La connaissance de la croissance des espèces halieutiques de subsistance ou d’intérêt économique est nécessaire pour le développement économique et démographique des communautés de pêche traditionnelle et surtout pour un contrôle et un aménagement des pêcheries. Les études sur la croissance des poissons d’eau douce d’Afrique (Weatherley, 1972; Daget & Le Guen, 1975) sont basées sur des méthodes qui fournissent des résultats dont il faut corriger les éventuels biais dont les sources peuvent être nombreuses. L’analyse de marques d’otolithes (Hecht, 1979; Clay, 1982) ou d’autres pièces dures comme les écailles (Benech, 1974), les opercules ou les épines, peut être employée.
Les travaux sur la croissance des espèces halieutiques d’eau douce africaines ont été réalisés dans des cours ou plan d’eau de grande ou moyenne importances comme dans le bassin du lac Tchad (Blache, 1964), le lac Victoria (Fryer, 1961 ;Welcome, 1967), le fleuve Niger (Daget, 1952). Le but du présent travail est la recherche des paramètres de croissance de l’espèce Oreochromis niloticus, abondamment pêchée dans des étangs de retenues d’eau, dans un village du sud ouest du Togo, Bagbé. Les données en la matière sur le plan local sont rares sinon pratiquement inexistantes, et les mesures obtenues seront confrontées aux travaux effectués sur la même espèce en général, tels les travaux de Jensen (1957) ou ceux de El Zarka et al. (1970). Un des aspects du travail va consister à déterminer la dynamique de croissance des poissons au sein de ces écosystèmes avec le logiciel FiSAT Il (FAO – ICLARM) par la recherche des paramètres de croissance d’une part, et dans un second temps, nous allons étudier l’impact ou l’influence de divers facteurs sur la longévité ou la mortalité des individus dans ces écosystèmes. Très souvent, dans la plupart des travaux fondés sur la clé taille/âge, on procède à un ajustement aux modèles de croissance théorique, notamment celui de von Bertalanffy, qui, selon Merona, est un meilleur moyen qui décrit de manière satisfaisante, l’ensemble des processus de croissance jusqu’à la mort d’un individu moyen.
Méthodologie
Milieu d’étude
L’étude a été réalisée dans la localité de Bagbé (6’20’N- 1’2’0) à environ 40 km au nord-ouest de Lomé, dans le sud du Togo. Le village n’est pas traversé particulièrement par des fleuves mais constitue une plaine d’inondation qui connaît de grandes crues en saison pluvieuse. En effet, de part sa topographie, le village reçoit des eaux de pluie en plus de celles de fleuves ou d’affluents dont les niveaux montent et débordent. Des dépressions naturelles ou aménagées forment des plans d’eau qui abritent des espèces diverses, et communiquent entre eux lors des crues.
Le climat du milieu, de type subéquatorial, possède deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches; la grande saison des pluies va d’avril à mi-juillet tandis que la petite saison pluvieuse s’étend de mi-septembre à novembre. Cependant le sud du Togo (PATUREL et aL, 1995) et même plusieurs régions en Afrique de « ouest (OZER et aL, 2003, 2005) connaissent une anomalie évoluant vers une certaine amélioration. Les températures et la pluviométrie sont en général celles de la zone du littoral ainsi que délimitée par GNANDI (2006).
Echantillonnage
L’échantillonnage s’est étendu sur quatre mois, de début août à fin novembre 2010. Il a consisté essentiellement en une série de prises régulières effectuées très tôt le matin dans trois barrages distants de plusieurs centaines de mètres l’un de l’autre. Il y a un espacement d’environ trois semaines entre deux pêches. Les effectifs s’élèvent en moyenne à une vingtaine d’individus par prise. Les mesures ont donc été effectuées sur un échantillon de 146 individus. Les prises sont effectuées avec des filets maillants avec des mailles d’environ 19 mm (mesure de nœud à nœud). Le cas échéant, les captures faites en dehors de la présente étude par des particuliers n’ont pas été comptabilisées dans la population dont on a pris la mesure des tailles, mais ont été mises à contribution pour une estimation sommaire de la diversité ichtyologique du milieu en se fondant sur les travaux de Lévêque et Paugy (1984), ou de Stiassny, Teugels et Hopkins (2007). La détermination spécifique de certains individus n’a pas pu être faite.
Mesures
Elles ont consisté à prendre la taille ou la longueur corporelle standard des poissons pêchés dans trois barrages différents. La longueur est prise depuis le museau jusqu’à la base des rayons de la nageoire caudale. Il n’a pas été non plus possible de sérier les mesures en fonction du sexe.
Analyse des données
Les informations recueillies sur le terrain feront l’objet de traitements statistiques et mathématiques au travers de logiciels tels que Excel 2003, ou du logiciel libre R version 2.13.0.
Résultats
Un premier aspect du travail est présenté sous forme de tableaux de données tels que les mesures des longueurs des poissons capturés, en spécifiant les sites de capture, les périodes d’échantillonnage, les classes de longueur, pour Oreochromis niloticus d’une part, et pour d’autres espèces pêchées d’autre part. Certains résultats présentés sous forme de tableaux concernent les exploitations qui ont pu être faites des données de terrain. Le regroupement des prises globales de tous les barrages confondus est présenté dans le tableau 3 où L1 et L2 sont respectivement les limites inférieure et supérieure des classes d’intervalle de longueur. Pour les analyses factorielles des correspondances, il sera considéré les valeurs centrées de ces classes. Les mesures faites tout au long des quatre mois de campagne de captures (de juillet à novembre) ont été donc regroupées en vingt classes d’intervalle de tailles. Les numéros d’observation ne correspondent pas aux jours de pêche. S’il n’y a pas de classe de longueurs inférieures à quatre centimètres, cela s’explique par la taille des mailles des filets qui ne retiennent pas les plus petits poissons.
Les eaux d’inondation de la plaine de Bagbé comporte une population assez diversifiée de poissons pendant les crues, l’espèce dominante étant de loin Oreochromis niloticus. La présence de ces espèces, atteste l’idée de Lalèyè et al. (2004) reprise par Montchowui et al. (2007) selon laquelle, des espèces signalées dans des grands fleuves peuvent se retirer dans de petites rivières et habitats particuliers situés dans des zones d’inondations (comme la plaine de Bagbé), à la faveur des migrations qui ont lieu pendant les crues. Oreochromis niloticus est singulièrement une espèce très répandue car, outre qu’elle se reproduit bien, on a pu observer comme en Basse Guinée (Teugels et al., 1991) des populations implantées dans la nature attribuées à une introduction ou à des spécimens échappés des stations de piscicultures. Sa présence dans les eaux des barrages des villages proches de la frontière du Ghana n’est guère surprenante, Lévêque et Paugy (1984) ayant mentionné leur distribution dans la zone de la Volta. La migration semble être l’explication de la plupart des autres espèces rencontrées dans le milieu d’étude, même si on peut penser à des introductions par l’Homme, ainsi que certains témoignages l’affirment sans trop de certitude. Dans la présente étude, la petitesse de la taille des échantillons est un facteur qui appelle à une prudence dans les conclusions à tirer mais se trouve en adéquation avec les observations de Merona (1983) sur la pêche expérimentale en Afrique; il est de même de la rareté des espèces pêchées. En principe, il est notoire d’utiliser conjointement d’autres méthodes dont la plus couramment utilisée reste l’analyse des pièces dures comme les écailles, les opercules, les épines ou, ainsi qu’ont pu le montrer Hecht (1979) et Clay (1980), l’emploi des otolithes; l’utilisation de l’analyse des pièces dures permet en outre d’observer les arrêts de croissance dans bien des cas (Daget, 1952, 1956; Durand, 1978). Le travail actuel a été pour l’essentiel d’ajuster les données (longueur) observées au modèle mathématique de von Bertalanffy (1938). La comparaison des paramètres de croissance montre Llne différence selon que la détermination est faite manuellement ou par le logiciel FiSAT II. Par ailleurs, la différence concerne également les approximations faites sur les observations prises en considération dans les analyses.
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Table des matières
Résumé
Abstract
Introduction
Méthodologie
Résultats
Discussions
Conclusion
Bibliographie
Annexes
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