Etude de la creativite lexicale dans le discours des acteurs politiques

La langue française, qui a été introduite en Afrique par le biais de la colonisation, occupe une place importante dans les pays francophones comme le Sénégal. En effet, cette langue remplit les fonctions de langue officielle en étant langue de l’administration, de l’enseignement et des relations internationales dès l’accession du pays à la souveraineté nationale en 1960. Pour compléter la situation sociolinguistique au Sénégal, il faut dire que le français, qui occupe à lui seul le statut de langue officielle, y cohabite avec les langues nationales. Ces dernières sont dominées par le wolof qui constitue la langue interethnique. Cette situation sociolinguistique interfère dans le langage des élites politiques sénégalaises qui essaient de s’approprier la langue française dans ce contexte de plurilinguisme décrit plus haut.

Il faut dire que la problématique du « discours politiques », défini comme étant un espace de productions langagières où s’échange le parler des hommes chargés de réguler la vie dans la cité, a particulièrement intéressé, dès le début des années 70, la recherche française avec des auteurs comme Marcellesi, Gardin et Guespin (Boyer, 1996). Parallèlement, nous remarquons des études qui ont été menées au Sénégal à ce sujet, mais tardivement, par les chercheurs sénégalais et nous nous joignons à ces derniers pour contribuer à l’éclaircissement de cette question sociolinguistique. Cette matière était considérée comme une partie de la linguistique ayant pour objet l’étude du langage et de la langue sous leurs aspects socioculturels. Elle se donne pour tâche de faire apparaître la covariance des phénomènes linguistiques et sociaux et éventuellement d’établir une relation de cause à effet. (Dubois et al, Dictionnaire de linguistique). C’est dans ce sens que la politique s’insère dans le champ d’analyse de la sociolinguistique, du fait que les premières fonctions sociales et politiques du langage sont la communication.

Vu le contexte sociolinguistique décrit plus haut, il est évident que le discours politique d’un tel milieu sera tributaire de la situation socioculturelle, tout comme il est associé au phénomène de convergence, pour emprunter les termes d’Edmon Biloa (2007), puisque l’individu est toujours marqué par son milieu. Comme l’indique Lipou (2004 : 132) : « La convergence réfère à ce que Criles et Smith appellent des « processus par lesquels l’individu change son style pour se rapprocher de ceux avec qui il interagit. » Ainsi, le français utilisé pour exprimer les réalités socio-culturelles spécifiques du Sénégal sera forcément différent de celui parlé en France, au Canada, au Bénin ou au Caméroun… En réalité, dans le lexique des hommes politiques du Sénégal, ce français comporte de plus en plus de mots étrangers à la langue, ce qui constitue un univers langagier particulier. Dès lors, le principal objectif de notre travail sera de nous focaliser surtout sur la manière dont le français est conditionné aux changements lexicaux en contexte africain, en particulier sénégalais. En d’autres termes, il s’agira de l’étude de la créativité lexicale, du changement de sens et de l’alternance codique visible dans le discours des acteurs politiques, reflétant ainsi des faits de variation sociolinguistique, révélant et créant forcément des contacts de langues et des phénomènes de diglossie.

Ainsi, le présent travail sera organisé en trois parties distinctes mais complémentaires. D’abord, la première partie sera consacrée à une étude des phénomènes de langues tout à fait perceptibles dans le discours des acteurs politiques sénégalais, en prenant en considération les circonstances sociolinguistiques dans lesquelles ils sont nés, voire le statut des langues présentes dans le paysage linguistique sénégalais, des documents spécifiques indispensable au contact des langues (français/langues nationales). Ensuite, la deuxième partie va concerner la méthodologie d’approche sociolinguistique utilisée pour le recueil du corpus ainsi que les différentes justifications relatives à cette démarche. Et enfin, la troisième partie que nous donnerons une assise contextuelle sera vouée essentiellement à l’analyse descriptive de notre corpus qui nous a permis de déterminer l’usage de la créativité lexicale et celui de l’alternance codique observable chez le groupe censé détenir la norme standard (l’élite politique sénégalaise).

PAYSAGE SOCIOLINGUISTIQUE DU SENEGAL

Statut et usage de la langue française dans le champ de la politique sénégalaise 

Le français est la langue officielle du Sénégal en vertu du premier article de la Constitution nationale. Dès lors, elle est la seule langue d’enseignement et d’administration et c’est à ce juste titre qu’il reste jusqu’à présent le seul outil et moyen institutionnel de la promotion sociale. Cependant, il est nécessaire pour comprendre cette situation actuelle de feuilleter dans l’histoire même du pays ainsi que dans son legs colonial.

D’une manière historique, la langue française a été introduite au Sénégal, par le biais de la colonisation. Des mesures accompagnant sa propagation sous le régime du système colonial par l’administration directe imposée par la France, sont ainsi prises, interdisant tout parler local à l’école. Cette politique linguistique appliquée au Sénégal était celle apposée dans le temps en France métropolitaine et avait suscité comme conséquence un monolinguisme dialectal ou patois. Cela a occasionné en Afrique, le Sénégal en particulier, l’acculturation des sénégalais de l’époque voire le recul des langues nationales en dialectes au profit de cette humanité européenne. Et pendant tout ce temps, tous les domaines officiels tels que l’enseignement, la justice… se pratiquent en français sous les méthodes du système d’antan. Et même au moment et après l’accession à l’indépendance, le français est resté dans la constitution politique sénégalaise et dans celles des autres d’Afrique francophone comme langue à statut officiel, en face des six langues codifiées.

Cette situation juridique reflétait une pratique du monolinguisme de l’Etat d’antan. Et nous savons qu’avec la traversée de la mondialisation, les langues sont en contact permanent et qu’aucun pays, du moins en Afrique, n’est monolingue à cause de cette cohabitation de diverses ethnies excepté certains Etats comme le Burundi et le Rwanda. En d’autres termes, le contact entre les langues est manifeste dans le monde en confirme Gadet où il affirme :

« Il y’aurait, à la sur le globe entre 6000 et 7000 langues différentes et environ 200 pays. Un calcul simple nous montre qu’il y’aurait théoriquement environ 300 pays, et si c’est la réalité n’est pas à ce point systématique (certains pays comptent moins de langues et d’autres beaucoup plus) il n’en demeure pas  moins que le monde est plurilingue en chacun de ses points et que les communautés linguistiques se côtoient, se superposent sans cesse » .

Sur ce, la langue française est devenue aujourd’hui la langue de la présidence de la République, des Cours de justices, de l’Assemblé nationale, de l’Armée, de la Police, de l’Education formelle et celle de la promotion sociale ; bref des domaines qui renvoient à l’administration et à tout ce qui relève du formel selon l’Article premier de la Constitution sénégalaise.

En plus, en vertu de l’article 28 de la Constitution du pays, tout candidat à la présidence de la république doit obligatoirement savoir lire, écrire et parler couramment le français. Malgré son statut élevé au Sénégal, nous ne pouvons en dire autant de son usage dans le milieu de la politique sénégalaise. Ceci est assez contradictoire, car nous remarquons actuellement qu’elle est rarement parlée et lorsqu’elle est utilisée, c’est dans des contextes particuliers, dans des situations et cérémonies officielles où les candidats une fois élus légifèrent et gouvernent en français dans les textes où les lois sont réglementées dans un français très académique difficile d’accès quelquefois. (Ibid., 2001) .

Malgré le rang officiel qu’il occupe, le français est actuellement en perte d’usagers et de vélocité devant les langues nationales en particulier avec l’expansion imprévisible du wolof. En effet, il ne faut pas manquer de le signaler que la situation sociolinguistique du Sénégal est différente de celle des autres pays d’Afrique francophones car dans ces pays, le français sert de communication inter-ethniques. Tandis qu’au Sénégal, ce domaine est réservé au wolof véhiculaire qui se trouve être une langue nationale comprise par la quasi-totalité de la population. Ainsi, l’usage du français reste claustré actuellement dans le domaine, pour l’essentiel, à usage écrit, dans le champ de la politique sénégalaise et de ce fait, nous remarquons quand même lors des campagnes électorales régionales ou parfois nationales les discours des acteurs politiques à l’oral se tiennent en wolof ou alors dans un discours mixtes (français et wolof) appelé quelquefois wolof urbanisé en lieu et place du français. (Ibid, 2001).

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
Première partie : PAYSAGE SOCIOLINGUISTIQUE DU SENEGAL
I. Statut et usage de la langue française dans le champ de la politique sénégalaise
II. Statut et usage des langues nationales dans le champ de la politique sénégalaise
III. Contact de langues et Plurilinguisme
Deuxième partie : DEMARCHE METHODOLOGIQUE
I. METHODE SOCIOLINGUISTIQUE
Troisième partie : ANALYSE ET EXPLOITATION DU CORPUS
I. LA NEOLOGIE DANS LE DISCOURS DES ACTEURS POLITIQUES SENEGALAIS
II. LES PROBLEMES D’ADAPTATION LIES AU PHONETISME LOCAL
III. L’ALTERNANCE CODIQUE DANS LE DISCOURS DES ACTEURS POLITIQUES SENEGALAIS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Table des matières
ANNEXE

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *