Santé, politique publique, sciences humaines et sociales
Une politique de santé publique est l’ensemble des choix stratégiques des pouvoirs publics pour choisir les champs d’intervention, les objectifs généraux à atteindre et les moyens qui seront engagés. Elle correspond au terme anglais « Politics ». Il s’agit de maintenir ou d’améliorer l’état de santé d’une population. Un plan de santé publique est un ensemble de dispositions arrêtées en vue de l’exécution d’un projet et comporte une série de programmes d’actions. Il opère des choix stratégiques en retenant certains types d’intervention plutôt que d’autres et fixe les priorités de son action en les hiérarchisant. Il correspond au terme anglais « Policy ». Un programme de santé publique est un ensemble cohérant d’actions pour atteindre des objectifs précis (ex : programme tuberculose). Une action de santé publique est la composante opérationnelle d’un programme ; elle s’inscrit dans les objectifs du programme en définissant un mode d’intervention particulier. Les apports d’autres disciplines des sciences humaines comme la démographie, l’histoire, la géographie, l’économie, la linguistique sont également nécessaires à une meilleure promotion de la santé.
La santé communautaire Une communauté est une collectivité, un groupe d’individus qui vivent ensemble dans des conditions spécifiques d’organisation et de cohésion sociale. Les membres du groupe ont des intérêts communs et partagent des principes, ce qui suppose des liens étroits ; ces principes sont acceptés par chacun et reconnus comme tels par tous. La communauté se définit par rapport à un lien social, de travail ou de lieu. La santé communautaire nécessite alors la participation des membres de la communauté à la gestion de leur santé individuelle et collective. Il y a une notion d’engagement de chaque individu. La participation de la communauté est recherchée à tous les niveaux de l’action, c’est à dire : l’analyse de la situation sanitaire, l’identification du problème, le choix les priorités, etc.
La démarche participative Les usagers, les acteurs, les politiques, les différents partenaires, etc. doivent être associés dans une action de santé communautaire. Les phases de concertation et de diagnostic partagé sont essentielles car elles impliquent des rencontres d’où découlent l’analyse et la mise en évidence des priorités. La démarche participative est importante en santé communautaire. Les savoirs des destinataires de l’action sont primordiaux. L’action communautaire se construit dans l’échange et implique un transfert de compétences du professionnel vers le profane (le destinataire de l’action) mais aussi du profane vers le professionnel de santé. Les professionnels sont des personnes ressources et mettent leurs compétences au service de la communauté.
Planning Familial et valeur culturelle de l’enfant
Dans la culture malgache, les progénitures sont considérées comme une richesse précieuse. Cette culture est d’ailleurs reflétée dans plusieurs proverbes et expressions malgaches : « Ny hanambadian-kiterahana » ou la finalité du mariage c’est d’avoir des enfants. Et même que des fois, des hommes préfèrent avoir des enfants avec une fille/femme avant de se marier avec elle pour s’assurer qu’elle ne soit pas stérile. « Tokan’anaka ka sarin’ny momba » textuellement : « N’avoir qu’un seul enfant c’est presque être stérile ». Ce qui traduit l’importance d’avoir plusieurs enfants dans la culture malgache. « Miteraha fito lahy, fito vavy » ou ayez « sept garçons et sept filles », bénédiction annoncée aux nouveaux mariés auparavant, mais qui n’est guère utilisée à cause de la constatation sûrement de la difficulté de subvenir à quatorze enfants. Par ailleurs, les enfants sont réputés être des richesses pour certaines familles dans la mesure où ils constituent des mains d’œuvre qui vont aider les parents dans leurs activités (travaux de champs, travaux ménagers…) et seront ainsi des sources de revenus pour eux.
Données sur la population et politique nationale de planning familial
L’indice de développement humain de Madagascar étant de 0,533, l’île se trouve ainsi au 43è rang sur 177 pays et fait partie de ceux dont le développement humain est moyen. Parmi les 20 millions d’habitants, 29% vivent en milieu urbain . Par ailleurs, le taux d’accroissement annuel est de 2,7% avec un taux de fertilité de 5,3 enfants par femme. Le taux de prévalence contraceptive est de 27% (15 à 49 ans). En outre, la population est jeune car 43,8% ont moins de 15 ans et 3,1% plus de 65 ans. En analysant ce tableau, nous avons constaté que le taux d’accroissement annuel de la population malgache est très élevé depuis 1976, alors que le Gouvernement a commencé à mettre en place les politiques sur l’accroissement de la population à partir de 1990 bien que cette politique ait encore été moindre. En effet, la loi n° 90-030 du 19 décembre 1990 a défini la Politique Nationale de Population pour le Développement Economique et Social (PNPDES) mais elle a souffert de l’instabilité politique de l’époque. Toutefois, Madagascar a signé plusieurs traités sur le PF et la Santé de la Reproduction et a participé pleinement à plusieurs conférences internationales sur la population dont le Sommet de l’Enfance (1990), celle de Rio de Janeiro (1992), la CIPD du Caire (1994), celle de Copenhague (1995), la conférence sur l’élimination des obstacles légaux à la PF au Bénin en (1997), la CIPD+5 (1999), la conférence de Beijing (1999/2000), le Sommet du Millénaire (2000) et la Conférence de Johannesburg (2002). En début 2000, le Gouvernement et ses partenaires ont préparé le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté incluant les programmes de population, et dont la version finale a été restituée par le Gouvernement au premier semestre 2003. Mais en 2007, le Plan d’Action de Madagascar connu sous le sigle de MAP 25 (Madagascar Action Plan) a été élaboré veut se constituer en tant que la feuille de route de tout programme de développement du pays de 2007 à 2012. L’engagement politique a avancé. En effet, le gouvernement a placé le Planning Familial dans le contexte du développement économique et social. Les politiques et stratégies nationales supportent le Planning Familial et la Santé de la Reproduction. Selon ce rapport d’état d’avancement de la stratégie nationale sur le planning familial, au premier semestre 2008, le taux de couverture contraceptive est passé à 17,14% contre un objectif de 19% pour cette période. 100% des districts ont au moins un site pouvant offrir une méthode de longue durée Implant. 319/810 écoles, soit 39.4%, ont été sensibilisées sur la SRA26.
Les conjoints et les chefs de ménage
À la suite du mariage, la femme doit généralement suivre le mari, qui est le premier chef du ménage (« ny lahy no lohan’ny vavy »). C’est généralement l’épouse qui change de lieu d’existence et d’appartenance familiale, elle sera enterrée dans le tombeau de la famille de l’époux. En entretien et parlant des mariages, les femmes se désignent souvent comme « mpanaraka » (le suiveur, celle qui suit), situation qui pourra être inversée cependant suivant les opportunités en présence (disponibilité de terre cultivable dans la famille de la femme, occupation d’un bon travail, etc.). Bien que les situations dominantes semblent être celles de conjoints qui se sont mutuellement choisis, des mariages obéissent fréquemment à des pressions familiales, le cas limite étant les mariages arrangés. Ainsi, une des interviewées a dû se marier sur les insistances de sa mère à 14 ans, car cette dernière avait le projet de quitter le pays et souhaitait régler le mariage de sa fille avant son départ; la conséquence est la fin des études pour la jeune fille. Une deuxième résidente vit dans un mariage arrangé par sa grand-mère à 16 ans. Une troisième cherche à faire marier sa fille par un recours aux tribunaux après qu’elle soit tombée enceinte d’un voisin.
Les raisons de non utilisation de méthode contraceptive
Certaines personnes ne veulent pas utiliser une méthode contraceptive particulière pour plusieurs raisons. Ces principales raisons touchent plusieurs éléments de la vie quotidienne et des conditions somatiques, surtout du coté des femmes. Le tableau suivant donne un résumé de ces raisons de non adoption, par les 22 personnes de notre échantillon (qui comme nous l’avons dit comprend à la fois des hommes et des femmes), qui ne pratiquent pas de méthodes formelles. Nous voyons par ce tableau que les obstacles de l’adoption du PF proviennent principalement de barrières familiales et de données religieuses. Les objets plus personnels ne constituent que des éléments secondaires, quant au non adoption du PF. Bien sur, ces éléments ne sont pas à considérer comme une liste exhaustive de ces raisons. Beaucoup de gens veulent avoir encore des enfants, cela provient de la philosophie malgache, sur la richesse par la possession d’une descendance nombreuse. Les raisons de procréations sont alors évoquées pour justifier le non utilisation des contrôles des naissances. Pour les autres personnes, ce sont les parents ou le mari qui sont opposés au PF. Cela se fait par la suite de ce qui a été dit auparavant, mais il y a aussi le fait que les maris veulent toujours marquer cette forme d’assujettissement de la femme dans la société malgache, pour laquelle le mari a toujours le dernier mot. Pourtant, la procréation n’est pas seulement l’affaire de la femme, mais tout aussi bien celle de l’homme. Les interdits religieux sont relatifs. Nous voulons dire par là que malgré la suggestion de différentes confessions sur l’utilisation de méthodes naturelles (ou la non utilisation d’aucune méthode), certaines personnes outrepassent quand même les dogmes et pratiquent le PF. Ce qui est caractéristique des sociétés modernes, pour lesquelles l’individualisme tourne autour de la satisfaction personnelle. Mais cette modernité est inachevée. Ce qui nous amène à basculer vers les « thérapeutiques et les déguisements sociaux ».
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
3. Problématique
4. Objectifs
4.1.- Objectifs généraux
4.2.- Objectifs spécifiques
5. Hypothèses
6. Méthodologie
6.1.- Documentation
6.2.- Les différentes approches
6.3- Les techniques d’enquêtes
6.3.2- Techniques d’échantillonnage
7.- Limites et problèmes rencontrés
PREMIERE PARTIE : CADRAGE SOCIOLOGIQUE DU PLANNING FAMILIAL ET CONTEXTE DE PAUVRETE A MADAGASCAR
Introduction partielle
Chapitre I : SANTE PUBLIQUE ET PLANNING FAMILIAL
I.1.- Santé, politique publique, sciences humaines et sociales
I.1.1.- La santé communautaire
I.1.2.- La démarche participative
I.2.- Les sciences sociales, la médecine et la santé
I.2.1.- L’anthropologie médicale et de la médecine
I.2.2.- La sociologie de la maladie, de la médecine et de la santé
I.2.3.- Santé et bien être
I.2.4.- La notion de santé reproductive
1.3.- Définition du Planning Familial et les méthodes contraceptives
1.3.3- Planning Familial et valeur culturelle de l’enfant
I.3.4- Planning Familial et Religions
I.3.5- Planning Familial et “fady” (tabous)
I.5.- Le contexte géographique et démographique malgache
Chapitre II : PERSPECTIVES DEMOGRAPHIQUES DE LA POPULATION MALGACHE
II.1.- Données sur la population et politique nationale de planning familial
II.2.- Données quantitatives et qualitatives relatives au planning familial
II.2.2- Proportions d’utilisation
II.2.3. Utilisation selon les classes sociales
II.2.4. Utilisation de la contraception selon la répartition géographique
II.3.- Sstème de santé et présentation du Fokontany III G Hangar
II.3.1.- Les activités du dispensaire d’Antohomadinika III G Hangar
II.3.2.- Visages de la pauvreté dans le quartier d’Antohomadinika III G Hangar
II.3.2.1.- Localisation géographique
II.3.2.2.- Subdivision administrative et population
II.3.2.3.- L’habitat
Conclusion partielle
DEUXIEME PARTIE : IMAGE SOCIALE DE LA PRATIQUE DU PLANNING FAMILIAL A ANTOHOMADINIKA III G HANGAR
Introduction partielle
Chapitre III : CONDITIONS DE VIE DE LA POPULATION
III.1.- Précarité d’habitation et insalubrité
III.2.- Composition des ménages
III.5.- Logique d’assistance
Chapitre IV : COMPORTEMENTS SEXUELS ET REPRODUCTIONS SOCIALES
IV.1.- Mariage et existence familiale
IV.1.1.- Les conjoints et les chefs de ménage
IV.1.2.- L’importance des enfants
IV.2.- Utilisation du planning familial
Chapitre V : IMPLICATIONS SOCIOLOGIQUES ET CULTURELLES DE LA REGULATION DES NAISSANCES
V.1.- Les raisons de non utilisation de méthode contraceptive
V.2.- Thérapeutiques et déguisements sociaux
V.3.- Le mythe des croyances
V.4.- Mobilité temporelle de l’utilisation du PF
V.5.- L’Interruption Volontaire de la Grossesse (IVG) ou avortement
V.6.- Perceptions de l’échantillon concernant le Planning Familial
V.6.1.- Pour la gente féminine
V.6.2.- Pour les familles
V.6.3.- Au niveau national
Conclusion partielle
TROISIEME PARTIE : PROPOSITIONS POUR UNE AMELIORATION DE LA PRATIQUE DU PLANNING FAMILIAL
Chapitre VI : REFLEXIONS SUR LES FACTEURS MOTIVANT OU NON LA PRATIQUE DU PLANNING FAMILIAL
VI.4. Cadre juridique du planning familial
VI.4.1. La Déclaration Universelle sur les Droits de l’Homme
VI.4.2. La Charte Africaine des Droits de l’Homme et du Peuple
VI.4.3. Le Protocole sur les Droits Sociaux
VI.4.4. Les législations internes
VI.4.4.1. La Constitution
VI.4.4.2. Le Code Pénal Malgache
VI.5. Lacunes juridiques constatées
Chapitre VII : PROPOSITIONS DES SOLUTIONS
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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