« La malnutrition est un état pathologique résultant de la carence ou de l’excès relatif ou absolu d’un ou de plusieurs nutriments essentiels ; que cet état se manifeste cliniquement ou ne soit décelable que par des analyses biochimiques, anthropométriques ou physiologiques » [1]. . De nombreux travaux ont déjà établi que la malnutrition proteino-énergétique participe largement à la surmortalité infanto juvénile et à la précarité de l’état de santé des enfants d’âge préscolaire vivant dans les pays en développement [1]. La malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans constitue un problème majeur de santé publique dans le monde en général et dans les pays en développement (PED) en particulier. Près de 32% des enfants de moins de cinq ans vivants dans les Pays en Développement (PD) présentent un retard de croissance ou malnutrition chronique, (46% en Asie du sud, 38% en Afrique subsaharienne, 25% au moyen Orient et en Afrique du nord [2]. Chaque année, 5 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent des conséquences de la faim et de la malnutrition [3]. Trois millions d’enfants supplémentaires meurent chaque année de maladies liées à l’eau [4]. En Afrique entre 15 et 30% des adultes sont sous alimentés chroniquement et jusqu’à 50% des enfants présentent un faible poids à la naissance [4].Des dizaines de milliers de familles vivant dans la partie ouest du Sahel sont en situation d’extrême détresse à cause de la crise alimentaire qui frappe la région et plus de 859 000 enfants souffrant de malnutrition sévère devront être soignés.
Selon les principales conclusions des enquêtes et examens approfondis dans le sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger), pilotés par l’UNICEF en 2006 et 2007 :
➣ La prévalence régionale de la malnutrition aiguë est largement au-dessus du seuil d’urgence soit 14,5% ;
➣ On estime que 40% des enfants de moins de 5 ans (soit 4 millions d’enfants) souffrent de malnutrition chronique. . Par ailleurs, 50% qui sont chroniquement malnutris souffrent de malnutrition chronique sévère;
➣ La malnutrition est une cause associée de 56% des décès d’enfants. Cela signifie que plus de la moitié du fardeau de la mortalité infantile au Sahel est imputable à la malnutrition infantile, ce qui provoque plus de 300.000 décès d’enfants chaque année.
GENERALITES
DEFINITION
Selon l’OMS la malnutrition est un état pathologique résultant de l’insuffisance ou des excès relatifs ou absolus d’un ou de plusieurs nutriments essentiels, que cet état se manifeste cliniquement, où qu’il ne soit décelable que par les analyses biologiques, anthropométriques ou physiologiques. Cette définition exclut les troubles nutritionnels liés à des erreurs de métabolisme ou à une malabsorption.
On distingue plusieurs types de malnutritions qui sont :
➣ Les malnutritions par excès dues à un apport alimentaire excessif responsable de l’obésité.
➣ Les malnutritions par carence : Ces types de malnutrition restent et resteront probablement encore pendant longtemps, le risque nutritionnel majeur des populations des pays en développement. Les carences les plus importantes dans le monde concerne les malnutritions protéino-énergétiques, les carences en fer, en vitamine A et en vitamine C. La malnutrition protéino-énergétique (MPE), encore appelée malnutrition protéino-calorique (MPC), est une affection infanto-juvénile qui se traduit par des troubles dus à une alimentation insuffisante ou déséquilibrée en protéines en calories, et en micronutriments (vitamines et oligoéléments). Sur le plan clinique, on définit trois tableaux de malnutrition protéino-calorique selon qu’il s’agisse d’une carence protéique, calorique, ou globale.
CLASSIFICATIONS DES MPE
Les mesures anthropométriques permettent une appréciation qualitative et quantitative de la croissance. Elles sont basées sur l’appréciation des paramètres comme le poids, la taille, le périmètre branchial, le périmètre thoracique, le périmètre crânien et le pli cutané. Chacun de ces indicateurs d’appréciation a ses avantages et ses limites et n’est pas suffisant à lui seul pour l’évaluation de l’état nutritionnel. Les méthodes anthropométriques ont l’avantage d’être moins onéreuses, précises, fiables, de reproduction facile, ne nécessitant pas une grande qualification. Elles sont utilisées dans les dépistages de masse. Ces méthodes ne sont sensibles qu’aux stades avancés de la malnutrition.
Malnutrition aiguë ou émaciation
Elle est mesurée par l’indice poids/ taille, et est due à un manque d’apport alimentaire entraînant des pertes récentes et rapides de poids avec un amaigrissement extrême. Il n’y a pas de déficit en vitamines. Un apport alimentaire en 4 semaines permet de rétablir une bonne santé. C’est la forme la plus fréquente dans les situations d’urgence et de soudure. Elle traduit un problème conjoncturel [11]. Elle touche près de 10% des enfants de 0 à 59 mois et un peu moins de 1% dans sa forme sévère selon les régions.
