Les insectes nuisibles affectent la production alimentaire soit directement par la réduction qualitative ou quantitative des récoltes ou, indirectement en servant comme vecteurs de plusieurs maladies des plantes. L’impact des insectes et autres arthropodes sur l’être humain en tant que vecteurs actifs et réservoirs vivants des maladies est très significatif (Conlong & Mugoya, 1976). Les moustiques sont des vecteurs de plusieurs agents pathogènes tels que des protozoaires, des virus et des nématodes qu’ils transmettent à l’homme et aux animaux domestiques (Nuttall, 1997). La lutte chimique, avec essentiellement des pesticides chimiques de synthèse, continue à être le moyen majeur de contrôle des vecteurs (Casida & Quistad, 1998). Leur impact dépend à la fois de leur mode d’action (certains sont plus toxiques que d’autres), de leur persistance dans les sols et les eaux (certains se dégradent plus rapidement que d’autres) et de leurs sous-produits de dégradation lesquels sont parfois plus toxiques et se dégradent moins vite que le composé initial (Conlong & Mugoya, 1976). Cependant, plusieurs arguments, tels les effets secondaires des insecticides conventionnels ou les impératifs environnementaux (Paoletti & Pimentel, 2000), ont encouragé la recherche de composés alternatifs plus sélectifs ; les régulateurs de croissance des insectes (Ishaaya & Horowitz, 1998). Les insecticides biologiques et les régulateurs de croissance des insectes offrent de bonnes perspectives de lutte contre les moustiques.
En Algérie, Culex pipiens L. est l’espèce de moustique qui présente le plus d’intérêt en raison de sa large répartition géographique, de son abondance et de sa nuisance réelle, surtout dans les zone urbaines (Bendali & al., 2001).Les moustiques sont généralement contrôlés par des insecticides conventionnels (organochlorés, organophosphorés et pyréthrinoïdes) qui ont donné de bons résultats mais, malheureusement, ont également largement contribué à perturber l’environnement par des effets toxiques indésirables sur l’homme et sur les espèces non visées (Ishaaya & Horowitz, 1998). En conséquence, une lutte intégrée et raisonnée s’est développée ces dernières années avec l’apparition de nouvelles molécules ayant une action spécifique sur le processus du développement des insectes nuisibles.
Les régulateurs de développement font partie de ces molécules et comprennent, en outre, les inhibiteurs de la synthèse de la chitine, les mimétiques de l’hormone juvénile et les agonistes de l’ecdysone (Ishaaya & Horowitz, 1998). Les inhibiteurs de la synthèse de la chitine sont représentés par deux groupes : les benzoylphenylurées (BPUs) et la buprofézine. Les BPUs sont des insecticides sélectifs inhibant la synthèse de la chitine (Ishaaya & Casida, 1974 ; Soltani et al., 1993 ; Oberlander & Silhacek, 1998) en interférant avec la mise en place de la nouvelle cuticule causant ainsi des mues imaginales incomplètes chez les insectes (Mulder & Gijswijt, 1973 ; Grosscurt & Anderson, 1980). Le représentant majeur des BPUs est le diflubenzuron (DFB) commercialisé sous l’appellation de dimilin. Il est pulvérisé à grande échelle en Algérie contre les ravageurs des forêts. En outre, il est intégré dans la lutte chimique contre les moustiques dans plusieurs pays. La lutte chimique a posé à long terme d’énormes inconvénients avec, entre autres, l’apparition de souches de plus en plus résistantes l’accumulation et la concentration des résidus chez les vertébrés, notamment chez les poissons, les oiseaux et chez l’homme (Conlong & Mugoya, 1996).
Présentation de l’espèce
Morphologie et anatomie
Gambusia affinis (Baird & Girard, 1853) est un petit poisson ovovivipare d’eau douce, de couleur gris argentée, originaire d’Amérique centrale et de Floride, lieux où il est connu sous le nom de ‘’mosquitofish’’. Ce poisson présente un dimorphisme sexuel se manifestant par une différence de taille très nette (Fig. I.1).
A l’état adulte, la femelle mesure jusqu’à 5 cm de long, alors que le mâle ne dépasse guère 3 cm. En outre, chez le mâle, à maturité sexuelle, la nageoire anale est modifiée en une structure allongée qui constitue le gonopode. Des muscles puissants sont associés au gonopode lui permettant une grande mobilité (Howell & Denton, 1989). Le gonopode est utilisé lors du transfert du sperme dans l’organe génital femelle, durant la copulation (Peden, 1972). Chez la femelle, la nageoire anale reste inchangée et est de forme arrondie. Pendant la gestation, en avant de cette nageoire, on distingue par transparence à travers le tégument, une tache noire plus ou moins étendue, qui marque l’emplacement de l’ovaire (Chambolle, 1970). Au repos sexuel, l’ovaire est réduit à un mince cordon contenant des ovocytes jeunes de couleur blanchâtre (Draredja-Beldi, 1993). La Gambusie est loin d’être strictement culiciphage. Son régime comporte des petits crustacés, du zooplancton, divers mollusques et arthropodes aquatiques, des débris, des juvéniles de poissons (y compris de sa propre espèce), et des moustiques gobés surtout au moment de l’émergence de l’imago (Fraval, 2002). G. affinis est un prédateur de larves de moustique (Rosen & Gordon, 1953) appartenant à la famille des Poeciliidae, dont la position systématique est la suivante :
Embranchement Vertébrés
Classe Poissons
Sous-classe Téléostomes
Super-ordre Téléostéens
Ordre Cyprinodontiformes
Famille Poeciliidae
Genre Gambusia
Espèce affinis (Baird & Girard, 1853).
Cycle biologique
Chez G. affinis, comme chez tous les Poeciliidae ovovivipares, l’ovaire est impair et possède en son centre une cavité dite chambre ovarienne. Au moment de l’insémination, les spermatozoïdes sont emmagasinés dans le repli de l’épithélium qui tapisse la cavité ovarienne. Leur survie est très longue puisqu’une femelle peut être l’objet de 4 à 5 gestations successives sans nouvelle insémination (Chambolle, 1973). La durée de gestation est assez variable ; elle est de l’ordre de 25 jours dans le cas de gestations courtes et de 35 jours pour les plus longues. La vitellogenèse chez G. affinis est d’environ 8 jours. Une dizaine de jours après la parturition, l’ovaire renferme des embryons à des stades différents de développements. Ces variations s’atténuent au cours de la gestation ; plus on s’achemine vers la fin du développement plus les portées sont homogènes. A la naissance, les alevins ont tous le même état de développement. Au moment de la parturition ils quittent leur mère et gagnent le milieu externe. La femelle prend part activement à l’expulsion des embryons car au moment de leur sortie, elle est animée de contractions abdominales (Chambolle, 1970). Notons que le nombre d’alevins par portée varie entre 16 et 52 (Draredja-Beldi, 1993).
Technique d’élevage
Présentation du site d’échantillonnage
Les poissons ont été récoltés dans l’Oued Kherraza (Fig. I.2), rivière saisonnière qui se remplit en hivers et se trouve presque à sec durant l’été. Ce cours d’eau est situé à l’Ouest de la ville d’Annaba (36°52’26’’N et 7°45’1’’S). Sa longueur est d’environ 8 km est prend sa source dans le massif de l’Edough. La pêche a été pratiquée à l’aide d’une grande épuisette avec une ouverture de maille de 1 mm. La robustesse de Gambusia rend son transport et son élevage assez aisés.
Élevage des poissons
L’élevage a été réalisé à température ambiante (20 à 25°C) dans des aquariums d’une capacité de 50 à 70 litres, dont le fond a été recouvert d’une mince couche de sable surmonté de galets soigneusement lavés. L’eau utilisée est celle du robinet, mais exposée au préalable à l’air libre pendant au moins 24h, afin pour la débarrasser de l’hypochlorite de sodium. Les aquariums ont été munis de pompes à air (Rena 301 : 220V, 6W 51/mn), de filtre (Rena 225 : 220V, 50HZ, 51/mn, 3W) et de diffuseurs. Une nourriture à base de crevettes et de poissons déshydratés commercialisée sous le nom de Tetramin (Tetrawerk, Allemagne) a été distribuée quotidiennement. Au terme de leurs gestations, les femelles ont été isolées dans des pondoirs afin de les séparer des alevins, et ceci pour éviter le phénomène de cannibalisme.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE CROISSANCE, BIOCHIMIE ET REPRODUCTION DE GAMBUSIA AFFINIS : EFFETS SECONDAIRES DU DIFLUBENZURON
1. INTRODUCTION
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Présentation de l’espèce
2.1.1. Morphologie et anatomie
2.1.2. Cycle biologique
2.2. Technique d’élevage
2.2.1 Présentation du site d’échantillonnage
2.2.2. Élevage des poissons
2.3. Application insecticide
2.3.1. Présentation de l’insecticide
2.3.2. Traitement
2.4. Technique biométrique
2.4.1. Mensurations et prélèvement des organes
2.4.2. Rapport gonadosomatique
2.4.3. Rapport hépatosomatique
2.4.4. Coefficient de condition
2.5. Techniques analytiques
2.5.1. Extraction des métabolites
2.5.2. Dosage du glycogène
2.5.3. Dosage des lipides
2.5.4. Dosage des protéines
2.6. Activités enzymatiques
2.6.1. Dosage du glutathion réduit
2.6.2. Dosage du glutathion S-transférase
2.6.3. Dosage de la lactate déshydrogénase
2.6.4. Dosage de l’acétylcholinestérase
2.6.5. Extraction et dosage des protéines
2.7. Analyse des résidus du diflubenzuron par CLHP
2.7.1. Extraction des résidus
2.7.2. Équipement et conditions CLHP
2.8. Traitement des données
3. RESULTATS
3.1. Effets morpho-biochimiques du Diflubenzuron
3.1.1. Effet du DFB sur la morphométrie des alevins
3.1.2. Effet du DFB sur la morphométrie des femelles
3.1.3. Effet du DFB sur la composition biochimique des ovaires
3.1.4. Effet du DFB sur la composition biochimique des hépatopancréas
3.2. Effets sur les activités enzymatiques
3.2.1. Glutathion réduit
3.2.2. Glutathion S-transférase
3.2.3. Lactate déshydrogénase
3.2.4. Acétylcholinestérase
3.3. Analyse des résidus du dimilin par CLHP
3.3.1. Dans l’eau
3.3.2. A la surface du corps
3.3.3. Dans le corps entier
4. DISCUSSION
4.1. Aspects morphologiques
4.2. Aspects biochimiques
4.3. Aspects enzymatiques
4.4. Analyse des résidus
5. CONCLUSIONS
DEUXIEME PARTIE Donax trunculus : ECOLOGIE, COMPOSITION BIOCHIMIQUE, POLLUTION METALLIQUE ET BIOSURVEILLANCE DU GOLFE D’ANNABA
1. INTRODUCTION
2. MATERIEL ET METHODES
2.1. Présentation de l’espèce
2.1.1. Morphologie et anatomie
2.1.2. Écologie et biologie
2.2. Présentation des sites d’échantillonnage
2.2.1. Position géographique et description
2.2.2. Configuration du fond
2.2.3. Sédimentologie
2.2.4. Hydrodynamisme
2.3. Choix des sites et stratégie d’échantillonnage
2.4. Facteurs écologiques
2.4.1. Eaux
2.4.2. Sédiments
2.5. Traitement des échantillons
2.5.1. Biométrie
2.5.2. Densité
2.5.3. Fréquence de tailles
2.6. Analyses biochimiques
2.6.1. Extraction des métabolites
2.6.2. Dosage des métabolites
2.7. Indice de condition
2.8. Activité de l’acétylcholinestérase
2.9. Dosages des métaux lourds
2.9.1. Prétraitement (minéralisation)
2.9.2. Dosages par spectrophotométrie d’absorption atomique (S.A.A)
2.10. Traitements statistiques des données
3. RESULTATS
3.1. Hydrologie
3.1.1. Température et salinité
3.1.2. Matière en suspension (M.E.S)
3.2. Caractéristiques sédimentaires
3.3. Structure de la population
3.3.1. Densités
3.3.2. Fréquences de tailles
3.4. Composition biochimique
3.4.1. Taux de protéines
3.4.2. Taux de glucides
3.4.3. Taux de lipides
3.5. Indice de condition
3.6. Activité de l’acétylcholinestérase
3.7. Concentrations des métaux traces dans la chair
4. DISCUSSION
4.1. Caractéristiques écologiques des stations
4.2. Structure de la population
4.3. Composition biochimique
4.4. Variations de l’activité de l’acétylcholinestérase
4.5. Bioaccumulation des métaux lourds
5. CONCLUSIONS
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
RESUMES
Français
Anglais
Arabe
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES