Étude de la répartition géographique de la borréliose à tiques à Borrelia crocidurae

L’agent pathogène responsable de la fièvre récurrente à tiques en Afrique de l’Ouest est le spirochète Borrelia crocidurae LEGER, 1917. Il est rencontré en Afrique de l’Ouest, en Afrique du Nord et au Proche Orient, où il provoque chez l’homme une maladie fébrile. Les patients non traités présentent pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois des épisodes de fièvre espacés d’une dizaine de jours chacun, d’où le nom de fièvre récurrente donné à la maladie. Les complications, parfois fatales, peuvent survenir à tout moment de l’évolution de la maladie : complications méningo encéphalitiques, atteintes oculaires et avortements spontanés chez les femmes enceintes (GONNET, 1942 ; BERGERET & RAOULT, 1948 ; GOUBAU, 1984 ; RODHAIN, 1976 ; CHARMOT et al., 1986 ; LECOMPTE & TRAPE, 2003). Cette affection, lorsqu’elle est diagnostiquée, est curable par les tétracyclines. Le diagnostic repose habituellement sur l’observation du spirochète lors de l’examen d’une goutte épaisse de sang colorée au Giemsa, technique identique à celle utilisée pour la mise en évidence des hématozoaires du paludisme. Cette technique, présente une bonne sensibilité entre les mains d’un microscopiste averti lorsqu’elle est effectuée lors du premier épisode fébrile. Elle est cependant souvent insuffisante lors des récurrences (50% de faux négatifs lors d’un examen standard de 0,5µl de sang sur goutte épaisse) et est presque toujours négative en période d’apyrexie (TRAPE et al., 1991 ; DIATTA, 1992). Il n’existe pas d’immunité acquise solide contre cette maladie, ce qui explique qu’une même personne peut présenter de nombreux épisodes de borréliose au cours de sa vie.

Dans la plupart des cas, la borréliose, maladie oubliée ou peu connue, n’est pas diagnostiquée, et les malades seront considérés comme des cas de paludisme « résistants aux antipaludiques », ou de « viroses » ou « arboviroses » indéterminées. Pour ces raisons, l’incidence réelle de la borréliose est mal connue et seules les très rares études spécifiquement consacrées à cette maladie permettent d’en appréhender la fréquence. Au Sénégal, en zone rurale dans la moitié nord du pays, la borréliose représenterait 5% des motifs de consultation en dispensaire pour syndrome fébrile (TRAPE et al., 1991). Le suivi étroit pendant 10 ans d’une population villageoise (Dielmo, Sénégal) a montré qu’en moyenne chaque année 15% de la population développait la maladie, l’incidence de la borréliose fluctuant de 3% à 26% selon les années (BA et al., 2001). Dans ces régions, la borréliose constitue la deuxième cause de morbidité par maladie à transmission vectorielle chez les adultes après le paludisme (TRAPE et al., 1991). La mortalité attribuable à la borréliose à tiques à B. crocidurae est mal connue. Elle semble néanmoins inférieure à celle attribuable, en Afrique Orientale et Centrale, à Borrelia duttoni, dont le taux de létalité est estimé à environ 2% (NOVY & KNAPP, 1906 ; RODHAIN, 1976; GOUBAU,1984).

L’AGENT PATHOGENE

Caractéristiques des Borrelia

Borrelia crocidurae LEGER, 1917, l’agent pathogène responsable de la fièvre récurrente à tiques est une bactérie spirochète. Les bactéries du genre Borrelia sont des germes spiralées qui mesurent 10 à 20 µm de long sur 0,2 à 0,6 µm de diamètre (GOUBAU, 1984). Elles possèdent un corps grêle et des extrémités effilées (Figure 1). Elles n’ont pas de flagelles, ni de noyau différencié mais une chromatine diffuse est disséminée dans le cytoplasme (RODHAIN, 1976). Une hélice flexible leur permet d’être mobile (STEPAN & JOHNSON, 1981). Ce sont des organismes de morphologie toute identique, plus ondulés que spiralés. On les colore habituellement par le Giemsa qui leur donne une teinte mauve ou bleuviolet. La détection de ces spirochètes dans les tissus s’effectue après imprégnation argentique.

Biologie des Borrelia

Au cours de leur vie parasitaire, toutes les Borrelia ont le même cycle évolutif. Outre leur division transversale normale ou homotypique, elles possèdent une division anormale ou hétérotypique, caractérisée par la formation de granules spirochétigènes filtrables capables, dans certaines conditions, de régénérer la spirale “forme métacyclique” (MOLLINEDO, 1941, cité par BRUMPT, 1949). Elles sont extra-cellulaires et vivent en milieu liquide (plasma, hémolymphe de l’arthropode vecteur) ou dans les espaces intercellulaires des tissus. Borrelia crocidurae peut être cultivée in vitro sur milieu de Kelly modifié (MKM), (VAN DAM et al., 1999). Elle reste cultivable sur les cultures de cellules de membrane chorio-allantoïde d’œuf de poule ou dans le sang de l’embryon de poule. Cependant, les méthodes classiques utilisées pour cultiver des germes pathogènes ne permettent pas la culture de Borrelia crocidurae in vitro. Elle peut être entretenue, comme toutes les autres Borrelia, par passage sur l’animal sensible et conservée par congélation en azote liquide. La souris blanche, le rat blanc, le lapin jeune et les cobayes jeunes et nouveau-nés peuvent être infectés par B. crocidurae. L’infection est mortelle pour les lapins, les rats et souris nouveaunés. Le cobaye et le lapin adultes sont réfractaires.

LE VECTEUR

La fièvre récurrente à tiques causée par Borrelia crocidurae est transmise par des ornithodores, arthropodes hématophages classés parmi les tiques. Une seule espèce d’ornithodores est vectrice de la borréliose en Afrique de l’Ouest : Alectorobius (Theriodoros) sonrai (SAUTET & WITKOWSKY, 1944) ; (RODHAIN & PEREZ, 1985). Cet ornithodore vecteur assure la transmission de l’infection d’animal à animal et de l’animal à  l’homme (REYNES, 1955).

Caractéristiques et bio-écologie

Alectorobius sonrai, est un argasidé. Son corps épais, non segmenté de forme ovale, est formé de deux régions : l’idiosome et le capitulum situé en position ventrale (Figure 2). La caractéristique fondamentale des formes adultes et nymphales est la position ventrale du capitulum. Chez les larves le capitulum est séparé de l’idiosome et en position terminale (RODHAIN & PEREZ, 1985). Le capitulum (Figure 2, face ventrale) est situé dans une cavité de l’idiosome, le camérostome. Il porte les organes des sens (palpes) et les pièces buccales (hypostome et chélicères). Le camérostome possède des expansions latérales appelées joues. Les yeux sont absents. Le tégument de l’idiosome est pourvu de petits tubercules : les mammillae. Sur la face dorsale la cuticule présente des zones plates où les mammillae sont effacées et qui correspondent aux insertions des muscles dorso-ventraux. L’idiosome porte ventralement l’insertion des pattes, les orifices génital et anal. Les pattes (4 paires chez les adultes et les nymphes, 3 paires chez les larves) s’insèrent directement sur le tégument par une pièce fixe ou coxa. L’orifice génital s’ouvre à la base des coxae de la première paire de pattes. Chez le mâle le gonopore est en forme de demi-lune dirigé vers l’avant, tandis que chez la femelle (Figure 2 , face ventrale) le gonopore est une fente génitale. L’adulte mâle mesure environ 2,6 mm et la femelle environ 3,5 mm. La taille du mâle est toujours inférieure à celle de la femelle, mais il n’y a pas de dimorphisme sexuel net. L’orifice anal est postérieur. La respiration se fait par des stigmates trachéens situés entre la 3ème et la 4ème paire de pattes. Les glandes coxales s’ouvrent entre la 1ère et la 2ème paire de pattes.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
1-. GENERALITES EPIDEMIOLOGIQUES
1-1. L’AGENT PATHOGENE
1-1-1. Caractéristiques des Borrelia
1-1-2. Biologie des Borrelia
1-2. LE VECTEUR
1-2-1. Caractéristiques et bio-écologie
1-2-2. Modalités de la contamination dans la nature et implications épidémiologiques
1-3. LE RESERVOIR ANIMAL
1-3-1. Répartition biogéographique des espèces de micro-mammifères étudiés
1-3-1-1. Espèces à affinité sahélo-saharienne
1-3-1-2. Espèces à affinité sahélienne
1-3-1-3. Espèces à affinité sahélo-soudanienne
1-3-1-4. Espèces à affinité soudanienne
1-3-1-5. Espèces à affinité soudano-guinéenne
1-3-1-6. Espèces à affinité guinéenne
1-3-1-7. Espèces introduites
1-3-2. Rôle épidémiologique
1-4. LA BORRELIOSE A TIQUES CHEZ L’HOMME
1-4-1. Introduction
1-4-2. Aspects épidémiologiques
1-4-3. Présentation du cycle de la maladie
1-4-4. Physiopathologie et immunité
1-4-5. Aspects cliniques
1-4-6. Méthodes de diagnostic biologique
1-4-6-1. Diagnostic direct
1-4-6-2. Diagnostic différentiel
1-4-6-3. Autres méthodes de diagnostic possibles
1-4-7. Données de l’incidence connues dans deux régions du Sénégal
1-4-8. Traitement et prévention
1-5. CLIMAT ET BORRELIOSE A TIQUES
1-5-1. Répartition géographique du vecteur
1-5-2. Impact des modifications climatiques
1-5-3. Extension récente de la borréliose
2-. MATERIEL ET METHODES
2-1. PLAN D’ECHANTILLONNAGE
2-1-1. Etude macro-géographique
2-1-2. Etude micro-géographique
2-2. METHODES DE COLLECTE DES ECHANTILLONS
2-2-1. Collecte de tiques ornithodores
2-2-2. Collecte de données pédologiques
2-2-3. Collecte de données sur la faune des terriers et autres données environnementales
2-2-4. Capture des micro-mammifères réservoirs
2-2-5. Collecte de données climatiques
2-3. ENQUETES CLINIQUES ET EPIDEMIOLOGIQUES
2-4. ENQUETES ENVIRONNEMENTALES
2-5. ETUDES DE LABORATOIRE
2-5-1. Traitement des tiques collectées
2-5-2. Analyse des échantillons de rongeurs et d’insectivores
3-. RESULTATS ET DISCUSSION
3-1. RESULTATS
3-1-1. Etude macro-géographique
3-1-1-1. Echantillonnage des tiques
3-1-1-1-1. Enquêtes menées au Tchad et au Cameroun
3-1-1-1-1-1. Etude en transect Est-Ouest le long du 14ème parallèle
3-1-1-1-1-2. Etude en transect Nord-Sud le long du 14ème méridien Est
3-1-1-1-1-3. Bilan des enquêtes de terrain
3-1-1-1-2. Enquêtes menées au Mali, Burkina Faso, Niger et Bénin
3-1-1-1-2-1. Etude en transect Ouest-Est le long du 14ème parallèle
3-1-1-1-2-2. Etude en transect Nord-Sud le long du 2ème méridien Est
3-1-1-1-2-3. Bilan des enquêtes de terrain
3-1-1-1-3. Enquêtes menées en Mauritanie
3-1-1-1-3-1. Etude en transect Nord-Sud le long du 12ème méridien Ouest
3-1-1-1-3-2. Bilan des enquêtes de terrain
3-1-1-1-4. Enquêtes menées au Sénégal
3-1-1-1-4-1. Etude en transect Ouest-Est le long du 14ème parallèle
3-1-1-1-4-2. Etude en transect Nord-Sud le long du 12ème méridien Ouest
3-1-1-1-5. Enquêtes complémentaires menées au Tchad, Mali, Niger et en Mauritanie
3-1-1-1-5-1. Enquêtes menées au Tchad
3-1-1-1-5-2. Enquêtes menées au Mali
3-1-1-1-5-3. Enquêtes menées au Niger
3-1-1-1-5-4. Enquêtes menées en Mauritanie
3-1-1-2. Echantillonnage des micro-mammifères
3-1-1-2-1. Enquêtes menées au Tchad et au Cameroun
3-1-1-2-1-1. Etude en transect Est-Ouest le long du 14ème parallèle
3-1-1-2-1-2. Etude en transect Nord-Sud le long du 14ème méridien Est
3-1-1-2-1-3. Bilan des enquêtes de terrain
3-1-1-2-2. Enquêtes menées au Mali, Niger et Bénin
3-1-1-2-2-1. Etude en transect Est-Ouest le long du 14ème parallèle
3-1-1-2-2-2. Etude en transect Nord-Sud le long du 2ème méridien Est
3-1-1-2-2-3. Bilan des enquêtes de terrain
3-1-1-2-3. Enquêtes menées en Mauritanie
3-1-1-2-3-1. Etude en transect Nord-Sud le long du 12ème méridien Ouest
3-1-1-2-3-2. Bilan des enquêtes
3-1-2. Etude micro-géographique
3-1-2-1. Echantillonnage en transect Nord-Sud par demi-degré carré au Sénégal
3-1-2-1-1. Enquêtes le long du 16ème méridien Ouest
3-1-2-2. Echantillonnage en limite Sud de l’extension du vecteur
3-1-2-2-1. Etude fonctionnelle du système hôtes/vecteur/Borrelia en limite sud de la progression de la borréliose
3-1-2-2-2. Echantillonnage des tiques et des rongeurs à Dielmo et Ndiop
3-1-2-2-3. Bilan des enquêtes de terrain et des travaux de laboratoire
3-1-3. Résultats des analyses de laboratoire
3-1-3-1. Analyses pédologiques
3-1-3-2. Etude de l’infection chez les rongeurs
3-1-3-2-1. Enquêtes menées au Tchad et au Cameroun
3-1-3-2-2. Enquêtes menées au Mali, Niger et Bénin
3-1-3-2-3. Enquêtes menées en Mauritanie
3-1-3-2-4. Enquêtes menées au Sénégal dans les villages de Dielmo et Ndiop
3-1-3-3. Etude des cas cliniques au Sénégal dans le village de Dielmo
3-1-3-3-1. Contexte et problèmatique
3-1-3-3-2. Relations borréliose/paludisme
3-1-3-3-3. Incidence de la maladie à Dielmo et implications
3-1-4. Analyses génétiques des tiques collectées
3-1-4-1. Choix et mise au point des techniques
3-1-4-2. Etude de la différentiation des tiques collectées
3-1-5. Analyse génétique des Borrelia de tiques collectées
3-1-5-1. Choix de la technique et résultats de l’analyse génétique des Borrelia de tiques collectées au Sénégal
3-1-5-2. Résultats de l’analyse génétique des Borrelia de tiques collectées au Mali et en Mauritanie
3-1-6. Analyse des facteurs climatiques et autres facteurs environnementaux associés à la répartition ancienne et actuelle de la borréliose à tiques
3-1-6-1. Situation du problème
3-1-6-2. Relations climat/environnement/borréliose
3-2. DISCUSSION
3-2-1. Situation de la borréliose à tiques à B. crocidurae en Afrique subsaharienne
3-2-1-1. Au Tchad et au Cameroun
3-2-1-2. Au Mali, Niger, Burkina Faso et Bénin
3-2-1-3. En Mauritanie
3-2-1-4. Au Sénégal
3-2-1-4-1. Importance de la maladie chez l’homme
3-2-1-4-2. Modalités de la contamination chez l’homme
CONCLUSIONS
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *