L’Afrique au sud du Sahara à l’instar des autres aires géographiques du continent est confrontée à de réels problèmes et défis d’urbanisation. La Croissance démographique de l’Afrique subsaharienne est surtout urbaine. La population croît à un rythme accéléré de 6% moyenne annuelle. Par comparaison, l’Europe affichait 2% au plus fort de sa croissance urbaine. L’urbanisation peut être définie, selon le Grand Robert comme: «la concentration croissante de la population dans les agglomérations urbaines » . Ainsi, elle est le « processus par lequel des hommes s’agglomèrent en nombre important dans un espace relativement restreint » .
Dans les différentes tentatives de définition, plusieurs auteurs ont développé des approches, qui prennent en compte des paramètres d’ordre démographique, politique, économique et administratif. Parmi ces grands érudits de la communauté scientifique, on peut retenir P. Lavedan , L. MUMFORD, et H. Lefebvre. Selon Lavedan, pour qu’il ait une ville: « il faudrait bien qu’il ait un lieu, que ce milieu soit donc géomètré (…), que les structures qui les caractérisent et le déterminent soient en équilibre, susceptible de se modifier (forces). Il faudrait aussi, et c’est l’un des facteurs sociaux à considérer, que ce lieu soit utilisé par une population qui l’occupe en permanence (habiter), et s’y occupe (activités) ». Pour L. MUMFORD, la ville est un espace social contenant bien cerné, nettement délimité, et en outre espace très peuplé, surdéterminé, pluri-utilitaire et plurifonctionnel » . Lefebvre , aborde la ville selon une approche politique. Selon ce dernier, l’espace urbain se définit par rapport à « l’exercice didactique et stratégique des pouvoirs et des acteurs, la formulation des problématiques, les droits d’usage des actants » . Le processus contemporain amorcé en Afrique à l’époque coloniale est celui du passage d’une civilisation rurale à une civilisation urbaine. Mais, les éléments de cette révolution urbaine africaine sont très différents de celui de l’occident . Elle diffère de l’Amérique latine et de l’Asie du Sud-est, qui demeure une zone rurale (6% de la population chinoise vit en ville).
CADRE GÉOGRAPHIQUE, ORIGINE ET ÉVOLUTION DES VILLES
Le Cadre physique et humain
Agencé dans cette zone côtière riche en réseaux hydrographiques, qu’est l’Afrique de l’Ouest, le cadre physique et humain, de ces portions, de territoire est contigu dans les États frontaliers du Sénégal de la Mauritanie et de la Guinée Bissau. Ce sont des États Nations jeunes dont les histoires sont liées en grande partie au Commerce caravanier, Atlantique, puis à la Colonisation. Leurs biodiversités en ressources animales et végétales feront que les puissances occidentales vont très tôt s’intéresser à ces territoires qui furent pendant longtemps objet de convoitise pour servir de point d’appui stratégique à la pénétration coloniale. D’ailleurs, ils ont appartenu aux vastes ensembles territoriaux existant avant la colonisation. Leurs découvertes à partir du XVe siècle par les Portugais puis les Français feront que les dynamiques historiques de ces Pays seront profondément liées à leurs Métropoles respectives. Aujourd’hui, ces villes se distinguent en Afrique et dans le monde à travers une récession économique et monétaire, des périodes troubles de violence : Crise politique récurant en Guinée Bissau, rébellion en Casamance au Sénégal, problèmes politiques MauritanoMarocaine à propos du Sahara occidental. Elle se distingue aussi par une urbanisation sans cesse croissante, une « explosion urbaine» vectrice d’une extension démographique et spatiale mal contrôlée.
Bissau
Position géographique et Milieu naturel
Localisée en Afrique occidentale entre le 10°57 et le 12°40 de latitude Nord et entre les méridiens 13°38 et 16°43 de longitude Est, la ville de Bissau appartient à la Guinée Bissau qui forme un triangle d’une superficie de 36 125 km2 (MENDY, 2006 : 32) . Sa situation géographique fait d’elle un pays très côtier. La Guinée-Bissau est limitée au nord par le Sénégal sur une longueur de 338 km, à l’Ouest elle est bordée par l’Océan atlantique qui forme une façade longue de plus de 250 km. À l’Est, elle est limitée par « la République de Guinée avec une frontière commune de 386 km. Ce qui fait au total, une frontière terrestre de 724 km » . En outre, le milieu naturel de la Guinée est une partie intégrante de ce vaste ensemble avec une belle biodiversité constitué de savane et de foret. Le bassin tertiaire communément appelé bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien s’étend jusqu’au nord. Il est relayé par les plateaux paléozoïques de la République de Guinée (SECK A. et MONDJANNAGNI A., 1975 : 65). Ce qui donne à la Guinée-Bissau un relief modéré, dont l’ensemble est inférieur ou égal à 300m. Il se divise en trois secteurs: « une plaine côtière fortement découpée donnant des estuaires, des marécages et l’archipel des BIJAGOS, un bas plateau intérieur dans la zone de BAFATÁ, enfin au Sud-est les collines de BOE qui sont une partie des contreforts du Fauta DJALLON » .
Sur le plan pédologique, de la Guinée-Bissau à la Sierra Leone, les sols constituent un horizon formé d’argile rouge appelé sols ferrallitiques. Tirant sur la couleur jaune, ils représentent 62 % de la superficie de la Guinée-Bissau. Le reste de son territoire est constitué de sols caillouteux dans la zone de BOE et de sols hydromorphes sur le littoral et le long des cours d’eau. La Guinée-Bissau se trouve dans le domaine soudanien marqué par deux saisons, mais son climat est précisément de type soudano-guinéen. Le nord du pays a, à peu près, les mêmes nuances climatiques que la Casamance, avec qui ils forment une unité pédologique et climatique semblable. Ainsi, il se caractérise par une saison des pluies allant de juin à octobre et une saison sèche de novembre à mai. Sa température oscille entre 20°C et 35°C. Sa pluviométrie varie entre 1.250 mm au Nord-est et 3.000 mm au Sud, tandis que son humidité relative est en moyenne de 67%. La zone côtière de la Guinée-Bissau intègre la formation végétale à palétuviers qui s’est développée le long du littoral s’étendant sur le golfe de guinée jusqu’en Gambie.
À partir de la Casamance, la forêt se densifie à mesure que l’on progresse vers le sud du pays. C’est le domaine du palmier à huile, une des sources de revenus de la population conjuguée à l’Acajou. Par contre, la zone orientale est dominée par la savane arborée et arbustive. Cependant, il faut noter que le paysage de la Guinée-Bissau est en train de vivre une mutation due à des facteurs anthropiques. En effet, pour des raisons commerciales, l’anacardier commence à supplanter les autres variétés de végétaux. La Guinée Bissau fait partie de la zone pondérée, appelée les rivières du sud. Ces derniers s’étendent de la Casamance jusqu’à la Sierra Leone. Ainsi en haute marrée le fleuve est navigable au-delà de 80km de l’embouchure du fleuve. La variation entre la marée haute et les marées basses peuvent avoir des amplitudes de l’ordre de 7m, pratiquement la plus haute du Continent. Le réseau hydrographique de la Guinée Bissau est très dense. Il est composé de 8 fleuves : « le Rio CACHEU, le Rio MANSOA, le Rio GEBA, le Rio CORUBAL, le Rio Grande de BUBA, le Rio TOMBALI, le Rio CUMBILA et le Rio CACINE » , ce qui fait que l’ensemble du territoire est bien drainé.
Le Peuplement et les Composantes de la Population
« Les premiers vestiges de présence humaine en Guinée-Bissau datent de 200 000 avant J.-C » . La Guinée à l’instar de tous les pays de l’Afrique de l’Ouest a une population originaire «… des zones rurales, le style de vie typiquement agricole, sans accès à l’éducation ni aux services, et les traditions des groupes ethniques ont une très forte emprise sur la population » . Les mêmes réalités socioculturelles sont transplantées dans la ville. C’est une population avec un lourd héritage traditionnel qui fait front à la modernité. Il existe entre 27 et 40 groupes ethniques en Guinée Bissau. La diversité ethnique et linguistique et très matérialisée avec sous fond de créole qui est la langue unificatrice du pays : les principaux groupes ethniques est les BALANTA, les FULA, les MANDIAGA, les MANJACO et les PAPEL. Les BIJAGOS constituent un sous-groupe des FULA qui sont basés dans l’archipel de BIJAGOS, dans la région de Bolama, et ont une structure matrilinéaire singulière . Les BALANTA ont une tradition politique mitigée, sans dirigeants ni hiérarchies politiques, et ont fortement résisté à la colonisation portugaise, se joignant en grands nombres au PAIGC et à l’armée de libération. Ils continuent de dominer dans les forces armées, même si beaucoup d’entre eux apportent désormais leur appui plutôt à la deuxième formation politique du pays, à savoir le Parti pour le renouveau social le PRS de Kumba Yala .
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Table des matières
INTRODUCTION GÉNÉRALE
PREMIÈRE PARTIE : CADRE GÉOGRAPHIQUE, ORIGINE ET ÉVOLUTION DES VILLES
Chapitre 1 : Le Cadre physique et humain
Chapitre 2 : Évolution spatiale et démographique des villes de Ziguinchor, Nouakchott et Bissau de 1776 à 1950 : Un Historique de l’urbanisation
DEUXIÈME PARTIE : ETUDE COMPAREE DE LA DYNAMIQUE DE L’EVOLUTION URBAINE ET URBANISTIQUE DES VILLES DE BISSAU (GUINEE BISSAU), DE NOUAKCHOTT (MAURITANIE), ET DE ZIGUINCHOR (SENEGAL) ET LA PROBLEMATIQUE DES ENJEUX LIES AU PHENOMENE
Chapitre1 : La Planification urbaine
Chapitre 2 : Explosion démographique et enjeux de l’espace urbain
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES