Histoire de l’usage du cannabis
Le terme cannabis est dérivé du grec kannabis. Il s’agit d’une des plantes les plus anciennes connues de l’Homme : Le chanvre indien. Originaire d’Asie centrale il aurait été diffusé au gré des migrations humaines vers l’Orient et l’Occident. Il fut introduit en Europe au XIXe siècle. Ce sont les croisés revenus de Terre sainte qui ramenèrent les graines de cannabis en Europe et plus tard, l’armée de Bonaparte revenant d’Egypte (Costentin J., 2006). De façon ancestrale l’utilisation du chanvre indien est multiple. Il est utilisé dès l’antiquité pour ses fibres et ses graines. La tige était utilisée pour fabriquer des cordes, des tissus et des voiles, comme en témoigne Hérodote au Ve siècle avant J.C. et comme l’indique le mot kannabis qui signifie en grec « plante textile ». Mais il était également apprécié pour ses propriétés psychotropes par de nombreuses civilisations. Par exemple les Scythes (VIIe siècle avant J.C.) qui, lors des cérémonies funèbres, l’utilisaient pour communiquer avec les dieux (Carter R., 1990). Enfin, les premiers témoignages de son utilisation médicinale, sont trouvés en Chine ; ils datent d’environ 1000 ans avant notre ère (Fabre AJ., 2014).
Les trichomes
Les trichomes sont des poils situés à la surface des feuilles (Figure 5). C’est au niveau des bractées des inflorescences femelles qu’ils sont les plus nombreux. La bractée est une pièce florale qui se trouve à la base de l’inflorescence (fleur) et qui entoure la base du pédoncule (Larousse, 2014). Il existe deux types de poils, les poils tecteurs et les poils sécréteurs. Les poils tecteurs, unicellulaires, ont un rôle de protection contre la dessiccation et les agressions externes contrairement aux poils sécréteurs, pluricellulaires, qui sont capables de sécréter de la résine. C’est cette même résine qui va être recherchée par le consommateur de cannabis pour sa teneur en THC.
Généralité sur les cannabinoïdes
Le cannabis contient plusieurs centaines de composés différents, dont certains sont des constituants communs des plantes. Sa spécificité tient à la présence de cannabinoïdes, substances propres au cannabis, et responsables de ses effets psychotropes. Ils sont essentiellement contenus dans la résine, mais également dans les feuilles de la plante. Les cannabinoïdes du cannabis englobent de nombreuses substances chimiques apparentées : cannabinol, cannabidiol, cannabigérol, cannabivarine, cannabicyclol et 9- tétrahydrocannabinol (THC) (Angel P et coll, 2005). Le ∆9-THC est le principe actif majeur du cannabis. Celui-ci est responsable des effets psychotropes du cannabis chez l’Homme. C’est en interférant avec le système endocannabinoïde du corps humain que ces « phytocannabinoïdes » vont jouer leurs rôles.
Analyse toxicologique
Il y a une longue persistance du THC dans l’organisme. L’analyse dans les urines des cannabinoïdes et du THC-COOH, le métabolite principal du THC, peut-être réalisée par immunologie. Ces techniques immunologiques ne reconnaissent que les dérivés carboxyliques (THC-COOH) et pas le THC. Un usage de cannabis peut être facilement dépisté par le dosage dans les urines du ∆9-THC-COOH. Cette molécule peut être trouvée dans les urines pendant quelques jours après la dernière prise chez un petit consommateur et pendant près de 2 mois chez un gros consommateur. Le seuil de positivité communément utilisé est de 50-100 ng de ∆9-THC-COOH par millilitre d’urine (50-100 ng/mL). Cependant on ne peut déterminer ni la dose absorbée ni le moment de la prise de cannabis. Les deux techniques de choix pour quantifier le THC et ses métabolites sont la chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse (CPG-SM et CPGSM/SM). Le sang est la matrice la plus appropriée pour dépister un usage récent de cannabis. Cette méthode est la plus fiable.
Les différents modes de consommation du cannabis
Le cannabis, lorsqu’il est consommé en tant que drogue, existe sous différentes formes :
· L’herbe (marijuana, « ganja », « beuh »…) est composée par les feuilles, les tiges et les fleurs séchées du chanvre indien. Sa couleur peut aller du vert au brun (Figure 12). Elle se fume seule ou mélangée à du tabac, roulée en cigarette (« joint », « pétard », « spliff »…), dans une pipe ou une pipe à eau (« bang »).
· Le haschich (« hasch », « shit », « chichon »…) est une résine compacte plus ou moins dure (de couleur verte, brune ou jaune selon les régions de production). Le mot Haschich signifie « herbe » en arabe cependant on parle bien ici de la résine et non de l’herbe. La résine est obtenue par battage de la plante ou à partir des seules sommités fleuries (« pollen »). Elle se présente sous la forme de plaques compressées, communément appelées « barrettes » (Figure 13). Elle se fume égrenée dans du tabac comme l’herbe. Le haschisch peut être coupé avec du henné, du cirage, de la paraffine, de la poudre de pneu ou d’autres substances plus ou moins toxiques. Il a été également rapporté du verre pilé ou de la crotte de chameau (C’est dire le peu de considération qu’ont ceux qui intoxiquent pour ceux qu’ils intoxiquent). Ces substances peu onéreuses permettent d’augmenter le poids de la résine à moindre coût. Le haschich est la forme de cannabis la plus disponible et la plus consommée en France.
· L’huile de cannabis est un liquide visqueux et goudronneux, vert foncé, marron ou noir, obtenu à partir de l’herbe ou du haschich par extraction de la résine par divers solvants apolaires qui seront ensuite évaporés. L’huile de cannabis est particulièrement riche en THC (>60%). Consommée généralement au moyen d’une pipe mais aussi étalée sur une cigarette de tabac ou servant de recharge de vapoteurs / e-cigarettes. Son usage est peu répandu en France.
· Le cannabis est plus rarement consommé sous forme de gâteaux (« space cake ») ou d’infusions (INPES, 2014).
Depuis plusieurs années on observe une variation importante (x 6.5 en 40 ans) des taux de THC consommés par les usagers de cannabis. Cette concentration en THC dépend de plusieurs facteurs comme du processus de production employé (issus de sélection génétique, de manipulations génétiques, de reproductions dirigées) mais aussi du mode d’acheminement et de conservation de la plante. Un travail de sélection génétique des plants peut permettre d’accroître le taux de ∆9-THC potentiel de la plante. La teneur en principe actif des produits en circulation de nos jours est 5 à 8 fois plus important qu’il y a 30 ans. La forme de cannabis appelée « sinsemilla » (sans graines en espagnol) est particulièrement riche en THC (jusqu’à 25% de THC). Elle est obtenue à partir de plants femelles non pollinisés (qui ne fabriquent pas de graines), et produisent ainsi davantage de résine et donc de ∆9-THC. On peut parler de « castration des fleurs mâles ». Des conditions de cultures en intérieur, sous serre ou culture hydroponique, augmentent aussi la concentration en ∆9- THC, grâce à un contrôle strict de la température, de la luminosité (lampe à vapeur de sodium), des nutriments fournis à la plante, de nébulisation d’eau…
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I – GENERALITES SUR LE CANNABIS
1. Histoire de l’usage cannabis
2. La plante de cannabis
2.1. Généralités sur Cannabis sativa L
2.2. Le système végétatif de la plante
2.2.1. La tige
2.2.2. La racine
2.2.3. La feuille
2.3. Les trichromes
2.4. La fécondation de la plante
2.5. Forme de Cannabis sativa L
3. Les principes actifs du cannabis et les endocannabinoïdes
3.1. Généralités sur les cannabinoïdes
3.2. Le système endocannabinoïde
3.3. Le tétrahydrocannabinol (THC)
3.1.1. La structure chimique du THC
3.1.2. Mécanisme d’action du THC
3.1.3. Dosage du THC
3.1.3.1.Le dépistage
3.1.3.2.L’analyse toxicologique
3.1.4. Pharmacocinétique du THC
3.1.4.1.La résorption
3.1.4.2.Métabolisme
3.1.4.3.La distribution
3.1.4.4.L’élimination
3.1.5. Effets du THC
4. Les différents modes de consommation du cannabis
PARTIE II – EPIDEMIOLOGIE SUR LA CONSOMMATION DE CANNABIS
1. Prévalence de l’usage du cannabis en France
2. Prévalence de l’usage du cannabis combiné à d’autres substances
2.1. Le cannabis et l’alcool
2.2. Le cannabis et le tabac
2.3. Le cannabis et les autres drogues
3. Epidémiologie des risques liés à l’usage du cannabis
3.1. Effets à court terme
3.1.1. Manifestations psychiques
3.1.2. Manifestations somatiques
3.2. Effets à long terme
3.2.1. Les risques sociaux
3.2.1.1. Le syndrome amotivationnel
3.2.1.2. L’isolement
3.2.2. Les risques physiques
3.2.2.1. Le système cardiovasculaire
3.2.2.2. Le système broncho-pulmonaire
3.2.2.3. La fonction reproductive
3.2.2.4. Les dents et les gencives
3.2.2.5. Les comportements alimentaires
3.2.2.6. La fonction immunitaire
3.2.3. Les risques psychiques
3.2.3.1. Les capacités intellectuelles
3.2.3.2. L’anxiété et la dépression
3.2.3.3. La schizophrénie
3.2.3.4. La « psychose cannabique »
PARTIE III – ENQUETE SUR LA CONSOMMATION DE CANNABIS CHEZ LES ETUDIANTS DE 4ème ANNEE
1. Problématique
2. Matériel et méthode
2.1. Type d’étude
2.2. Population de l’étude
2.3. Le questionnaire
2.4. Analyse des données
3. Résultats
3.1. Caractéristiques des sujets
3.2. Comparaison de la consommation actuelle de cannabis en fonction des variables étudiées
3.3. Connaissance des risques liés à l’usage du cannabis
3.4. Proportion d’amis fumeurs de cannabis chez les étudiants en droit et en pharmacie
3.5. Le cannabis est-il un médicament ?
3.6. Informer son entourage sur les risques encourus lors de l’usage du cannabis
3.7. Consommation de cannabis et des autres produits simultanément ou a différents moments de la journée
3.8. La fréquence de consommation du cannabis
4. Limites de l’étude
5. Interprétation des résultats
CONCLUSION
ANNEXES
BIBLIOGRAPHIE
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