La malnutrition maternelle et infantile, englobant la sous-nutrition comme la surnutrition, représente un problème mondial avec de lourdes conséquences sur la survie, l’incidence des maladies aigües et chroniques, la productivité économique de la population et donc de la société (Black et al., 2008 ; UA/NEPAP/WFP/UNECA, 2014). La sous-nutrition chez la mère et l’enfant incluant l’émaciation, le retard de croissance et les carences en vitamines et minéraux essentiels présentent de lourdes conséquences à court et à long termes pour les enfants une fois à l’âge adulte (Black et al., 2008 ; de Souza et al., 2011). Dans une série d’articles du journal The Lancet 2008, la nécessité de faire le focus sur la période cruciale des 1000 premiers jours, allant de la conception jusqu’à l’âge de deux (2) ans, est identifiée pour prévenir la malnutrition sous toutes ses formes et ses conséquences chez l’enfant (Black et al., 2013). Des études longitudinales ont régulièrement montré que c’est l’âge où le ralentissement de la croissance est au maximum (NI, 2019), où les carences de certains éléments nutritifs comme le fer (Black et al., 2011), et les maladies courantes de l’enfant telles que la diarrhée sont les plus fréquentes (OPS, 2003). Sur la base du cadre conceptuel des causes de la malnutrition de l’UNICEF, un autre cadre élaboré et utilisé dans la série The Lancet 2008 (Black et al., 2008) montre les moyens d’optimiser la croissance et le développement fœtales et infantiles (Black et al., 2013). Ces causes de la malnutrition sont classées en trois (3) catégories :
– les causes immédiates qui sont dues à un apport alimentaire inadéquat et des maladies infectieuses au niveau individuel ainsi que leur interaction (Dewey et Mayers, 2011)
– les causes sous-jacentes liées à une insécurité alimentaire, de mauvaises pratiques de soins aux mères et aux enfants et des services de santé, d’assainissement, d’approvisionnement en eau inadéquats au niveau du ménage
– les causes fondamentales liées aux orientations politiques, au statut économique, à l’environnement social et culturel et à la gestion des ressources au niveau de la société et des pays, qui affectent de manière transversale toutes les causes sous-jacentes (UNICEF, 1990).
A travers ce cadre, Black et al., 2013 ont démontré comment les interventions spécifiques à la nutrition s’adressant aux causes immédiates de la malnutrition et celles sensibles à la nutrition, dirigées vers les causes sous-jacentes, peuvent amener une amélioration de l’état nutritionnel des enfants et la nécessité de créer un environnement favorable au niveau de la société pour soutenir toutes ces interventions.
Parmi ces interventions spécifiques s’adressant aux causes immédiates de la malnutrition, on retrouve les pratiques optimales d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant (ANJE), regroupant un allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois après la naissance, la poursuite de l’allaitement jusqu’à 2 ans ou plus et des pratiques d’alimentation complémentaire adéquates entre 6 et 23 mois (OMS, 2013). Les nutriments contenus dans le lait maternel, à l’instar de l’acide docosahexaénoïque et de l’acide arachidonique peuvent soutenir le développement rapide du cerveau des enfants, améliorant ainsi leur cognition à long terme (Jasani et al, 2017). L’allaitement exclusif pendant les 6 premiers mois de la vie réduit l’incidence des infections gastro‐ intestinales chez les nourrissons (Kramer et Kakuma, 2012). Après 6 mois, compte tenu de l’évolution de leurs besoins nutritionnels que le lait maternel ne parvient plus à satisfaire, les nourrissons doivent consommer des aliments de complément sûrs et adaptés du point de vue nutritionnel, tout en continuant à être allaités au sein jusqu’à l’âge de 2 ans au moins (OMS, 2013). Il a été démontré que l’amélioration de l’alimentation de complément est l’intervention la plus efficace pour soutenir la croissance des enfants et contribue à la réduction du retard de croissance (Mangasaryan et al, 2012). Cette alimentation se doit d’être diversifiée pour garantir l’accès à des nutriments qui répondent aux besoins énergétiques et nutritifs pendant la croissance de l’enfant (OMS/UNICEF, 2003).
Echantillonnage des points de vente et des unités de production
Echantillonnage des points de vente à Dakar
L’échantillonnage des points de vente à Dakar est basé sur le protocole standard de l’OMS intitulé : « Suivi de la commercialisation des substituts du lait maternel : protocole pour des évaluations périodiques », développé par un réseau pour le suivi global et l’appui à l’implémentation du code international de commercialisation des substituts du lait maternel et aux résolutions ultérieures de l’Assemblée Mondiale de la Santé (AMS) (WHO et UNICEF, 2017). Le protocole recommande un minimum de 43 points de vente à visiter et l’échantillonnage est basé sur la différenciation des points de vente en deux groupes :
– les grands points de vente qui doivent être au nombre de 10. Par grand point de vente, on entend ceux qui vendent une large gamme de produits à un volume important, et qui disposent de tout produit pertinent, destiné à la vente au niveau national. Ces grands points de vente incluent les supermarchés, les grossistes nationaux et les boutiques pour bébé.
– les petits points de vente qui doivent être au nombre de 33. Ils incluent les boutiques de quartier, les pharmacies et les établissements sanitaires (centres et postes de santé) .
Ainsi 45 points de vente sont ciblés pour mener l’enquête, dont 9 supermarchés, 8 supérettes, 8 pharmacies, 8 boutiques de quartier, 8 postes de santé et 4 centres de santé. Les supermarchés sont sélectionnés en fonction de leur nom et leur localisation dans les 4 départements de la région, mais aussi en fonction des variétés de produits vendus. Les supérettes et les pharmacies sont sélectionnées par tirage aléatoire après un recensement d’un grand nombre de supérettes et de pharmacies disponibles au niveau de chaque département. Les postes de santé et les centres de santé sont choisis sur la base de la liste des postes de santé de 4 districts sanitaires et des centres de santé abritant ces districts. Quant aux boutiques de quartier, 2 sont choisies au hasard, aux alentours des 4 centres de santé visités.
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Table des matières
I. INTRODUCTION
II. METHODOLOGIE
II.1. Cadre de l’étude
II.2. Type d’étude
II.3. Echantillonnage des points de vente et des unités de production
II.3.1. Echantillonnage des points de vente à Dakar
II.3.2. Echantillonnage des points de vente à Matam
II.3.3. Echantillonnage des unités de production
II.4. Collecte des données
II.5. Analyses bromatologiques et microbiologiques
II.5.1 Analyses bromatologiques
II.5.1.1. Teneur en eau (Humidité)
II.5.1.2. Dosage des protéines
II.5.1.3. Dosage des lipides
II.5.1.4. Dosage des glucides
II.5.1.5. Calcul de la valeur énergétique
II.5.1.6. Détermination de la teneur en micronutriments
II.5.1.7. Définition des seuils de conformité de la valeur nutritionnelle des farines infantiles
II.5.2. Analyses microbiologiques
II.5.2.1. Préparation de l’échantillon et des milieux de culture
II.5.2.2. Recherche des coliformes fécaux (NF V08-060)
II.5.2.3. Recherche d’Escherichia coli (NF ISO 16649-2)
II.5.2.4. Recherche des salmonelles
II.5.2.5. Recherche des levures et moisissures
II.5.2.6. Définition des seuils de conformité de la qualité microbiologique des farines infantiles
II.6. Evaluation des bonnes pratiques d’hygiène
II.7. Analyses statistiques
III. RESULTATS
III.1. Disponibilité des aliments de complément au niveau des points de vente
III.1.1 Disponibilité des aliments de complément à Matam
III.1.1.1 Les différentes marques de produits inventoriées
III.1.1.2 Prix de vente des aliments de complément disponibles à Matam
III.1.2 Disponibilité des aliments de complément à Dakar
III.1.2.1 Disponibilité des aliments de complément selon les départements
III.1.2.2 Disponibilité des aliments de complément selon les types de points de vente
III.1.2.3 Les différentes marques d’aliments de complément inventoriées
III.1.2.4 Prix de vente des aliments de complément disponibles dans la région de Dakar
III.2. Unités de production d’aliments de complément à base de produits locaux répertoriées dans les régions de Dakar et de Matam
III.3. Caractéristiques physico-chimiques et microbiologiques des échantillons de farines infantiles locales
III.3.1. Matières premières utilisées pour la formulation des farines infantiles locales
III.3.2. Valeur nutritionnelle des échantillons de farines infantiles locales
III.3.3. Conformité de la valeur nutritionnelle des échantillons de farines infantiles locales par rapport aux normes et recommandations
III.3.4 Qualité microbiologique des échantillons de farines infantiles locales
III.4. Bonnes pratiques d’hygiène dans les unités de production
IV. DISCUSSION
V. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
VI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES