Etude comparative de la reproduction de géniteurs d’Oreochromis niloticus pêchés

Les eaux de surface occupent plus des 3/4 du globe terrestre. Les eaux marines (océans et mers) représentent environ 98 % et les 2 % restant constituent les eaux continentales (rivières, les lacs, les étangs…). Ces eaux de surface sont d’une importance capitale car elles offrent à l’humanité des biens et services vitaux (produits de la pêche, irrigation, transport, électricité, tourisme…). Parmi les biens que fournissent les écosystèmes aquatiques, les poissons occupent une place de choix tant sur le plan nutritionnel qu’économique. Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), le total des captures de poissons libres a amorcé une baisse puisqu’il a été de 93,8 millions de tonnes en 2005 contre 95 en 2004. Pourtant, avec 141.6 millions de tonnes, le total mondial des pêches en 2005 constitue un record. L’explication est dans le développement de l’aquaculture qui est passée de 35,5 millions de tonnes en 2000 à près de 48 millions de tonnes cinq ans plus tard. La pisciculture fournit des quantités toujours plus importantes de poisson pour l’alimentation. Si en 1980, seulement 9 % du poisson consommé par l’homme provenait de l’aquaculture, aujourd’hui, ce chiffre est passé à 43 % (FAO 2006). L’aquaculture, apparaît comme une solution pour accroître les disponibilités en ressources halieutiques, est définie par la FAO comme étant « l’élevage d’organisme aquatiques : poissons, mollusques, crustacés et plantes aquatiques incluses». Au Sénégal la pêche représente 2,5 % du PIB et constitue la première branche exportatrice du pays avec 185,4 milliards F CFA de recettes. Le secteur de la pêche emploie 600 000 personnes de façon directe et indirecte dont 400 000 dans la pêche traditionnelle. Le Sénégal est passé d’une production de 50000 tonnes en 1965 à 453 000 tonnes en 1997. Mais cette production enregistre une baisse car elle est estimée à 395 000 tonnes en 1999. La pêche continentale quant à elle se pratique surtout dans le fleuve Sénégal et le lac de Guiers. Les années de sécheresse qui se sont succédé ont gravement affecté la production halieutique. Ceci a amené les gouvernements du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie, à entreprendre l’édification de grands barrages pour mettre en valeur les potentialités de développement offertes par le fleuve Sénégal. Avec le fonctionnement des barrages, le déficit en l’eau qui a réduit la production halieutique sera complètement résolu en amont de Diama (Cecchi, 1992).

L’introduction de la pisciculture intensive et extensive peut rentabiliser les aménagements hydro agricoles et redynamiser la pêche continentale. Il s’agira de mettre au point des techniques simples d’exploitation halieutiques avec les espèces locales à croissance rapide, connues et appréciées par la population comme Oreochromis niloticus. Le choix de cette espèce est basé sur sa biologie, son cycle de reproduction et sa croissance et aussi sur la maîtrise de son élevage. Oreochromis niloticus est considéré comme l’un des meilleurs choix, car contrairement au saumon ou à la truite, il se nourrit d’algues, de plancton et de petits invertébrés présents dans l’eau, ou de moulée à base de grain plutôt que de poisson (Carlos,1984).

Le Tilapia est l’un des poissons le plus largement élevé dans le monde et sa production augmente à un rythme élevé : 400 000 tonnes en 1990, 1 800 000 tonnes en 2004. Comme pour la carpe, le Tilapia est l’un des poissons ayant fait l’objet du plus grand nombre d’introductions et de transferts à travers le monde à des fins d’élevage. Il est produit actuellement dans beaucoup de pays. La sousfamille des Tilapias est constituée d’une centaine d’espèce dont une, Oreochromis niloticus, représente 85-90% de la production (Lazard, 2007). Aujourd’hui, le Tilapia est produit dans plus de 75 pays, les plus grands producteurs étant la Chine, la Thaïlande, les Philippines, l’Indonésie, Taiwan, l’Égypte, la Colombie, Cuba, le Mexique et Israël. En plus du poisson, qui est vendu entier ou en filets dans certains pays, au Brésil notamment, on transforme également la peau pour en faire des objets utilitaires : sacs, ceintures, portefeuilles, porte-documents, etc (Vanier, 2005).

Le Tilapia se classe au deuxième rang mondial, après la carpe, pour l’importance des activités d’aquaculture. L’élevage commercial à grande échelle du Tilapia est limité presque exclusivement à trois espèces : Oreochromis niloticus, O. mossambicus et O. aureus. Parmi ces trois espèces au potentiel d’aquaculture reconnu, le Tilapia du Nil, O. niloticus, est de loin la plus utilisée en aquaculture à l’échelle mondiale (Fitzsimmons, 2006).

SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE 

Les diverses espèces de poisson présentent une très grande variété de stratégies de reproduction (Wootton, 1984). Pratiquement, la possibilité d’obtenir d’emblée la reproduction en captivité à priori sauvage va dépendre de sa stratégie de reproduction. La reproduction des poissons constitue l’étape par laquelle passe leur pérennisation dans la nature. Elle doit avoir lieu dans des conditions propices à l’expression des comportements sexuels, mais aussi au développement des œufs et des alevins. Ce sont les facteurs environnementaux qui déterminent ces conditions ; ces facteurs sont nombreux et leur influence varie suivant les régions du globe (Poncin, 1996).

Ainsi, la stratégie de reproduction de l’anguille européenne (un seul cycle reproducteur au terme d’une longue migration océanique accompagnée de profondes transformations physiologiques) s’avère favorable. Les espèces comme les Tilapias ou de nombreux cyprinidés, dont le cycle reproducteur peut se dérouler entièrement dans un même milieu relativement fermé, est beaucoup plus favorable. Les soins parentaux prodigués aux œufs et aux alevins limitent efficacement la prédation et contribuent grandement à l’efficacité de la reproduction de ces espèces. Cependant les mécanismes physiologiques sous-jacents sont mal connus. Un autre facteur contribuant à l’efficacité de la reproduction est une puberté précoce. L’efficacité de la reproduction des Tilapias a des conséquences paradoxales : d’un côté cette aptitude qui permet une reproduction facile et rapide dans divers milieux tropicaux et sub-tropicaux explique en partie l’intérêt accordé à ces espèces en pisciculture ; d’un autre côté, elle est une source de problèmes car la prolifération des juvéniles en pisciculture, lorsqu’elle n’est pas contrôlée, et les compétitions alimentaires en résultant, conduisent à la production de populations de poissons de petite taille, de faible valeur commerciale (Breton et al 1996).

Pour les espèces qui ont une période de reproduction étalée dans le temps il est assez difficile de déterminer quels sont les facteurs influençant le cycle reproducteur (Jalabert et Zohar, 1982) ; c’est le cas des Cichlides qui ont théoriquement la capacité de se reproduire sans interruption dans les régions tropicales.

La reproduction est sous le contrôle de l’axe cerveau-hypophyse-gonade (Legendre et Jalabert, 1988 ; Goos et Richter, 1986). Oreochromis niloticus se reproduit toute l’année dans les lacs équatoriaux (LoweMcConnell, 1958), alors que dans les régions distantes de l’équateur la même espèce présente une saison de reproduction bien définie durant les mois les plus chauds et les plus ensoleillés (Lower- McConnell 1958, Babikert et Ibrahim, 1979). De même chez Oreochromis, des individus de taille identique, on constate une grande variabilité individuelle de la fécondité (20 à 30%) qui pourrait être d’origine génétique (Babicker et Ibrahim 1979). Les facteurs physico-chimiques : le fait d’augmenter le renouvellement d’eau et l’évacuation des déchets nocifs (ammoniac, nitrite, …) dans les étangs ou bassins ont un effet positif sur la reproduction des O. niloticus (Mires, 1982). La reproduction est inhibée à une salinité de 30%o (Guerrero, 1982). En Afrique la photopériode est toujours favorable à la reproduction de O. niloticus mais la fréquence de leur ponte est maximale si la photopériode l’est (Jalabert et al, 1972). L’influence des variations saisonnières très marquées de la température et de la photopériode apparaît néanmoins prépondérante chez les espèces vivant en régions tempérées, pour lesquelles la reproduction est généralement limitée à une courte période de l’année. Dans les régions tropicales et équatoriales où ces facteurs varient moins, certaines espèces ont une reproduction apparemment continue et pour les espèces présentant une cyclicité annuelle, le moment de la reproduction est souvent lié aux pluies ou aux crues, mais la nature exacte du stimulus perçu reste dans ce cas mal définie (Scott, 1979 ; De Vlaming, 1974 ; Lowe-Mc Connell, 1979).