Interprétation de l’indice poids/taille
En cas d’expression en pourcentage de la médiane (selon Road To Health RTH)
– Si le rapport P/T est ≥ 85 %, état nutritionnel normal ;
– Si le rapport P/T est compris entre 80 et 84 %, il y a risque de malnutrition ;
– Si le rapport P/T < 80 %, malnutrition modérée ;
– Si le rapport P/T < 70 %, c’est un cas de malnutrition sévère ;
– Si le rapport P/T < 60 %, malnutrition très grave, la vie de l’enfant est en danger ;
– Si le rapport P/T > 100 %, c’est l’hypernutrition ou obésité.
En cas d’expression en Z score ou écart type (ET) selon l’OMS
– Si le rapport P/T < – 2 ET, malnutrition modérée ;
– Si le rapport P/T < – 3 ET, malnutrition sévère ;
– Si le rapport P/T compris entre – 2 et – 1 ET, il y a risque de malnutrition ;
– Si le rapport P/T compris entre – 1 et 1 ET, l’état nutritionnel est normal ;
– Si le rapport P/T compris entre 1 et 2 ET, il y risque d’obésité ;
– Si le rapport P/T est > 2 ET, il y a obésité sévère ou hypernutrition.
Inconvénients de l’indice poids/taille
Ne permet pas de différencier un enfant trop petit pour son âge (qui a souffert de MPC dans son enfance) d’un enfant de taille satisfaisante. Sur le plan clinique, on définit trois tableaux de malnutrition protéino-calorique (malnutrition aigue), selon qu’il s’agisse d’une carence protéinique, calorique, ou globale :
➤ Le kwashiorkor :
Il correspond à une insuffisance d’apport protéique dans la ration alimentaire [14]. Les signes les plus marquants sont l’apathie, l’anorexie, la présence d’œdème mous prenant le godet en particulier aux chevilles, sur le dos des mains, des pieds et parfois au visage (visage bouffi). L’amaigrissement est constant mais souvent masqué par les œdèmes [14]. La peau peut être terne et l’on trouve souvent des lésions du type dépigmentation. Dans la phase la plus avancée, il peut y avoir hyperpigmentation avec craquelures, voire ulcérations de la peau. Les cheveux sont parfois dépigmentés (roux et même blancs), défrisés, cassants et ils se laissent facilement arracher. Il y a souvent une diarrhée par atrophie de la muqueuse intestinale. Biologiquement, on note une chute importante de la protidémie, portant essentiellement sur l’albumine. L’ionogramme sanguin montre des troubles hydro électrolytiques, notamment une hypo natrémie, une hypocalcémie, et une hypokaliémie. Des complications peuvent survenir telles que la déshydratation, les troubles métaboliques et les infections bactériennes, ceux-ci expliquent la mortalité très élevée au cours du kwashiorkor.
➤ Le marasme :
C’est une insuffisance calorique globale de la ration alimentaire [14]. Le tableau clinique présenté par l’enfant marastique est tout à fait différent de celui dû au kwashiorkor. Dans la plupart des cas, l’enfant s’intéresse à ce qui se passe autour de lui, il n’a pas perdu l’appétit mais il est nerveux et anxieux.
Le signe le plus frappant reste l’amaigrissement : il y a diminution de la couche graisseuse et fonte musculaire, la peau semble trop vaste pour le corps de l’enfant, le visage est émacié, les yeux sont enfoncés dans les orbites. L’enfant a une diarrhée importante par atrophie de la muqueuse intestinale. Il n’y a pas d’œdème, mais un retard de croissance important par rapport aux courbes utilisées localement (poids/taille). Biologiquement la protidémie est légèrement diminuée, l’hématocrite et le taux d’hémoglobine sont aussi légèrement diminués. Même si des complications peuvent apparaître, le pronostic est meilleur que celui du kwashiorkor.
➤ La forme mixte :
En réalité, les formes cliniques dues au kwashiorkor, associé au marasme se rencontrent rarement. C’est une forme qui associe à des degrés variables, les signes du kwashiorkor et du marasme.
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Table des matières
I INTRODUCTION
II OBJECTIFS
III GENERALITES
1 – Définition
2 – Classifications de la malnutrition
3 – Causes de la malnutrition
4 – Complications de la malnutrition
5 – Prise en charge de la malnutrition
6 – Concepts de l’allaitement maternel
IV METHODOLOGIE
V RESULTATS
VI COMMENTAIRES ET DISCUSSION
VII CONCLUSION
VIII RECOMMANDATIONS
IX REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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