La connaissance des toxines ou poisons d’origine naturelle remonte à des temps anciens. En effet, malgré les effets désagréables provoqués par les poisons, l’homme a toujours su tirer profit des propriétés toxiques de certains végétaux, animaux et microorganismes. Ainsi, l’homme utilise des plantes vénéneuses pour se procurer de la nourriture : c’est le cas des poisons de chasse et des substances ichtyotoxiques préparées à partir de «Famamo» (exemple Crotalaria coursii) ; «Famamobe» (Cadia rubra Viguier) (RASOANAIVO et coll., 1993) et Euphorbia laro (DEBRAY et coll., 1979). D’autres plantes, comme par exemple Cnestis glabra ou Cnestis polyphylla sont utilisées pour lutter contre les animaux nuisibles tels les chiens errants ou les rats (les rongeurs) (DEBRAY et JACQUEMIN, 1971 ; HECKEL, 1903 et BOITEAU, 1979) ; ou comme Ryania speciosa (BOVEY et coll., 1974) et Amanita muscaria (Amanite tue – mouches) (HANS, 2002), contre les insectes nuisibles. Elles servent aussi de poisons d’épreuve, comme le «Tangena» (Cerbera venenifera Steudel) qui est utilisé dans le rituel malagasy pour décider de la culpabilité ou de l’innocence d’un suspect. Enfin, elles sont parfois employées à des fins criminelles.
D’autre part, des poisons d’origine végétale connaissent des usages thérapeutiques. Ainsi, l’atropine de la Solanacée Atropa belladona, douée d’une propriété vagolytique, est utilisée comme antispasmodique et comme dilatateur de la pupille (GOLDSTEIN et coll., 1974). Il en est de même pour les poisons d’origine animale. On peut citer le venin de crapaud, utilisé dans le traitement de maladies du cœur et de l’ascite, le venin de crotale dans celui de l’épilepsie, ou le venin d’abeille pour soigner les maladies rhumatismales, les douleurs musculaires et articulaires et les arthrites (HABERMEHL, 1981).
La toxicologie est la science qui traite l’identification, les effets et l’utilisation des poisons qui sont définis comme des substances capables de troubler gravement ou d’interrompre les fonctions vitales d’un organisme auquel elles ont été administrées délibérément ou accidentellement. Le développement d’autres disciplines scientifiques telles que la physique, la chimie, la biochimie, la physiologie, la pharmacologie et la biologie moléculaire a permis l’essor de la toxicologie. Un des principaux objectifs de la toxicologie moderne consiste en la recherche de nouvelles molécules toxiques qui présenteraient des propriétés intéressantes susceptibles d’être utilisées, notamment dans la compréhension des mécanismes biologiques complexes et dans la thérapeutique de diverses maladies.
GENERALITES SUR Ravensara anisata
DESCRIPTION BOTANIQUE
Classification (GAUSSEN et coll.,1982)
REGNE : VEGETAL
EMBRANCHEMENT : SPERMAPHYTES
SOUS- EMBRANCHEMENT : ANGIOSPERMES
CLASSE : MAGNOLIOPSIDA (DICOTYLEDONAE)
SOUS-CLASSE : MAGNOLIIDAE
ORDRE : MAGNOLIALES (LAURALES)
FAMILLE : LAURACEAE
Genre : Ravensara
Espèce : anisata
SOUS CLASSE : MAGNOLIIDAE (GAUSSEN et coll.,1982 ) .
Ce sont des plantes ligneuses ou herbacées, à fleurs acycliques ou spiralocycliques ou cycliques généralement actinomorphes et hypogynes (mais aussi zygomorphes ou épigynes), souvent 3-mères apocarpiques ou syncarpiques. Les étamines sont nombreuses (souvent) et centripètes ; anthères basifixes, à connectif foliacé ou immédiatement dérivé ou remarquable à d’autres égards ; le pollen est monosulqué ou immédiatement dérivé (inaperturé ou 2-3- aperturé). L’albumen est abondant.
ORDRE : MAGNOLIALES (GAUSSEN et coll., 1982) .
L’ordre est pris dans un sens large puisqu’il comprend les Annonnacées, les Lauracées, les Monimiacées etc…, familles souvent placées dans des ordres à part : Annonales, Laurales…. C’est un assemblage de familles encore archaïques, souvent très isolées les unes par rapport aux autres, d’un très grand intérêt théorique et dont le caractère naturel ne saurait être mis en question. Les caractères fondamentaux sont : plantes ligneuses apocarpiques ; présence de cellules à l’huile essentielle ; périanthe à pièces nombreuses ; nombreuses étamines, et à développement centripète.
FAMILLE : LAURACEAE Juss.
C’est une grande famille intertropicale et des régions tempérées chaudes représentée par environ 54 genres et 2200 espèces. Ce sont des petits à grands arbres hermaphrodites (parfois dioïques mais pas à Madagascar), aromatiques. Les feuilles sont alternes et disposées en spirales, ou rarement opposées à subopposées, simples, entières, penninerves ou moins souvent triphinerves, portant parfois des domaties aux aisselles des nervures secondaires, stipules nulles. Les inflorescences axillaires sont en panicules, les fleurs sont très petites, régulières, 3 ou rarement 2-mères ; périanthe de 6 ou 4 tépales sépaloïdes en 2 verticilles, parfois soudés à la base et formant un court tube hypanthial avec le réceptacle ; les étamines fertiles et staminodes sont en 3 ou 4 verticilles de 2 ou 3, le plus externe avec des étamines fertiles, le plus interne souvent staminodial ou absent, certains portant des glandes basales, anthères à 2 ; 4, ou rarement 1 cellule(s), introrses (les verticilles externes d’étamines) ou extrorses (le verticille interne d’étamines), déhiscentes par des volets s’ouvrant de la base vers le haut ; l’ovaire est supère, uniloculaire, le style est généralement distinct mais très court, stigmate capité à discoïde, ovule 1. Le fruit est une grande baie charnue, à 1 graine, la baie parfois dans une cupule (réceptacle accrescent) ; graines sans albumen (SCHATZ, 2001).
Ravensara anisata (KOSTERMANS, 1950) .
Elle est connue sous les noms vernaculaires de Havozo, Avozo, Ravintsara, Voaravintsara, Lamposinty (KOSTERMANS, 1950), Hazomanitra, Manitranjety, Havozomangidy (PLARM/MAD, 1993). C’est une plante endémique de Madagascar à forte odeur aromatique.
Le Ravensara anisata est un arbre de 18 à 20 m de haut qu’on retrouve dans la forêt primaire à l’altitude de 1000-1400 m (forêt de Mandraka) et peu répandu vers 950 m (forêt d’Analamazaotra).
Ses feuilles glabres, alternes, coriaces ou rigides-coriaces sont elliptiques ou obovales elliptiques à face supérieure verte brillante et face inférieure grisâtre terne. Ses fleurs de couleur verte, de forme campanulée comportant un tube glabre en dedans brusquement élargi en périanthe, à tépales subégaux, dressés étalés, à sommet incurvé, un peu concaves, elliptiques, longs de 2 mm environ, à base poilue en-dedans. L’écorce grisâtre, épaisse de 6 à 8 mm, finement crevassée en long, dégage une odeur pénétrante d’anis.
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Table des matières
INTRODUCTION
1. ETUDE CHIMIQUE
2. MATERIELS ET METHODES
2.1.Matériels
2.1.1.Matériel végétal
2.1.1.1.Description botanique
2.1.1.2.Répartition géographique
2.1.1.3.Récolte et préparation du matériel végétal
2.1.1.3.1.Récolte
2.1.1.3.2.Préparation du matériel végétal
2.1.2.Les produits chimiques
2.2.Méthodes
2.2.1.Méthodes d’extraction
2.2.1.1.Extraction à froid
2.2.1.2.Extraction à chaud
2.2.2.Méthodes de purification
2.2.2.1.Filtration sur charbon actif
2.2.2.1.1.Principe
2.2.2.1.2.Mode opératoire
2.2.2.2.Précipitation par l’acétate neutre de plomb
2.2.2.2.1.Principe
2.2.2.2.2.Mode opératoire
2.2.2.3.Traitement par chaleur
2.2.2.3.1.Principe
2.2.2.3.2.Mode opératoire
2.2.2.4.Précipitation par l’acétone 50%
2.2.2.4.1.Principe
2.2.2.4.2.Mode opératoire
2.2.2.5.Dialyse
2.2.2.5.1.Principe
2.2.2.5.2.Mode opératoire
-Préparation de la membrane de dialyse
-Déroulement de la dialyse
2.2.2.6.Fractionnement par le n-butanol
2.2.2.6.1.Principe
2.2.2.6.2.Mode opératoire
2.2.3.Méthode de concentration
2.2.4.Méthodes d’analyse
2.2.4.1.Chromatographie sur couche mince
2.2.4.1.1.Principe
2.2.4.1.2.Mode opératoire
2.2.4.1.2.1.Dépôt des échantillons
2.2.4.1.2.2.Système de solvants
2.2.4.1.2.3.Développement
2.2.4.1.2.4.Révélation des chromatogrammes
2.2.4.2.Criblage phytochimique
2.2.4.2.1.Les alcaloïdes
-Macération chlorhydrique
-Déroulement des tests
Test de MAYER
Test de DRAGENDORFF
Test de WAGNER
2.2.4.2.2.Les désoxyoses : test de KELLER-KILLIANI
2.2.4.2.3.Les saponines
2.2.4.2.4.Les tanins et polyphénols
2.2.4.2.4.1.Test à la gélatine
2.2.4.2.4.2. Test à la gélatine salée
2.2.4.2.4.3.Test au chlorure ferrique
2.2.4.2.5.Les Stéroïdes et triterpènes
2.2.4.2.5.1.Test de LIEBERMANN-BÜRCHARD
2.2.4.2.5.2.Test de SALKOWSKI
2.2.4.2.6.Les flavonoïdes et les leucoanthocyanes
2.2.4.2.6.1.Flavonoïdes : Test de WILSTATER (Test à la cyanidine)
2.2.4.2.6.2.Leucoanthocyanes : Test de BATE-SMITH
2.2.4.2.7.Les Anthraquinones : Test de BORNTRÄGER
3.RESULTATS
3.1.Extraction
3.1.1.Extraction à froid
3.1.2.Extraction à chaud
3.2.Purification
3.2.1.Filtration sur charbon actif
3.2.2.Précipitation par l’acétate neutre de plomb
3.2.3.Traitement par la chaleur
3.2.4.Précipitation par l’acétone 50%
3.2.5.Dialyse
3.2.6.Fractionnement par le n-butanol
3.2.7.Homogénéité des extraits
3.2.8.Rendement de purification
3.3.Etude comparative de la toxicité
3.4.Caractérisation chimique
3.4.1.Propriétés physico-chimiques
3.4.2.Nature chimique
4.DISCUSSION
CONCLUSION