Parler et comprendre une langue est une chose. Savoir l’analyser en est une autre. Bien souvent le locuteur d’une langue est incapable d’expliquer la structure des énoncés de sa propre langue. Le langage humain, faculté ou instrument, inclut tous les moyens de communication de l’homme. La langue qui est une de ses modalités se définit comme un système de signes dont le seul but est la structuration de la pensée pour besoins de communication. Dans ce système, on y retrouve les parties du discours dont le verbe, à qui nous prêterons une nette attention.
Le verbe en particulier et le prédicat en général, véhiculent plusieurs informations. Ils peuvent exprimer le temps (passé, présent, futur), le mode,… et la manifestation du procès dans le temps. Cette dernière information est appelée l’aspect. L’aspect est donc une propriété du verbe ou du prédicat ou de tout autre élément prédicatif qui nous permet de connaître la manière de la réalisation d’un procès dans le temps: c’est donc une notion liée au temps mais qui se distingue nettement de celui-ci. Autrement dit, l’aspect est une autre fenêtre qui s’ouvre sur le verbe; il est pourtant encore très peu connu pour les enseignants et les apprenants. C’est une notion vaste qui englobe différents concepts selon leur fonction: les aspects inchoatifs, terminatif, itératif, perfectif, imperfectif, accompli, inaccompli, télique, etc…assumant chacun l’expression d’une propriété concernant la phase ou la manière du déroulement du procès.
L’aspect est donc l’une des manifestations de haute importance pour le verbe. Depuis des décennies, son étude a occupé une place de choix dans la linguistique de la morphologie verbale que l’on retrouve dans toutes les langues. Il représente la vision la plus objective dans la mesure où le procès est considéré en soi ou selon divers découpages ou phases, comme le déroulement ou l’achèvement. Il est donc indépendant de sa situation dans le temps ou de sa réalité. Il porte avant tout sur le noyau de l’unité verbale, c’est-à-dire en termes traditionnels le verbe. Ainsi l’étude du système verbal passe par celui de l’aspect. Cependant, son impact, dans certains cas, s’étend à l’objet ou aux objets.
La recherche documentaire
Cette phase constitue la première étape de l’étude. Elle nous a conduits dans plusieurs centres de documentations où des ouvrages, des articles scientifiques, des rapports d’étude, des thèses et des mémoires ont été consultés.
Ces centres de documentations ne sont que la bibliothèque centrale de l’Université Cheikh Anta de Dakar (B.U), le Centre de Linguistique Appliquée de Dakar (C.L.A.D), les deux bibliothèques départementales de lettres modernes et de linguistique de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (F.L.H.S) de Dakar. On a pris le temps de revoir nos cours de grammaire sur la morphologie verbale ; des recherches sur l’internet ont été également menées. En somme notre méthodologie de recherche a consisté à recueillir des informations croisées et synthétisées .Celles-ci nous permettront sans doute de mieux approfondir nos connaissances, de bien asseoir et de bien cerner notre thème de recherche sur le champ d’analyse afin d’affiner des questions et des objectifs de recherche pour la collecte de données.
La collecte de l’information
Toutes les études contrastives qui ont été entreprises à partir des années soixante ont eu pour objectif de mesurer les écarts relevés dans la langue cible, née de la maitrise d’une langue première. En effet, ce sont des conceptions linguistiques différentes qui président à l’organisation des deux systèmes : celui du français basée sur des oppositions modales et temporelles ; et celui du wolof fondé sur des oppositions d’ordre aspectuel. Ainsi, toute classification des formes verbales du français correspondant à celle de l’aspect zéro du wolof s’avère très rapidement adéquate.
On trouvera les principes de bases et présupposés des communautés. C’est la raison pour laquelle il nous est nécessaire d’établir des questions de recherche, de donner des hypothèses afin d’atteindre nos objectifs.
Etat de l’art
Jacques POHL (1958 :861-868) dit « des incompatibilités entre certaines expressions aspectives résultent du besoin d’éviter soit la redondance, soit la contradiction. Il y aurait beaucoup à dire à ce sujet ». Ainsi de nombreuses incompréhensions liées au traitement de l’aspect verbal aujourd’hui, sont conditionnées par le fait que cette catégorie puise à deux sources distinctes. Elle combine une origine grammaticale, la plus ancienne, intimement liée à la morphologie dérivationnelle qui s’est élaborée dans les langues slaves ; et une réinterprétation fondamentale par la philosophie du langage. Le mélange de ces deux points de vue pose largement problème surtout sur la catégorisation. Certains linguistes disent que c’est une catégorie lexicale, d’autres par contre en déduisent une représentation situationnelle tendant à se confondre avec le temps.
Nombreux sont ceux qui n’ont pas fait la distinction entre l’aspect grammatical c’est àdire l’aspect proprement dit et l’aspect lexical celui du mode de procès ; et qui n’ont pas séparé les moyens de l’expression : le sens du verbe, le contexte où la situation des oppositions grammaticales. Cette confusion relève de la complexité du problème, des approches séméiologiques ou onomasiologiques, tout en étant complémentaires, doivent être dissociées.
En somme, comme nous le soulignions au début, l’aspect verbal appelle l’attention de beaucoup de personnes (linguistes, apprenants, didacticiens, chercheurs,…) qui cherchent, par divers moyens, à cerner les contours de ce sujet pour un enseignement efficace. Ainsi donc, l’expression de cette catégorie est confrontée à des problèmes liés à d’autres catégories telles que le temps et la mode d’où l’importance de la clarification de ces concepts.
Le verbe
Essai de définition
Le verbe est le noyau de la phrase verbale. Etymologiquement, verbe vient du latin verbum qui signifie mot, parole. Le verbe est le mot par excellence, et pour le cerner, il faut le définir sur les plans morphologique, sémantique et syntaxique.
Du point de vue morphologique
GREVISSE (2001 :1178) définit le verbe comme « étant un mot qui se conjugue c’est-à-dire qui varie en mode, en temps, en voix, en personnes et en nombres ». Il reprend en réalité la définition du grammairien grec Denys DE THRACE pour qui « le verbe est un mot non casuel qui admet temps, personnes, nombres, et qui exprime l’actif et le passif ». Les verbes actualisent donc des faits par des marques de personne, de nombre, de mode, de temps et d’aspect dont l’ensemble forme ce que l’on appelle la conjugaison. Le verbe est le seul mot qui se conjugue. Mais force est de reconnaître ici que le sens joue un rôle capital, d’où l’acception proposée par la grammaire scolaire traditionnelle qui est une définition sémantique.
Du point de vue sémantique
Selon certains grammairiens, le verbe, affecté par le temps, permet d’inscrire une action dans la durée. C’est la position de DUBOIS et LAGANE qui considèrent le verbe comme « un mot de forme variable qui a pour rôle d’exprimer une action faite ou subie par le sujet, ou qui indique un état du sujet ».
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE CADRE DE L’ETUDE
CHAPITRE I : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE II : DEFINITIONS CONCEPTUELLES
DEUXIEME PARTIE : L’EXPRESSIONN DE L’ASPECT EN FRANÇAIS ET EN WOLOF
CHAPITRE I : TEMPS, MODE, ASPECT : TROIS CATEGORIES DU VERBE
CHAPITRE II : L’ASPECT EN FRANÇAIS ET EN WOLOF
TROISIEME PARTIE : ETUDE CONTRASTIVE DE L’ASPECT VERB AL EN FRANÇAIS ET EN WOLOF
CHAPITRE I : CONTRASTES ENTRE LES PHENOMENES ASPECTUELS GRAMMATICAUX EN FRANÇAIS ET LE WOLOF
CHAPITRE II : LES VALEURS ASPECTUELLES LEXICALES EN FRANCAIS ET EN WOLOF
CONCLUISION