Observation directe sur itinéraire échantillon
L’observation directe est effectuée pendant 6 jours et 6 nuits, le long des pistes ou des sentiers déjà existants ou qui sont aménagés. L’objectif est d’inventorier les espèces présentes dans les différents types d’habitats de part et d’autre de l’itinéraire. Ainsi, les itinéraires tiennent compte de l’hétérogénéité des milieux d’échantillonnage. C’est ainsi qu’une journée de reconnaissance a été effectuée avant l’établissement des transects. Il faut considérer par exemple, les vallées, les versants et les crêtes. Par ailleurs, les bordures des cours d’eaux constituent un habitat privilégié pour de nombreuses espèces de Batraciens (Guibé, 1958 ; Blanc, 1972). Les recherches ont lieu durant le jour et pendant la nuit. Pendant l’observation nocturne, une lampe frontale de 6 volts est utilisée. La réflexion de la lumière par l’iris permet de repérer les animaux nocturnes. Cette technique est aussi efficace pour les espèces diurnes qui dorment sur leur perchoir. Celles-ci se distinguent plus facilement de leur support (branches, lianes, feuilles ou tiges) par contraste de couleur ou par leur forme bien dessinée. L’écoute des cris d’appel de grenouille est aussi très importante. C’est une méthode indirecte mais très utile pour la détermination de certaines espèces. Le chant est un caractère spécifique qui permet d’identifier une espèce. Il permet également de localiser l’emplacement et l’habitat de l’espèce (Glaw & Vences, 1994).
Techniques de préparation de spécimens
Des spécimens ont été récoltés pour servir d’échantillons de référence (figure 6). Les animaux étaient anesthésiés avec une solution de chlorotone avant d’être fixés dans du formol à 12,5%. La solution de chlorotone (1, 1, 1-trichloro–2-méthyl-2-propanol hydrate, 98%) est obtenue en dissolvant dans l’eau une certaine quantité de poudre de ce produit. Il faut une solution saturée de chlorotone pour les reptiles, mais moins concentrée pour les amphibiens. Possédant une peau perméable, les grenouilles sont directement immergées dans la solution pour les asphyxier alors que les reptiles nécessitent une injection. La solution de fixation est constituée par du formol dilué avec de l’eau avec une proportion d’un volume de formol concentré pour 3,5 volumes d’eau pour obtenir une solution à 12,5% environ. Etant donné que la couleur naturelle disparait après la fixation du spécimen, un représentant de chaque espèce est photographié vivant peu de temps après la capture pour documenter cette coloration (annexe9). Chaque spécimen possède son numéro individuel. Les échantillons récoltés ont été déposés dans la salle de collection du Département de Biologie Animale, Université d’Antananarivo où ils ont été finalement conservés dans l’éthanol. Des échantillons de muscles conservés dans l’EDTA ont été également prélevés sur plusieurs individus pour d’éventuelles études moléculaires.
Test d’indépendance LIKELIHOOD RATIO (LR) ou CHI-DEUX
Le test d’indépendance LIKELIHOOD RATIO est un test non paramétrique. Il sert à tester si 2 variables quantitatives sont indépendantes ou non. C’est un alternatif du test du Khi Deux (Jerrold, 1984). Ce test est utilisé pour un échantillonnage fait au hasard, c’est-à-dire que les objets comptés sont indépendants et à dispersion aléatoire. Il est employé pour vérifier la conformité d’une répartition théorique par rapport à une répartition expérimentale (Zar, 1984). Ainsi, il peut confirmer si la répartition spécifique et numérique de l’herpétofaune est différente ou identique entre les divers facteurs tels que le type de milieu (vallée, versant et crête), le biotope (semi aquatique ou aquatique, arboricole, souterrain, phytotelme et terrestre) ainsi que les mœurs (nocturne ou diurne). Pour comparer les résultats, l’hypothèse nulle H0 est que «la distribution des espèces est identique entre les variables étudiées ».
• Si la valeur de la probabilité P calculée est inférieure à la probabilité d’erreur qui est égal à 0,05, la différence entre les deux moyennes est significative et l’hypothèse Ho est rejetée.
• Si la valeur de la probabilité P calculée est supérieure à la probabilité d’erreur qui est égal à 0,05, la différence entre les deux moyennes est non significative et l’hypothèse Ho est acceptée.
Similarité des sites
La répartition des 74 espèces dans les sept sites a été analysée par l’indice de similarité de Jaccard. Les tableaux 9 et 10 et les figures 15 et 16 montrent les regroupements des différents sites selon la similarité des communautés des reptiles et des amphibiens. En examinant la figure 15, le dendrogramme de similarité des amphibiens dans le couloir forestier montre deux groupes principaux qui se séparent à une distance de 0,688 unité métrique euclidienne (u.m.e.). D’une part, un premier groupe formé par Andasin’i Jaonera (site 1), Andasin’i Saotra (site 2) et Andasiroa (site 4) qui sont reliés entre eux à une distance de 0,538 u.m.e et d’autre part, le deuxième groupe qui est composé par la forêt d’Ambohimanga (site 3) relié à une distance de 0,669 u.m.e. à un sous-ensemble des forêts d’Iaban’i Koto (site 5), Anorana site 6) et Andasin’i Tovo (site 7). Pour le premier groupe, Andasin’i Jaonera (site 1) et Andasiroa (site 4) présentent beaucoup d’espèces communes. Andasin’i Saotra (site 2) est rattaché aux deux sites précédents parce qu’il a aussi des espèces similaires à celles de ces deux sites mais il se différencie par l’existence d’une espèce qui lui est propre (Stumpffia roseifemoralis). Pour le deuxième groupe, Iaban’i Koto (site 5) et Anorana (site 6) sont similaires en terme de composition spécifique. Ambohimanga (site 3) est rattaché aux deux sites précédents mais elle présente une communauté de faune amphibienne particulière. Trois espèces ne sont recensées que dans ce site. Il s’agit de : Mantidactylus curtus, M. lugubris et Gephyromantis malagasius. Andasin’i Tovo (site 7) est le site la plus riche en nombre d’espèces d’Amphibiens. Le dendrogramme (figure 16) représente les affinités entre les sites en fonction de l’analyse de similarité basée sur la distribution des reptiles. Il ressort de cette figure que les sites se divisent en deux groupes à une distance de 0,764 unité métrique euclidienne (u.m.e.). Le premier groupe est formé par les forêts d’Anorana (site 6) et Andasin’i Tovo (site 7) qui se relie entre eux à une distance de 0,601 u.m.e. Le deuxième groupe se divise à son tour en 2 sous ensembles à une distance de 0,601 u.m.e. Le premier sous ensemble est composé par les forêts d’Iaban’i Koto (site 5), d’Andasiroa (site 4) et d’Andasin’i Jaonera (site 1) à une distance de 0,577 u.m.e. Le dernier est formé par Andasin’i Saotra (site 2) et Ambohimanga (site 3) qui se relient à une distance de 0,527 u.m.e. En commençant par le premier groupe, Anorana (site 6) et Andasin’i Tovo (site 7) présentent deux espèces communes qui ne sont recensées que dans ces deux sites en particulier : Zonosaurus madagascariensis et Z. ornatus mais chacun de ces deux sites a des espèces propres : Compsophis infralineatus et Liophidium torquatum pour la forêt d’Anorana (site 6) et Bibilava epistibes et Trachylepis boettgeri pour la forêt d’Andasin’i Tovo (site 7). Pour le deuxième groupe, les forêts d’Andasiroa (site 4) et d’Iaban’i Koto (site 5) qui forment le premier sous-ensemble, présentent une affinité étroite. Les communautés reptiliennes de ces deux sites sont similaires. La forêt d’Andasin’i Jaonera (site 1) est rattachée aux deux sites précédents mais elle abrite trois espèces propres. Il s’agit de Furcifer willsii, Madagascarophis colubrinus et Pseudoxyrhopus microps qui ne sont capturées que dans ce site. Enfin, pour le deuxième sous ensemble, il est formé par Andasin’i Saotra (site 2) et Ambohimanga (site 3). Ces 2 sites partagent entre eux plusieurs espèces communes qui les réunissent dans le même groupe.
Abondance relative
Dans le cas du couloir forestier d’Anjozorobe-Angavo, les populations actuelles ne semblent pas encore atteindre le seuil de disparition irréversible car la plupart des espèces recensées sont représentées par un nombre d’individus assez élevé sauf pour les espèces cryptiques ou fouisseuses ou liées à un biotope spécialisé qui sont difficiles à échantillonner. Amphiglossus crenni et Typhlops mucronatus sont par exemple des espèces fouisseuses qui fréquentent les endroits riches en matières organiques sous des tas de débris de bois morts en décomposition et de masse de litière au pied des grands arbres. Elles sont adaptées à la vie souterraine et sont agiles au déplacement dans l’humus du sol meuble. Leur échantillonnage est assez difficile et elles ne sont généralement récoltées que par un faible nombre d’individus à cause de cette spécificité écologique. Elles sont donc classées dans la catégorie des espèces peu abondantes. Gephyromantis malagasius et Stumpffia roseifemoralis sont aussi des espèces peu abondantes et difficiles à échantillonées dans le couloir et ne sont recensées que par le trou piège. Les espèces très abondantes et abondantes sont remarquables parce que leurs fréquences de rencontre par rapport aux autres sont très élevées. Citons par exemple Mantidactylus femoralis, Ptychadena mascareniensis Boophis sibilans et Zonosaurus aeneusqui ont été vues dans tous les milieux. Ces epèces pourraient être capables de s’adapter à différents types d’habitats ou de micro habitats.
Distribution écologique des espèces
La préférence à un type de microhabitats particuliers et la faculté d’adaptation à un milieu donné influencent la distribution écologique des espèces. C’est ainsi que la composition et la structure des communautés animales varient d’un milieu à un autre. Les espèces ubiquistes comme (Aglyptodactylus madagascariensis, Boophis madagascariensis, Gephyromantis asper et Platypelis pollicaris pour les amphibiens Calumma brevicorne Zonosaurus aeneus et Amphiglossus macrocercus pour les reptiles) sont indifférentes aux types de milieu et elles sont présentes partout. Les espèces qui exigent certaines conditions de milieu pour vivre ne fréquentent que des zones bien définies. Par exemple, Guibemantis pulcher est une espèce pandanicole stricte qui vit à partir de leur stade larvaire jusqu’à leur stade adulte à l’interieur des aiselles des feuilles de Pandanus (Lehtinen, 2002) et Platypelis grandis. Cette dernière se trouve souvent sur un trou d’arbre ou dans les aiselles des feuilles de Ravenala (Glaw & Vences, 2007). En outre, la perturbation et la dégradation des habitats pourraient modifier la composition herpétofaunique.Elles sont généralement d’origine anthropique (exploitation des arbres, effet de la pratique du tavy…) ou naturelles comme le cyclone.
Importance du couloir forestier et aspect de conservation
Ce couloir forestier d’Anjozorobe-Angavo représente l’un des derniers vestiges des forêts humides du Haut Plateau Central estimé à 52 200 ha de superficie. Cette couverture forestière abonde de valeurs naturelles avec une grande biodiversité. Il joue ainsi un rôle de passage et échange génétique des espèces entre les forets avoisinantes. Les recherches effectuées concernant les espèces herpétofaunes ont permis de démontrer que ce couloir forestier d’Anjozorobe-Angavo possède une richesse spécifique faunistique (Raselimanana et Andriamampionona, 2007) importante. Durant ces investigations, 24 espèces nouvellement recensées (11 reptiles et 13 amphibiens) ont été capturées dans le couloir. Cela implique un intérêt pour la science concernant les avancées des recherches sur le plan taxinomique. Par ailleurs, des recherches plus approfondies peuvent être menées ayant pour but d’établir des bases de données pour une meilleure gestion durable des ressources. Le site d’Andasin’i Tovo pourrait être établi comme un site pilote pour des recherches en suivi-écologie du fait de sa biodoversité élevée. Le bloc forestier présente un potentiel économique au niveau de l’écotourisme et le commerce international des espèces vu sa biodiversité exceptionnelle qui représente la plupart des groupes taxinomiques endémiques de Madagascar aussi bien du point de vu faunistique (Lémuriens, Micromamifères, Oiseaux, Mammifères…) que floristique. La proximité du couloir forestier vis-à-vis de la capitale à environ 90 km facilite aussison accès permettant des activités qui représentent des sources financières immédiates pour les riverains. En outre, les ressources hydrologiques telles que les rivières Mananara vers l’Ouest et Mananta vers l’Est alimentent les zones agricoles environnantes qui représentent un potentiel économique important pour la population environnante.
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Table des matières
INTRODUCTION
I. CADRE GENERAL DE L’ETUDE
I.1. Situation géographique
I.2. Climatologie
I.2.1. Température
I.2.2. Pluviométrie
I.2.3. Diagramme ombrothérmique
I.3. Hydrologie
I.4. Topographie
I.5. Géologie
I.6. Flore et végétation
I.7. Faune
II. SITES D’ETUDE
II.1. Situation géographique
II.2. Description physique du milieu
III. METHODOLOGIE
III.1. Travaux sur le terrain
III.1.1. Période d’étude
III.1.2. Méthodes de collecte et de recensement
a. Techniques de recensement
a-1. Observation directe sur itinéraire échantillon
a-2. Fouille systématique des lieux de refuge
a-3 Piégeage par le système de trou piège
b. Types d’information collectée
III.1.3. Techniques de préparation de spécimens
III.1.4. Conservation et Détermination des spécimens au laboratoire
a. Dosage d’alcool
b. Préparation des spécimens
III.2. Analyse des données
III.2.1. Abondance relative
III.2.2. Analyse de la distribution écologique
III.2.2.1. Statistique analytique
III.2.2.2 Analyse de l’affinité biogéographique
IV. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
IV.1. Diversité biologique
IV.1.1. Courbe cumulative des espèces
IV.1.2. Richesse spécifique, Statuts et Endémicité
IV.1.3. Abondance relative
IV.2. Analyses des préférences écologiques
IV.2.1. Distribution selon le type de milieu (crête, versant, vallée)
IV.2.2. Distribution selon le type de biotope
IV.2.3. Moeurs
IV.2.4. Similarité des sites
IV.3. Comparaison avec les forêts des Hauts Plateaux de même altitude
V. DISCUSSION
V.1. Diversité biologique
V.1.1. Courbe cumulative des espèces
VI.1.2. Richesse spécifique
VI.1.3. Abondance relative
V.2. Distribution écologique des espèces
V.2.1. Distribution selon le type de milieu (vallée, flanc et crête)
V.2.2. Distribution selon le type de biotope
V.2.3. Distribution selon les mœurs (nocturne et diurne)
V.3. Similarité des sites
V.4. Comparaison avec les forêts des Hauts Plateaux de même altitude
V.5. Importance du couloir forestier et aspect de conservation
VI. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE
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