Régénération naturelle
La régénération naturelle recouvre un double concept :
· d’une part au sens statistique, c’est l’ensemble des jeunes bois ayant un diamètre à 1,30m du sol, compris entre 1 cm et 5 cm (RAJOELISON, 1997).
· et d’autre part au sens dynamique, c’est l’ensemble des processus par lesquels la forêt dense se reproduit naturellement (ROLLET, 1969 ; in RANJATSON, 1996) ; la régénération naturelle met en jeu des processus de renouvellement perpétuel de la forêt. Ceux-ci apparaissent dans des conditions naturelles, principalement à la faveur de chutes d’arbres ou encore à la suite de perturbations souvent liées aux activités humaines (CHARLES-DOMINIQUE, 1992 ; in FARATIANA, 2008) ; la régénération correspond à une phase de rajeunissement du peuplement consécutive à la disparition d’arbres adultes par chablis ou exploitation (ALEXANDRE, 1982 ; in FARATIANA, 2008). La régénération naturelle est constituée par la strate inférieure d’un peuplement forestier composé de tiges de diamètre très petit. La forêt peut se régénérer naturellement soit à travers les graines ou les rejets ou les drageons (RAKOTONIRINA et PRELAZ, 1982). Les principaux facteurs qui influencent la régénération naturelle par les graines sont (HUNZIKER en 1982) :
· La densité des porte-graines et leur fructification ;
· La période de la capacité de germination des graines ;
· Les prédateurs des graines ;
· Le potentiel de dispersion des graines ;
· Les conditions climatiques ;
· Le type du sol et de sa capacité de rétention d’eau et ;
· La compétition en eau et en lumière avec la végétation aux alentours.
Flore
La végétation forestière de la région de Morondava est une forêt dense sèche caducifoliée ou tropophile de l’Ouest (Atlas de Madagascar, 1980). Selon KOECHLIN et al. (1974), cette forêt est caractérisée par la caducité du feuillage qui est générale dans la strate supérieure et dominante dans la strate inférieure, la structure forestière à trois étages, l’absence presque totale d’une strate herbacée sauf le long des pistes où les graminées se disséminent, l’abondance et la variété des lianes, la floraison fréquente en saison sèche en absence de feuillage, la tendance à la xérophilie et la réduction de la taille des feuilles. Ces propriétés présentent une organisation destinée à faire face à l’aridité climatique de la région. La végétation primaire de cette forêt dense est composée de forêt dense sèche décidue à Dalbergia (FABACEAE), Commiphora (BURSERACEAE) et Hildegardia (STERCULIACEAE) ainsi que, sous des conditions stationnelles particulières, de forêts marécageuses, de marais herbeux, de forêts ripicoles et des alluvions et des mangroves. Les forêts secondaires tiennent également une formation végétale très remarquable dans cette région sous différentes formes. Ce sont des forêts développées sur défrichement, cultivées puis abandonnées, 40 à 50 ans passés (SAMUEL LUZI, 1999). Des formes de dégradation de la forêt secondaire sont distinguées dans cette région (IEFN, 1996) telles que :
Ø les forêts secondaires issues de jachères forestières prolongées, progressant vers un type de végétation proche du climax original ;
Ø les jachères forestières après culture avec des arbres et arbustes issus de rejets de souches et de nombreuses lianes de futaie, ainsi que des espèces pantropicales d’origine étrangère ;
Ø les savanes à Hyparrhenia rufa et Heteropogon sp ainsi que des pseudo steppes à Aristida rufescens, souvent avec des éléments ligneux d’origine et de tempéraments divers ;
Ø les espèces relictuelles de la futaie telles les palmiers Bismarckia nobilis et Hyphaene shatan ;
Ø les espèces colonisatrices indigènes telles que Poupartia caffra, Stereospermum variabile, Terminalia seyrigii ou introduites telles que Ziziphus mauritiana et Flacourtia ramonthii qui conduisent localement à un embroussaillement monospécifique.
Etude et synthèse bibliographique
Le travail bibliographique accompagnera toute l’étude, à partir de l’élaboration du plan d’investigation jusqu’à la rédaction finale. Il va fournir particulièrement les renseignements sur l’historique des essais d’enrichissement tels que l’année des plantations, le nombre des plants plantées, les dimensions des plants à la plantation, les périodes de plantation, les lieux des plantations, les traitements effectués lors des plantations et sur l’historique des essais de régénération naturelle comme l’origine des régénérations, le nombre de plants s’installées chaque année, les lieux des essais, les dimensions des parcelles. Mais, l’étude bibliographique se focalise également sur les thèmes suivants : la reconstitution d’une forêt, la régénération naturelle, l’enrichissement, la sylviculture des espèces étudiées, les soins et les techniques sylvicoles des jeunes arbres. La bibliographie est effectuée essentiellement à l’ESSA/Forêt et au CNFEREF Morondava
Discussions
Sur la méthodologie L’approche méthodologique a été choisie en fonction des objectifs fixés auparavant, dont la finalité est d’établir un plan de gestion sylvicole des trois espèces étudiées. En effet, la méthodologie adoptée est surtout basée sur : la synthèse des bases de données des essais, l’étude de la dynamique des essais, l’étude de la caractéristique de station de chaque essai et la vérification des hypothèses. Pour étudier la dynamique des essais, les tiges ont été comptées et mensurées. Les paramètres relevés sont le diamètre à 1,30 m du sol et la hauteur totale. Il aurait été important si le diamètre au collet a été également pris notamment pour Alleanthus greveanus et Hazomalania voyronii étant donné que leurs tiges sont encore assez petites. Avec les données obtenues, l’accroissement annuel et la mortalité ont pu être calculés. L’étude de la dynamique peut être encore approfondie davantage, à l’aide du taux de recrutement par exemple si c’est nécessaire, mais cela demande d’autres données à relever. Deux facteurs ont été étudiés sur chaque station d’essai, le type de sol et la végétation environnante. Pour le premier, une petite fosse de 30 cm de côté et de profondeur a été réalisée sur chaque station pour examiner la couleur du sol. L’étude pédologique complexe n’est pas nécessaire parce que beaucoup de recherche sur ce sujet ont été déjà réalisées dans la forêt de Kirindy. Le plus important est d’identifier la couleur du sol, qui permet de connaître les caractéristiques du sol observé. Afin de pouvoir déterminer le type de végétation environnante dans chaque station, les travaux d’inventaire sont reconnus comme les meilleurs moyens, mais ce sont les méthodes appropriées qui sont différentes suivant les milieux et les données recherchées. Pour cette étude ; l’inventaire floristique terrestre, par échantillonnage systématique avec une unité d’échantillonnage carrée a été adopté. Inventaire floristique terrestre, car les structures floristique et spatiale de chaque station sont visées. Avec sondage systématique, du fait que ce dispositif représente une meilleure répartition dans les zones de comptage notamment sur un terrain plat. L’unité d’échantillonnage en forme carrée utilisée possède une dimension de 20m x 20m pour le compartiment A qui est le plus grand. Cette dimension est adéquate, inférieur à ce seuil, c’est trop petit et il faudra plusieurs parcelles pour être représentatifs ; supérieure à ce seuil, l’installation de la placette sera difficile, le risque d’obtenir une forme en losange ou une forme de polygone est très élevé. Compte tenu de la topographie du terrain et des données à recueillir, cette méthode d’inventaire offre des résultats fiables et bien représentatifs. L’inventaire de la végétation environnante a dépensé beaucoup de temps étant donné les neuf stations pris en compte. Le choix des tests des hypothèses est très large, mais les conditions d’utilisation d’un test quelconque et les résultats obtenus ont permis d’affirmer que les tests utilisés sont pertinents. Toutefois, par faute de temps et de moyens, une telle méthode a toujours des limites. La recherche ne se terminera jamais, il est toujours possible d’approfondir davantage. D’autres facteurs influençant le développement des plantes méritent encore d’être introduits tel que la topographie.
CONCLUSION
Les forêts tropicales sèches figurent parmi les écosystèmes tropicaux terrestres les plus menacés. Dans la Région du Menabe central, la forêt assure quasiment tous les besoins quotidiens de la population rurale : production de bois (bois d’énergie, bois de service, bois de construction), de nourritures, de plantes médicinales et source de revenus notamment en période de soudure. Paradoxalement, peu de recherches ont été menées sur leur protection et leur reconstitution. Et, c’est dans cette optique que cette recherche a été axée sur l’étude de la reprise de croissance de trois espèces en régénération naturelle et en plantation dans la forêt de Kirindy qui est un site de recherche scientifique potentiel pour une forêt dense sèche à Madagascar. La présente étude a démontré que les procédures de restauration des forêts denses sèches devraient être adaptées à cet écosystème et aux espèces qui les composent. Elle se focalise essentiellement à la reconstitution d’une forêt par l’élaboration d’un plan d’intervention et de gestion sylvicoles en vue d’améliorer les régénérations naturelles et les plantations d’enrichissement. Les résultats obtenus sur cette étude ont confirmé que les développements des plants sont très lents en plantation d’enrichissement qu’en régénération naturelle. La différence est très élevée pour les espèces Alleanthus greveanus et Hazomalania voyronii que pour Colvillea racemosa. Ainsi, la mortalité est aussi élevée en plantation notamment pendant la phase d’adaptation des plants aux conditions de sa nouvelle station. L’influence de certains types du sol sur la croissance des plants est confirmée. Le sol jaune convient mieux par exemple, à l’espèce Hazomalania voyronii que le sol rouge. C’est la capacité de rétention en eau du sol qui joue un rôle très important dans la croissance des plantes étant donné que la saison sèche dure huit mois dans cette région. L’effet de la richesse floristique sur la croissance des espèces étudiées n’est par très significatif. Par contre, la densité du peuplement agit sur cette dernière notamment pour les essences à tempérament héliophile puisqu’elle intervient sur le degré de couverture. Le tempérament des essences est très important sur la croissance des tiges. Alleanthus greveanus qui a un tempérament héliophile de type nomade reconnait une croissance plus élevée en trouée qu’en layon dont le degré de couverture est moindre. Colvillea racemosa qui a un tempérament héliophile de type pionnier se développe plus rapidement sur défrichement que dans les places de dépôt. La présente étude a démontré l’importance des régénérations naturelles par rapport aux enrichissements. Pour reconstruire une forêt, il est plutôt essentiel de recourir aux améliorations et aux traitements des régénérations naturelles. Ainsi, le facteur coût ne permet souvent d’effectuer un enrichissement. Néanmoins, l’acquisition du patrimoine d’essais de régénération naturelle et d’enrichissement dans la forêt de Kirindy est une opportunité pour réaliser différentes expérimentations sur les techniques sylvicoles de certaines espèces afin d’améliorer la reconstruction d’une forêt dense sèche. Une recherche plus poussée sur ces essais mérite d’être menée. Les recommandations proposées permettront d’approfondir davantage les actions sylvicoles à poursuivre.
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Table des matières
INTRODUCTION
a. Problématique
b. Objectifs
c. Hypothèses
d. Cadrage global de la recherche
I. ETAT DES CONNAISSANCES
1. Sur le sujet
1.1. Régénération naturelle et enrichissement
1.1.1. Régénération naturelle
1.1.2. Enrichissement
1.2. Espèces utilisées par le CFPF pour les essais d’enrichissement et de régénération naturelle
1.3. Généralité sur les trois espèces étudiées
2. Sur le milieu d’étude
2.1. Milieu physique
2.1.1. Localisation de la zone d’étude
2.1.2. Climat
2.1.3. Hydrographie
2.1.4. Géologie et sols
2.2. Milieu biologique
2.2.1. Flore
2.2.2. Faune
2.3. Milieu socio-économique
2.3.1. La population et ses activités
2.3.2. Utilisations des ressources naturelles par les populations riveraines
II. METHODOLOGIE
1. Rappel de la problématique, des objectifs et des hypothèses
2. Discussion méthodologique
2.1. Cartographie
2.2. Inventaire forestier
2.3. Etude pédologique
3. Méthode d’approche
3.1. Etude et synthèse bibliographique
3.2. Entretiens avec des personnes ressources
3.3. Etude cartographique
3.4. Reconnaissance et observations sur terrain
3.5. Choix des espèces à étudier
4. Méthodes d’investigation
4.1. Observations et mesures des essais
4.2. Etude de chaque station d’essais
4.2.1. Observations pédologiques
4.2.2. Inventaire de la végétation environnante
4.3. Matériels utilisés
4.4. Méthode d’analyse des données
4.4.1. Analyse de la dynamique des essais
4.4.2. Analyse et traitement des données de l’inventaire de la végétation environnante par station d’essai
4.5. Statistiques analytiques
5. Limites et contraintes de l’étude
6. Récapitulation de la démarche méthodologique
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
1. Essais de régénération naturelle et de plantation d’enrichissement
1.1. Présentation des essais
1.2. Localisation des essais
2. Dynamique des essais
2.1. Accroissements
2.2. Mortalité
2.2.1. Taux de mortalité totale
2.2.2. Taux de mortalité annuelle
3. Caractéristiques de chaque station d’essai
3.1. Résultats pédologiques
3.2. Type de la structure de la végétation environnante
4. Tests des hypothèses
5. Conclusion partielle
IV. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
1. Discussions
1.1. Sur la méthodologie
1.2. Sur les résultats
2. Recommandations
2.1. Outil d’aide à la prise de décision en matière de techniques sylvicoles
2.2. Amélioration et traitement des régénérations naturelles
2.2.1. Méthode de régénération naturelle
2.2.2. Ensemencement direct
2.3. Plan d’interventions sylvicoles pour tous les essais
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIES
ANNEXES
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