Pratiqué par au moins 80% de la population rurale, l’élevage occupe une place de choix dans l’économie du Mali. Il constitue la principale source de revenus pour plus de 30% de la population du pays et l’activité dominante pour les populations des régions de Tombouctou, Gao et Kidal. Sa contribution au PIB se situe entre 10% et 20% (Mali, 2012).
L’effectif du cheptel national a été estimé en 2010 à 9 438 000 bovins, 12 458 000 ovins, 17 348 000 caprins, 497 000 équins, 899 000 asins, 940 000 camelins, 76 000 porcins et 36 000 000 de volailles (DNPIA 2012). Le potentiel de production laitière du Mali est estimé à 1 641 788 213 litres assurée essentiellement par les élevages traditionnels pour 98% et secondairement seulement 2% par les élevages périurbains (DNPIA, 2014). Le disponible laitier est de 687 801 674 litres de lait frais toutes espèces confondues. La contribution par espèce est de 39,31% pour les bovins, 37,92% pour les petits ruminants et 22,77% pour les camelins. La région de Mopti se distingue des autres régions du Mali par ses potentialités très élevées en matière d’élevage et produit à elle seule 17,98% de cette production (DNPIA, 2014) presque exclusivement obtenue des bovins et des petits ruminants.
Malgré cette potentialité, le développement de la chaine de valeur lait est entravé par des contraintes internes. En raison de l’élevage presque quasiment pastorale (transhumant, extensif ou semi-extensif en périurbain), la collecte à grande échelle reste très faible. De plus, les politiques de soutien de l’Etat à la chaine de valeur lait ont jusqu’à présent été inadaptées. A ces facteurs internes s’ajoute un environnement international hostile. En effet, la dépendance aux importations est réelle et ancrée dans les habitudes des consommateurs et des industries de transformation. L’utilisation de lait en poudre présente aujourd’hui plus d’avantage que celle du lait local : facilité d’utilisation, hygiène, fourniture en quantité suffisante tout au long de l’année (DOUFILS, 2010). Enfin, elle bénéficie d’un marketing efficace au désavantage du lait local qui n’a pas les mêmes moyens promotionnels. Toutes ces contraintes sont couronnées par une mauvaise organisation des acteurs autour de la chaîne de valeur.
Le développement de la chaine de valeur lait a toujours été une préoccupation des autorités maliennes et particulièrement dans la région de Mopti, première région d’élevage au Mali. A plusieurs reprises, les organisations socioprofessionnelles de la région de Mopti, intervenant dans le domaine de l’élevage, n’ont cessé d’exprimer leur détermination à améliorer le développement de la chaine de valeur lait. Aussi lors des enquêtes pour l’élaboration du Projet d’Appui au Développement de l’Elevage dans la Région de Mopti (PADEM), il a été révélé un fort dysfonctionnement entre les différents acteurs de la chaine de valeur lait et une faible connaissance sur les organisations socioprofessionnelles de la chaine de valeur lait.
SITUATION GÉNÉRALE DE L’ÉLEVAGE AU MALI
Généralités sur le Mali
Le Mali est un vaste pays continental situé au cœur de l’Afrique occidentale. Il s’étend sur une superficie d’environ 1 241 238 km2 . Bamako la capitale est à environ 1700 km de l’Océan Atlantique. Il partage 7 000 km de frontières avec 7 pays: au Nord l’Algérie, à l’ouest le Sénégal et la Mauritanie, au sud-est le Burkina Faso, à l’est le Niger, au Sud la Côte d’Ivoire et enfin au Sud- Ouest la Guinée. Le relief est plat et monotone. C’est un pays de plaines et de bas plateaux à l’exception des monts HOMBORI et du plateau de BANDIAGARA qui culminent à 1200 mètres. Les terres désertiques ou semi désertiques représentent 65% de la superficie totale. Le réseau hydrographique est dominé par deux fleuves importants de l’Afrique Occidentale, à savoir le fleuve Niger et le fleuve Sénégal qui coulent respectivement sur 1 700 km et 700 km au Mali. La population malienne, est estimée à 14 517 176 habitants (RGPH, 2009), dont 49,6% d’hommes et 50,4% de femmes. Selon les résultats du Recensement Général de l’Agriculture 2004-2005, la population agricole était de 8 912 459 personnes, (soit 78 % de la population totale) dont 75% sont des agro-éleveurs, 10% des éleveurs purs et 9% des agriculteurs purs (Touré, 2010). Les terres agricoles étaient estimées en 2008 à 43,7 millions d’ha qui sont utilisables au Mali pour l’agriculture et l’élevage (CSCRP, 2008). Sur le plan économique, le Mali, malgré ses potentialités agro-sylvo-pastorales et minières avérées, le produit national brut (PNB) par habitant est l’un des plus bas au monde : 1741,89 de FCFA en 2012 (CSCRP, 2013).
Valeur économique de l’Elevage
Le secteur de l’élevage est considéré au Mali comme un levier promoteur de croissance économique durable et une source importante de création d’emplois, de revenus et de devises (Mali, 2011 b). L’élevage est pratiqué par au moins 80% de la population, en particulier par la frange la plus pauvre et constitue la principale source de revenus pour plus de 30% de la population du pays et l’activité dominante pour les populations des régions de Tombouctou, Gao et Kidal (Mali, 2014 b). La contribution au PIB du secteur primaire est passée de 36,9% en 2011 à 41% en 2012 (Mali, 2013 b). Le secteur élevage représentait environ 26 % du PIB du secteur primaire et 9,6 % du PIB national, mais la Plateforme ALive (2009) l’estime à près de 20%. Il constituait la troisième ressource d’exportation du Mali après l’or et le coton et constitue ainsi la principale source de subsistance pour plus de 30% de la population. L’élevage est une composante structurante de l’ensemble des systèmes de production car présent dans 88% des exploitations avec 43% des exploitations possédant moins de 10 têtes. Contrairement à la terre, le cheptel est assez fortement concentré, puisque les exploitations qui possèdent plus de 20 têtes sont peu nombreuses (14 %) mais cumulent 53 % du cheptel (République du Mali, Banque Mondiale, Coopération Française, CEPIA, 2007 dans Touré, 2010). Les 43 % restant possèdent ainsi de 10-20 têtes .
Les systèmes d’élevage au Mali
L’élevage, en tant qu’activité économique essentielle du pays, se définit à travers deux grands systèmes qui sont : Système pastoral (pur ; associé aux cultures pluviales et aux cultures de décrue); système agropastoral (associé aux cultures pluviales ; aux cultures irriguées et aux cultures de rente) (Diassana et al., 2011). Les systèmes pastoraux qui sont pratiqués dans les zones semi-arides au nord de 400 mm s’expriment à travers un pastoralisme transhumant pratiqué principalement par les peuls et un pastoralisme nomade pratiqué par les touaregs dans le Gourma, l’Adrar des Iforas et dans le nord du delta central du Niger. Les espèces élevées portent sur les camelins, les caprins, les ovins et les bovins (race Maure et Touareg). Les systèmes pastoraux occupent 77 % du territoire national, gèrent 45 % du disponible en Unité Bétail Tropical (UBT). Ils fournissent environ 81 % du revenu des éleveurs.
Les systèmes agropastoraux se pratiquent entre les isohyètes 400 et 800 mm et couvrent les zones soudano-sahéliennes d’est en ouest du pays. Selon la zone considérée, ces systèmes associent les cultures pluviales, les cultures de décrue, les cultures irriguées (zones Office du Niger) les cultures de rentes (zones cotonnières du Mali-sud). Ils occupent 23 % du territoire, concernent 55 % des UBT et comptent pour 18 % du revenu des éleveurs.
A côté de ces deux principaux systèmes, se développe le système périurbain à visée essentiellement commerciale, orienté vers la production de lait, de viande et d’œufs autour des grands centres de consommation.
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Table des matières
Introduction
PREMIÈRE PARTIE : REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
Chapitre I : Situation générale de l’élevage au mali
1.1. Généralités sur le Mali
1.2. Valeur économique de l’Elevage
1.3. Importance du cheptel
1.4. Les systèmes d’élevage au Mali
1.5. Les paramètres zootechniques
1.6. Production laitière
Chapitre II : Etat des lieux de la chaîne de valeur lait
2.1. Cadre de politique publique pour le développement de la chaîne de valeur lait au Mali
2.2. Cadre règlementaire
2.3. Demande en lait cru
2.4. Le disponible laitier
2.4.1. Production
2.4.2. Collecte du lait cru
2.4.3. Transformation
2.4.4. Commercialisation
Chapitre III : les Organisations Professionnelles Agricoles au mali et en afrique
3.1. L’avènement de notion coopérative
3.1.1. L’action coopérative en Afrique Occidentale Française (AOF) et au Mali
3.1.2. Cadre juridique des sociétés coopératives
3.1.3. FINANCEMENT DES SOCIETES COOPERATIVES
3.1.4. CADRE INSTITUTIONNEL
3.2. Avènement des associations
3.3. Etat de la fonctionnalité des OPA
3.3.1. Mission et objectif
3.3.2. Reconnaissance administrative des OPA et leur mission
3.3.3. Tenu des documents administratifs
3.3.4. Des services fournis aux membres
3.3.5. La gouvernance
DEUXIEME PARTIE : METHODOLOGIE – RESULTATS – DISCUSSION
CHAPITRE I : MATÉRIEL ET MÉTHODES
1.1. Cadre conceptuel
1.1.1. Dynamique organisationnelle
1.1.2. Les Sociétés Coopératives
1.1.3. Les associations
1.1.4. Les éléments d’une Organisation Dynamique
1.2. Délimitation de la zone d’étude
1.3. Echantillonnage
1.4. Méthode de collecte de données
1.4.1. Enquête exploratrice
1.4.2. Enquête transversale ou ponctuelle
1.5. Traitement et analyse des données
Chapitre II : Présentation des résultats
2.1. Données générales
2.1.1. Création et nombre d’adhérents
2.1.2. Métier des membres
2.1.3. Source de revenu
2.1.4. Encadrement
2.1.5. Le Niveau d’instruction
2.2. Fonctionnalité
2.2.1. Mission et objectif
2.2.2. Présence et tenue des documents administratifs
2.2.3. Application des textes
2.2.4. Services offerts aux membres
2.2.5. Financement des OPA
2.2.6. Transparence dans la gestion
2.2.7. Résultat de l’analyse de la grille
2.3. Gouvernance
2.3.1. Répartition des OPA par maillon
2.3.2. Les relations contractuelles et la capacité de production des OPA
2.3.3. Niveau de satisfaction des besoins des clients
2.3.4. Rapport de force
Chapitre III : Discussion et recommandation
3.1. Discussion
3.1.1. Données générales
3.1.2. Fonctionnalité
3.1.3. La gouvernance
3.1.4. Limite d’étude
3.2. Recommandations
Conclusion
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE