Physiologie de lโappareil digestif du nourrisson
ย ย ย ย ย ย Lโabsence de mastication va de pair avec la fluiditรฉ du rรฉgime du nourrisson. La digestion des protรฉines est assurรฉe par lโacide chlorhydrique et la pepsine dont lโaction est dรฉjร bien dรฉveloppรฉe chez le nouveau-nรฉ ร terme. Seulement, les teneurs en sont faibles. De toute faรงon, la prรฉsence de trypsine dans la sรฉcrรฉtion pancrรฉatique continue la dรฉgradation des protรฉines dans lโintestin grรชle oรน lโactivitรฉ protรฉolytique est identique ร celle de lโadulte. Pourtant, une alimentation trop riche en protรฉines surcharge les reins et va rompre lโรฉquilibre acido-basique et entraรฎner une acidose mรฉtabolique. A part cela, les grosses molรฉcules traversent la muqueuse intestinale comme antigรจnes, et la permรฉabilitรฉ des protรฉines non dรฉgradรฉes est dโautant plus forte que le nourrisson est plus jeune. De ce fait, le risque dโallergies est grand face ร lโalimentation non adรฉquate. Cependant, le nourrisson est capable dโabsorber des molรฉcules protรฉiques intactes, telles que les anticorps. En ce qui concerne les lipides, lโaction des lipases linguales commence leur digestion. Dans les premiers mois de la vie, les concentrations en sels biliaires et en lipase pancrรฉatique sont trรจs basses. Nรฉanmoins, la richesse du lait de femme en acide gras non saturรฉs assure ร ce dernier la micellisation plus aisรฉe. Une bonne digestion des graisses est accentuรฉe par la prรฉsence dโune lipase dans le lait maternel. En outre, cette lipase du lait a une activitรฉ estรฉrasique qui est indispensable ร lโutilisation de la vitamine A. Le lait contient de lโamylase qui facilite sa propre digestion et celle des aliments de complรฉment, en plus de la sรฉcrรฉtion amylasique pancrรฉatique qui est encore immature jusquโร 6 mois ou au mieux, en trรจs faible quantitรฉ. Entre 2 ร 6 mois, les dextrines sont attaquรฉes par lโamylase salivaire et la lรฉgรจre sรฉcrรฉtion dโamylase pancrรฉatique. Les oligosaccharides subissent dรจs cet รขge lโaction hydrolytique des glucoamylases, maltases et isomaltases des microvillositรฉs intestinales. La lactase intestinale assure la dรฉgradation du lactose ; de ce fait, ce dernier ne pose aucun problรจme en ce qui concerne sa digestion et son utilisation. Toutes ces caractรฉristiques font que les nourrissons, jusquโร lโapparition des dents, sont plus aptes ร digรฉrer le lait maternel que tout autre aliment. Finalement, le dรฉveloppement fonctionnel cholique est encore incomplet dans les premiers mois. Par consรฉquent, le contenu ilรฉal est rapidement propulsรฉ dans les selles ร cette pรฉriode.
Eau
ย ย ย ย ย ย ย ย Lโapport en eau doit compenser les pertes rรฉnales, fรฉcales et sensorielles et il est nรฉcessaire ร la croissance. La grande majoritรฉ des nouveau-nรฉs ont un excรจs dโeau extracellulaire qui doit รชtre รฉliminรฉ pendant les premiers jours de vie, ce qui diminue les besoins initiaux. Ces derniers augmentent de 60 ml/kg ร la naissance et ร 150 ml/kg ร la fin de la premiรจre semaine.
DISCUSSION
ย ย ย ย ย ย ย ย ย Avec 88 % dโeau, le lait maternel peut assouvir la soif du bรฉbรฉ mรชme dans les rรฉgions chaudes [12][48]. Les concentrations moyennes en protรฉines du lait de femmes respectivement de 1,06ยฑ0,20 g/100ml et de 1,19ยฑ0,24 g/100ml ร Miarinarivo et ร Brickaville sont comparables aux valeurs rรฉfรฉrences. Leur digestion ne pose aucun problรจme car les sรฉcrรฉtions dโHCl et de pepsine sont dรฉjร bien dรฉveloppรฉes chez le nouveau-nรฉ ร terme [48]. Nรฉanmoins, une concentration trop forte en protรฉines surcharge le rein comme dans le cas du lait de vache qui prรฉsente le triple de la teneur en protรฉines du lait de femme [18][21][48] En ce qui concerne le glucide, principalement le lactose, le lait humain en est plus riche par rapport au lait de vache, de concentration moyenne respectivement de 8,30ยฑ1,89 g/100ml et de 4,80 g/100ml [62]. En effet, le lactose constitue la principale source รฉnergรฉtique du lait maternel. Lโactivitรฉ de lโenzyme hydrolysant le lactose, la galactosidase, est ร son plein dรฉveloppement ร la naissance ; par consรฉquent, la digestion et lโutilisation du sucre du lait ne posent aucun problรจme au petit nourrisson [18][48]. Les concentrations en protรฉines et en glucides sont sensiblement รฉgales avec des moyennes comparables aux rรฉfรฉrences [62]. Ces rรฉsultats expliquent le fait que lโalimentation maternelle nโinfluence pas les teneurs du lait en protรฉines et en glucides [6][33]. La teneur en lipides du lait de femme est trรจs variable dans les deux districts ; elle est faible pour 81 % de cas ร Brickaville et pour 71 % de cas ร Miarinarivo [62]. Cette faible teneur du lait maternel en lipides confirme le rapport de lโOMS concernant le lait maternel des pays en voie de dรฉveloppement [55]. Par ailleurs, la large variation de la teneur en lipide peut รชtre due au rรฉgime alimentaire [36][64]. Toutefois, la quantitรฉ de lipides dans le lait varie au cours de la lactation, elle augmente avec la frรฉquence de la tรฉtรฉe. En effet, une mรจre malnourrie peut avoir un lait pauvre en lipide et que la qualitรฉ de graisse varie selon le rรฉgime alimentaire [4][6][31][33]. La teneur en matiรจre grasse prรฉsente un impact sur lโapport du lait en vitamines liposolubles dont la vitamine A[15][31].Cette insuffisance lipidique peut expliquer le fait que le taux en vitamine A dans le lait maternel est trรจs faible ร Brickaville et ร Miarinarivo. La digestion et lโabsorption des lipides sont renforcรฉes par lโaction des lipases linguales et lโaction dโune lipase du lait maternel qui prรฉsente une activitรฉ estรฉrasique pour lโutilisation des vitamines A [15][18]. Comme la teneur en vitamine A du lait maternel est considรฉrรฉe comme un indicateur du statut en vitamine A dโune communautรฉ [15], les rรฉsultats confirment que la carence en vitamine A est un problรจme de santรฉ publique ร Madagascar. A propos des รฉlรฉments minรฉraux, la teneur en fer du lait maternel, 29,23ยฑ12,27ยตg/100ml pour Brickaville et 25,79ยฑ3,14 pour Miarinarivo se rapprochent de la valeur rรฉfรฉrence, 26ยตg/100ml. La preuve que lโanรฉmie ferriprive est toujours un problรจme de santรฉ publique ร Madagascar. Toutefois, la biodisponibilitรฉ ferrique est meilleure chez le lait humain qui est de 50 % contre 10 % chez le lait de vache [18][22]. Cet effet est due ร la prรฉsence de lactoferrine ou de transferrine qui chรฉlate le fer ; ou la prรฉsence de protรฉine de rรฉserve : la ferritine ou lโhรฉmosidรฉrine qui immobilise le fer [10][30]. Le lait des deux districts est particuliรจrement pauvre en calcium. Le taux en magnรฉsium moyen est lรฉgรจrement infรฉrieur ร la rรฉfรฉrence [62]. Le lait de femme des deux sites prรฉsente une quantitรฉ en zinc supรฉrieure ร la rรฉfรฉrence. Du point de vue รฉnergรฉtique, le lait des mรจres des deux sites apporte ร peu prรจs la mรชme calorie. Le rรฉgime alimentaire la mรชme mรฉthode des mรจres enquรชtรฉes est trรจs peu diversifiรฉ. Comparativement aux rรฉsultats obtenus au Mali, le SVA moyen est nettement moins รฉlevรฉ : 8,35 items pour Miarinarivo et 7,15 items pour Brickaville versus 14 items. Mais, ces scores sont sensiblement identiques ร ceux de Burkina-Faso qui a un SVA moyen de 8,4 items [58]. Concernant le SDA, Burkina-Faso prรฉsente une moyenne de 5,1groupes alimentaires, ce qui est lรฉgรจrement supรฉrieur ร ceux de Miarinarivo et de Brickaville qui sont respectivement de 4,48ยฑ0,81groupes alimentaires et 4,53ยฑ1,01groupes. En plus, les scores de Miarinarivo et de Brickaville se rรฉpartissent diffรฉremment de ceux de Burkinafaso. Le SVA varie de 2 ร 22 items contre 5 ร 12 items dans les deux districts. Et le SDA varie de 2 ร 10 groupes versus 2 ร 7 groupes dโaliments [58]. Dans notre รฉtude, 10 % des mรจres souffrent dโune dรฉficience chronique ร Brickaville contre 28 % ร Miarinarivo : cโest le triple. Ceci est expliquรฉ par le fait que le rรฉgime alimentaire non diversifiรฉ prรฉdispose la mรจre ร une malnutrition [26].Lโinsuffisance dโapport protรฉique a une relation avec le dรฉficience chronique : les aliments sources de protรฉine ne sont consommรฉs que par 25 ร 50 % des mรฉnages [26]. Au vu des rรฉsultats relatifs ร la qualitรฉ du lait, les mรจres prรฉsentent une multicarence en certains nutriments ร savoir le fer, le calcium et la vitamine A. Concernant la malnutrition infantile, la malnutrition chronique modรฉrรฉe est de 13 % et la malnutrition chronique sรฉvรจre est de 10 % ร Miarinarivo. En plus, 7 % des enfants souffrent dโinsuffisance pondรฉrale modรฉrรฉe et 3 % souffrent une insuffisance pondรฉrale sรฉvรจre. A Brickaville, aucun bรฉbรฉ de lโรฉchantillon nโest malnutri. En fait, ce sont des enfants qui frรฉquentent rรฉguliรจrement le centre de santรฉ de base. Autrement dit, les mรจres reรงoivent des conseils par les personnels de santรฉ. Cโest lโune des raisons qui expliquent que nos rรฉsultats sont trรจs diffรฉrents de ceux obtenus par Razafindrazaka rapportant une prรฉvalence de retard de croissance de 14 % dont 2 % de cas sรฉvรจre chez les enfants de 0 ร 6 mois dans la mรชme rรฉgion mais en milieu rural [63]. Lโexplication probable de la malnutrition de ces enfants est la non application de lโallaitement maternel exclusif. Seules, 29 % des femmes enquรชtรฉes de Miarinarivo pratiquent lโallaitement maternel exclusif contre 84 % ร Brickaville. Par ailleurs, lโรฉtat nutritionnel maternel nโinfluence pas directement la qualitรฉ du lait [12]. Mais par contre, le rรฉgime alimentaire a un impact direct sur certains composants du lait, ร savoir les lipides et la vitamine A. La non diversification du rรฉgime alimentaire maternel influe directement sur la concentration de certains nutriments du lait maternel [35][52][65]. Ainsi, lโAME protรจge les nourrissons jusquโร 6 mois.
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Table des matiรจres
Introduction
I- Rappels bibliographiques
I1-Lโalimentation et la nutrition du nourrisson
I11-Dรฉfinitions
I12-Physiologie de lโappareil digestif du nourrisson
I13-Physiologie de lโappareil excrรฉteur du nourrisson
I2-Lait
I21-Colostrum
I22-Lait de transition
I23-Lait mature
I24-Besoins nutritionnels du nourrisson
I241-Eau
I242-Glucides
I243-Protรฉines
I244-Lipides
I245-Elรฉments minรฉraux
I2451-Sodium
I2452-Calcium et phosphore
I2453-Fer
I246-Vitamines
I25- Les avantages de lโallaitement maternel
I251-Pour lโenfant
I252-Autres avantages
I253-Dangers de lโalimentation artificielle
I26-Pratiques de lโallaitement maternel optimales du nourrisson
II- Matรฉriels et mรฉthodes
II1-Sites dโintervention
II11-Lieux
II12-Choix et description des sites
II2-Evaluation de lโรฉtat nutritionnel
II21-Mรฉthode dโรฉchantillonnage
II22-Population cible
II23-Enquรชte par questionnaire
II24- Dรฉroulement de lโenquรชte
II25- Evaluation de lโรฉtat nutritionnel
II251- Mesure du poids
II252- Mesure de la taille
II253- Recueil de lโรขge
II254- Indicateurs nutritionnels utilisรฉs chez les enfants
II255- Indicateurs nutritionnels utilisรฉs chez les femmes
II26- Exploitation des donnรฉes
II3- Etude de la consommation alimentaire
II31-Dรฉfinition
II32-Principe
II33-Modรจle de consommation
II4- Dรฉtermination de la qualitรฉ du lait
II41- Prรฉlรจvement et conservation du lait maternel
II42- Dรฉtermination de la teneur en matiรจre sรจche
II421-Principe
II422-Mรฉthode
II423-Mode de calcul de la teneur en matiรจre sรจche
II43- Dรฉtermination de la teneur en lipides
II431-Principe
II432-Mรฉthode
II433-Mode de calcul de la teneur en lipides
II44-Dรฉtermination de la teneur en protรฉines totales
II441-Principe
II442-Mรฉthode
II443-Mode de calcul de la teneur en protรฉines totales
II45-Dosage des รฉlรฉments minรฉraux
II451-Dรฉtermination de la teneur en cendres brutes
II4511-Principe
II4512-Mรฉthode
II4513-Mode de calcul de la teneur en cendres brutes
II452-Mise en solution des cendres
II4521- Principe
II4522- Mรฉthode
II453-Dosage du calcium, magnรฉsium, fer, zinc
II4531-Principe
II4532-Mรฉthode
II4533Mode de calcul de la teneur en Ca, Mg, Fe, Zn
II454- Dรฉtermination de la teneur en phosphore
II4541-Principe
II4542-Mรฉthode
II46-Dรฉtermination de la teneur en glucides totaux
II461-Principe
II462- Mode de calcul
II47-Dรฉtermination de la teneur en vitamine A
II471-Dรฉfinition
II472- Principe
II473- Mรฉthode
II4731- Prรฉparation du standard
II4732- Prรฉparation du standard interne
II4733- Extraction de la vitamine A de la solution standard
II4734- Extraction de la vitamine A de lโรฉchantillon du lait
II4735- Courbe dโรฉtalonnage
II474- Mode de calcul de la teneur en vitamine A
II48- Dรฉtermination de la valeur รฉnergรฉtique
II481- Principe
II482- Mode de calcul
II5- Analyses statistiques
III- Rรฉsultats
III1- Echantillonnage
III2- Caractรฉristiques des mรจres enquรชtรฉes
III3- Consommation alimentaire par rappel de 24h dans chaque district
III4- Etat nutritionnel
III41-Etat nutritionnel des mรจres
III42- Etat nutritionnel des bรฉbรฉs
III5- Caractรฉristiques nutritionnelles du lait maternel
III51- Teneur en matiรจre sรจche
III52- Composition du lait maternel en diffรฉrents nutriments
III53- Teneur en รฉlรฉments minรฉraux
III54- Teneur en vitamine A
III55- Valeur รฉnergรฉtique
III6- Statistiques
IV- Discussion
V- Conclusion et perspectives
Rรฉfรฉrences bibliographiques
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