Le paludisme, รฉgalement appelรฉ malaria est une protozoose causรฉe par des hรฉmatozoaires du genre Plasmodium transmise ร lโhomme par la piqรปre de moustiques infectรฉs appartenant tous au genre anophรจles. Selon lโOMS, 214 millions de cas cliniques ont รฉtรฉ observรฉs en 2015 avec 438000 dรฉcรจs, 40 % de la population mondiale est exposรฉe, les nourrissons, les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes, les personnes immunodรฉprimรฉes et les voyageurs reprรฉsentant la majeure partie des cas observรฉs (http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs094/fr/, visitรฉ le 04/12/15). Au Sรฉnรฉgal, des centaines de dรฉcรจs lui sont imputรฉs chaque annรฉe. Actuellement lโabsence de vaccins utilisables, le faible nombre de molรฉcules capable de combattre lโaffection et lโรฉmergence de souches de Plasmodium falciparum rรฉsistantes aux traitements antipaludiques existants poussent les industries pharmaceutiques ร rechercher de nouvelles substances issues pour la plupart de vรฉgรฉtaux utilisรฉs depuis des temps immรฉmoriaux en mรฉdecine traditionnelle, dโoรน notre รฉtude dont lโobjet est une contribution ร lโรฉtude de Azadirachta indica, la rรฉalisation dโun screening chimique et lโรฉvaluation des propriรฉtรฉs antiplasmodiales dโextraits aqueux et hydroalcooliques de feuilles issues de cet arbre.
Le Azadirachta Indica communรฉment appelรฉ neem dans de nombreux pays est un arbre de 5 ร 12 mรจtres de hauteur (FORTIN, 2000). Affectionnant les climats tropicaux, il est originaire dโInde ou on en compte prรจs de 18 millions. Il y pousse naturellement, ce qui lui a permis de coloniser lโAsie du Sud Est. Sa prรฉsence dans dโautres continents tels que lโAfrique et lโAmรฉrique est le fruit de lโimportation (NORTEN, 2000). Au Sรฉnรฉgal, son introduction date de 1944 ou il sertprincipalement dโarbre dโornementation dans les parcs et avenues et comme arbre dโombrage dansles villages (FORTIN, 2000).
ETUDE DE AZADIRACHTA INDICA A. JUSSย
Etude botanique
Binรดme latin et synonymes
BINรME LATIN : Azadirachta indica A. Juss (EKLU NATEY, 2012).
SYNONYMES : Melia azadirachta Linn ; Melia indica Hooker ; Melia indica Brandis (FERRET, 1988).
Classification taxonomiqueย
Ci-dessous, la classification taxonomique (EKLU NATEY, 2012) :
– Rรจgne : Plantae (plantes)
– Sous-rรจgne : Tracheobionta
– Division : Magnoliophyta (angiospermes, phanรฉrogames)
– Classe : Magnoliopsida (dicotylรฉdones)
– Sous-classe Rosidae
– Ordre : Sapindales
– Famille : Meliaceae
– Sous-famille : Melioideae
– Genre : Azadirachta
– Espรจce : Azadirachta indica .
Noms vernaculaires (OOAS, 2013)ย
Gambie : Manding Mandinka โ Yirinding Kunango.
Ghana : Twi โ Dua Gyane, Ewe โ Liliti, Hausa โ Dongo Yaro.
Mali : Bambara โ Mali yirini, Senoufo โ Gnimitigue, Dyula โ Goo-gay.
Sรฉnรฉgal : Manfing Mandinka โ Tubabo toboro, Soce-tubabo, Wolof โ Dim dim i buki โ Neem.
Rรฉpartition gรฉographique et habitatย
Arbre tropical ร feuilles persistantes ; originaire dโInde et de Birmanie, il pousse en Asie du Sud et en Afrique de lโOuest. On le trouve couramment dans les zones cรดtiรจres. Il est cultivรฉ dans les parties nord et sud du Nigรฉria. Il est prรฉsent dans les Caraรฏbes et en Amรฉrique centrale (TREWARI, 1992). La plante grandit facilement, mรชme sans irrigation dans les zones arides, semi arides et dans les sols pauvres sablonneux ou caillouteux oรน le jardinage et la culture sont normalement impossibles (GHP, 1992).
Description
Aspect gรฉnรฉral
Azadirachta indica est un arbre atteignant 25 mรจtres de haut, il est droit et plein .
Appareil vรฉgรฉtatif
Lโappareil vรฉgรฉtatif est constituรฉ par les feuilles et le tronc .
Les feuillesย
Les feuilles sont composรฉes, alternes, imparipennรฉes. Elles mesurent 20 ร 40 centimรจtres de long et sont plus denses vers le bout de la branche. La face dorsale est dโun vert plus sombre que la face ventrale. Chaque feuille est constituรฉe de 5 ร 8 paires de folioles lancรฉolรฉes, falciformes, asymรฉtriques ร la base, longuement acuminรฉes, dentรฉes et glabres. Ces folioles mesurent 2 ร 7 centimรจtres de long sur 1 ร 4 centimรจtres de large (ADJANOHOUN, 1989).
Le tronc
Le tronc est droit, court et fissurรฉ, ร lโaspect รฉcorchรฉ. Sa couleur varie en fonction de la partie de lโarbre, de son รขge, de sa localisation (CIRAD-CTFT Azadirachta indica A. de Jussieu et Melia azedarach Linnรฉ, 1963).
Usages
Les multiples propriรฉtรฉs du neem sont connues depuis des millรฉnaires par de nombreuses cultures notamment dans le sous-continent indien. En Inde, cet arbre est utilisรฉ depuis lโantiquitรฉ notamment en mรฉdecine ayurvรฉdique (mรฉdecine traditionnelle indienne). En effet, les feuilles, les racines, les รฉcorces, lโhuile issue de la pression mรฉcanique des graines (http://www.formadenvironnement.org/Neem3.pdf visitรฉ le 20/11/15) sont employรฉs sous la forme de cataplasmes, de dรฉcoctions, pour le soin de divers maux allant de lโinflammation du tissus cutanรฉ (OKPANIY, 1981) ร la malaria (BADAM, 1987) ; (POUSSET, 1988). La mรฉdecine ne constitue cependant pas le seul domaine dโutilisation du neem. Lโhuile, les feuilles et les รฉcorces, aux propriรฉtรฉs hydratantes, rรฉgรฉnรฉratrices, restructurantes, รฉmollientes, nourrissantes et antiseptiques sont prรฉsentes dans de nombreuses prรฉparations cosmรฉtiques utilisรฉes au quotidien tels des crรจmes, shampooings, savonsโฆ (NORTEN, 2000). Son usage en mรฉdecine vรฉtรฉrinaire indienne remonte ร environ 2200 ans avant lโรจre chrรฉtienne. En mรฉdecine vรฉtรฉrinaire moderne, les extraits de neem sont connus pour possรฉder des propriรฉtรฉs antibactรฉriennes et antivirales et sont employรฉs avec succรจs comme vermifuge ou encore contre les ulcรจres (HALFON, 2007). Cet arbre est รฉgalement utilisรฉ pour lโalimentation animale (http://www.neemfoundation.org/ visitรฉ le 01 / 11 / 15). Les feuilles de neem contiennent une quantitรฉ non nรฉgligeable de protรฉines, de minรฉraux et dโoligoรฉlรฉments. Les rรฉsidus restants aprรจs lโextraction de lโhuile des graines constituent le tourteau de neem, รฉgalement comestible (PURI, 1999). Enfin, dans lโagriculture, des siรจcles avant que les insecticides de synthรจse nโaient vu le jour, lโhuile des graines de neem รฉtait utilisรฉe par les paysans pour protรฉger les stocks de cรฉrรฉales des attaques dโinsectes. Aujourdโhui encore, en Inde, les paysans stockent leur grain chez eux, mรฉlangรฉ ร des feuilles sรฉchรฉes de neem (ADOTE, 1994).
Pharmacologie des extraits de Azadirachta indicaย
Les effets anti-insectes du neem reportรฉs ont un caractรจre double :
– le comportement de lโinsecte est perturbรฉ (rรฉpulsion, inhibition de lโalimentation, de la ponteโฆ)
– des interfรฉrences neuroendocriniennes provoquent la stรฉrilitรฉ des adultes et empรชchent le dรฉveloppement des larves.
Les agents chimiques responsables de lโactivitรฉ anti-insecte de Azadirachta indica sont principalement lโazadirachtine, considรฉrรฉe comme le plus important principe actif de lโamande de graine de neem (donc de son huile), ainsi que plusieurs autre limonoรฏdes et proto-limonoรฏdes moins actifs (SCHMUTTERER, 1990) ; (VAN DER NAT, 1991). A titre dโexemple, une boule formรฉe de dรฉchets de bois imbibรฉe dans de lโhuile de neem diluรฉe ร 5% dโacรฉtone et placรฉe dans des rรฉservoirs dโeau de stockage a contrรดlรฉ lโรฉlevage de Anophรจles stephensi et Anophรจles aegypti pendant 45 jours (NAGPAL, 1995).
Propriรฉtรฉs anti-parasitairesย
Les feuilles et les รฉcorces de Azadirachta indica sont utilisรฉes en mรฉdecine traditionnelle comme agents antipaludiques et leur efficacitรฉ a รฉtรฉ confirmรฉe par plusieurs รฉtudes de laboratoire (EKANEM, 1978). Lโรฉquipe de Lalita Badam a avancรฉ le nimbolide, un limonoรฏde prรฉsent dans les feuilles comme responsable de lโactivitรฉ anti-malarique de ce vรฉgรฉtal (BADAM, 1987). Iwu et ses collaborateurs en 1986 ont affirmรฉ pour leur part que ce sont les flavonoรฏdes (quercรฉtine, rutine) qui composent en majoritรฉ les extraits qui sont responsables de lโinhibition de la croissance des Plasmodiums (IWU, 1986). En effet, ces derniers prรฉsents dans les feuilles de neem provoquent un stress oxydant substantiel dans les globules rouges. Cette suroxydation persistante (par rapport ร lโoxydation pathologique transitoire due ร lโinfection malarique) en perturbant la balance dโoxydo-rรฉduction et lโincorporation des acides aminรฉs essentiels dans les รฉrythrocytes empรชcherait le dรฉveloppement normal des Plasmodiums (IWU, 1986).
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
CHAPITRE 1 : ETUDE DE AZADIRACHTA INDICA A. JUSS
I. Etude botanique
I.1. Binรดme latin et synonymes
I.2. Classification taxonomique
I.3. Noms vernaculaires
I.4. Rรฉpartition gรฉographique et habitat
I.5. Description
I.5.1. Aspect gรฉnรฉral
I.5.2. Appareil vรฉgรฉtatif
I.5.2.1. Les feuilles
I.5.2.2. Le tronc
I.5.3. Appareil reproducteur
I.5.3.1. La fleur
I.5.3.2. Le fruit
II. Usages
III. Chimie
IV. Pharmacologie des extraits de Azadirachta indica
IV.1. Propriรฉtรฉs anti-parasitaires
IV.2. Autres propriรฉtรฉs remarquables
CHAPITRE 2 : LE PALUDISME
I. Gรฉnรฉralitรฉs sur le paludisme
I.1. Rappel sur le paludisme
I.2. Etiologie du paludisme
I.3. Rรฉpartition gรฉographique
II. Lโagent pathogรจne
II.1. Classification taxonomique
II.2. Cycle pathogรจne
III. Agent vecteur et modes de transmission
III.1. Lโanophรจle femelle, agent vecteur du paludisme
III.1.1. Classification Taxonomique
III.1.2. Gรฉnรฉralitรฉs sur les Anophรจles vecteurs
III.2. Modes de transmission
IV. Diagnostic biologique
IV.1. Diagnostic parasitologique ou Diagnostic direct
IV.1.1. Frottis sanguin et goutte รฉpaisse
IV.1.1.1. Le frottis sanguin
IV.1.1.2. La goutte รฉpaisse
IV.1.2. Recherche dโhรฉmatozoaires par QBCยฎ
IV.1.3. La PCR
IV.1.4. Recherche dโantigรจnes circulants par Immunocapture
IV.2. Diagnostic immunologique ou diagnostic indirect
V. Physiopathologie du paludisme
V.1. Paludisme de primo-invasion
V.2. Accรจs palustre intermittent simple
V.3. Forme grave, lโaccรจs pernicieux
VI. Traitement
VI.1. Traitement des formes non compliquรฉes
VI.1.1. Traitement des formes non compliquรฉes ร Plasmodium falciparum
VI.1.2. Traitement des formes non compliquรฉes ร Plasmodium vivax, Plasmodium ovale et Plasmodium malariae
VI.2. Traitement des formes graves
VII. Chimiorรฉsistance de Plasmodium falciparum
VII.1. Dรฉfinition de la rรฉsistance aux antipaludiques
VII.2. Les mรฉcanismes de la chimiorรฉsistance
VII.3. Les facteurs favorisants lโapparition et la diffusion de la rรฉsistance
VII.4. Situation globale de la chimiorรฉsistance de Plasmodium falciparum
VIII. Mรฉthodes dโรฉtudes de la chimiosensibilitรฉ ร Plasmodium falciparum
IX. Prophylaxie
IX.1. Chimioprophylaxie
IX.2. Protection mรฉcanique
IX.2.1. Les moustiquaires imprรฉgnรฉes
IX.2.2. Les autres moyens mรฉcaniques de protection
IX.3. La vaccination antipaludique
CONCLUSION