Présentation de l’espèce

Position systématique

Super-classe Poissons
Classe Ostéichtyens
Sous-classe Actinoptérygiens
Super-ordre Téléostéens
Ordre Perciformes
Sous-ordre Percoïdés
Famille Cichlidae
Genre Oreochromis
Espèce Oreochromis niloticus
Linae, 1758)

Les principaux synonymes de cette espèce, que l’on peut trouver dans la littérature récente, sont:
► Oreochromis niloticus
►Tilapia (Sarotherodon) nilotica
►Sarotherodon niloticus.

Caractéristiques taxonomiques

Oreochromis niloticus comme toutes les espèces de cette famille se reconnaissent aisément par:
► une tête portant une seule narine de chaque côté,
► un os operculaire non épineux,
►un corps comprimé latéralement, couvert essentiellement d’écaillés cycloïdes et parfois d’écaillés cténoïdes,
►une longue nageoire dorsale à partie antérieure épineuse,
► une nageoire anale avec au moins les 3 premiers rayons épineux. Sarotherodon
► incubation buccale avec garde uniparentale maternelle, planctonophages: Oreochromis.

Caractéristiques morphologiques

La diagnose de cette espèce a fait l’objet d’études précises (Trewavas, 1983) recourant à des caractéristiques morphométriques plus ou moins difficiles à examiner sur organismes vivants. Généralement, sur le terrain, le pisciculteur reconnaît les adultes de cette espèce par:
► une coloration grisâtre avec poitrine et flancs rosâtres et une alternance de bandes verticales claires et noires nettement visibles notamment sur la nageoire caudale et la partie postérieure de la nageoire dorsale,
► un nombre élevé de branchiospines fines et longues (18 à 28 sur la partie inférieure du premier arc branchial et 4 à 7 sur la partie supérieure),
► une nageoire dorsale longue à partie antérieure épineuse (17-18 épines) et à partie postérieure molle (12-14 rayons),
► un liséré noir en bordure de la nageoire dorsale et caudale chez les mâles.

Le pisciculteur averti distinguera également facilement O. niloticus d’une espèce très proche O. aureus (Steindachner) qui a plus ou moins les mêmes caractéristiques citées ci-dessus mais qui, de plus, présente chez les mâles un liséré rouge tout au long de la bordure des nageoires dorsales et caudales. Enfin le pisciculteur reconnaitra le sexe des O. niloticus en examinant la papille génitale qui chez le mâle est protubérante en forme de cône et porte un pore urogénital à l’extrémité alors que chez la femelle, elle est petite, arrondie avec une fente transversale au milieu (pore génital) et un pore urinaire à l’extrémité.

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Table des matières

I. INTRODUCTION
II. SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
III. MATERIEL ET METHODES
3.1. Présentation de l’espèce
3.1.1. Position systématique
3.1.2. Caractéristiques taxonomiques
3.1.3. Caractéristiques morphologiques
3.1.4. Répartition géographique originelle et actuelle
3.1.5. Exigences écologiques
3.1.6. Régime alimentaire
2.1.7. Croissance
3.1.8. Biologie de la reproduction
3.2. Protocole expérimental
3.2.1. Caractéristiques des sites de pêche
Le Fleuve Sénégal
Le lac de Guiers
Le parc de Djoudj
3.2.2. Récolte de spécimens, constitution et suivi des lots expérimentaux
3.2.3. Mesure des paramètres physico-chimiques
3.2.4. Contrôle de la ponte, reproduction et élevage larvaire
3.2.5. Expression des résultats et analyses statistiques
IV. RESULTATS ET DISCUSSIONS
4.1. Résultats
4.1.1. Paramètres physicochimiques
4.1.2. La croissance
4.1.3. Etude de la reproduction
Reproduction d’O. niloticus pêchés dans le fleuve Sénégal
4.1.3.1. La Fécondité
4.1.3.2. Incubation des œufs et élevage larvaire
4.2. Discussions
4.2.1. Evolution des paramètres environnementaux des bassins d’élevage
4.2.2. La Croissance
4.2.3. Reproduction
4.2.4. Elevage larvaire
V. CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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