Etude de la metaphore, de la metonymie et de la synecdoque dans l’œuvre poetique de leopold sedar senghor

La pénétration française dans les territoires d’Afrique, de Madagascar a eu des conséquences politiques économiques et culturelles considérables. Après la phase initiale au cours de laquelle les autochtones se contentèrent le plus souvent d’observer un prudent face à face, il apparut en effet que les blancs détenaient un pouvoir secret dont l’école représentait le plus parfait symbole. L’adhésion à la culture et à la langue du colonisateur que l’école nouvelle s’offrait à divulguer largement, devait permettre de ressembler en tout point au blanc et partant d’accéder à la connaissance des secrets qui faisaient sa force : à la politique d’assimilation pratiquée par la métropole répondait la volonté d’identification des africains aux modèles culturels occidentaux.

La littérature africaine d’expression française a été fortement marquée par cette volonté d’imitation, pourtant des symptômes de malaises ne tardèrent pas à se déclarer dont la poésie allait se faire l’écho retentissant tandis qu’au nom du droit des peuples à disposer d’euxmêmes s’amplifiait la lutte du continent africain pour son indépendance. A cette période héroïque et glorieuse est associée une poignée de poètes prestigieux : Aimé Césaire, Léon Damas, J. J. Rabearivelo, Jacques Rabemananjara et Léopold Sédar Senghor. L’historiographie de la littérature africaine d’expression française situe alors la naissance de la poésie écrite dans un contexte colonial. La plupart des premiers poètes africains se sont révélés dans le contexte colonial et racial des années 30 à Paris. Ce sont ceux qu’une certaine critique nomme les poètes de la négritude dont on peut citer Léopold Sedar Senghor qui est l’un des principaux animateurs de la littérature Africaine d’expression écrite de langue française, mais aussi l’un des poètes les plus éminent de l’Afrique noire.

Très tôt débarqué en France, son parcours lui a valu successivement le grade de professeur des lettres, d’être reçu à l’agrégation en grammaire, et d’être membre de l’académie française. Cette situation est suivie d’une œuvre poétique composée entre autre de Chants d’Ombre (1945), d’Hosties noires (1948), d’Ethiopiques (1956), de Nocturnes (1961), de Lettres d’hivernage (1973), et d’Elégies majeures (1979).

PROBLEMATIQUE 

Contexte et justification

La rhétorique antique constituait un immense édifice pédagogique de formation de l’oralité qui a perdu une partie de son importance à partir du moment où l’orateur a cessé de jouer un rôle politique prépondérant. A la fin du I er siècle de notre ère, on note une évolution qui s’est amorcée depuis Ciceron (106-43avant J-C) : La rhétorique devient alors plus littéraire. Elle se soucie davantage d’être une technique de discours orné et non plus seulement une technique de persuasion. Considérée comme l’art de l’éloquence s’appliquant au domaine judiciaire et politique par les rhéteurs grecs du Ve et du VIe siècle avant J-C , la rhétorique était consacrée à cette époque à la seule communication orale et au cinq aspects de la rhétorique romaine qui sont : l’inventio (rhétorique du contenu du discours), l’elocutio (composant stylistique du discours), la dispositio (composition des grandes parties du discours), lamemoria (mémorisation du discours) et l’actio (prononciation du discours) .

De là on note Aristote qui envisage dans tout discours le logos, l’ethos et le pathos sur lesquels on retrouve ces cinq parties de la rhétorique Romaine. Elle a progressivement laissé place à un art de bien dire plutôt qu’un art de persuader, se restreignant à un inventaire de figures relevant des ornements du discours. En effet, après avoir été largement enseignée dans l’antiquité gréco-romaine, puis à la Renaissance (traités de Gibert, de Crevier, suivis plus tard par Dumarsais et Fontanier), la rhétorique sera remplacée par le cartésianisme et le rationalisme scientifique. Entre temps au moyen-âge, elle est devenue une matière théorique, détachée du réel, enseignée dans les monastères.

Au XVIIe et XVIIIe siècle, la rhétorique est une discipline enseignée dans le cadre des « humanités ». Avec la classe de poésie, elle compose un cycle d’études supérieures préparant la classe de philosophie. Elle est alors considérée comme une science du style. Puis les parties de la rhétorique vont se séparer pour devenir disciplines à part entière. Ne subsistera au XIXe siècle que l’élocution, puis dans un champ plus restreint, la théorie des figures, ensuite la théorie des tropes et l’on ne reconnaîtra enfin au XXe siècle et notamment dans le domaine linguistique que la métaphore, la métonymie et la synecdoque comme seuls éléments significatifs d’une technique littéraire.

Par ailleurs avec la progression de la littérature africaine de la langue française dans ce même siècle, plusieurs ouvrages poétiques africains d’expression française ont vu le jour. On note alors une forme d’écriture imagée et séduisante reflétant aux plumes des auteurs africains avec l’usage des procédés rhétoriques en poésie. C’est le cas du poète Léopold Sedar Senghor dans son célèbre œuvre poétique dont nous proposons une analyse tropologique. Il s’agit de son second recueil intitulé Hosties Noires.

Œuvre poétique est le titre sous lequel les éditions du Seuil ont regroupé la totalité des poèmes produits par Senghor. L’ouvrage a été publié après cinq rééditions de Poèmes qui avaient regroupé l’ensemble des recueils senghoriens à l’exception d’Elégies majeures et de Poèmes perdus. Son intérêt est donc double : il met à la disposition du lecteur, en un seul volume, la totalité de la production poétique de Senghor ; en outre il permet d’apprécier, plus de soixante ans après leur publication, les poèmes d’éloges et de blâmes vus comme arme de lutte dans son deuxième recueil hosties noires. Contrairement à la poésie de Chants d’ombre qui exprime de manière générale, un sentiment de nostalgie de l’Afrique en développant l’un des mythes favoris de Senghor : le Royaume d’enfance, l’Hosties noires est un recueil sur lequel, la tonalité et l’orientation changent. Publié en 1948 dans la période ou la réaction antieuropéenne coïncida justement avec le début du mouvement de la négritude, ce recueil marque l’évolution intérieure d’un homme qui accède à la pleine maturité de sa pensée tout en approfondissant sa communion avec son peuple humilié et, au-delà, avec ses frères des autres races du continent.

D’après une lecture permanente de ses poèmes dans son second recueil, nous pensons dire que Senghor utilise des tactiques et techniques d’expressions pour mener à bien sa mission de conscientisation. Il est donc engagé et se voit comme un militant et porteur de parole pour la défense des intérêts des noires. A travers ses poèmes, on note un style qui repose sur le langage imagé touchant l’émotion et la sensibilité du destinataire. Dès lors une réflexion sur quelques figures de sens dans Hosties Noires semble nécessaire et c’est dans ce cadre d’étude que s’inscrit notre sujet de recherche basé sur l’analyse des tropes en particulier la métaphore la métonymie, et la synecdoque dans ce corpus. Le choix de ce sujet est donc dans le désir de fournir un travail original s’inscrivant sur le fil de l’intérêt pour les chercheurs et les théoriciens.

Hosties noires de Léopold Sédar Senghor 

L’auteur 

Léopold Sédar Senghor est né le 9 octobre 1906 à Joal, petit village côtier du Sénégal situé à 120 kilomètres au sud de Dakar, dans la région sérère du Sine. En 1913, son père, un notable aisé, l’envoie à la mission catholique de Joal. Senghor est donc très tôt formé à la culture occidentale et à la religion catholique, formation qu’il poursuit à Dakar au collège séminaire Libermann jusqu’en 1928. Après avoir passé avec succès son baccalauréat, il obtient une bourse pour continuer ses études en France, et part faire une classe préparatoire au prestigieux lycée Louis-le-Grand. C’est là qu’il rencontre Georges Pompidou, avec qui il restera toujours ami, mais également Aimé Césaire, autre grand ami au contact duquel va naître le concept de la « Négritude ». En 1935, il est reçu à l’agrégation de grammaire et devient le premier Africain agrégé. Il est d’abord nommé dans un lycée de Tours, puis, en 1938, à SaintMaurdes- Fossés. Ses premiers poèmes sont publiés en revue en 1939, juste avant sa mobilisation dans l’armée française. Fait prisonnier par les Allemands, il fait l’expérience douloureuse des camps de travail entre 1940 et 1942. Deux événements importants marquent, en 1945 les débuts de sa double carrière de poète et d’homme politique : son premier recueil, Chants d’ombre, est publié au Seuil, et il est élu député du Sénégal à l’Assemblée constituante. En 1955-1956, il devient secrétaire d’état à la présidence du Conseil dans le cabinet d’Edgar Faure et participe activement aux débats sur l’autonomie des colonies. En 1960, le Sénégal accède à l’indépendance et le 5 septembre, Senghor remporte les élections présidentielles : débutent alors vingt ans de pouvoir à la tête de l’état sénégalais, qu’il quitte volontairement avant la fin de son cinquième mandat, en décembre 1980. Parallèlement, Senghor poursuit sa carrière d’homme de lettres en publiant, de 1948 à 1993, cinq nouveaux recueils de poèmes et cinq épais volumes d’articles et de conférences dans lesquels il défend inlassablement les valeurs de la culture négro africaine et sa vision d’une humanité réunifiée, par-delà les fractures de l’Histoire, autour des apports complémentaires de chaque culture (c’est ce qu’il nomme la « Civilisation de l’Universel »). Après 1980, Senghor partage sa retraite entre Paris et Verson (village normand situé près de Caen où son épouse possède une propriété), en recevant les honneurs qui lui sont dus : élection à l’Académie française en 1983, célébration par l’UNESCO de son quatre-vingt-dixième anniversaire en 1996. Il s’éteint à Verson le 20 décembre 2001, à l’âge de 95 ans.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
I-1 PROBLEMATIQUE
I-2 REVUE DE LITTERATURE
I-3 METHODOLOGIE
CHAPITRE II : PRESENTATION GENERALE DES TROPES EN PARTICULIER LA METAPHORE, LA METONYMIE ET LA SYNECDOQUE
II-1 DEFINITION DES TROPES
II-2 SENS PROPRE SENS FIGURE
II-3 TROPES MAJEURS ET TROPE MINEURS
II- 4 DES TOPES EN UN SEUL MOT, OU PROPREMENT DIT
CHAPITRE III : ANALYSE DE LA METAPHORE DANS HOSTIES NOIRES
III-1 LA METAPHORE IN PRAESENTIA
III – 2 LA METAPHORE INABSENTIA
III- 3 LA METAPHORE FILEE
CHAPIRE IV : LA METONYMIE ET LA SYNECDOQUE DANS HOSTIES NOIRES
IV- 1 LA METONYMIE
IV- 2 LA SYNECDOQUE
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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