ÉTUDE DE 237 CAS DE MORSURES CANINES D’ENFANTS

ÉTUDE DE 237 CAS DE MORSURES CANINES D’ENFANTS

 Description du chien mordeur

 Sexe.
De nombreux auteurs s’accordent sur l’importance numérique des chiens de sexe masculin par rapport aux chiens de sexe féminin, dans les morsures d’enfants : de 72 à 84 % (7, 16).
Cependant pour confirmer cette hypothèse, il est nécessaire de comparer ces taux avec ceux de la population générale.
En effet, pour la plupart des races de chiens, il naît plus de mâles que de femelles. Ainsi pour la race Boxer (55), il naît en moyenne 53 chiens mâles pour 47 chiens femelles. Cette prédominance paraît durer dans le temps, puisque à la clinique vétérinaire de l’Université de Munich, sur 7061 chiens présentés en consultation, 55 % étaient des mâles contre 45 % des femelles.(9)
Ces taux restent très inférieurs à ceux qui sont décrits dans la population de chiens mordeurs : le rôle principal du chien mâle dans la morsure chez l’enfant, est bien réel.
Nous pouvons remarquer que chez les femelles, ce sont les chiennes stérilisées qui seraient significativement plus agressives que les femelles entières notamment avec les enfants de la maison (46a, 60). On explique le plus souvent ce phénomène par une augmentation de l’agressivité par dominance après stérilisation.

 Age
Les chiens ayant mordu des enfants sont présentés par les auteurs (7, 16) comme majoritairement jeunes : 68 % ont moins de 5 ans.
Néanmoins ces pourcentages doivent être comparés à ceux de la population générale : les « jeunes» chiens mordent-ils plus fréquemment que les « vieux » chiens, ou bien sont-ils beaucoup plus nombreux ?
Il nous paraît difficile de répondre statistiquement à cette question car les races de chiens mordeurs sont très nombreuses dans une même étude et l’espérance de vie d’un chien varie considérablement avec sa race (9) (tableau n° IV). Dans l’idéal, il faudrait comparer, pour chaque race, les classes d’âge [0-5 ans] dans la population « chien mordeur » et dans la population générale, et ceci pour chaque étude.
Cependant, comme nous le verrons aux chapitres suivants c, d, et e, les chiens de races moyennes et de grandes races nous paraissent plus représentés chez les chiens mordeurs, que les petites races. Or l’espérance de vie évolue inversement à la taille standard de la race (9) . On peut donc s’attendre à ce que les populations de races moyennes et surtout de grandes races, soient globalement plus jeunes que les petites races.
Il ne nous paraît donc pas possible de juger l’âge des chiens mordeurs sans une étude statistique beaucoup plus approfondie.
De plus, on peut supposer qu’à la suite d’un acte de morsure vis-à-vis d’un enfant, le propriétaire du chien adopte diverses solutions : isoler son chien en enclos, faire pratiquer l’euthanasie, éviter que le chien ne fréquente des enfants. Ce phénomène diminuerait la part de chiens « mordeurs » âgés. En effet, aucun argument ne justifie une baisse de l’agressivité du chien après l’âge de 5 ans, au contraire.
Il nous semble que l’âge du chien à la morsure indique plutôt l’âge du chien à la première morsure, c’est-à-dire qu’un chien qui mord, commence à mordre avant l’âge de 5 ans. Ces résultats sont à rapprocher de l’âge moyen de présentation des chiens agressifs qui est de l’ordre de 3,5 ans (60).
C’est pourquoi, quels que soient les résultats, l’âge du chien à la morsure ne nous paraît pas constituer un bon indicateur de prévention. Par contre il peut permettre de déterminer le délai pour entreprendre une thérapie sur un jeune chien agressif avant le passage à l’acte de morsure. Ce délai semble relativement court !

Race ou type

Qualité des informations récoltées.
La plupart des données concernant la race ou le type du chien mordeur sont récoltées en milieu hospitalier (2, 7, 16, 28, 45b) le plus souvent, à partir des renseignements fournis par l’entourage de l’enfant mordu ou par le personnel de l’hôpital et non à partir des carnets de santé du chien, excepté pour CAVARE (7). Nous pensons que ce mode de recueil peut entraîner de l’imprécision. De plus certaines enquêtes sont rétrospectives (28) sur plusieurs années. Là encore on peut s’attendre à une grande imprécision quant à la race ou type rapportés. C’est pourquoi la notoriété de certaines races (ex: Berger allemand) ou types (ex: croisés de Bergers allemands) très faciles à reconnaître, ou à l’inverse la mauvaise réputation faite à certaines races (ex: Rottweiler, American statford Terrier) ou types (ex : Pitbulls) peuvent influencer la qualité des données. Il y a un risque important pour que ces races ou types soient mieux rapportés et donc surestimés. À l’inverse des races peu connues ne seront pas rapportées. De plus nous pouvons nous poser la question de l’existence d’éventuels biais de recrutement d’échantillons (par exemple : autosélection en milieu hospitalier, sélection de cas en milieu défavorisé) qui mettraient en valeur certaines races plus que d’autres. Au total les interprétations selon les races doivent être très prudentes.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LES MORSURES D’ENFANTS EN FRANCE ET DANS LE MONDE
A) Incidence des morsures
1) En France
a) Le chien: son importance numérique et sa place dans la société
b) Estimation du nombre de morsures
c) L’importance des morsures chez les moins de 20 ans 10
2) Aux Etats-Unis
3) Autres pays
a) En Australie
b) Aux Pays-Bas
4) Discussion
B) L’agent vulnérant : le chien
1) Description du chien mordeur
a) Sexe
b) Age 15 c) Race ou type
d) Groupe
e) Taille et poids
f) Origine génétique
g) Propriétaires
h) Dressage
i) Etat de santé
j) Récidive
2) Description de la morsure
a) Définition de la morsure
b) Circonstances de la morsure
c) Types d’agression
C) Le sujet réceptif : l’enfant
1) Description de l’enfant mordu
a) Sexe
b) Age
c) Environnement familial
d) Antécédent de morsures
2) Les lésions de morsure
a) Types de lésions
b) Localisation des lésions
c) Gravité
d) Complications
D) La prévention
1) Au niveau du vétérinaire
a) Chimiothérapie et actes chirurgicaux
b) Thérapies comportementales
c) L’euthanasie
2) Au niveau de l’enfant
a) Apprendre à reconnaître un chien agressif
b) Consignes simples
3) Au niveau des parents
a) Consigne principale
b) L’introduction d’un nouveau né dans un foyer possédant un chien
4) Au niveau du propriétaire du chien
5) Législation et pouvoirs publics
a) Aux Etats-unis
b) En France
CONCLUSION
DEUXIEME PARTIE : ÉTUDE DE 237 CAS DE MORSURES CANINES D’ENFANTS ( HÔPITAL A. TROUSSEAU 1991 – 1994 )
A ) Principe et méthodologie
1) Définition du but et des objectifs
2) Matériels et méthodes
a) Choix de la population
b) Type d’enquête
c) Récolte des données
d) Méthode d’analyse
e) Obstacles rencontrés
B) Résultats
1) Variables générales
a) Nombre de morsures canines
b) Pourcentage de morsures canines par rapport au total des urgences de chirurgie
c) Synthèse partielle
2) Variables concernant les circonstances de la morsure
a) Service
b) Jour de morsure
c) Mois de morsure
d) Vacances scolaires
e) Saisons
f) Température
g) Synthèse partielle
3) Variables concernant le chien mordeur
a) Propriétaires
b) Races
c) Synthèse partielle
4) Variables concernant l’enfant mordu
a) Département de résidence
b) Admission
c) Age
d) Sexe
e) Localisation de la morsure
f) Synthèse partielle
C) Discussion
1) Sur la conception de l’étude
2) Sur les résultats
3) Recommandations
a) Conseil pour le choix d’un chiot
b) Lors de l’accueil des chiots et des jeunes chiens
c) Face à un chien agressif de sexe mâle ou femelle, n’ayant pas mordu
d) Face à un chien ayant mordu un adulte
e) Face à un chien ayant mordu un enfant

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