Etude comparative en conditions axéniques des capacités germinatives de trois espèces d’annonacées

Les Annonacées sont des arbres ou arbustes qui poussent dans les régions tropicales (Arbonnier, 2000). Certaines espèces sont retrouvées au niveau des régions tempérées (Donadio, 1997 ; Silva & Silva, 1997). Originaires de l’Amérique tropicale (Bejoy & Hariharan, 1992), Annona muricata et Annona squamosa sont aujourd’hui cultivées dans les pays à climats chauds (Campbell & Phillips, 1983; Nair et al, 1984 ; Georges, 1985; Georges & Nissen, 1987). Elles font partie des rares espèces d’Annonacées produisant des fruits comestibles aujourd’hui domestiquées (Ochse et al, 1974). Annona senegalensis est retrouvée à l’état sauvage dans les sous-bois des savanes arborées soudaniennes ainsi que dans les sables para littoraux en Afrique occidentale (Kerharo, 1973). Elles ont une grande importance socio-économique et pharmacologique. Leurs fruits charnus sont comestibles (Maheshwari & Singh, 1965; Popenoe 1974 ; Georges & Nissen, 1993) et sont très prisés par les populations locales tandis que leurs feuilles, leurs écorces et leurs racines sont très utilisées dans la médecine traditionnelle pour soigner beaucoup de maladies comme les dermatoses, diarrhées, paludisme etc. (Raponda-Walker & Sillans, 1961 ; Kerharo, 1973 ; Burkill, 1985).

Problématique

En zone sahélienne africaine, on assiste à une dégradation graduelle des écosystèmes du fait aussi bien de facteurs climatiques comme la sécheresse que de facteurs anthropiques (Richard, 1990 ; Michel, 1990 ; Cissé & Touré, 1991 ; Grouzis & Albergel, 1991 ; Mainguet, 1991 ; Pointie & Gaud, 1992). Selon Olivry (1983) et Le Borgne (1990), la sècheresse est persistante au Sénégal depuis une trentaine d’années. Elle se caractérise par sa durée, son intensité et son extension exponentielle (Akpo, 1998). Elle affecte gravement l’environnement du Ferlo à la Basse Casamance (Fall, 2006). Il s’y ajoute des feux de brousse fréquents (Annexe II) durant les saisons sèches de plus en plus longues (CSE, 2005). Tout ceci affecte gravement aussi bien des espèces sauvages telle Annona senegalensis que des espèces cultivées comme Annona squamosa et Annona muricata dont la culture n’est pas encore très développée au Sénégal. C’est une culture vivrière destinée uniquement à alimenter le marché local. Selon Deroin (1989), Annona senegalensis est une espèce savanicole soumise aux feux de brousse. Durant la saison sèche ceux-ci sont fréquents dans les savanes soudano-sahéliennes (CSE, 2005) où cette espèce est très fréquente.

De plus, tous les organes de ces plantes sont utilisés (fruits, feuilles, racines, écorces, graines…). Une forte pression est donc exercée sur ces espèces qui deviennent menacées. Leur propagation se fait, au Sénégal, pa r les méthodes conventionnelles tel que l’ensemencement de graines (Campbell & Philips, 1983 ; Bejoy & Hariharan, 1992) méthode très lente et coûteuse même si le taux de germination (environ 90%) reste appréciable pour Annona squamosa (Rasai et al, 1994). Ce taux est moins important chez A. muricata variant souvent entre 50 et 70 %. La culture de Annona squamosa et Annona muricata se fait dans de petits jardins au niveau des Niayes et en Casamance. C’est donc une culture qui n’est pas assez développée pour permettre d’alimenter convenablement le marché en fruits d’une part et de supporter cette forte pression exercée sur ces espèces du fait de leurs utilisations d’autre part. La domestication d’Annona senegalensis, devenue indispensable pour la survie de cette espèce, p asse par une bonne connaissance de ses caractéristiques physiologiques (reproduction, germination…) et écologiques. Cette espèce n’est retrouvée qu’à l’état sauvage au Sénégal. En dépit de leur importance économique certaine, il se pose le problème de la régénération de ces espèces.

GENERALITES ET CARACTERISTIQUES BOTANIQUES 

Classification

Taxonomie

Elle est réalisée selon la classification de Cronquist (1981) dans le magnum opus “ An Integrated System of Classification of Flowering Plants ”. Celle-ci est basée sur des critères morphologiques, anatomiques et chimiques.

Règne : Plantae
Sous-règne : Tracheobionta
Embranchement : Magnoliophyta (Angiospermes)
Classe : Magnoliopsida (Dicotylédones),
Sous-classe : Magnoliidae
Ordre : Magnoliales
Famille : Annonaceae
Genre : Annona.

Les Annonacées sont une famille de Dicotylédones assez primitives (Deysson; 1976). Elles sont très proches des Magnoliacées dont elles ne diffèrent que par la structure de la graine qui possède un a lbumen ruminé chez les Annonacées (Deysson ,1976). Certains auteurs adoptent une subdivision de la famille en 2 sous-familles : les Annonoidées qui ont des carpelles libres arrangées en spirale et les Monodoroidées qui ont des carpelles soudées arrangées de manière cyclique (Scheldeman, 2002).

Le nom générique Annona du genre proviendrait de la latinisation, par Linné, du mot d’origine Taino Annon qui signifierait « pomme » ou serait une dédicace à Jean Jacques d’Annone (1728/1804). Les Taínos sont une éthnie amérindienne qui occupait les grandes Antilles à l’arrivée des Européens au XVieme Siècle. Selon Lizana & Reginato (1990), ce terme signifierait en Latin « moisson annuelle ». Le mot muricata de l’espèce chez le corossollier provient du latin muricatus (garni de petites pointes) allusion aux pointes que porte la surface du f ruit (couvert d’épines molles). Le nom d’espèce (squamosa) de l’attier (Pomme cannelier) se rapporte à l’aspect du fruit qui est recouvert de protubérances ressemblant à des écailles. L’annone du Sénégal, quant à elle, a été identifiée d’abord au Sénégal d’où son nom d’espèce. Le nombre de genres et d’espèces de la famille fait l’objet d’un débat. Pour beaucoup d’auteurs, la famille des Annonacées est la plus importante numériquement (avec celle des Lauracées) de l’ordre avec plus de 2100 espèces réparties dans 122 genres (Le bœuf et al., 1975 ; Gaussen et al, 1982 ; Guignard, 1994). Fries (1959), cité par Geurtz (1981), répertoriait 119 genres et plus de 2000 espèces tandis que Popnoe (1974a) décrivait 40 à 50 genres et plus de 500 espèces. Quant à Mabberly (1990), il estime qu’il y a 2500 espèces et 140 genres. Selon Geurts (1981), 109 des 119 genres répertoriées par Fries (1959) sont originaires de l’Amérique tropicale et les 10 autres de l’Afrique. Toutes les espèces domestiquées sont originaires de l’Amérique. Le genre contiendrait entre 100 et 150 espèces d’arbres ou a rbustes tropicaux (http://fr.wikipedia.org/wiki/Annona). C’est le plus important, numériquement, de la famille avec les genres Guatteria (250 espèces) et Duguetia avec 100 espèces environ (Chatrou, 1999). Les espèces commerciales connues appartiennent toutes aux genres Annona et Rollinia (Sanewski, 1991). Annona squamosa L. a longtemps été confondue avec Annona reticulata L. avec qui elle avait le même nom commun en anglais et qui est une espèce hybride entre Annona squamosa L. et Annona cherimola mill. (Morton, 1987).

Synonymie

Synonymes latins 

Annona muricata L. : Annona bomplandiana HBK ; Annona cearensis Barb. Rodr, Annona macrocarpa Werk; Guanabanus muricatus Gomez. (http://www.plantencyclo.com/corossolier), Annona muricata var borinquensis Moralès.

Annona senegalensis Pers : Annona chrysophylla Boj, Annona arenaria .Thonn. Annona chrysophylla Var. latifolia Oliv. . (Lebrun & Stork, 1991; 1992 ; Arbonnier, 2000); Annona senegalensis Var deltoïdes Robyns & Ghesq. (Hutchinson & Dalziel, 1954), Annona porpetac Bail, Annona senegalensis Var porpetac Bail. Wild (Bailey, 1949)

Annona squamosa L: Annona asiatica L., Annona cinerea Dunal., Guanabanus squamosa Gomez., (Léon, 1987).

Noms communs 

Annona senegalensis Pers.
Français : pomme-cannelle du Sénégal ; annone du Sénégal ; annone africaine;
Anglais : wild soursop; sweetsop; wild custard apple
Portugais : mambumba
Arabe : gishta gaba
Kiswahili : mchekwa.

Annona muricata L.
Français : corossolier ; cachimantier ; corossolier ; grand corossolier ; corossolier épineux
Anglais : soursop ; graviola
Créole : pinha
Portugais : graviola
Espagnol : guanabana ; mamon (Philippines)
Allemand : zuurzak
Tamoul : pullupala
Malaisien : durian belanda.

Annona squamosa L.
Français : attier ; pomme cannelier ; annone écailleuse
Anglais : sweetsop ; custard apple ; sugar apple
Portugais : ata ; pinha or fruta do conde ;
Espagnol : saramuya (Mexique) ;
Malaisien : nona sri kaya
Hindou : aatoa; Shariffa; Sitaphal
Bengali : sita pandu
Thaï : noina.

Description botanique

Comme la plupart des Annonacées, ces 3 espèces sont des petits arbres de jardin (corossolier et attier) ou arbustes sauvages (dugor) hauts de 1 à 3m pouvant atteindre exceptionnellement 4 m. Selon Arbonnier (2000), chez Annona muricata cette taille peut aller jusqu’à 6 voir 8 m de haut (Planche 1). Elles ont une cime irrégulière avec des branches assez basses, chez l’attier et le corossolier (NAS, 1975) à très basses chez l’annone du Sénégal même si le corossolier présente, dans certaines régions, un tronc droit (Pinto & Silva ,1996). La tige peut atteindre 28 cm de diamètre chez Annona senegalensis (FAO, 1983, 1988).

Comme la plupart des Annonacées, elles ont une écorce gris-brune, souvent rugueuse et ondulée (Léon, 1987). Chez Annona muricata, elle a des bourgeons aigus.
Les rameaux sont gris à bruns plus ou moins pubescents. Chez le pomme-canellier et le corossolier ils sont lenticellés (Planche 2).
Le système racinaire est constitué de racines transversales abondantes et une racine principale pas aussi développée que chez certaines espèces fruitières tropicales telle que le manguier (Mangifera indica L.).

Les feuilles :
– Annona muricata : les feuilles sont simples, entières, distiques, persistantes, épaisses, luisantes sur la face supérieure (Planche 2 et 6). Le limbe, glabre, obovale, plus ou moins acuminée est long de 10 à 15 cm, large de 4 à 6 cm avec une base en coin court et un sommet en pointe assez obtuse. Le limbe est plus large dans le tiers supérieur et a 7 à 10 nervures latérales fines peu saillantes dessous. Le pétiole, court, est long de 5 à 10 mm et finement canaliculé (Berhaut, 1975).
– chez Annona senegalensis, elles sont alternes, glauques, largement ovales ou oblongues, de 7 à 20 cm de long et 6 à 12 cm de large (Planches 2 et 5). Odorantes au froissement, elles ont un limbe à base arrondie ou légèrement rentrante, sommet arrondi en coin obtus. Dessous finement pubescent, au moins à l’état jeune et plus clair (Berhaut, 1975).
– chez Annona squamosa, les feuilles sont entières, simples, vertes, alternes, glabres, glauques et odorantes au froissement (Planches 2 et 4). Le limbe est long de 5 à 14 cm et large de 2 à 6,5 cm. Elle est ovale ou oblongue courtement arrondie ou cunéiforme à la base et pointue au sommet. Elle est criblée de petits points translucides avec une nervure principale pennée et saillante en plus de 5 à 10 paires de nervures secondaires pubescentes dessus, au moins dans le jeune âge. Le pétiole est court et mesure 5 à 15 mm de long. Il est épaissi à la base et aminci sur la moitié ou les 2/3 supérieurs (Berhaut, 1975).

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Table des matières

INTRODUCTION
1. Contexte
2. Problématique
3. Objectifs
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
I. GENERALITES ET CARACTERISTIQUES BOTANIQUES
1. Classification
1.1. Taxonomie
1.2. Synonymie
1.2.1. Synonymes latins
1.2.2. Noms communs
1.2.3. Noms vernaculaires
1.3. Descriptions botaniques
2. Ecologies et répartitions géographiques
2.1. Ecologies
2.1.1. Physiographie et climat
2.1.2. Sols
2.1.3. Phénologie
2.2. Répartitions géographiques
3. Biologie de la reproduction
4. Utilisations fonctionnelles et propriétés chimiques
4.1. Utilisations alimentaires et exploitation industrielles
4.2. Propriétés pharmacologiques et chimiques
5. Méthodes de propagation
5.1. Propagation sexuée
5.2. Propagation végétative
6. Gestion des arbres
II. GERMINATION
1. Définitions
1.1. Semences
1.2. Graines
1.2.1. Origine et composition de la graine
1.2.2. Évolution de la graine : l’état de vie ralentie des semences
1.2.3. Les différents types de graines
1.2.4. Conditions de conservation des graines
2. Germination
2.1. Etapes physiologiques de la germination
2.2. Influence de facteurs externes sur la germination
2.2.1. L’eau
2.2.2. L’oxygène
2.2.3. La température
2.2.4. La lumière
3. Inaptitudes à la germination
3.1. Inhibitions ou dormances tégumentaires
3.2. La dormance embryonnaire
3.3. Avantages et inconvénients de la dormance
3.4. Méthodes de levée des inhibitions tégumentaires
3.5. Méthodes de levée de la dormance embryonnaire
MATERIEL ET METHODES
1. Origine des semences
2. Test de viabilité
3. Prétraitements
3.1. Traitement à l’eau de Javel
3.1.1. Graines non scarifiées
3.1.2. Graines décortiquées
3.2. Traitement au chlorure mercurique
3.2.1. Graines non scarifiées
3.2.2. Graines décortiquées
3.3. Traitement à l’acide sulfurique
4. germination in vitro
5. Influences de la température et la lumière
5.1. Influence de la température
5.2. Influence de la lumière
6. Analyse statistique
RESULTATS
1. Test de viabilité
2. Traitement à l’eau de javel
2.1. Graines non scarifiées
2.1.1. Temps de latence
2.1.2. Taux de germination et d’infection
2.2. Graines décortiquées
2.2.1. Temps de latence
2.2.2. Taux de germination et d’infection
3. Traitement au chlorure mercurique
3.1. Graines non scarifiées
3.1.1. Temps de latence
3.1.2. Taux de germination et d’infection
3.2. Graines décortiquées
3.2.1. Temps de latence
3.2.2. Taux de germination et d’infection
4. Traitement à l’acide sulfurique
4.1. Temps de latence
4.2. Taux de germination et d’infection
5. Influence de la Température et de la lumière
5.1. Influence de la température
5.1.1. Temps de latence
5.1.2. Taux de germination
5.2. Influence de la lumière
5.2.1. Temps de latence
5.2.2. Taux de germination
DISCUSSION
1. Test de viabilité
2. Prétraitements
2.1. Désinfection
2.2. Scarification
3. Influences de la température et de la lumière
3.1. Influence de La température
3.2. Influence de la lumière
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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