Eloignement de la décharge finale (carrière)
Dans la ville de Tambacounda, la décharge finale est située à deux (2) kilomètres de la ville. Dans le schéma d’organisation officielle de la collecte, les déchets collectés par les charretiers doivent transiter dans des dépôts relais avant d’être repris par des engins capables de parcourir le trajet jusqu’à la décharge finale. En pratique, ce système ne marche pas car la Mairie est la seule entité de la Commune est la seule à posséder des moyens nécessaires pour gérer la collecte et la mise en décharge finale. Les dépôts relais constituent à leur tour les dépôts sauvages car la benne prévue pour la collecte est en panne et les autorités évoquent un manque de moyens pour sa réparation. Vient s’y ajouter le fait que les charretiers évoquent l’éloignement de la carrière et la nature du relief les obligeant à déverser les ordures dans les berges du Mamacounda ou le long de chemin de fer. Un autre problème lié au statut de la décharge finale vient s’y ajouter. Le site réservé pour la carrière est devenu la propriété de la Société Nationale des Habitations à Loyer Modéré. Pour l’heure la municipalité est la recherche de site approprié pour cet effet. La gestion des ordures ménagères est un secteur mal structuré dans la commune de Tambacounda malgré la multiplicité des intervenants qui ont des responsabilités controversées, mal définies et éprouvant d’énormes difficultés dans l’exécution de leurs tâches. Cette situation explique la mauvaise gestion des ordures dans la commune de Tambacounda qui a des incidences sur la santé publique détériorant ainsi le cadre de vie des populations.
Impact sur les récupérateurs et les fouilleurs
Ils sont au premier plan de contraction de maladies liées à l’insalubrité environnementale, travaillant sans aucune mesure de protection (blousses, gants, casques etc.) pendant de longues heures sous un climat chaud et humide propice à la prolifération des germes pathogènes. Les problèmes sanitaires auxquelles ils (fouilleurs, récupérateurs, balayeurs) s’exposent sont de multiples ordres. Les plus fréquents cités dans nos enquêtes de terrain sont présentés ci- après :
a) Risques pathologiques chez les charretiers : Les risques pathologiques observés au niveau de l’activité de pré collecte sont multiples et multiformes, les uns plus fréquents que les autres. La plupart des affections pathologiques sont liées aux accidents de travail et à l’exposition prolongée des charretiers aux émanations toxiques d’ordures ménagères.
b) Accidents de travail : Les accidents de travail fréquemment enregistrés chez les charretiers sont relatifs à des blessures causées par certains objets tranchants retrouvés dans les déchets (les boîtes de conserve, les tessons de bouteille, etc.). Les poubelles utilisées par les ménages à Tambacounda constituent également des causes d’accidents de travail, car elles ne sont pas toujours adéquates. Ces poubelles de fortune utilisées par les ménages, ne répondant à aucune norme hygiénique, exposent les charretiers à d’énormes risques de blessures qui pourraient engendrer des affections telles que le tétanos. Par ailleurs, les charretiers, dans leur activité sont victimes de lésions corporelles. Tout ceci constitue la conséquence de l’insécurité au travail qui caractérise cette branche d’activités. L’autre risque non moins négligeable est celui des accidents de circulation dont peuvent être victimes les charretiers. Ceux-ci sont parfois contraints de partager la circulation avec les autres usagers des axes routiers lors de pré collecte ou lors de l’acheminement des déchets pré collectés vers les points de regroupement. Outre les accidents de travail, les maladies professionnelles constituent également des risques auxquels font face les charretiers.
c) Maladies professionnelles : Les conséquences directes ou indirectes, immédiates ou à long terme des ordures ménagères sur la santé des charretiers sont liées aux affections pathologiques des composantes chimiques ou toxiques contenues dans les ordures.
d) Affections courantes chez les charretiers : Les charretiers chargés de l’enlèvement des déchets solides ménagers sont exposés aux risques majeurs de maladies professionnelles qui sont :
– Exposition permanente et prolongée aux odeurs malsaines engendrées les déchets pré collectés. Ce contact permanent qu’ont ces charretiers avec les déchets peut être pour eux sources de plusieurs affections telles les affections pulmonaires aiguës dues à l’inhalation permanente et continue de la poussière pleine de toutes particules, sans oublier l’odeur nauséabonde que dégagent ces déchets ;
– Port permanent et continu de lourdes charges telles que les poubelles, les charrettes à traîner, etc. Ceci les expose à des affections péri-articulaires. Ces pathologies très répandues sont à l’origine des douleurs notées au niveau des membres supérieurs et/ou inférieurs, du dos et du cou bien souvent chez ces charretiers. Ces maux sont générateurs d’une usure professionnelle prématurée ;
– Les charretiers courent les risques de micro-organismes et des endotoxines ;
– Le paludisme : maladie grave largement répandue chez les charretiers à cause de leur contact, surtout en saison pluvieuse où ils se font piquer par les moustiques lors du ramassage par exemple des pneus usés, des boîtes de conserve que contiennent les déchets ;
– Le tétanos : maladie infectieuse qui peut intervenir lorsque les charretiers se font piquer par des objets pointus ou se font couper par des objets tranchants ;
– Les signes cliniques réels et constants sont les lésions cutanées, les troubles digestifs tels le choléra, la dysenterie et des pathologies de types infectieux causés par le non respect des règles d’hygiène élémentaires par les charretiers eux-mêmes ;
– Les maladies respiratoires telles la tuberculose, la toux, le rhume, la sinusite sont également signalées ;
– Maux de tête : les migraines sont les plus fréquentes pendant la saison de la grande chaleur, et des maladies diverses pouvant aller jusqu’à l’évanouissement ;
– La fatigue : travaillant en position courbée durant de longues heures, les fouilleurs et les récupérateurs mais également les balayeurs e les éboueurs se plaignent de maux de dos, de douleurs aux jambes et aux bras.
Le paludisme et les céphalées (maux de tête) sont les affections les plus courantes chez les charretiers de Tambacounda. Les affections péries articulaires et les infections respiratoires aiguës constituent également les affections dont ils se plaignent. Au total, les activités de pré collecte de déchets solides ménagers occupent une place importante dans le processus d’enlèvement de ces déchets dans la ville de Tambacounda. Mais cette activité provoque chez les charretiers une multitude d’affections qui sont liées à la présence d’éléments toxiques et nuisibles pour leur santé.
Une plus grande implication des pouvoirs publics
Le budget de la municipalité est dérisoire face à l’ampleur des tâches qui attendent les élus locaux. La faiblesse générale des budgets municipaux a été aggravée au Sénégal par la suppression au cours des années 1990 de l’aide financière qu’apportait l’Etat aux collectivités locales. Si la propreté et la salubrité urbaines relèvent des prérogatives de la municipalité, cette dernière n’a pas les moyens financiers et matériels suffisants pour y faire face avec efficacité. Les pouvoirs publics doivent s’impliquer davantage pour soutenir les opérations de salubrité urbaine, qu’il s’agisse de l’enlèvement des ordures ménagères, de la collecte des eaux-vannes, de la création des W.C. publics ou du nettoyage des rues et des places publiques. Les opérations de salubrité urbaine sont très onéreuses et dépassent largement les capacités humaines, financières et techniques des municipalités pauvres. Elles ne peuvent pas être laissées à la seule charge de ces dernières.
Valorisation avec la création d’une unité de compostage
La gestion durable des ordures ménagères pose donc de graves problèmes, non seulement aux populations urbaines, mais aussi aux autorités locales, dans le contexte de pauvreté générale et dégradation des conditions économiques et financières qui caractérisent les populations. Le compostage est un procédé biologique naturel qui s’effectue dans des conditions contrôlées et qui transforme la matière organique en un produit stable ressemblant à de l’humus et appelé compost. La création d’une unité de compostage dans la commune offrira de nombreux avantages. Elle permettra de réduire le volume et le poids des déchets à transporter, et par la personne qui sensibilise conséquent le coût élevé et l’évacuation hors de la ville. En plus de cela, le compost est un moyen de lutte biologique de maintien, d’amélioration et d rétablissement de l’équilibre minéralisation de la synthèse organique du sol. Il serait un bon fertilisant organique des terres de culture notamment pour le maraîchage qui est très développé sur les berges du Mamacounda. Par ailleurs ce type d’activité crée à partir des déchets solides génèrera des revenus aux classes sociales pauvres et contribuera à atténuer la pauvreté dans la ville.
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Table des matières
Introduction générale
Problématique
Méthodologie
Ière PARTIE : LES CARACTERISTIQUES PHUSIQUES ET SOCIOECONOMOQUES DETERMINATS DANS LA GESTION DES ORDURES MENAGERES HISTORIQUE ET SITUATION GNERALE
CHAP I LE MILIEU PHYSIQUE PÔLE STRUCTURANT OU HANDICAP A LA GESTION DES ORDURES MENAGERES
1 -le site la situation
2-le relief et les sols
3 Le vent
4-Le climat
5- Les eaux de surface
6- La pluviométrie
7-les températures
CHAP. II : LES CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES DETERMINANTS DANS LA PRODUCTION DES ORDURES MENAGERES
1-Evolution de la population de la commune de Tambacounda
2-Répartition spatiale de la population
2-1 Répartition de la population selon la densité
2-2 Répartition de la population selon le sexe
2-3 Répartition de la population selon l’âge
2-4 Répartition de la population selon la religion
2-5 Répartition de la population selon le groupe ethnique
3- Taille moyenne des ménages
4-Les caractéristiques socio-économiques de la population
4-1 Niveau d’instruction de la population
4-2 Niveau d’activité de la population
4-3 Nature de l’activité de la population
5- Niveau de vie des ménages
6- Statut d’occupation du logement
Chap. III : LE DYNAMISME ECONOMIQUE INFLUANT LES SUR LES CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA POPULATION
1-Un secteur primaire encore dominateur
2-Un secteur secondaire pas très dynamique
3-Un secteur tertiaire en pleine expansion
3-1 le commerce
3-2 Le transport
3-3 Le tourisme
3-4 Les télécommunications
4- L’artisanat, un secteur prometteur mais sous exploité
CHAP. IV : PROCESSUS D’URBANISATION ENGENDRANT LA SUBMERSION DE LA VILLE PAR DES DETRITUS
1-Evolution spatiale de la ville de Tambacounda
2-Analyse de l’espace urbain
2-1La structure de la ville
2-2 L’habitat
2-3 Les aspects des constructions
2-4 Les types d’habitation
2-5 La nature des constructions
3- Les infrastructures et équipements
3-1 Les infrastructures
3-2 Des équipements existants mais insuffisants
4- La crise urbaine et ses manifestations dans la commune de Tambacounda
4-1 Le phénomène des bidonvilles
4-2 L’alimentation en eau potable
4-3 Un assainissement défectueux
4-3-1 Les eaux pluviales
4-3-2 Les eaux usées
4-4 Le manque d’infrastructures et d’équipements
II EME PARTIE : LA GESTION DES ORDURES MENAGERES DANS LA COMMUNE DE TAMBACOUNDA
CHAP. I : PRESENTATION GENERALE DES ORDURES MENAGERES DANS LA COMMUNE DE TAMBACOUNDA
1-Typologie des déchets solides
1-1les ordures ménagères
1-2 Composition des ordures ménagères
1-3 Estimation de la production journalière des ordures ménagères dans la commune
2- Les causes de la prolifération des ordures ménagères dans la commune
2-1 Le contexte sociologique
2-2 Une multiplication des sources de production des OM
3- Les principaux acteurs dans la gestion des ordures ménagères
3-1 Les acteurs institutionnels
3-1-1 La mairie et les services techniques
3-1-2 Le service de salubrité public (service d’hygiène)
3-2 Les autres acteurs directement impliqués
3-2-1 Les prestataires de service non rémunérés
a) Les ménages
b) Les conseils de quartiers
c) Les ASC
d) Les GIE
3-2-2 Prestations avec rémunération
CHAP. II LES METHODES DE GESTION DES ORDURES MENAGERES ET SES CONTRAINTES DANS LA COMMUNE DE TAMBACOUNDA
1-Les méthodes de gestion des ordures ménagères
1-1 Les pratiques populaires
1-2 La pré-collecte porte à porte
2- Les activités relevant de la filière des ordures ménagères
2-1 Le recyclage
2-2 La récupération
2-3 La revente
3- Les contraintes liées à la bonne gestion des ordures ménagères
3-1 La connaissance et l’information de la population
3-2 Les aspects législatifs, organisationnels et politiques
3-3 Les limites des rôles des autorités locales
3-4 Des réalités urbaines et foncières qui s’imposent
3-5 La pré-collecte mieux assurée dans les quartiers centralisés et viabilisés
3-6 Les contraintes des charretiers à traction asine
3-7 L’éloignement de la décharge finale
CHAP.III LES CONSEQUENCES D’UNE MAUVAISE GESTION DES ORDURES MENAGERES ET PROPOSITION DE STRATEGIES DE LUTTE CONTRE L’INSALUBRITE
1-Les conséquences de la mauvaise gestion des OM
1-2 La traduction sanitaire de la mauvaise gestion des ordures sur la santé des populations
1-2-1 Impacts sur les récupérateurs et les fouilleurs
a) Risques pathologiques chez les charretiers
b) Accidents de travail
c)Les maladies professionnelles
d) Les affections courantes
1-2.2 Les impacts à l’échelle du ménage
2- Proposition de stratégies pour une meilleure gestion des ordures ménagères dans la commune de Tambacounda
2-1 Les stratégies spécifiques
2-2 Les stratégies générales
a) La nécessité d’une meilleure connaissance scientifique des services urbains
b) Une meilleure organisation de la gestion
c) Eviter le transport inutile du sable
d) Coordonner les actions entre les maillons
e) Une plus grande implication des pouvoirs publics
f) Renforcer la décentralisation
g) Appliquer la régulation environnementale
h) Sensibilisation
2-3 Valorisation des ordures ménagères
2-3-1 Valorisation énergétique des ordures par la méthanisation
2-3-2 Valorisation par la création d’une unité de compostage
Conclusion générale
Bibliographie
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