Première cause de cécité évitable au monde, le trachome est une kérato conjonctivite transmissible, d’évolution habituellement chronique, provoquant une inflammation de la conjonctive (membrane tapissant la face inférieure des paupières) et la formation de cicatrices entraînant la cécité. L’agent responsable de l’inflammation de la conjonctive est un micro-organisme, Chlamydia trachomatis. [1] Le trachome demeure encore et toujours un problème de santé publique dans les pays en voie de développement. Il sévit généralement dans les zones rurales à climat sec, ou les mauvaises conditions de vie socio-économique, le manque d’eau et d’hygiène facilitent sa propagation à laquelle l’enfance paie un lourd tribut. [2] Le trachome est une des causes principales de cécité évitable dans le monde. L’OMS estime, d’après les dernières études, que le trachome actif affecte :
– 53 pays
– 1.2 milliards personnes vivant dans des zones endémiques
– 40.6 millions cas de trachome actifs à travers le monde
– 8.2 millions cas de trichiasis Trachomateux et probablement
– 7.6 millions de cécité sont attribuables au trachome dans le monde.
L’OMS dans le cadre de la lutte contre le trachome a créé en 1996 : L’ALLIANCE pour l’Elimination Mondiale du Trachome cécitant d’ici l’an 2020 (EMT 2020) ou « Global Elimination of trachoma for year 2020 » (GET 2020) en élaborant une stratégie globale : la stratégie « CHANCE » :
CH= chirurgie du trichiasis
A = Antibiothérapie : traitement antibiotique des formes évolutives
N = Nettoyage du visage
CE = Changement de l’environnement : en vue d’éliminer de façon définitive le trachome cécitant Une enquête menée sur l’ensemble du territoire malien par l’Institut d’Ophtalmologie Tropicale de l’Afrique (IOTA) et le PNLC en 1996 et 1997 avait montré une prévalence du trachome actif (TF/TI) à 34,9% chez les enfants de moins de 10 ans, la prévalence du trichiasis Trachomateux était estimée à 2,5% chez les femmes âgées de plus de 15 ans. [6] Ces chiffres pour la région de Koulikoro étaient les suivants : 33,5% de trachome actif (TF/TI) chez les enfants de moins de 10ans, 3,9% de trichiasis trachomateux chez les sujets âgés de plus de 15ans. Dans la sous région Ouest africaine une étude de prévalence du trachome actif réalisée chez les enfants de 0 à 10 ans avait trouvé les taux de 39,9% et 26,9% respectivement au Niger et au Burkina Faso [4]. En 2000 on a retrouvé une prévalence du trachome actif de 35,1% chez les enfants de moins de 10 ans en Guinée Conakry.
Définition
Le mot trachome vient des racines grecques, signifiant « rugueux » et « enflure », en référence à l’aspect de la conjonctive tarsienne. [9] Le trachome est une maladie très ancienne, qui a existé depuis l’antiquité. On ne peut pas détacher l’histoire du trachome de l’histoire militaire. Tout conflit s’accompagne de migrations importantes et surtout d’un cortège de souffrances, de conditions d’hygiène défectueuses, de privations qui sont des facteurs éminemment aggravants pour l’éclosion et le développement de la maladie trachomateuse. [9] L’endémie trachomateuse a sensiblement régressé au cours des dernières décennies. Parmi les manifestations ophtalmologiques des chlamydiæ, le trachome représente l’atteinte la plus grave et reste un problème de santé publique dans les pays en voie de développement.
Le trachome est une « kérato-conjonctivite transmissible à évolution généralement chronique, caractérisée par la formation de follicules, une hyperplasie papillaire, un pannus cornéen et entraînant des lésions cicatricielles typiques » (définition des experts de L’OMS – 1955). [1] Le trachome touche de façon plus importante les enfants d’âge scolaire et les femmes/mères qui constituent les cibles primaires des groupes de population les plus défavorisés vivant dans de mauvaises conditions d’hygiène et de promiscuité, par manque d’eau, et par manque d’assainissement du milieu .
Epidémiologie et répartition géographique :
Maladie ubiquitaire, le trachome est un véritable fléau social mondial puisque l’OMS estime à 84 millions de personnes le nombre de trachomateux disséminés dans les 55 pays endémiques essentiellement en Afrique et au Moyen-Orient. Quelques pays des Amériques et d’Asie sont également touchés. (3) Dans les pays industrialisés il a disparu progressivement avec l’amélioration des conditions socio économiques et des habitudes sanitaires. Il persiste encore sous forme de foyers résiduels dans certains pays de l’Amérique centrale et de l’Amérique du sud. [1] Aujourd’hui, la maladie sévit essentiellement dans les zones rurales pauvres des pays d’Afrique, de certains pays de la Méditerranée orientale. Elle reste également endémique dans plusieurs pays d’Asie.
Agent pathogène
Il s’agit d’une infection bactérienne causée par une bactérie appelée Chlamydia trachomatis découverte en 1907 à Java par Prowaczek et Halberstaedter en pratiquant des frottis conjonctivaux. Il possède tous les caractères des bactéries mais soumis à un développement par cycle intracellulaire obligatoire. [1] L’immunofluorescence a permis de distinguer 15 sérotypes (les sérotypes A, B, Ba, C,) de virulences différentes. Ils sont responsables du trachome et des conjonctivites à inclusion .
Sur le plan physiopathologique Chlamydia provoque par son exotoxine la formation de follicules aux dépens de la couche adénoïde épaissie de la conjonctive. En regard, l’épithélium conjonctival présente une hyperplasie rapidement importante. Les follicules se développent, se nécrosent à l’extérieur et entrent en involution.
On assiste alors à l’apparition d’une réaction fibreuse prenant la place de l’hyperplasie folliculaire et aboutissant à des lésions cicatricielles irréversibles. [1] Véritable «cirrhose » du chorion, le caractère pathognomonique du trachome le distingue absolument des autres conjonctivites folliculaires. Le réservoir de virus est l’homme. La contagiosité du trachome est certaine, mais relative. Le rôle vecteur des mouches a été démontré par Nicolle, Cuenod et Blanc mais elles sont davantage le vecteur des conjonctivites saisonnières. Le pou est probablement un réservoir de virus ou un agent de transmission. [1] Parmi les facteurs étiologiques et épidémiologiques généraux, on sait que les conjonctivites saisonnières, bactériennes ou virales ont un rôle de facteur favorisant, prédisposant ou aggravant. Le rôle du terrain est important, la maladie trachomateuse évolue différemment selon les individus : les parasitoses, les avitaminoses, les carences alimentaires créent un terrain favorable à l’implantation et à la dissémination du trachome. Les facteurs économiques et sociaux ont une action favorisante indiscutable dans la propagation et la pérennité de la maladie .
Prévalence du trichiasis chez les patients de 15 ans et plus
La prévalence du trichiasis selon notre étude était de 0,57% dans cette tranche d’âge. En la comparant à celle de 2005 effectuée dans le district sanitaire Kangaba (1,25%), nous observons une diminution de ce taux. Ce taux bas s’expliquerait probablement par les actions menées dans le cadre de la lutte contre le trichiasis, surtout la stratégie de chirurgie avancée organisée par le PNLC dans la région de Koulikoro plus précisément dans le district sanitaire de Kangaba en moto et en auto. Ce taux est inférieur à celui retrouvé dans l’étude menée à Tenenkou (0,8%) ; Djenné (0,67%) et proche de celui de Youwarou (0,59%). [20] On notera que la prévalence obtenue dans notre étude est supérieure à celle de Rarhous (0,12%) ; Niafunké (0,5%) ; Gao (0,2%) ; Kidal (0,4%) ; et inférieure à celle de Diré (0,89%) ; Goundam (1,46%)[ 21]. Au Niger (Dosso Zinder Tilaberi Tahoua Agadez) on a obtenu un taux de prévalence en 1998, de 3,4% pour l’entropion trichiasis selon une étude menée par l’IOTA [14]. Les facteurs de risque ont été étudiés à partir de certaines caractéristiques des ménages enquêtés.
➤ L’eau
Tout d’abord nous soulignerons que dans la lutte contre le trachome l’eau joue un rôle très important par son accessibilité, sa quantité, sa disponibilité et surtout son utilisation.
Pour revenir à notre étude, nous dirons que les ménages ayant accès à l’eau dans le village et dans la concession atteignaient 99%. Ceci traduit une bonne accessibilité à l’eau. Ainsi pouvons- nous espérer sans difficulté majeure l’élimination du trachome dans le district de Kangaba.
➤ Hygiène
• Hygiène des enfants
Elle s’apprécie par l’état du visage de ces derniers. Selon notre enquête, la proportion des enfants présentant un visage sale dans l’échantillon examiné était de 250 soit 22,5%. En effet, il a été démontré que le fait d’avoir le visage sale doublait le risque d’être trachomateux [17] car la saleté du visage associe sécrétions pathologiques des yeux, du nez. Cette saleté attirerait des mouches vectrices de la maladie, d’où l’importance du lavage du visage. Ainsi, le nettoyage du visage apparaît comme une pratique d’hygiène aisément praticable, non coûteuse produisant de bons résultats en matière de lutte contre le trachome. D’où la nécessité d’amener les parents à prendre soin quotidiennement de l’hygiène des enfants .
• Hygiène environnementale
Elle s’apprécie par la présence des latrines, leur utilisation, la présence d’étables et la gestion des ordures. Mais dans notre étude nous ne nous sommes intéressés qu’à la présence des latrines et à leur utilisation. En ce qui concerne les latrines, sur les 479 ménages enquêtés seulement 14 ne possédaient pas de latrines. Soit un pourcentage de 97,08%, ce qui cadre parfaitement avec les BIF de l’OMS visant à avoir plus de 80% des ménages avec une latrine à fosse. En effet, les latrines permettent de maîtriser les pollutions à partir des fèces et de limiter les contaminations à partir des mouches qui sont reconnues comme les principaux vecteurs dans la chaîne de transmission de la maladie [18]. De multiples études réalisées ont montré une diminution des prévalences quand existaient les latrines dans une concession. Cependant la présence des latrines et leur utilisation seules ne suffisent pas pour réduire la densité des mouches. En effet, elles doivent répondre à certains critères et être maintenues dans un certain état de propreté afin de ne pas devenir des lieux de prolifération de mouches.
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Table des matières
SOMMAIRE
INTRODUCTION
OBJECTIFS
GENERALITES
METHODOLOGIE
RESULTATS
COMMENTAIRES ET DISCUSSION
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
Annexes
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