Étude de la fiabilité de l’estimation du poids des patients

Étude de la fiabilité de l’estimation du poids des patients

Statistiques 

L’analyse statistique a été effectuée à l’aide du logiciel R (R Development Core Team, Vienne, Autriche). Pour les valeurs qualitatives, la description de la population était donnée en proportions ou en effectifs, l’intervalle de confiance à 95% et la différence entre deux groupes montrés par le test du χ² ou le test exact de Fisher si besoin. Les séries appariées étaient comparées grâce à un test de Mac Nemar. Les valeurs qualitatives ordinales étaient présentées en effectifs et analysées avec un test de tendance de Cochran Armitage. Pour les valeurs quantitatives, elles étaient données par la moyenne avec intervalle de confiance à 95%. La différence entre les moyennes était analysée par le test de Student. Le risque de première espèce α choisi était de 5%. La distribution visuelle est représentée par un graphique de Bland Altman modifié qui exprime la différence entre poids mesuré et poids estimé du patient couché en fonction du poids mesuré. Nous avons ensuite construit un modèle de régression logistique pour identifier toutes les variables indépendamment associées à la survenue d’une différence supérieure ou égale à 10 kg. Ce modèle incorporait tous les facteurs indépendants supposés présentant, après l’analyse univariée, un seuil de significativité à p≤0.

DICUSSION ET CONCLUSION

Nos résultats confirment que le patient reste le meilleur estimateur de son poids. Les personnels soignants ne sont qu’insuffisamment fiables. Demander son poids au patient, lorsque celui-ci est apte à le donner, reste le moyen le plus sûr. La majorité des études réalisées jusqu’à présent exprime leurs résultats en pourcentage de différence par rapport au poids réel [6,10-12]. C’est un bon indicateur de la précision de l’estimation. Cependant, l’impact thérapeutique est lui corrélé à la valeur réelle de ce poids. Une différence de dix kilogrammes entraîne effectivement une modification de posologie. Alors qu’une différence de 10% sur un poids de 45 kilogrammes n’aura pas d’impact thérapeutique. C’est pourquoi nous avons choisi les différences supérieures ou égales à 10kg comme critère de jugement principal. Le fait d’étudier comme critère secondaire les différences supérieures ou égales à 10% avait pour but d’affiner la recherche de facteurs influençant. En effet, en prenant une différence de 10% plutôt que 10kg le taux d’erreur augmente nettement (40.9% vs 27.4%). Les études précédentes ont également recherché des critères influençant la qualité de l’estimation du poids mais de façon moins exhaustive, se limitant pour la plupart à l’IMC du patient, ou au sexe et à la catégorie professionnelle de l’estimateur[6,10-13]. Pour ce qui nous concerne, nous avons précisé un nombre plus important de critères secondaires. Nous les avons divisés en trois catégories : les critères liés au patient, les critères liés à l’estimateur et la similarité physique entre patient et estimateur.

Critères liés au patient : Différence supérieure ou égale à 10kg : Le poids et l’IMC sont les deux facteurs influençants identifiés par notre étude, confirmant le résultat d’études précédentes [9]. Plus le poids est élevé, plus l’estimation est difficile à faire. Le graphique de Bland Altman modifié confirme cette tendance. Il nous montre également que les personnels soignants surestiment les poids légers et sous-estiment les poids lourds. Notre résultat est similaire à ceux de Corbo et al. [7] et Coe et al. [14]. Corbo et al [13] démontrait aussi que le personnel soignant faisait de meilleures estimations des poids situés entre le 25e et 50e quartile, autrement dit ceux les plus fréquemment rencontrés. Dans les études déjà réalisées, la position du patient n’était pas précisée ou laissée au choix de l’estimateur. Il nous semblait nécessaire d’analyser l’influence de la position sur l’estimation. Nous avons supposé que la position debout aide à une meilleure estimation, car permet d’évaluer la taille du patient et donne une meilleure vision de sa corpulence.

L’IMC, que l’on peut considérer comme un reflet de la corpulence, influence la qualité de l’estimation, mais la taille n’est pas démontrée comme facteur influençant. Cela explique peut-être l’absence de différence entre position couchée et position debout. Un autre facteur d’influence identifié dans notre étude est le port de chaussures par le patient. Il y avait plus d’erreurs lorsque les patients portaient leurs chaussures. Cette donnée était recueillie par l’investigateur et le patient était pesé avec ses chaussures. Nous avons alors considéré que le poids des chaussures modifiait significativement le poids du patient. Actant que le poids moyen d’une paire de chaussure est d’1 kilogramme, nous avons soustrait ce poids à celui de notre effectif de patients portant des chaussures. Avec cette nouvelle base de données, nous avons refait notre analyse statistique mais les résultats sont restés similaires. Il est vrai qu’il est difficile de dire dans quel sens ce critère a influencé le soignant. En effet, certains ont pu le prendre en compte dans leurs estimations et d’autres non. Nous avons aussi étudié le port du pantalon, de vêtement de ville, de tuniques de l’hôpital. Mais les autres critères d’habillement recueillis n’ont pas apporté d’information. On peut supposer qu’un patient portant ses chaussures est en tenue de ville. La tenue de ville pourrait donc être pourvoyeuse d’erreur mais nous ne l’avons pas démontré.

Un facteur de confusion ici peut provenir du port simultané d’une tunique de l’hôpital, du pantalon et des chaussures de ville. Notre volonté était d’évaluer des critères semblant influencer la perception de la silhouette et de la corpulence du patient. Le seul retrouvé est finalement le port de chaussures sans que la raison en soit évidente. La présence d’oedème ou d’ascite ne semblait pas modifier la qualité de l’estimation. Il est à noter, qu’un très petit nombre de patients (6) avait des oedèmes ou de l’ascite. Différence supérieure ou égale à 10% : Le poids, la taille et l’IMC ne sont pas retrouvés comme facteur influençant la qualité de l’estimation. En revanche, il y a plus de femmes dans le groupe « différence supérieure ou égale à 10% ». Le sexe féminin serait donc un facteur de risque d’erreur. La proportion de la masse grasse est différente entre l’homme (15% à 20%) et la femme (20% à 25%), ainsi que sa répartition. Un excès de masse grasse chez l’homme peut être considérée comme plus visible (présentation androïde correspondant à une localisation abdominale), rendant l’estimation plus aisée. Les critères vestimentaires et la présence d’oedèmes ou d’ascite ne sont pas identifiés comme pourvoyeur d’erreur d’estimation.

Critères liés à l’estimateur : Différence supérieure ou égale à 10kg : Nous avons étudié trois critères : la catégorie professionnelle, l’âge et le sexe. Dans l’ordre de la catégorie professionnelle de la plus à la moins fiable, on retrouve : le médecin, l’aide-soignant, l’interne, l’infirmier et enfin l’externe. L’analyse multivariée confirme la tendance observée et retrouve qu’une estimation réalisée par un médecin est indépendamment associée à une diminution du risque d’erreur. C’est la seule profession présentant un résultat significatif. D’autres études se sont penchées sur ce sujet, essayant de trouver quelle catégorie professionnelle était la plus fiable. Prenant, par exemple, le postulat que le personnel paramédical est au plus près des patients, il serait plus à même d’évaluer correctement son poids. Aucune d’entre elles n’aboutit au même résultat. Menon et al. [9] démontrait que les infirmiers étaient plus fiables que les médecins. Anglemyer et al. [6] trouvait un résultat similaire au nôtre, classant le médecin en première place. Une autre étude, menée par Kahn et al. [10], étudiait précisément le nombre d’années d’expérience du médecin mais ne trouvait pas de corrélation. Nous avons regardé l’âge du soignant car nous avons supposé qu’un âge plus élevé conférait une plus grande expérience et pourrait améliorer les performances de l’estimateur. Il n’y avait pas de différence significative retrouvée entre les moyennes d’âge des estimateurs des deux groupes. Le sexe féminin de l’estimateur a été retrouvé comme facteur indépendamment associé diminuant le risque d’erreur. Différence supérieure ou égale à 10% : L’ordre est modifié. Le médecin était toujours premier, suivi de l’interne, puis de l’aide-soignant, de l’infirmier et enfin de l’externe. La significativité avec p=0.052, est insuffisante pour conclure avec certitude.

Similarité entre patient et estimateur : Différence supérieure ou égale à 10 kg : Notre postulat de départ était qu’un estimateur pourrait être meilleur s’il estimait une personne semblable à lui-même. Par exemple, qu’il serait plus facile pour un jeune homme de 20 ans d’estimer de façon juste le poids d’un patient de 23 ans de corpulence similaire que celui d’une femme âgée de 80 ans et cachectique. Coe et al. [14] a montré, en utilisant une droite de corrélation, la tendance des soignants à sous-estimer les poids élevés et à surestimer les poids légers. La limite entre poids légers et poids lourds se situant au propre poids du soignant. Ce qui tend à démontrer que les soignants sont de meilleurs estimateurs aux alentours de leur propre poids. Mais dans notre étude, la similarité entre le patient et le soignant que ce soit en termes d’âge, de sexe, de poids et/ou de taille n’a pas d’impact sur la qualité des estimations. Différence supérieure ou égale à 10% : Le fait d’avoir le même sexe améliorait la qualité des estimations.

Par ailleurs nous avons démontré que le sexe féminin était un facteur d’erreur lié au patient. Dans la mesure où être de sexe différent est un facteur d’erreur, nous nous sommes demandés si la proportion d’estimateurs masculins était plus importante et pouvait expliquer ce résultat. Nous avons donc vérifié la proportion d’estimations faites par chaque sexe. Il y avait 129 estimations réalisées par des hommes et 387 par des femmes. Ces nombres confirment l’influence du sexe féminin comme facteur lié au patient, pourvoyeur d’erreur. Finalement, les critères que nous avons identifiés comme à risque chez le patient sont le poids élevé, l’IMC élevé, le sexe féminin et le port de chaussures. Le soignant a moins de difficulté à estimer un patient de sexe identique et les deux facteurs indépendamment associés à une diminution du risque sont le sexe féminin de l’estimateur et la profession de médecin.

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Table des matières

PLAN
LISTE DES ABRÉVATIONS
RÉSUMÉ
INTRODUCTION
MATÉRIEL ET MÉTHODES
RÉSULTATS
1.Description de notre population
2.Différence supérieure ou égale à 10kg par rapport au poids mesuré
3.Différence supérieure ou égale à 10% par rapport au poids mesuré
DICUSSION ET CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Liste des figures
Liste des tableaux
Table des matières
Annexes

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