Les investissements étrangers apparaissent aujourd’hui comme une condition nécessaire à la croissance économique d’un pays en voie de développement (SARRASIN, 2005). C’est dans ce contexte que l’installation des industries minières connaît un grand essor à Madagascar. Paradoxalement, la notion de conservation et protection de l’environnement figure parmi les stratégies qui y sont déployées. De là est née le concept de durabilité qui suggère un développement économique et social respectueux de l’environnement.
En effet, un site minier subit d’importants stress physique, chimique que biologique provoquant un dérèglement complet de l’écosystème. Généralement, l’attitude des exploitants miniers à cet égard semble être de laisser à la nature le soin de cicatriser ses blessures et divers sites se trouvent abandonnés après leur exploitation (GARDNER, 2007). Cependant, conformément aux principes du développement durable, les opérations minières doivent être considérées comme une utilisation transitoire des terres. Cela signifie qu’après exploitation, le milieu doit être remis dans l’état où il se trouvait avant la perturbation, retrouvant ainsi une valeur égale ou supérieure (GARDNER, 2007).
Milieu physique
Cadre institutionnel et situation géographique
La mine exploite deux secteurs de ressources : Ambatovy et Analamay. Ces derniers appartiennent à la commune rurale d’Ambohibary, district de Moramanga et région Alaotra Mangoro. Mais tel que montré sur la carte ci-après, le site embrasse trois communes à savoir : Morarano Gare, Ambohibary et Andasibe. Il est limité par 590 000 et 610 000 UTM longitude-Est et 800 000 et 810 000 latitude-Sud et se situe à environ 130km d’Antananarivo et 275km du port de Toamasina. (DYNATEC CORPORATION, 2006).
Climatologie
Deux tours météorologiques ont été installées sur le site de la mine en 1996 dont l’une a été mise hors service en 2001. L’autre station demeure en opération au sommet de la crête du gisement d’Ambatovy. Cependant, les données qui y ont été publiées ne couvrent que huit années (1996-2004). Ainsi, l’étude climatologique suivante a été portée sur les données climatiques de Moramanga s’étalant sur une période de trente ans, une station à proximité d’Ambatovy.
La région est caractérisée par une pluviométrie annuelle de l’ordre de 1431mm dont les mois de septembre et décembre présentent respectivement la pluviométrie la moins élevée (28mm) et la plus élevée (255mm). Les précipitations sont réparties sur 186 jours. Le mois de septembre demeure le mois détenant le plus faible nombre de jours de pluie et le mois de janvier est celui présentant le nombre le plus élevé. La température moyenne annuelle est de 19,73°C dont le mois le plus chaud est le mois de février avec une moyenne mensuelle de 22,8°C. La température minimale s’aperçoit durant le mois de juillet avec une moyenne mensuelle de 15,9°C. Ces données climatiques ont permis, en outre, l’établissement de la courbe ombrothermique de Walter et Lieth. Pour ce faire, les mois de l’année ont été portés en abscisse en commençant par le mois le plus froid. Les ordonnées droite et gauche sont caractérisées respectivement par les températures exprimées en °C et les précipitations en mm. L’échelle de la température est le double de celle des précipitations (Centre Technique Forestier Tropical, 1989).
Géologie, géomorphologie et topographie
Le trait dominant du cadre géologique régional du projet est une ceinture de gneiss et de migmatites de direction nord-sud. Ces roches font partie des roches à haut degré de métamorphisme sur lesquelles reposent les deux tiers Est de l’île de Madagascar. Un grand intrusif, connu sous le nom de complexe d’Antampombato, datant probablement du Crétacé, recoupe le terrain gneissique et domine l’environnement géologique du projet. Le site de la mine se caractérise par un terrain montagneux avec des altitudes avoisinant les 1000mètres, soit approximativement 600m plus bas qu’Antananarivo. Les secteurs ciblés pour le projet d’Ambatovy et Analamay se trouvent sur la bordure ouest de la chaîne de l’Ankay, sur un des deux escarpements qui séparent le plateau central des basses terres de la côte Est.
La géomorphologie de ces secteurs se caractérise par des pentes relativement abruptes, des collines etdes vallées remplies d’alluvions. Les processus tectoniques (forces impliquées dans la déformation de l’écorce terrestre) sont responsables de la présence des failles, des fractures et des dykes. Les montagnes y sont composées de latérite, sensible à l’érosion et plus particulièrement en présence d’eau en mouvement. L’eau souterraine s’infiltre puis s’écoule le long de l’interface entre la roche mère et la latérite. Cet écoulement préférentiel est à l’origine de l’érosion sous forme de lavaka. Les lavaka contribuent à l’alignement linéaire des vallées. La topographie s’adoucit et le fond des vallées s’élargit à l’ouest de la mine, le long de la prise d’eau proposée dans la rivière Mangoro (DYNATEC CORPORATION, 2006).
Hydrographie
Le gisement de minerai d’Ambatovy est situé le long du sommet de la crête d’Ambavalabe. Cette crête constitue une ligne de partage des eaux dans la région. La partie ouest de la région de la mine se déverse dans le bassin versant de la rivière Mangoro. La partie Est fait partie des bassins versants des rivières Vohitra et Rianila. Près de la région du projet, la rivière Mangoro coule vers le sud avant de tourner vers l’est et de se déverser dans l’océan Indien. La superficie totale du bassin versant de la rivière Mangoro est de 17 175 km². Les eaux de surface de la région de la mine qui s’écoule vers l’est atteignent des affluents de la rivière Sahatandra puis la rivière Vohitra. La rivière Vohitra coule vers l’est et se joint à la rivière Rianila près de la côte Est de Madagascar. La rivière Rianila se jette dans l’océan Indien; son bassin versant a une superficie totale de 7820 km2 (DYNATEC CORPORATION, 2006). Le secteur de la mine compte quelques stations situées sur des cours d’eau tels la rivière Sahamarirana supérieure au sud, la rivière Antsahalava à l’ouest, les rivières Ankaja et Sakalava au nord, le bassin de la Sahamarirana en aval, la rivière Firikana à la sortie du marais de Torotorofotsy. Ce marais, système de marais majeur reconnu sur le plan international, est situé immédiatement en aval d’une portion du site de la mine.
Pédologie
Quatre types de sol majeurs caractérisent la région :
❖Les sols à carapace ferralitique sur plateauxtopographiques possédant une couche de surface indurée.
❖Les sols pisolitiques sur des positions topographiques plus basses que les premiers. Ce type peut contenir un éventail de concrétions et de cuirasses cassées, selon la position de pente et d’autres facteurs de formation du sol. Une couche d’argile enrichie peut souvent être observée sous l’horizon durci.
❖Les sols ferralitiques rouges/jaunes sur bas des pentes.
❖Les sols organiques ont été repérés dans les dépressions. Ils se forment à partir d’une matière d’origine organique, sont acides et ont une faible saturation en bases. Ces sols sont classifiés comme histosols (DYNATEC CORPORATION, 2006).
Milieu biologique
Flore et formation végétale
Le site comprend des forêts et des terrains broussailleux intacts et dégradés, des zones très herbacées, des plantations d’eucalyptus, des terres boisées et des rizières.
Fourré azonal (arbres sclérophylles)
Cet habitat se compose de fourrés d’arbres sclérophylles azonaux d’altitude moyenne croissant sur une cuirasse ferralitique consolidée. Il est caractérisé par une végétation dense faite de fourrés d’arbres de petite taille (canopée d’environ 9 m de hauteur) sur un substratum peu profond. Les espèces dominant ce type de végétation sont généralement Uapaca densifolia, Leptolaena multiflora (une espèce en danger), Asteropeia macphersonii (une espèce vulnérable), Weinmannia rutenbergii, Uapaca thouarsii et Sarcolaena multiflora. Le fourré azonal couvre 133 ha, soit moins de 1 % du secteur local d’étude de la mine (DYNATEC CORPORATION, 2006).
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Table des matières
I. INTRODUCTION
I.1 Contexte général de l’étude
I.2 Justificatif et intérêt de l’étude
I.3 Problématique
I.4 Objectifs de l’étude
I.4.1 Objectif général
I.4.2 Objectifs spécifiques
I.5 Hypothèses
I.6 Plan
II. PRESENTATION DU MILIEU D’ETUDE
II.1 Milieu physique
II.1.1 Cadre institutionnel et situation géographique
II.1.2 Climatologie
II.1.3 Géomorphologie et topographie
II.1.4 Hydrographie
II.1.5 Pédologie
II.2 Milieu biologique
II.2.1 Flore et formatioon végétale
II.2.2 Faune
II.3 Milieu humain
II.3.1 Activités économiques
II.3.2 Pressions sur le site
III. METHODOLOGIE DE TRAVAIL
III.1 Etudes préliminaires
III.1.1 Analyse bibliographique
III.1.2 Reconnaissance des dispositifs expérimentaux
III.I.3 Entretien
III.2 Collectes des données sur terrain
III.2.1 Examen pédologique
III.2.2 Inventaire forestier
III.3 Recoupement des données de suivi
III.4 Analyse des données d’inventaire
III.4.1 Analyse des données d’inventaire du compartiment A et B
III.4.2 Analyse de la régénération naturelle (compartiment C)
III.4.3 Evaluation de la régénération naturelle selon l’échelle de Rothe
III.4.4 Analyse des données d’inventaire sur les layons de régénération naturelle
III.4.5 Traitement des données
III.5 Limites de travail
III.5.1 Incompatibilité des données disponibles avec l’objectif de l’étude
III.5.2 Manque de données par omission de relevés ou suppression de placettes permanentes
III.5.3 Problème de l’échelle spatio- temporelle des études
IV. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
IV.1 Synthèses bibliographiques et état des lieux
IV.1.1 Quelques définitions
IV.1.2 Dispositifs expérimentaux
IV.1.3 Données disponibles : liste floristique suivant trois strates
IV.2 Caractéristiques du peuplement actuel
IV.2.1 Etat pédologique
IV.2.2 Conclusion partielle
IV.2.3 Etat de la formation initiale
IV.2.4 Conclusion partielle
IV.3 Trajectoire de la succession végétale
IV.3.1 Trajectoire de la formation zonale
IV.3.2 Evolution des espèces caractéristiques de la formation transitionnelle
IV.3.3 Evolution des espèces caractéristiques de la formation azonale
IV.3.4 Relation sol-plante
IV.3.5 Conclusion partielle
V. DISCUSSIONS
V.1 Vérification des hypothèses
V.2 Discussions des résultats
V.2.1 Sol
V.2.2 Etat du peuplement initial
V.2.3 Trajectoire de la succession végétale naturelle
VI. RECOMMANDATIONS
VII. CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES