Le café est le produit agricole le plus exporté par les pays du sud. Il occupe après le pétrole, la seconde place dans le commerce international. Les graines, après torréfaction pour libérer son arôme, servent à produire le café boisson. Bien qu’on dénombre actuellement 124 espèces de caféiers (Davis et al., 2011), seules deux, Coffea arabica et Coffea canephora, sont les plus répandues et les plus exploitées. C. arabica, originaire d’Éthiopie, est le plus cultivé dans les pays d’Amérique latine tandis que C. canephora est surtout présent en Afrique et en Asie.
La consommation de café a débuté au Yémen au XVe siècle. Elle s’est ensuite étendue dans le Moyen-Orient, puis l’Europe. À Madagascar, elle n’a commencé qu’après 1715 (Ramilison, 1985).
La production mondiale de café vert est de 42 millions de sacs de 60 kg en 2010. Vingtcinq (25) millions de caféiculteurs sont estimés dans le monde. Les principaux pays producteurs sont le Brésil, le Vietnam, l’Indonésie, la Colombie et l’Éthiopie. Plus de 55% de la production mondiale de café proviennent des pays latino américains. Le Brésil à lui seul produit en 1914, les trois quarts de la production mondiale, près de 50% en 1950 et aujourd’hui, encore plus du tiers. À partir des années 90, la percée de la production caféière asiatique a parallèlement contribué à marginaliser toujours plus une production africaine en recul faute d’investissements suffisants. Pour Madagascar, sous la colonisation, elle est passée de 162 tonnes en 1912 à 52000 tonnes en 1956. Sous la 1re république, elle a grandement contribué à l’économie grâce à la création de la caisse de stabilisation du prix du café (CSPC). L’exportation a atteint 69000 tonnes en 1972. La situation s’est dégradée vers la fin des années 80 suite à la dissolution de la CSPC exigée par la Banque Mondiale et le FMI. La conséquence directe de cette mesure est la fermeture de l’Opération Café, organisme s’occupant de l’encadrement des paysans, de la production et de la distribution de plants. Il s’ensuivit le vieillissement des plantations, le mauvais entretien des cultures et d’absence de traitement post-récolte, d’où baisse de rendement, dégradation de la qualité et nette régression de l’exportation. Pour y remédier à la situation, le renouvellement des plantations et l’amélioration de la production s’avèrent nécessaires (Ramilison, 1985).
GÉNÉRALITÉS
Systématique
Les caféiers appartiennent à la famille des RUBIACEAE au sein de laquelle ils se distinguent, entre autres, par une structure enroulée de l’albumen des graines, dite « placentation coféenne » (Couturon et al., 2016). Les caféiers se répartissent en deux genres : Coffea et Psilanthus, eux-mêmes respectivement subdivisés en 2 sous-genres à savoir Coffea et Baracoffea pour le genre Coffea ; Afrocoffea et Psilanthus pour le genre Psilanthus. Le sous-genre Coffea regroupe la majorité (79%) des espèces connues. Les récentes études de Davis (2011) rassemblent les deux genres en une seule avec 124 espèces. Les espèces du sous-genre Coffea sont présentées en trois principaux groupes biogéographiques : les caféiers africains de l’Ouest et du Centre (section des Coffea), les caféiers africains de l’Est (section des Mozambicoffea) et les caféiers de Madagascar, des îles Mascareignes et des Comores (section des Mascarocoffea). Ces derniers se subdivisent en 6 séries botaniques : Garcinoïdes, complexe Millotii, Multiflorae, Subterminale, Verae et Humblotianae-Mauritianae (Charrier, 1978). Le sous-genre Baracoffea comporte neuf espèces, en grand danger de disparition, vivant exclusivement dans les forêts sèches de la côte Ouest malgache. Ces espèces présentent des caractéristiques originales, intermédiaire entre celles des Coffea et des Psilanthus.
Modes de reproduction
Les espèces du genre Psilanthus sont autofertiles. Leur structure florale constitue un obstacle difficilement franchissable pour un pollen venant de l’extérieur et favorise la tombée directe du pollen sur le style. Toutes les espèces du genre Coffea sont diploïdes (2n= 22 chromosomes) à l’exception de C. arabica, laquelle est tétraploïde (2n=4x=44) (Louarn, 1972) et formée de sous génome provenant de C. eugenioїdes et C. canephora (Grassias et Kammacher, 1975 ; Berthou et al., 1983 ; Lashermes et al., 1995 ; Cros et al., 1998) Les espèces appartenant au sous-genre Coffea sont de toutes autostériles sauf C. arabica, C. heterocalyx, C. anthonyi et C. charrieriana. Le mode de reproduction des Baracoffea n’est à ce jour pas connu.
Écologie et caractéristiques des caféiers cultivés
Les caféiers sont des espèces forestières, mais sa culture peut se faire avec ou sans arbres d’ombrage, les deux techniques ayant tous deux leurs avantages, mais aussi leurs inconvénients.
Exigences climatiques
Le climat tropical d’altitude est propice pour C. arabica à partir de 700 m d’altitude. Cette espèce exige une précipitation de 1500 à 1800 mm répartie sur 9 à 10 mois et une température optimale entre 20 et 24°C avec un minima de 4°C et un maxima de 31°C (Coste, 1989). C. canephora requiert un climat équatorial à une altitude inférieure à 1000 m, une précipitation supérieure à 2000 mm reparties sur 9 à 10 mois et une température moyenne de 25°C avec un minima de 16° C (Van et Boukong, 1989).
Exigences pédologiques
La profondeur du sol et sa texture sont des facteurs importants pour le développement du système racinaire du caféier. (Prevot, 1964). Sa culture est plus favorable sur un sol de type ferrallitique composé d’au moins 20 % d’éléments fin et à un pH compris entre 4,5 et 7,0. (Van et Boukong, 1989) .
Phénologie
Les caféiers initient leurs floraisons au début de la saison sèche. Les boutons floraux attendent une pluie déclencheuse (>8mm) avant de se développer. Vingt-cinq (25) à 50 épanouissements se succèdent au cours d’une année, mais deux floraisons sont les plus importantes (Prevot, 1964).
Fruits et graines
Le fruit du caféier également appelé drupe ou cerise est constitué d’un exocarpe coloré (peau), d’un mésocarpe charnu (pulpe) et de deux fèves (graines) accolées par leur face plane. Chaque fève est protégée par deux enveloppes, l’endocarpe (parche) et le spermoderme (pellicule argentée). La capacité de production repose sur la morphologie et l’aptitude à fleurir du caféier.
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Table des matières
INTRODUCTION
GÉNÉRALITÉS
1. Systématique
2. Modes de reproduction
3. Écologie et caractéristiques des caféiers cultivés
3.1. Exigences climatiques
3.2 Exigences pédologiques
3.3. Phénologie
3.4. Fruits et graines
4. Comparaison entre les deux espèces cultivées Coffea arabica et Coffea canephora
5. L’amélioration du caféier
5.1. Objectifs de l’amélioration
5.2. Méthodes d’amélioration
6. L’hybridation interspécifique
7. Les différentes étapes de création des « Ratelo »
MATRIELS ET METHODES
1. Mode de reproduction
1.1. Fécondation libre
1.2 Autofécondation
1.3 Hybridation
1.3.1 Matériels
1.3.2 Méthode d’hybridation
2. Caractéristiques de la production
2.1. Productivité clonale
2.2. Fertilité femelle
2.2.1. Matériel végétal
2.2.2. Méthodes de réalisation de la coupe-coupe
2.3. Evaluation des graines
2.3.1 Mensuration des graines
2.3.2. Pesage des fruits et des graines
2.4. Teneur en caféine
2.5. Analyse sensorielle
3. Méthodes statistiques
3.1. Statistiques descriptives
3.2. Analyse de la variance
3.2.1. Analyse de variance simple à un critère de classification
3.2.2. Analyse de variance simple par rang de Kruskal-Wallis
RESULTATS
1. Création et élargissement du pool des « Ratelo »
2. Mode de reproduction des « Ratelo »
Comparaison statistique de l’autofertilité des descendances
3. Caractéristiques de la production
3.1. Productivité
3.2. Fertilité femelle (Graines normales+caracolis)
3.3. Caractéristiques physiques des graines
3.3.2. Test non paramétrique de Kruskal-Wallis
3.4. Analyse de la teneur en caféine
3.5. Analyse sensorielle
DISCUSSIONS
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
RÉFÉRENCES WEBOGRAPHIQUES
ANNEXES