Dynamique
ย ย Globalement le terme dynamique peut รชtre dรฉfini simplement comme un changement rรฉsultant dโun jeu de force (FAYE, 2007). Les modalitรฉs de dynamique mettent en relation des changements et les forces qui les provoquent. Les dynamiques spatiales sont les changements, les รฉvolutions que lโon peut repรฉrer dans un espace. Au demeurant, la notion ne doit pas รชtre interprรฉtรฉe uniquement en terme positifs. Une dynamique, dans telle situation socio spatiale, peut รชtre nรฉgative, traduire un dรฉclin, la dรฉshรฉrence, la dรฉprise. La dynamique des territoires รฉtudie les changements qui sont en ลuvre du point de vue des localisations des populations et de leurs activitรฉs mais aussi des amรฉnagements et des capacitรฉs de maรฎtrise des territoires รฉtudiรฉs. Ici nous allons utiliser le terme dynamique comme รฉtant lโรฉvolution patio- temporelle de la forรชt classรฉe de Tobor.
Les unitรฉs phyto gรฉographiques
ย Avec une pluviomรฉtrie abondante, รฉtalรฉe dans le temps et dans lโespace, la composition et lโarchitecture tout comme la densitรฉ du couvert vรฉgรฉtal de lโArrondissement de Tenghory sont parmi les plus importantes du pays. Dโaprรจs Goudiaby (1988) la nature des sols et la position selon quโon est sur le plateau ou dans les basses terres entrent รฉgalement en considรฉration dans la localisation des diffรฉrentes formations vรฉgรฉtales. Dโaprรจs Seck (1987), au niveau de lโArrondissement de Tenghory, on trouve dans chacune des unitรฉs morphologiques citรฉes ci dessus les essences suivantes :
> Dans les plateaux du Continental terminal on trouve gรฉnรฉralement une vรฉgรฉtation herbeuse mais aussi des espรจces ligneuses comme Cassia sieberiana, Elaeis guineensis, Pterocarpus erinaceus. On y rencontre รฉgalement des espรจces soudaniennes comme Parkia biglobosa, Ceiba pentandra et Khaya senegalensis.
> Au niveau des zones de culture on rencontre une savane boisรฉe anthropique qui rรฉsulte des activitรฉs de dรฉboisement des populations soit pour les terres et/ou pour le bois. Ce type de vรฉgรฉtation constitue une รฉtape dans le processus de dรฉgradation de la forรชt originelle qui prรฉsente des diffรฉrences de densitรฉ et de composition floristique par rapport ร la forรชt claire. Les essences guinรฉennes ont rรฉgressรฉ au profit des espรจces soudaniennes comme Daniella Oliveri, Parkia biglobosa, Afzelia africana et Detarium senegalense.
> Le versant de la vallรฉe est un รฉcosystรจme particulier quโil faut protรฉger et on nโy rencontre une forรชt galerie qui jalonne les cours dโeau notamment la Casamance. Cette forรชt galerie se rencontre รฉgalement dans les bas fonds ร causes des conditions pรฉdo-hydrologiques favorables. Cette formation plus ou moins fermรฉe prรฉsente souvent un aspect de forรชt dense avec de grands arbres. Le palmier ร huile est dominant mais certaines espรจces subsistent comme Afzelia africana, Cola cordifolia, Spondias mombin et Ceiba pentandra.
> Dans les basses terres il ya une zonation caractรฉristique de la vรฉgรฉtation liรฉe ร la topographie. Cela va du cours dโeau du fleuve Casamance jusquโau rebord du plateau. On y trouve une vรฉgรฉtation essentiellement constituรฉe de graminรฉes qui offrent un paysage de prairie. A la lisiรจre de la forรชt classรฉe il ya un important peuplement de palmeraies qui assure la transition avec les basses terres. Mais il faut dire que malgrรฉ cette richesse du point de vue floristique, on note un certain recul de la forรชt sous lโaction de lโhomme par la crรฉation de champs de culture et du dรฉboisement massif que lโon note de plus en plus au niveau des forรชts classรฉes de lโArrondissement de Tenghory. Notre รฉtude porte dโailleurs sur cette partie de la basse Casamance qui se particularise aujourdโhui par une exploitation massive des ressources forestiรจres et plus particuliรจrement des produits ligneux. Cette exploitation ร outrance est imputable aux coupes anarchiques des scieries formelles et clandestines qui sont installรฉes le long des routes et ร cotรฉs des massifs forestiers mais aussi ร cause de lโindigence des populations riveraines des massifs forestiers qui constituent par ailleurs des sources dโรฉnergie et de revenus.
De la rรฉforme administrative ร la naissance des CR de Niamone de Coubalan
ย ย Tenghory รฉtait un grand village du dรฉpartement de Bignona รฉrigรฉ en Arrondissement en janvier 1960 avec lโadoption par lโassemblรฉe nationale du Sรฉnรฉgal de la rรฉforme รฉlaborรฉe par Monsieur Valdiodio Ndiaye, ministre de lโintรฉrieur ร lโรฉpoque, dans laquelle, le territoire รฉtait scindรฉ en 7 Rรฉgions, 27 Dรฉpartements et 85 Arrondissements ayant ร leur tรชte des gouverneurs, des prรฉfets et des chefs dโArrondissement (PLD 2002). La rรฉforme administrative du 1er fรฉvrier 1972, prรฉparรฉe par Monsieur Jean Colin adoptรฉe par lโAssemblรฉe Nationale a introduit de profondes modifications en mettant lโaccent sur trois principes fondamentaux pour permettre la participation des populations, surtout rurales, aux affaires de la nation : la dรฉcentralisation et la participation responsable. Le dรฉcret nยฐ78-457 du 19 mai 1978 portant crรฉation des Communautรฉs Rurales divise lโArrondissement de Tenghory en quatre (4) communautรฉs rurales.
1 La CR de Tenghory
2 La CR dโOuonck
3 La CR de Niamone
4 La CR de Coubalan
Ce sont ces deux derniรจres CR situรฉes au sud de lโArrondissement de Tenghory qui se partagent la gestion de la forรชt classรฉe de Tobor qui nous intรฉresse dans le cadre de notre รฉtude.
La riziculture
ย ย Dans la rรฉgion de Ziguinchor la riziculture est une activitรฉ traditionnelle qui sert ร assurer la sรฉcuritรฉ alimentaire des mรฉnages. Selon NDIAYE (2005) elle couvrait en 2002 plus de 500 000 hectares de productions annuelles pouvant aller jusquโร 75000 tonnes. Le dรฉpartement de Bignona a produit en 2004 plus de 39.275 tonnes. Cette activitรฉ est pratiquรฉe de faรงon traditionnelle et connaรฎt des problรจmes liรฉs ร :
– La trรจs faible mรฉcanisation : les instruments utilisรฉs par les femmes sont rudimentaires ;
– La salinisation progressive des riviรจres ;
– La baisse de la fertilitรฉ des sols ;
– La baisse de la pluviomรฉtrie qui entraรฎne lโinadaptation des semences ร un long cycle ;
– Lโensablement qui gagne du terrain au niveau des surfaces rizicoles.
Le tourisme
ย ย Malgrรฉ les multiples atouts liรฉs aux ressources naturelles et humaines de qualitรฉ, lโactivitรฉ touristique est trรจs en retard au niveau de lโArrondissement de Tenghory par rapport aux autres localitรฉs de la rรฉgion notamment la zone du Cap Skirring. Les quelques touristes qui arrivent sont pour la plupart des ressortissants franรงais ayant effectuรฉs des jumelages avec certaines Communautรฉs Rurales de lโArrondissement. Cโest le cas de la ville de CherbourgOcteville en France avec la communautรฉ rurale de Coubalan. Mais il faut aussi signaler que cโest rรฉellement lโinsรฉcuritรฉ qui rรจgne dans la zone et la quasi inexistence des infrastructures hรดteliรจres au niveau mรชme du dรฉpartement de Bignona qui empรชchent le dรฉveloppement de cette activitรฉ.
Les dรฉfrichements de la limite sud
ย ย La limite sud de la forรชt classรฉe de Tobor a aussi fait lโobjet de dรฉfrichement entre 1946 et 1983 pour diverses raisons : En effet, en 1946 des dรฉfrichements ont รฉtรฉ effectuรฉs au niveau de la partie situรฉe ร lโEst des villages de Djiguinoum, Djilacoune et la galerie forestiรจre au sud a รฉtรฉ complรจtement dรฉfrichรฉe par les populations de ces villages. Dโaprรจs le PCR de Niamone, la limite sud a รฉtรฉ dรฉcalรฉe vers le nord par les populations riveraines pour des raisons dโhabitat entre 1946 et 1983 sur plus dโ1km. Mais il faut signaler aussi que lors de ces dรฉfrichements toutes les espรจces ne sont pas รฉliminรฉes certaines espรจces ร fruit sont รฉpargnรฉes comme Parinari excelsa, Parkia biglobosa, Cola cordifolia, Detarium senegalense et Spondias mombin. Aujourdโhui, les populations de Diengue et de Kassankine par manque de terres fertiles cultivent dans la partie Ouest de la forรชt classรฉe de Tobor. En effet plus de 80% des chefs de mรฉnages interrogรฉs affirment quโelles cultivent dans la forรชt classรฉe sans autorisation en avanรงant lโargument suivant ยซ Tout le monde y cultive moi aussi jโy cultive ยป. Cependant certaines de ces populations affirment quโils disposent des permis dรฉlivrรฉs par lโIREF de Ziguinchor pour cultiver dans la forรชt classรฉe mais on constate que ces permis ne sont plus valides puisquโils datent pour la plupart des annรฉes 80, pรฉriode pendant laquelle les services des Eaux et forรชts exerรงaient un contrรดle plus sรฉvรจre. Ces permis nโont jamais รฉtรฉ renouvelรฉs ; donc ils sont en contradiction avec lโarticle 17 du code forestier qui stipule que les contrats de cultures ร lโintรฉrieur des forรชts classรฉes devraient avoir une durรฉe de trois ans au maximum, les surfaces concernรฉes bien dรฉfinies ainsi que les localisations et les types de cultures autorisรฉes. Ces champs de cultures et des vergers se rencontrent ร lโouest de la forรชt classรฉe de Tobor surtout dans les alentours immรฉdiats des villages de Diengue, de Kassankine et de Baghagha.
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Table des matiรจres
Introduction gรฉnรฉrale
Problรฉmatique
Mรฉthodologie
Dรฉfinition des concepts
PREMIERE PARTIE : Prรฉsentation de la zone dโรฉtude
CHAPITRE I : Le cadre physique
I-I- Les unitรฉs morpho pรฉdologiques
I-I-A- Les plateaux
I-I-B- Les basses terres
I-I-C- Les tannes
I-I–D- La vallรฉe
I-I–E- La mangrove
II- Les unitรฉs phyto gรฉographiques
III-I- Les donnรฉes climatiques
III-I-1- Les vents
III-I-2- Les tempรฉratures
III-I-3- Lโรฉvaporation
III-I-4- Lโhumiditรฉ Relative
III-I-5- Les prรฉcipitations
CHAPITRE II : Le cadre humain
II-I- La rรฉforme administrative
II-1- Les structures de la population
II-2-Les activitรฉs humaines
II-2-A-Lโagriculture
– La riziculture
– La culture du sรฉsame
II-2-B- La pรชche
II-2-C- Lโรฉlevage
II-2-D- Le tourisme
II-2-E- Le maraichage
II-2-E- Lโactivitรฉ de cueillette
II-2- F – Lโexploitation du bois
CONCLUSION PARTIELLE
DEUXIEME PARTIE : La dynamique actuelle de la forรชt classรฉe de Tobor HISTORIQUE DE LA FORET CLASSEE DE TOBOR
CHAPITRE I : Inventaire des ressources ligneuses
I-A- Le nombre dโindividu pour chaque espรจce ligneuse
I-B- La stratification verticale des individus
I-C- La densitรฉ vรฉgรฉtale
CHAPITRE II : Les manifestations de la dynamique actuelle de la forรชt classรฉe de Tobor
II-1- Au niveau de la vรฉgรฉtation
II-1-A- Au niveau de la biodiversitรฉ
II-1-B- Au niveau des surfaces couvertes par la vรฉgรฉtation
II-2- Au niveau du sol
II-2-A- Lโรฉrosion hydrique
II-I-A-1- Le ruissellement
II-I-A-2- Le splash
II-2-B- Lโรฉrosion รฉolienne
CHAPITRE III : Les facteurs explicatifs de la dynamique actuelle de la F.C de Tobor
III-I- Les facteurs naturels
III-I-A- La baisse de la pluviomรฉtrie
III-I-B- La sรฉcheresse
III-I-C- La baisse de la nappe
III-I-D- La salinisation
III-I-E- Les effets du vent
III-II- Les facteurs anthropiques
III-II-B- La production de bois de feu
III-II-C- La production du charbon de bois
III-II-D- Le trafic de bois dโลuvre
III-II-E- La prรฉsence des scieries
III-II-A- La recherche de nouvelles terres
III-II-F- La divagation du bรฉtail
III-II-E- Les feux de brousse
CONCLUSION PARTIELLE
TROISIEME PARTIE : Les stratรฉgies de protection et de rรฉhabilitation de la forรชt classรฉe de Tobor
CHAPITRE I : Les stratรฉgies de protection de la forรชt classรฉe de Tobor
III-I- Au niveau national
III-I-A- Les mesures institutionnelles
IIII-I-A-1-La direction des Eaux et Forรชts
III-I-B- La direction de conservation des sols et de reboisement
III-I-C- Les comitรฉs dรฉpartementaux sur le dรฉfrichement
III-I-D- Le conseil supรฉrieur de la chasse et de la protection des sols
III-I-F- Le conseil supรฉrieur des ressources naturelles
III-I-B- Les mesures fiscales
III-I-C- La politique รฉnergรฉtique
III-I-D- Le code de la chasse
III-II- Au niveau local
III-II-A- La police forestiรจre
III-II-B- La lutte contre les feux de brousse
III-II-B-1- Lโaction du PPFS
III-II-B-2- Lโaction des Communautรฉs Rurales
III-II-B-3- Le systรจme dโamรฉnagement du PERACOD
III-II-B-3-A- Amรฉnagement pastoral
III-II-B-3-B- Le systรจme de protection anti feux
III-II-B-3-C- Le volet ouverture et amรฉnagement de pare-feu
III-II-B-3-D- Le volet surveillance et prรฉvention des dรฉlits
IIII-C- La sensibilisation
II-C-1- Lโaction du PADERCA
II-C-2- Lโaction de ENDA Tiers Monde
II-C-4- LโOCEANIUM
II-C-4- Lโaction du PERACOD
CHAPITRE II : Les stratรฉgies de rรฉhabilitation
II-II-1- Le reboisement
II-II-1-A- Lโaction de lโautoritรฉ coloniale
II-II-1- B- Lโaction du PPFS
II-II-1-C- Lโaction des ONG
II-II-2- La fermeture ร lโexploitation
II-II-1-D- Le plan de dรฉveloppement Sylvo pastoral du PERACOD
II-II-1-E- La rรฉnovation de la teckeraie
CHAPITRE III- Analyse des diffรฉrentes stratรฉgies
III-III-I Analyse des stratรฉgies de protection
III-III- A- Au niveau national
III-III-B- Au niveau local
III-III-2- Analyse des stratรฉgies de rรฉhabilitation
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
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