Résultats
3.4.1. Composition et diversité floristique
3.4.1.1. Répartition de la flore en fonction des sites
3.4.2. Caractéristiques structurales du peuplement ligneux
3.4.2.1. Densité réelle et théorique
3.4.2.2. Recouvrement
3.4.2.3. Surface terrière
3.4.2.4. Distribution des individus selon la hauteur
3.4.2.5. Distribution des individus selon la circonférence
3.4.2.6. Relation de croissance entre hauteur et circonférence
3.4.2.7. Régénération naturelle du peuplement ligneux
3.4.2.8. Anthropisation du peuplement ligneux
3.4.2.9. Caractéristiques des groupements
3.5. Discussion
3.6. Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES 
CONCLUSION GENERALE
Sur le plan édaphique
Sur le plan floristique et dendrométrique
PERSPECTIVES 
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
Annexe 1. Fiche de description d’un profil pédologique sur le terrain
Annexe 2. Profil C du Lac
Annexe 3. Profil C du Kanem
Annexe 4. Profil D du Kanem
Annexe 5. Profil C du Bahr El Ghazal
Annexe 6. Fiche de relevé de la végétation sur le terrain

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