Les pays sahéliens sont confrontés à une dégradation accélérée de leurs écosystèmes. Ce phénomène est souvent mis en rapport avec les changements climatiques tels que le réchauffement de la planète et la désertification. Cette péjoration climatique est aggravée par une activité anthropique à travers des pratiques agricoles inappropriées, des déforestations abusives, des surcharges pastorales, des feux de brousses… Cette dégradation progressive du couvert végétal et de son substrat est accentuée par l’expansion démographique et l’urbanisation.
Le Sénégal, à l’instar des autres pays sahéliens a connu une série de sécheresses persistantes qui a eu comme conséquence la destruction du couvert végétal avec ses effets néfastes sur la protection des sols, la détérioration des systèmes traditionnels de production, et enfin l’appauvrissement des populations rurales. Cette situation est fortement ressentie dans le nord-ouest du pays largement représenté par la région des ”Niayes”. Cette zone a fait l’objet de nombreux travaux dont ceux de Trochain (1940) et Raynal (1963). Du point de vue floristique, physionomique et écologique, la région des ”Niayes” est constituée de boqueteaux de palmiers à huiles qui entourent les étangs littoraux, plus ou moins colmatés (Trochain, 1940). Certains botanistes (Trochain, 1940 ; Adam, 1958 ; Raynal, 1963 et Naegle, 1971) ont noté que la végétation et les sols hydromorphes riches en humus qui l’accompagnent sont en étroite relation avec les réserves d’eaux superficielles. Ces circonstances ont conduit à mettre l’accent sur la fragilité de ces îlots (Trochain, 1969) et à supposer qu’ils étaient les restes d’un état ancien du tapis végétal (Adam, 1953 in Medius, 1979). Ce milieu constitue un contraste dans les paysages soudano – sahéliens par sa luxuriance (Adam, 1958). De nos jours, il est le siège d’intenses activités maraîchères et pastorales entraînant une surexploitation des terres avec comme conséquence une forte dégradation des sols. Ces effets, combinés à la salinisation et l’acidification des sols, ont provoqué la disparition de nombreuses espèces végétales.
Description de la zone d’étude
Contexte géographique
La région des ”Niayes” se situe administrativement dans les quatre régions bordant la frange maritime du nord du pays : Dakar, Thiès, Louga et Saint-Louis . Elle s’étire sur une longueur de 180 Km, et sa largeur varie de 5 à 30 Km à l’intérieur des terres, et est généralement limitée dans sa partie intérieure par la route nationale Dakar Saint-Louis (Fall et al., 2000). Elle constitue un milieu assez original caractérisé par des dunes et des dépressions souvent inondées par l’affleurement de la nappe phréatique et par un climat influencé par la proximité de la mer. Cette particularité a donné à la région sa vocation agronomique ce qui est à la base d’une forte migration de travailleurs saisonniers.
Les facteurs climatiques
Situées dans la moitié sud de la zone sahélienne, les ”Niayes” sont caractérisées par un climat de type sahélien défini par Aubreville (1949) comme étant marqué par l’alternance de deux saisons annuelles : une saison humide concentrée sur trois mois (juillet, août et septembre) et une saison sèche qui s’étale sur les autres neuf mois.
Les précipitations
Origine des pluies
Les précipitations sont dictées par la présence de la mousson en provenance du sud issue de l’anticyclone de Sainte-Hélène durant l’hivernage. Elles sont peu abondantes et dépassent rarement 500 mm par an dans la région de Dakar et 350 mm par an dans la partie nord des Niayes (Fall et al., 2000). Des précipitations qualifiées d’occultes et appelées ”heug”, ou pluies des mangues, surviennent souvent en saison sèche, notamment durant la période froide (décembre, janvier et février). Ces précipitations issues d’intrusion de masses d’air polaire, irrégulières et peu abondantes, sont cependant d’une grande importance pour la pratique des cultures de contre-saison dans ce milieu (Pereira Barreto, 1962). La remontée prolongée du FIT entraîne des précipitations excédentaires tandis qu’une translation en latitude prive le Sénégal d’une grande partie de ces pluies. C’est la seconde modalité qui prévaut actuellement, au Sénégal, comme dans toute la zone sahélienne (Leroux, 1973).
Les précipitations mensuelles et annuelles
La détérioration climatique consécutive au changement global du climat a entraîné une irrégularité interannuelle des précipitations, mais aussi une diminution des volumes précipités qui s’est traduite par un glissement remarquable des isohyètes vers le sud .
Les données recueillies entre 1995 et 2004 dans la région de Dakar indiquent une forte variabilité interannuelle des précipitations et du nombre de jours de pluies (Figures.3a et 3b). Le coefficient de variation est d’environ 30 % pour la hauteur et de 22 % pour le nombre de jours de pluie. La quantité de pluie tombée en 2000 (498.6mm) est 2 fois plus importante que celle de 1997 (202 mm). La moyenne des précipitations annuelles réparties sur 27 à 31 jours (29 ± 2 jours) est de 372.01 ± 69.04 mm. Par la méthode de Dubreuil (1974), Akpo et al. (1993) montrent qu’une année est humide lorsque la pluviométrie enregistrée P > P mm +IC ; elle est sèche lorsque P< P mm – IC ; (P mm, IC étant respectivement la moyenne interannuelle et l’intervalle de confiance pour p = 0.05).
Températures
La région des ”Niayes” bénéficie d’un microclimat assez particulier par rapport aux autres parties du pays qui s’intègrent dans les mêmes domaines climatiques qu’elle. Elle est caractérisée par des températures modérées influencées par la circulation des alizés maritimes soufflés par les courants froids des Açores. La température mensuelle moyenne la plus chaude oscille autour de 27,5°C à Dakar et de 28,1°C à Saint-Louis et survient en juillet et août. De novembre à février, la température maximale est inférieure à 28°C alors que la température minimale est inférieure à 18°C sur la quasi-totalité de la grande côte. Cependant, la présence de l’harmattan, faiblement ressentie dans cette partie du pays, élève la température à un maximum de 31°C en mai et juin.
L‘humidité relative
La proximité de l’océan favorise le fort taux d’humidité relative qu’on peut noter dans ce milieu. Ainsi, l’humidité relative minimale est de 15 % dans les zones les plus éloignées de la mer ; dans les zones les plus proches, le taux d’humidité peut remonter jusqu’à 90 % à partir du mois d’avril (Fall et al., 2000).
L’insolation et l’évaporation
Pour la région de Dakar, les résultats obtenus montrent que le maximum d’insolation se situe en avril avec une moyenne de 9 h 22 mn pour ces dix dernières années. Le minimum se situe en septembre avec 6 h 54 mn. Pour l’évaporation, on constate que les mois les plus secs connaissent les taux les plus élevés et elle connaît une baisse significative pendant l’hivernage. Ce phénomène semble être directement lié à l’insolation qui décroît également pendant la saison pluvieuse.
Les vents
Cette zone est caractérisée par une alternance de vents continentaux secs et de vents maritimes humides. Les vents du nord qui soufflent pendant la saison sèche proviennent de l’anticyclone des Açores après un parcours océanique. Ce sont des alizés maritimes chargés d’humidité, frais et de direction nord-est. Ils sont légèrement plus violents que les vents qui soufflent pendant la saison humide. En débordant plus à l’intérieur du continent, ce flux perd sa fraîcheur et son humidité. Il revient donc vers les côtes moins frais et plus sec. Ce courant intéresse surtout les régions côtières. L’harmattan est un courant continental chaud et sec venant de l’anticyclone saharien à la rencontre de celui des Açores. Il est absent sur les côtes parce que sa progression est ralentie par les alizés maritimes. Pendant la saison humide, il souffle un vent chaud et humide. C’est la mousson qui est généralement associée à des précipitations abondantes. Ce vent est de direction WNW dans la région de Dakar.
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre I : Description de la zone d’étude
I.1. Contexte géographique
I.2. Les facteurs climatiques
I.2.1. Les précipitations
I.2.1.1. Origine des pluies
I.2.1.2. Les précipitations mensuelles et annuelles
I.2.2. Températures
I.2.3. L‘humidité relative
I.2.4. L’insolation et l’évaporation
I.2.5. Les vents
I.3. La géomorphologie
I.4. La pédologie
I.5. Hydrologie et ressources hydrogéologiques
Chapitre II: Matériel et méthodes
II.1. Choix de la zone d’étude
II.2. Matériel
II.2.1. Matériel pédologique
II.2.2. Matériel végétal
II.3. Méthodes
II.3.1. Méthodes d’analyse des sols
II.3.1.1. Méthode d’analyse physique
II.3.1.2. Méthodes d’analyse chimique
II.3.2. Méthodes d’analyse de la végétation
II.3.2.1. Généralités sur la phytosociologie
II.3.2.2. Etape analytique
a. Représentativité : choix des surfaces
b. La réalisation du relevé
II.3.2.3. Etape synthétique
Chapitre III : Résultats
III.1. Résultats des analyses de sols
III.2. Composition floristique
III.3. Variabilité spatiale de la végétation
III.3.1. Station de Malika
III.3.2. Station du lac Tanma
III.3.3. Station de Petit Mbao
III.3.4. Station du Centre de Développement Horticole de Cambérène (CDH)
III.3.5 Station du lac Rose
Chapitre IV : Discussion
IV.1. Caractérisation des groupements végétaux
IV.2. Dynamique de la végétation
CONCLUSION & PERSPECTIVES
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES