Etude de la biologie et de l’ecologie d’effraie de soumagne tyto soumagnei (grandidier, 1878)

Situé dans l’Océan Indien, entre 11° 57´ et 25° 37´ latitude Sud (Langrand, 1990 ; Mittermeier et al., 2005), Madagascar se trouve à environ 400 km à l’Est de l’Afrique (Mittermeier et al., 2004). Son imposante superficie de l’ordre de 590 000 km2 lui a valu son classement de quatrième grande Ile du monde, après Groenland, Nouvelle Guinée et Bornéo (Donque, 1975 ). A Madagascar, suite à la rupture du Grand Continent de Gondwana, il y a environ 121 à 165 millions d’années (Rabinowitz et al., 1983), la faune et la flore ont trouvé des conditions climatiques favorables à leur développement (Leakey & Lewin, 1997). Par conséquent, un fort taux d’endémisme atteignant 85 %, pour la faune et la flore s’y est installé (Mittermeier et al., 2004). Ainsi, Madagascar est actuellement classé parmi les 18 Pays prioritaires pour la conservation dans le monde (Mittermeier et al., 2005).

L’avifaune malagasy comprend 68 familles (Langrand, 1990) composées de 280 espèces (Raherilalao & Goodman, 2011). Elle est relativement pauvre en espèce mais cette pauvreté est compensée par un taux d’endémisme caractéristique atteignant les 52,2 % (Langrand, 1990 ; Goodman & Benstead, 2003). En plus de cette pauvreté en espèces, les informations sur l’ensemble de l’avifaune sont relativement rares et loin de couvrir tous les aspects de la biologie, de l’écologie et de la distribution des différentes espèces d’oiseaux. Ainsi, de nombreuses études sont sollicitées pour combler ces lacunes. En ce qui nous concerne, les rapaces nous a particulièrement intéressés car nous avons eu l’opportunité de travailler avec l’organisme « The Peregrine Fund ».

Au cours des différentes prospections entreprises par les Chercheurs de « The Peregrine Fund » dans les différentes forêts malgaches, entre autres, dans la Nouvelle Aire protégée de Bemanevika, dans le district de Bealanana, ils ont repéré l’Effraie de Soumagne Tyto soumagnei, une espèce de hibou, rapace nocturne endémique de Madagascar de la famille des Tytonidae, réputée rare et considérée par moments comme disparue du fait de ses mœurs et de sa discrétion. Très peu d’informations sur la biologie et l’écologie sont disponibles sur l’espèce. Nous avons alors décidé d’approfondir les connaissances sur elle car l’organisme qui supporte notre recherche s’occupe plus particulièrement de la gestion de la Nouvelle Aire protégée de Bemanevika (14°15´S / 14°29´S et 48°2 ´E / 48°38´E). Ce qui nous donnera plus de latitude pour le recensement de la population de Tyto soumagnei et d’en effectuer le suivi.

Localisation géographique

Les collectes de données relatives à l’étude d’Effraie de Soumagne ont eu lieu dans la Nouvelle Aire Protégée (ou NAP) de Bemanevika entre les années 2008 et 2014. Cette forêt est située dans la partie Nord-Ouest de Madagascar, dans la zone Nord-Est de la Région Sofia. Elle se trouve dans la pointe Nord du District de Bealanana. Elle est à cheval sur deux communes rurales, Antanagnivo-Haut et Beandrarezona, dont l’altitude varie de 800 à 1 900 m. Elle est située entre les latitudes 14°15′ et 14°29′ Sud et les longitudes 48°25′ et 48°38′ Est (Figure 2). Elle est une extension de la forêt dense humide de haute montagne du corridor de Sambirano et fait partie de l’écorégion des hautes terres du Nord. Cette NAP a reçu le statut temporaire en 2010 selon l’arrêté interministériel n°52005/2010 du 20 décembre 2010 modifiant l’arrêté interministériel n°18633 portant mise en protection temporaire globale des sites visés par l’arrêté interministériel n°17914 du 18 octobre 2006 et levant la suspension des permis miniers et forestiers pour certains sites.

Historique de la forêt de Bemanevika 

La forêt de Bemanevika fait partie de la forêt de Sandrakôta. Cette dernière, avec sa superficie de 89 000 ha, a été considérée comme une Forêt classée depuis l’année 1967 suivant l’arrêté N°1555-MAER/DG/DIR/PRO/FOR du 14 avril 1967. L’ONG « The Peregrine Fund », en 2006, a entrepris des travaux d’inventaire biologique dans la forêt de Sandrakôta. Elle s’est aperçue que cette vaste forêt présentait différentes zones dont l’état de conservation n’était pas uniforme. Seule la partie forestière autour du village de Bemanevika restait pratiquement bien conservée. Après la découverte du site Bemanevika en 2006, The Peregrine Fund a fait la constatation de son importance en termes de biodiversité et de conservation. Ayant été le responsable de la découverte de ce site, The Peregrine Fund a œuvré pour que cette zone soit reconnue et protégée par la loi. Ainsi, suite à la parution de l’arrêté interministériel n° 52005/2010 modifiant l’arrêté interministériel Mine-Forêts n° 18633 portant mise en protection temporaire globale des sites visés par l’arrêté n° 17914 du 18 octobre 2006, la forêt de Bemanevika a reçu le statut de protection temporaire d’Aire Protégée en décembre 2010.

Caractéristique de la NAP de Bemanevika

Le milieu physique de la NAP de Bemanevika présente une topographie vallonnée avec des montagnes s’élevant jusqu’à 1 900 m et des dépressions descendant jusqu’à 800 m. Ce milieu est parsemé des lacs d’origine volcanique (Andriakanala, Maramarantsaregy, Matsaborimaitso et Matsaborimena). Certains lacs satellites permanents et temporaires y sont observés. La forêt de Bemanevika est parcourue par la rivière Sandrakôta qui constitue le cours d’eau principale avec ses trois principaux affluents : Ambongamarina, Ampatika et Maropitsaka. La région renferme en outre de nombreux marais et une trentaine de marécages.

Climat

La NAP de Bemanevika se trouve dans une région ayant un climat tropical de haute altitude avec la présence de deux saisons bien distinctes : la saison humide du mois d’octobre en avril et la saison sèche du mois de mai au mois de septembre. Durant cette dernière saison, il existe une période hivernale avec présence de brouillard et de crachin pendant le mois de mai au mois d’août.

La température
Etant donnée la non disponibilité des données climatiques au niveau du service météorologique aussi bien au niveau régional que national pour les cinq dernières années dans notre zone d’étude, seules les températures enregistrées au site d’étude pendant les années 2011 et 2012 ont été utilisées. Ainsi, la température moyenne avoisine les 20,2°C avec un maximum de 30°C et un minimum de -2°C.

La précipitation
La pluviométrie est caractérisée par une forte irrégularité. La saison humide commence dès le mois d’octobre pour se terminer au mois d’avril. Les pluies se concentrent sur quatre mois de l’année (décembre à mars). Il peut y avoir des précipitations violentes de quelques heures, des orages qui durent 4 à 5 heures de temps. La pluviométrie annuelle peut avoisiner les 2800 mm.

Faune

Selon l’étude menée par The Peregrine Fund en 2009, 106 espèces d’oiseaux ont été inventoriées au sein de la NAP de Bemanevika dont certaines sont menacées. En effet, parmi ces espèces figurent les espèces menacées suivantes selon le statut de conservation IUCN : le Fuligule de Madagascar Aythya innotata est en danger critique (CR) ; sont classées en danger (EN) le canard de Meller Anas melleri, le héron crabier blanc Ardeola idae et l’aigle serpentaire de Madagascar Eutriorchis astur. Sont classées vulnérable (VU) le bulbul fuligineux Xanthomixis tenebrosa, le busard de Madagascar Circus macrosceles, l’Effraie de Soumagne Tyto soumagnei, le grèbe malgache Tachybaptus pelzenii, le râle de Madagascar Rallus madagascariensis ainsi que le râle de Waters Sarothrura watersi (EN).

Vingt-cinq espèces de micromammifères ont été inventoriées dont 18 espèces dans l’ordre des Afrosoricida et sept espèces dans l’ordre des Rodentia. D’une part, six espèces des Rodentia de la famille Nesomyidae sont endémiques (Brachytarsomys villosa, Eliurus minor, E. majori, E. grandidieri, E. tanala, E. webbi) et une introduite de la famille Muridae (Rattus rattus) ; et d’autre part, 17 espèces des Afroscorida de la famille Tenrecidae sont endémiques (Hemicentetes semispinosus, Microgale cowani, M. dobsoni, M. drouhardi, M. fotsifotsy, M. gymnorhyncha, M. jobihely, M. longicaudata, M. parvula, M. principula, M. soricoides, M. taiva, M. talazaci, M. thomasi, Oryzorictes hova, Setifer setosus, Tenrec ecaudatus) et une espèce introduite de la famille Soricidae (Suncus murinus). L’espèce M. jobihely est endémique régionale. En se référant au statut IUCN, l’espèce B. villosa est classée en danger (EN), une espèce est vulnérable (VU) et 21 sont à préoccupation mineure (LC).

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : ZONE D’ETUDE
I.1 Localisation géographique
I.2 Historique de la forêt de Bemanevika
I.3 Caractéristique de la NAP de Bemanevika
I.4 Climat
I.4.1 La température
I.4.2 La précipitation
I.5 Faune
I.6 Flore
I.7 Caractéristique géologique du terrain
DEUXIEME PARTIE : MATERIELS ET METHODES
II.1 Matériel biologique
II.1.1 Systématique
II.1.2 Historique
II.1.3 Description de l’Effraie de Soumagne Tyto soumagnei
II.2 Recensement
II.2.1 Choix du site de recensement
II.2.2 Transect
II.3 Capture
II.3.1 Piège pour capture
II.3.1.1 Piège à poche
II.3.1.2 Piège Bal-Chatri
II.3.1.3 Filet japonais ou filet à poches
II.3.2 Mensurations
II.3.3 Mise en place d’émetteur radio
II.3.4 Détermination de sexe
II.4 Régime alimentaire
II.4.1 Recensement des micromammifères
II.4.1.1 Piégeage
II.4.2 Identification des pelotes
II.4.2.1 Temps de régurgitation de pelote
II.4.2.2 Collecte de pelotes
II.4.2.3 Conditionnement des pelotes
II.4.2.4 Dissection et nettoyage des pelotes
II.4.2.5 Identification des os
II.4.2.6 Détermination de la biomasse des proies
II.4.2.7 Etude de la variation saisonnière des proies
II.4.3 Observation directe
II.4.4 Comportement de chasse
II.4.5 Test statistique
II.5 Nidification
II.5.1 Recherche de nids
II.5.1.1 Prospection du trou d’arbre
II.5.2 Observation au nid
II.5.3 Caractéristiques du nid
II.5.4 Environnement du nid
II.6 Habitat
II.6.1 Domaine vital
II.6.1.1 Collecte des données
II.6.1.2 Détermination du domaine vital
II.6.1.3 Utilisation du domaine vital
II.6.2 Dortoir
II.6.2.1 Recherche de dortoir
II.6.2.2 Description des dortoirs
II.6.2.3 Environnement du dortoir
II.6.3 Tests statistiques
TROISIEME PARTIE : RESULTATS
III.1 Recensement
III.2 Capture et mensurations
III.2.1 Capture
III.2.2 Nombre d’individus porteur d’un émetteur radio
III.2.3 Détermination de sexe
III.3 Régime alimentaire
III.3.1 Résultat des piégeages
III.3.2 Récolte de pelotes
III.3.3 Composition du régime alimentaire
III.3.4 Caractéristique des proies
III.3.5 Préférence en proie selon le sexe
III.3.6 Variation saisonnière de proies
III.3.7 Variation des proies par pelotes
III.3.8 Comparaison des espèces de proies trouvées dans les pelotes et des espèces capturées au cours des piégeages
III.3.9 Comportement de chasse
III.3.10 Moment de régurgitation des pelotes
III.4 Nidification
III.4.1 Recherche de nid
III.4.2 Saison de nidification
III.4.3 Nombre d’œufs et participation à l’incubation
III.4.4 Nombre de poussins
III.4.5 Type de nid
III.4.6 Habitat autour du nid
III.5 Domaine vital
III.5.1 Collecte de données
III.5.2 Dimension et structure du domaine vital
III.5.3 Chevauchement des domaines vitaux
III.5.4 Variations individuelles
III.5.5 Superficie couverte quotidiennement
III.5.6 Utilisation du domaine vital
III.5.6.1 Estimation Kernel 95 %
III.5.6.2 Type d’habitat du domaine vital
III.5.7 Relation entre sexe de l’individu et la taille du domaine vital
III.5.8 Relation entre le nombre de coordonnées et la taille du domaine vital
III.6 Dortoirs
III.6.1 Les dortoirs observés
III.6.2 Distance entre les dortoirs
III.6.3 Caractéristiques des dortoirs
III.6.4 Compétition au niveau des dortoirs
III.6.5 Nombre d’individus par dortoir
III.6.6 Caractéristique des habitats autour des dortoirs
QUATRIEME PARTIE : INTERPRETATION ET DISCUSSION GENERALE
CONCLUSION

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